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9 septembre 2005
Lui, de condition divine ...
"Si tu confesses de bouche que Jésus est Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé" (Rom 10, 9).
"Christ est Seigneur" (1 Co 12, 3) : cette acclamation résume la foi commune des premiers chrétiens au Christ ressuscité. C’est même la plus ancienne confession de foi qui nous soit parvenue : Kyrios Christos ou Kyrios Iesous (le Christ est Seigneur, Jésus est Seigneur). Pour Paul, c’est ce titre qui manifeste le mieux la grandeur du Ressuscité. Luc emploie ce terme 19 fois dans son Évangile et plus de 40 fois dans les Actes (après Pâques), alors que Matthieu (21,3) et Marc (11,3) ne désignent qu’une fois Jésus, par cette expression. Dans sa prière, l’Eglise naissante utilise plutôt l’invocation primitive araméenne : Marana tha, "Seigneur viens !" (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 20).
Pas seulement un titre royal
Que signifie ce terme “Seigneur” ? Pierre Geoltrain, spécialiste de l’histoire des idées et des origines du christianisme, écrit : "Jésus sera nommé aussi couramment le seigneur (appellation divine dans le judaïsme) pour signifier qu’il règne après sa mort, plus encore dans le syntagme christ-seigneur, symbole de la foi nouvelle : christ est le seigneur" (1) . François Bovon, professeur du Nouveau Testament à Havard, déclare : "le Seigneur est le Dieu de l’Ancien Testament qui sauve les hommes" (2) .
Or, d’après Daniel Lallemand, "dire que “Seigneur” est l’appellation de Dieu dans l’Ancien Testament est une grossière erreur" (sic) ! Poursuivons :
Pour le Vocabulaire de théologie biblique, sous la Direction de l’éminent exégète Xavier Léon-Dufour, l’Ancien Testament "montre en effet que Seigneur (Adonay = Kyrios) n’est pas seulement un titre royal, mais un nom divin... On invoque Dieu en l’appelant “Monseigneur” : c’est là un titre royal (Adonî), qui prend habituellement la forme Adonay (pluriel d’intensité) quand on l’adresse à Dieu ; cette invocation, déjà présente dans les textes anciens (Gen 15, 2-8), traduit la confiance que mettent les serviteurs de Dieu en son absolue souveraineté (Am 7, 2 ; Dt 9, 26 ; Jos 7, 7 ; Ps 140,8). Ce titre, fréquemment employé, finit d’ailleurs par devenir un nom propre de Dieu. Lorsque, par respect, on ne prononça plus le nom de Yahweh dans les lectures liturgiques, on le remplaça par Adonay" (3) . De là vient que "la bible grecque* fait du titre “le Seigneur” la traduction du nom propre de Dieu (YHWH)", précise le professeur Augustin George (4)
"Depuis plusieurs siècles avant notre ère, peut-être depuis toujours, écrit l’exégète Michel Quesnel (5) , les Juifs évitent de prononcer le nom divin. Les quatre consonnes hébraïques qui le désignent dans le texte hébreu de la Bible, YHWH, sont lues autrement que par les sons qu’elles indiquent. En hébreu, on dit Adonaï, “mon seigneur” ; en grec, ho Kyrios, “le Seigneur”. Dans un psaume d’intronisation royale sans doute très ancien dans lequel Dieu invite le roi à s’asseoir à ses côtés sur le trône symbolique que constitue Jérusalem, cela donne, lorsqu’on le lit à haute voix, un texte surprenant où le roi et Dieu reçoivent le même titre : "Oracle du Seigneur : siège à ma droite" (Ps 110, 1). Cette imagerie royale a été reprise par les premiers chrétiens pour figurer la position de Jésus ressuscité à la droite de Dieu : il est désormais Seigneur, investi d’un titre qui est un titre divin “Jésus est Seigneur”.
Une double valeur : royale et divine
"Le titre de Seigneur, Kyrios, appliqué au Christ, souligne Marcel Simon, professeur d’histoire des religions et spécialiste des origines du Christianisme, est lourd de signification... Kyrios est par excellence, dans la Septante (la Bible grecque), le titre de l’Eternel : il y traduit le tétragramme* ineffable, le nom divin que nul Juif ne doit prononcer, et que nous transcrivons habituellement Jahvé... Si l’on se souvient enfin que Kyrios était, dans l’usage païen, un titre culturel conféré à nombre de dieux, et celui des empereurs divinisés, on comprendra aisément que, transposé sur le Christ, il est particulièrement riche en résonances : il évoque le Dieu de la Bible pour le fidèle d’origine juive, les figures de la théologie classique, orientale ou impériale pour le converti du paganisme : il situe Jésus en dehors de l’humanité normale". (6)
Paul, qui ne raisonne pas en termes d’exclusion, donne à Kyrios une double valeur, royale et divine. Roi, Jésus est Seigneur de tous les hommes (Rm14, 9) et de tous ses ennemis (Col 2,10.15 ; 1Co15, 24) ; Seigneur, Jésus manifeste un pouvoir souverain et reconnu par ceux qui forment son peuple (Col 3,18 ; Ep 1, 20ss).
