Le courrier des lecteurs du 08 août 2005

8 août 2005

(page 10)

Hiroshima, notre horreur !

Il y a 60 ans exactement, les dirigeants américains larguaient la première bombe atomique sur Hiroshima. Bilan : 200.000 morts à ce jour. Quelques jours plus tard, les dirigeants américains récidivaient à Nagasaki. Bilan : 100.000 morts. Soit un total de victimes équivalent à cent "11 septembre" !
J’ai lu samedi les articles dans la presse consacrés à ce terrible événement et j’ai écouté les radios. La quasi totalité des médias a réussi à éviter de mentionner, même discrètement, l’origine américaine de cette boucherie. De fait, à ce jour et à ma connaissance, aucun président américain n’a jamais regretté officiellement ce crime sans précédent dans l’Histoire de l’humanité.
Si les Allemands ont publiquement rejeté le nazisme et expient encore les fautes du 3ème Reich, si les autorités chiliennes ont reconnu les crimes de Pinochet, si même Chirac a enfin admis la guerre d’Algérie, les ratonnades parisiennes et les massacres de Madagascar, les autorités américaines n’ont jamais condamné publiquement cette horreur, et le monde entier continue, 60 ans après, de jeter un voile pudique sur cette horrible affaire.
Il s’est même trouvé de beaux esprits pour justifier ces actes. À les entendre, ces deux bombes A ont permis d’arrêter la guerre. Ou, encore plus fort : Hiroshima et Nagasaki ont démontré qu’il ne faut plus jamais faire cela !
À l’occasion de ce triste anniversaire, les médias d’habitude si prompts à soulever des débats et à convoquer des experts, se sont largement apitoyés sur les victimes et les survivants de cette apocalypse mais ont soigneusement évité la seule question qui importe encore : était-il nécessaire d’atomiser 300.000 personnes pour arrêter la guerre des États-Unis contre le Japon ?
Je pose quant à moi une seule question : après une telle ignominie, quels arguments les dirigeants américains et leurs peu prolixes alliés pourraient bien avancer pour dissuader des terroristes d’utiliser un jour les mêmes armes ? À mon sens, si Hiroshima et Nagasaki sont justifiables, alors rien dans l’Histoire de l’humanité n’a été, n’est ou ne sera injustifiable.
N’aurait-il pas été préférable, comme l’avait proposé l’équipe d’Oppenheimer, de se borner à une "démonstration" des capacités de nuisance de cette bombe devant les militaires japonais ? La question ne sera plus posée.
Après la première expérience atomique dans le désert du Nevada, on a demandé aux scientifiques du projet Manhattan, qui ont mis au point cette expérience, ce qu’ils en pensaient. Ils ont répondu : "Nous avons immédiatement compris que nous étions de fieffés salopards !".
Il semble que depuis 60 ans, beaucoup de gens ont tout fait pour occulter la responsabilité des État-Unis dans cette affaire. Mais peut-être aussi celle de l’humanité toute entière, car couvrir une telle hécatombe, c’est inévitablement en partager la responsabilité.

Guy Déridet


Nous voulons la vérité sur la disparition de Mehdi Ben Barka. Maintenant.

