Le courrier des lecteurs du 09 juin 2005

9 juin 2005

(page 10)

Vite ! vite ! M. de Robien, il ne reste que 100 jours pour restaurer notre confiance...

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gilles de Robien, a assuré vendredi 3 juin 2005 que son action serait guidée par "l’écoute" des acteurs de ce secteur qu’il s’est dit prêt à tous recevoir.
"Si j’avais un seul mot à dire, ce serait “écoute”. Je vais beaucoup écouter, beaucoup entendre", a déclaré Gilles de Robien .
Puis de rajouter : "Je vais beaucoup consulter, ne pas prendre de décision hâtive. Ma méthode c’est la concertation, l’audition, l’écoute. Je ne prendrai de décisions qu’après de larges concertations".
Voilà pour l’annonce gouvernementale, qu’il nous soit permis cependant d’être circonspects.
Le coup de la fracture sociale de Chirac, celui de l’emploi “priorité des priorités”, la raffarinade d’une France plus solidaire en opposition à la France d’en-haut, tous ces couplets on nous les a déjà servis plus que de besoin.
Le principe de réalité nous ramène au vécu et celui-ci est tout sauf exaltant : des suppressions d’emplois toujours plus nombreuses, un système éducatif mis à mal par des réformes d’inspirations libérales : loi Fillon, loi sur les transferts... bref une Éducation nationale meurtrie et dépecée par tous les vautours de la réaction libérale.
Entre temps, le “non” est passé par là, pas une gifle mais une véritable claque ! Alors pas étonnant que le discours soit davantage édulcoré, que nos ministres et le nôtre en particulier, se fasse le porte-drapeau de l’écoute sociale.
Alors, M. le ministre De Robien, puisque vous déclarez la main sur le cœur être à notre écoute, eh bien qu’attendez-vous pour remettre à plat la loi Fillon visiblement “pas comprise” par les lycéens et le monde éducatif, qu’attendez-vous pour restituer les emplois supprimés dans l’Éducation nationale, qu’attendez-vous pour mettre en place un moratoire qui interdit les fins de contrat des personnels précaires (CEC...) dans l’attente de mesures de titularisation, qu’attendez-vous pour geler les modalités de mise en œuvre des transferts des personnels TOS.
Voilà des mesures, qui à l’évidence seraient perçues comme des signes forts d’attachement au service public national d’éducation de votre part ; c’est cela faire preuve d’écoute, M. le ministre.
Ah oui, n’oubliez pas, le temps presse... il ne vous reste que 100 jours pour restaurer notre confiance si l’on en croit et comme s’y est engagé votre Premier ministre

Patrick Corré,
secrétaire général du SGPEN-CGTR


Les matraques d’un poète sont-elles plus douces ?

Les sans-papiers, les lycéens, les postiers répondent unanimement non. Pour rappel, M. de Villepin, fraîchement nommé Premier ministre, avait pour objectif 20.000 expulsions en 2005 (et pour y parvenir, rien de plus facile : augmentation des places en centre de rétention, construction de nouveaux, police de l’immigration). Il voulait certainement faire mieux que son rival Sarkozy, fraîchement nommé ministre de l’Intérieur, qui n’avait fait que 11.000 expulsions en 2003, 16.000 en 2004. Cela fait plus de 20 ans que les ministres successifs, de Pasqua à Sarkozy en passant par Chevènement et Debré s’acharnent à étouffer les sans-papiers. Ces gens, qui croyant trouver refuge dans la patrie des droits de l’Homme, ont fuit leur misère natale, la guerre ou la dictature, se voient renvoyer à la frontière. Ces gens sont venus pour sauver leur peau, leur avenir et surtout celui de leurs enfants.
Ceux-ci sont aussi victimes de cette ignominie ; il faut savoir, en effet, que de plus en plus de jeunes majeurs scolarisés que les lois privent de papier, se retrouvent “clandestins”, donc expulsables. Pouvons-nous cautionner que des élèves ne puissent avoir le droit de poursuivre leurs études, de vivre dans un pays où ils commencent peut-être à trouver un espoir ?
Le dialogue social à la sauce Raffarin-Sarkozy on s’en souvient : il avait le goût de la matraque et l’odeur des gaz lacrymogènes en 2003. Les lycéens peuvent témoigner (y compris au tribunal) que la saveur du dialogue social à la sauce Raffarin-Villepin est tout aussi épicée en 2005. En avril, Fillon prévenait : "À chaque fois qu’une tentative de blocage aura lieu, il y aura intervention". Et De Villepin répondait : matraquages, arrestations massives, gardes à vue traumatisantes, humiliations et violences... Les envolées lyriques à l’ONU contre G. W. Bush sont bien loin et les postiers grévistes de Bordeaux évacués par le GIGN n’ont pas fait état de gendarmes déclamant des poèmes...
Alors, avec à la tête de l’État deux super-flics, nous sommes sûrs de pouvoir bien dormir, protégés, que nous serons des petits étrangers et des petits sauvageons. La lutte contre la misère sociale attendra...
"I have a dream"... que ce duo de choc donne des migraines et des cauchemars à bon nombre de citoyens !

