Le courrier des lecteurs du 06 mai 2005

6 mai 2005

(page 10)

Le peuple réunionnais n’est pas menacé de génocide

Je ne doute pas du talent des deux conférenciers qui, du 11 au 24 avril, vont dans les écoles primaires, faire “l’éloge de l’analphabétisme”. Ils ont prononcé une phrase qui a enchanté le rédacteur de “Témoignages” (28 avril) : "la mort d’une langue, c’est la mort de tout un peuple". Mais que vaut cette phrase ? Rien de plus que l’étroite bande de papier sur laquelle est imprimée : En effet :
Il y a quelque six mille langues de par le monde, et chaque année, quelques dizaines d’entre elles disparaissent sans faire de bruit. Cela signifie-t-il que les populations qui parlaient autrefois ces langues ont disparu elles aussi ? Bien-sûr que non, cela signifie tout simplement que ces populations, pour quelque raison que ce soit, ont choisi de s’exprimer dans une autre langue.
Quelques exemples :
1. Sur le territoire qu’occupe aujourd’hui La France, plusieurs millions de Gaulois parlaient, dans les siècles précédant l’ère chrétienne, divers dialectes gaulois. Jules César est passé par là avec ses légions. Sept siècles plus tard, le gaulois avait disparu corps et biens, laissant la place à une forme abâtardie de latin que certains bientôt allaient appeler le romain. Mais le peuple gaulois, lui, n’avait pas pour autant disparu, les Français d’aujourd’hui, en grande partie, se réclament encore de lui.
2. Les Hébreux du petit royaume de David parlaient autrefois l’hébreu, la principale langue de la Bible. Au cours des siècles qui ont précédé la naissance du Christ, leurs descendants, petit à petit, ont cessé de parler l’hébreu. Ils se sont mis à parler l’araméen, les plus cultivés choisissant même de s’exprimer en grec. Le peuple hébreux a-t-il pour autant disparu ? Nullement. Dispersés à travers le monde par les vicissitudes de l’Histoire, ces Hébreux, qu’on a fini par appeler des Juifs, ont encore une fois changé de langue, adoptant chacun celle du pays où il se trouvait. Mais ils ont conservé jusqu’aujourd’hui leurs traditions, leur culture, leur religion, bref tout ce qui constituait leur identité.
On pourrait multiplier à l’infini les exemples de ce genre. L’Histoire ne connaît pas d’exemple de peuple décédé pour avoir adopté une autre langue que sa langue d’origine. Que le rédacteur de “Témoignages” se rassure donc : quel que soit le destin du créole, le peuple réunionnais n’est pas menacé de génocide.

Daniel Lallemand


Une nouvelle méthode de gouvernement : la culpabilisation

Mis en difficulté sur la suppression d’un jour férié, notre Premier ministre utilise l’argent du contribuable pour nous expliquer, sur des pleines pages de journaux, que refuser cette mesure, c’est refuser un fauteuil roulant à un handicapé ou une aide à domicile pour une personne âgée dépendante.
Il oublie simplement de nous rappeler que c’est en baissant les impôts des plus riches que son gouvernement a réduit sa capacité d’intervention et que l’effort de solidarité est très inégalitairement réparti.
Les Verts-Réunion rappellent leur désir de voir émerger une vraie politique de l’autonomie en faveur des handicapés et des personnes âgées dépendantes. Nous rappelons que cette politique doit reposer sur la solidarité nationale et non sur le seul travail des salariés.
Nous appelons les Réunionnais et Réunionnaise à ne pas se laisser abuser par l’entreprise de culpabilisation du gouvernement et à manifester leur désaccord lors du Lundi de Pentecôte par le moyen qu’ils jugeront le plus approprié.

Jean Erpeldinger
Secrétaire Régional


Concert infernal des nations

C’est trop drôle, ça ressemble à une fable surréaliste :
“Il y a un patron sur cette Terre qui est très triste car il n’arrive pas à organiser le Monde dans les délais prévus !”
Monsieur Supachai, patron de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), attend désespérément que les pays riches et les pays pauvres se mettent d’accord.
Mais quoi !?, il rêve ce Monsieur !, il s’imagine qu’en catimini tous les pays du Monde vont se mettre d’accord sur un sujet qui divise la planète depuis plus de 2.000 ans ! Je ne comprends pas qu’un sujet aussi important que la survie de milliards d’humains (car c’est de cela dont il s’agit) se décide à pas feutrés dans les salons dorés d’une grande ville, même s’il s’agit du prestigieux Paris. Si Paris vaut bien une messe, l’avenir du Monde mérite au moins un débat à l’ONU. Pour qui se prend cette OMC de malheur ? Il est temps, une fois pour toute, d’arrêter le massacre des pays pauvres et le dérisoire marchandage de dupes qui consiste à dire :
“Laisse-moi vendre à tes riches habitants à vil prix les produits de ma Terre et de mon sang, et je te permettrais de venir piller ma fragile économie”.
Avec l’expérience du passé, on sait très bien que si ce marchandage-là se conclut, les dramatiques tensions actuelles entre riches et pauvres ne pourront que s’envenimer.
Ce n’est pas comme cela que notre planète trouvera enfin la paix. Prions donc tous les dieux du ciel et de la Terre pour que ce sordide marchandage n’ait jamais lieu et que soit véritablement recherché plus d’amour et de justice dans ce concert infernal des nations.