Le 29 octobre 1965 à midi, Mehdi Ben Barka est interpellé boulevard Saint-Germain à Paris par deux policiers français. Mis en confiance par l’examen de leur carte officielle, il les suit dans leur voiture de service. S’y trouvent un agent des services secrets français et un truand. Il est emmené dans la maison d’un autre truand notoire dans les environs de Paris. Il est ainsi livré à des truands, à un ministre marocain de l’Intérieur et son directeur de la sûreté, avec la connivence et le soutien logistique des services israéliens et américains.
Ce crime est ressenti douloureusement par l’opinion publique à travers le monde. Il a revêtu en France, de par la personnalité de la victime et l’ampleur du scandale qu’il a suscité, la dimension d’une crise majeure.
Mehdi Ben Barka est né en 1920. C’est dire s’il fut marqué par l’histoire de la première moitié du 20ème siècle. Celle de la lutte des peuples du tiers-monde pour leur indépendance politique, mais également pour leur émancipation de la tutelle des anciennes puissances coloniales, dans la perspective d’un réel développement économique, social et culturel.
Plus que témoin attentif de cette histoire ; il en fut un acteur de premier plan. Sa pensée et son action ont largement débordé du cadre marocain, maghrébin et arabe, pour aborder les questions fondamentales de l’époque et qui demeurent d’une brûlante actualité : indépendance et libération des peuples du tiers-monde, démocratie, droits de l’Homme, justice sociale, sous-développement et construction d’une société nouvelle.
À la veille de son enlèvement et son assassinat, il présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.
Quarante années après, si les responsabilités politiques à l’origine de ce crime ont pu être cernées, toutes les circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat qui a suivi ne sont toujours pas totalement et formellement établies ; les assassins et leurs complices ne sont pas tous identifiés et la sépulture de Mehdi Ben Barka reste inconnue de sa famille.
Le scandale soulevé par ce crime d’États s’est prolongé par le scandale de la raison d’État invoquée pour empêcher que toute la vérité soit faite sur son sort. Les avancées réalisées dans l’enquête judiciaire ne peuvent occulter tout ce qui reste à faire pour éclairer toutes les zones d’ombre de l’affaire.
Rompre le silence dans l’affaire Ben Barka fait partie du combat pour la mémoire et la vérité qui doit contribuer à faire échec à la banalisation et à l’impunité de l’assassinat politique.
Rompre le silence dans l’affaire Ben Barka, c’est aussi redécouvrir le projet international du leader marocain. Par la Tricontinentale, Mehdi Ben Barka a développé la solidarité avec les luttes de libération nationale en liant les mouvements d’émancipation des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Un autre monde est possible en reprenant la critique des idéologies de domination et des rapports d’inégalité. Sur l’élan des mouvements de droits, n’est-ce pas le sens de l’altermondialisme aujourd’hui ?
La ville de Paris va donner le nom de Mehdi Ben Barka à une place voisine des lieux de l’enlèvement criminel ; au moment de son inauguration s’ouvrira, le 29 octobre, le colloque international organisé par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, l’Institut Mehdi Ben Barka Mémoire vivante, la Ligue française des droits de l’Homme, l’association Mémoire, Vérité, Justice sur les assassinats politiques en France, avec la collaboration du “Monde Diplomatique” et de la revue “Confluences Méditerranée”.
La tenue à Paris de ce colloque pour dénoncer les assassinats politiques, pour évoquer la pensée et l’action de Mehdi Ben Barka et pour réaffirmer la nécessité de développer de nouvelles formes de solidarité entre les peuples est le meilleur hommage qui puisse être rendu à sa mémoire.

ATTAC France


Les 4x4 en ville : des nuisances évitables

Plutôt taillés pour les chemins empierrés et escarpés, les véhicules 4X4 sont pourtant de plus en plus nombreux à circuler dans nos centres-villes.
Au-delà de la parfaite inutilité d’utiliser un 4x4 en ville, les conducteurs de ces véhicules peuvent être dangereux et inciviques.
D’abord parce que ces véhicules sont très hauts, ont souvent un pare-chocs agressif (désormais réglementé par une directive européenne) et sont donc dangereux pour les piétons, pour les cyclistes, pour les autres automobiles qui sont moins solides que ce type de véhicule.
Ensuite, ce sont des voitures qui dégagent énormément de C02 (gaz carbonique) et qui contribuent donc à l’effet de serre. Elles consomment aussi énormément de carburant à une époque où l’on sait que le pétrole se raréfie. Par exemple, certains 4x4 en zone urbaine en utilisent plus de 23 litres au 100 !
Mais surtout, les conducteurs de 4x4 font souvent preuve d’une certaine incivilité. On voit beaucoup de 4x4 sur les trottoirs (merci pour les piétons, les personnes handicapées et les parents avec une poussette !) parce que, bien sûr, avec un 4x4 c’est beaucoup plus facile de monter sur un trottoir pour pouvoir stationner, de ne pas respecter un certain nombre d’interdictions, de pouvoir passer un couloir de bus avec un séparateur physiquement marqué. En tous cas, il semble évident lorsque l’on voit le comportement de certains de ces conducteurs que ces possibilités de dérogation à la loi font partie probablement des raisons qui poussent à l’achat.
À défaut de bouter les 4x4 hors des villes, les Verts espèrent marquer les esprits et, qui sait, inciter les pouvoirs publics à légiférer dans ce sens.

Marie-Cécile Seigle-Vatte,
élue Les Verts


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