Dominique Bernard/Joël Grouffaud
(SUD éducation Réunion)


Le commerce équitable : une chance pour La Réunion

Né dans les années de l’après-guerre aux États-unis, le commerce équitable a pour objectif de générer de l’emploi et de meilleurs revenus pour des travailleurs économiquement faibles vivant dans les pays du Sud. On distingue deux grandes tendances au sein de ce type de commerce : celle de la sphère spécialisée, constituée par les Magasins du Monde de type Artisans du Monde, entièrement dédiée à l’importation et à la commercialisation de produits du tiers-monde, et celle de la sphère labellisée, incarnée par les organismes de certification du commerce équitable, tels Max Havellar en France. La première approche est la plus ancienne. Les rapports commerciaux avec les organisations des producteurs y sont basés sur la confiance et les liens personnels entre producteurs et importateurs. Ce modèle puise dans le bénévolat et le militantisme pour fonctionner. Il a pour mérite de mettre en place des filières de production sans nécessairement tenir compte de leur volume d’échange. Une grande variété de produits alimentaires ou artisanaux est proposée aux consommateurs. La filière labellisée apparaît plus tardivement, à la fin des années 1980 aux Pays-Bas, avec le label Max Havellar. L’idée du label est de certifier les produits du commerce équitable afin de les mettre en vente dans les lieux d’achat habituels des consommateurs du Nord dans les moyennes et grandes surfaces. À La Réunion, il existe des produits de Max Havellar tel que le calé dans certains centres commerciaux. À cet égard, les responsables des grandes surfaces devraient mettre une affiche indiquant l’existence des ces produits qui sont d’excellentes qualités afin d’informer les consommateurs. Par ailleurs, l’objectif de la labellisation diffère de celui des Magasins du Monde ; le label utilise les structures conventionnelles du marché, non spécialisées. L’enjeux est d’étendre le marché équitable aux consommateurs moins avertis afin de faire du volume et de soutenir plus efficacement les petits producteurs du Sud. Les standards de Max Havellar concernent plusieurs produits alimentaires et plusieurs types de structures de producteurs (coopératives, associations, plantations). La labellisation du produit est rassurante. En effet, les producteurs comme les importateurs doivent se référer à un cahier des charges précis et contractualisé. En échange du respect de certaines règles d’organisation et de production : organisation de type démocratique, formation pour les producteurs... Ceux-ci bénéficient d’une relation commerciale stable et sans intermédiaire avec leur acheteur, d’un préfinancement d’au moins 60% de la valeur du produit final si nécessaire pour permettre les investissements et d’un prix minimum garanti, en fonction de la zone géographique et de la qualité du produit fini. Par ailleurs, les organisations de producteurs touchent une prime de développement destinée au financement de projets et d’investissements collectifs. Ainsi, le commerce équitable représente une opportunité économique pour ces organisations et est une condition primordiale pour leur développement économique et leur pérennité. Le développement du commerce équitable à La Réunion redonnerait un nouvel élan à différentes filières de production qui rencontrent des difficultés et qui sont en voie de disparition.

Gabrielle-Marie


Violences dans les écoles

Le Syndicat Force ouvrière des lycées et collèges déplore qu’une fois de plus, un personnel de l’Éducation nationale ait fait l’objet de violence dans l’exercice de ses fonctions.
En effet, le lundi 30 mai, un de nos collègues, enseignant au collège Titan du Port, a fait l’objet d’une agression : un élève l’ayant aspergé du contenu d’un extincteur d’incendie.
Déjà, le 16 mai dernier, un collègue du lycée Lepervanche avait eu son sac arraché par deux individus dont un portait un sabre.
L’année scolaire a été riche en faits de violences sur les personnels de l’Éducation nationale.
Dès le début d’année scolaire, nous avions averti le Rectorat sur le déficit important de postes de surveillants dans l’ensemble des établissements.
Le SN-FO-LC exige de l’Administration l’application systématique de l’article 11 de la loi du 13 juillet 1983 sur la protection des personnels dans l’exercice de leurs fonctions.
Il réitère son exigence d’un recrutement significatif de Maître d’internat et de Surveillant d’externat (MI-SE) et rappelle que la norme en vigueur en 1962 était de 1 surveillant pour 100 élèves.

Jean-Jacques Perrot,
secrétaire départemental du Syndicat national Force ouvrière des lycées et collèges


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