Daniel Lallemand peut-il encore parler d’erreur grossière de Reynolds Michel ? N’a-t-il pas plutôt besoin d’un bon recyclage biblique ? Quoi qu’il en soit, j’invite les lecteurs de "Témoignages" à tirer sereinement les conclusions qui s’imposent.
Querelle de traductions
Faisant allusion à Tite 2,13 - verset cité, entre autres, dans une de mes réponses - D. Lallemand écrit : "Reynolds Michel a trouvé, lui, une autre traduction, dont il ne donne pas la référence, où il lit “de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ” , qui fait de Dieu et du Sauveur une seule et même personne". Pas possible, semble dire mon contradicteur ! D’où l’aimable accusation de "faire dire aux textes le contraire de ce qu’ils disent", lancée à mon encontre (“Témoignages” du 10/08/05).
Dans ma réponse, intitulée “Jésus est Seigneur”, du 18 août, j’ai indiqué, sans m’attarder, que "le choix de cette traduction" est celui d’au moins quatre Bibles. Et voilà qu’il m’accuse de "manipulation évidente", parce que je n’ai pas signalé, qu’en note, telle ou telle Bible indique qu’une autre traduction est possible. C’est un petit jeu qui n’est pas très digne de ce débat, d’autant plus que D. Lallemand nous a livré sa traduction comme la seule possible : celle de la “Bible du Monde Nouveau”, de préférence ! Il aurait pu, à tout le moins, nous dire que le texte est très discuté et que le traduire relève toujours d’un choix. Le choix de la Bible de Jérusalem et de la TOB... est celui que j’ai indiqué. Faire croire que j’ai volontairement passé sous silence telle ou telle note relève d’un mauvais procédé.
Quant au contexte, avec cette Lettre à Tite - lettre d’un disciple de Paul -, rédigée vers la fin du premier siècle, la bonne question est donc : quelle est la christologie de l’Ecole paulienne de cette période ? Paul, dans les années 60-61, parle déjà de la préexistence du Christ : "Car c’est en lui que toutes choses ont été créées, dans les cieux et sur la Terre... Tout a été créé par lui et pour lui" (Col 1, 16). Quel est l’état de la réflexion chrétienne sur le Christ deux ou trois décennies après la mort de Paul ? Difficile d’imaginer une évolution qui soit “régressive” !
"S’il est clair, écrit Marcel Simon, que Paul maintient sur le plan de la doctrine une certaine hiérarchie* entre le Père et le Fils, il tend à l’abolir sur le plan cultuel. Et le langage théologique rejoindra bientôt la démarche dévotionnelle. C’est chose faite dans l’Epître - deutéro-paulinienne* - à Tite, qui parle de "notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus" (2,13). Le prologue du quatrième Évangile, de son côté, proclame avec toute la netteté voulue, à la fois la préexistence et la nature divine du Fils (Jn 1,1)... Une quinzaine d’années plus tard, Pline le Jeune, alors gouverneur de Bithynie, enquêtant sur les Chrétiens, note que leur culte s’adresse au “Christ comme à un Dieu”. (7)
C’est visiblement de ce courant, qui va de Paul à Jean, en passant par les Évangélistes, que naîtra l’orthodoxie nicéenne. Dire qu’il n’y a, dans le Nouveau Testament, aucune trace de la divinité du Christ ou que rien ne laisse “présager les dogmes trinitaires”, ce n’est pas rendre justice aux données néo-testamentaires. Et c’est le moins que l’on puisse dire !
Je me permets, à la manière de Paul et dans le respect de la conscience de chacun, de vous présenter mes salutations en ces termes : "Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, le Père, et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous" (2 Co 13,13).
Reynolds Michel
(1) Pierre Geoltrain, “Aux origines du christianisme”, Gallimard, 2000, Introduction, p. XXI. Il a dirigé, avec F. Bovon, l’édition des Écrits apocryphes chrétiens pour “La Pléiade” chez Gallimard (1997).
(2) François Bovon, “L’Evangile selon Saint Luc”, 1-9, “Labor et Fides”, 1991, p. 88. il est l’auteur de nombreux livres, notamment : “Les derniers jours de Jésus” et “Analyse structurale et exégèse biblique”.
(3) Vocabulaire de Théologie Biblique, Edit. Cerf, 1964, p. 1003-1004.
(4) Augustin George, “Pour lire l’Evangile selon Saint-Luc”, cahiers Evangile, n° 5, p. 16
(5) Michel Quesnel, Jésus, “l’Homme et le Fils de Dieu”, Flammarion, p. 135 ; Voir du même auteur, “Jésus-Christ”, de la collection Dominos/flammarion, 1994, p. 965-66.
(6) Marcel Simon, “Les Premiers Chrétiens”, Que Sais-je ?/PUF, 1960, p. 96.
(7) Marcel Simon, “Jésus ? n° 4”, 1974, p. 4 -7 ; Edit. Michel/ Gérard Bessière, Damville/Paris.
*Septante : traduction grecque de la Bible que les chrétiens utilisaient.
*Tétragramme : Ensemble des quatre consonnes YHWH, désignant le nom ineffable de Dieu.
*Voir le dernier paragraphe de notre article, Jésus est Seigneur (“Témoignages”, 18/08/05)
* Deutéro-paulinien : qualificatif pour désigner des Épîtres attribuées à des disciples de Paul.
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