François Maugis,
Saint-Benoît.


Quelle est donc la place de la Femme dans l’Église ?

La Femme a-t-elle pleinement sa place dans l’Église romaine ? La question est revenue à la surface à l’occasion du passage du Pape Jean-Paul II au Pape Benoît XVI, mais ce serait trop vite oublier que le cardinal Josef Ratzinger, nommé par son prédécesseur à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, - nouvelle appellation de la Sainte Inquisition de sinistre mémoire -, s’était montré intraitable sur ce sujet, comme Jean-Paul II du reste.
De tous temps, la Femme a été reléguée par l’Église au second plan. C’est ce que vient confirmer Sylviane Agacinsky dans un ouvrage qui est plus qu’un essai philosophique, et qu’elle a intitulé “Métaphysique des sexes”. Partant des écrits des Pères de l’Église et des penseurs chrétiens des premiers siècles qu’elle a étudiés de très près, elle montre comment au cours des âges s’est forgée cette relation de subordination de la femme par rapport à l’homme. Citant Saint-Paul, dans son épître aux Corinthiens : "le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme ; le chef du Christ, c’est Dieu", elle donne mille exemples de l’infériorisation de la Femme dans nos sociétés. Le plus affligeant, c’est qu’il y a encore des femmes aujourd’hui, plus ou moins bien façonnées par l’éducation religieuse qu’elles ont reçue, qui acceptent cette situation ou s’y résignent, l’ayant complètement intériorisée. Il ne leur viendra jamais à l’idée de remettre en question le statut des prêtres qui doit être une fois pour toutes l’apanage exclusif des hommes.
Le livre de Jean Cardonnel “Verbe incarné contre Sexe tout-puissant” va encore plus loin, ou plus profond, dans la recherche de la cause de cette interprétation abusive, qui ne souffre pourtant aucune discussion et qui est pleinement intégrée chez la plupart à ce qu’on nomme communément la foi. Dans le processus de réduction de la Femme à un rang inférieur jusqu’à sa diabolisation, le frère prêcheur dominicain voit l’effet pervers du pouvoir dictatorial dévolu au mâle dont la représentation suprême est l’Idole Dieu. Conformément à une tradition qui se pare d’une "façade théologique" au mépris même de l’Évangile dans lequel Jésus ose prendre la défense de la femme adultère. Tradition illustrée par ce dialogue de Sainte Catherine de Sienne avec Dieu, tel qu’il est repris par Serge Bonino, régent des études du couvent de Toulouse, directeur de “La Revue thomiste”, dans son livre “Je vis la foi au Fils de Dieu” et qui se résume par ces mots "Je suis celui qui est. Tu es celle qui n’est pas". C’est-à-dire rien.

Georges Benne


Précisions de MEDOCEAN

Le docteur Yves C., ancien président et actuel vice-président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins, et le Conseil départemental de La Réunion lui-même, ont porté plainte contre le président de notre association MEDOCEAN, le Dr Philippe de Chazournes.
Selon les plaignants, lors d’une conférence de presse tenue le mardi 21 septembre pour annoncer le grand séminaire professionnels de santé et patients sur le diabète prévu deux mois plus tard (conférence de presse donnée conjointement avec M. Axel Zettor, président du Conseil d’administration de la CGSS), le Dr Philippe De Chazournes aurait "dénigré" la profession médicale et notamment les médecins généralistes en faisant le constat de résultats de santé insatisfaisants mais perfectibles, en matière de prise en charge des patients diabétiques à La Réunion. Ce soi-disant dénigrement a justifié cette plainte de l’Ordre local.
Les 240 médecins généralistes de La Réunion qui, mobilisés autour de MEDOCEAN, ont permis d’établir ce constat hélas indiscutable et partagé, et dont les causes sont multifactorielles, entendent contribuer à améliorer ces résultats pour et avec les patients .
Notre association se félicite de ce que, dans sa séance du 12 mars dernier, le Conseil régional d’Ile-de-France dont dépend l’Ordre départemental de La Réunion a purement et simplement rejeté cette plainte comme "irrecevable".
Ce jugement conforte notre association dans son choix de mettre en œuvre des actions pédagogiques d’informations et d’accompagnements, tant auprès des médecins que de la population dans divers domaines de la santé et notamment afin de lutter tous ensemble contre ce problème majeur de santé publique à La Réunion que représente le diabète.
Il apparaît que ce n’est pas en fermant les yeux face à la réalité que l’on progressera, mais en agissant tous ensemble dans la transparence et dans un esprit constructif pour améliorer la qualité des soins, qui se doit d’être la préoccupation majeure d’un Conseil départemental de l’Ordre.

Le bureau de MEDOCEAN


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