Le courrier des lecteurs du 09 novembre 2005

9 novembre 2005

Quartiers en péril

Les provocations étaient inutiles. Les exactions, les violences, les dégradations sont insupportables. De nuit en nuit, le nouvel incendie social qui ravage les cités détruit aveuglément des véhicules, des commerces, des bâtiments identifiés aux services publics, mais aussi ces lieux d’intégration que demeurent les écoles publiques dans des quartiers parfois à l’abandon.

Il y a urgence à rétablir le calme et l’ordre républicains. Il y a urgence à protéger des populations déjà fragilisées qui le sont davantage encore quand leurs biens, et parfois leurs personnes, sont atteints. Il y a urgence à garder le sang-froid que nécessite une telle situation : les fonctionnaires, policiers ou personnels d’éducation, qui représentent l’État et surtout l’égalité devant la loi et l’accès aux services publics, doivent exercer toutes leurs tâches sans crainte. Il ne peut y avoir de zones de non-droit.
Au-delà de l’actualité et de l’urgence immédiates, il sera temps, dans les prochains jours, de définir ce qui s’est défait sous nos yeux, quelle partie du “pacte républicain” a volé en éclats et comment le reconstruire sans le dénaturer ; au-delà des inacceptables violences commises, il sera temps de réfléchir aux frustrations accumulées, au sentiment d’injustice qui dominent des cités de relégation.
Le gouvernement est confronté à une crise majeure. Cette crise peut entraîner une réorientation de la politique suivie ou accélérer les processus de sécession de quartiers en péril. Il n’y a pas de quartiers difficiles, il y a surtout des quartiers qui ont été mis, au fil des années, en difficulté par le retrait, faute de budgets et de moyens suffisants, des services publics nécessaires à leur équilibre.

Ces quartiers ont subi les réductions des aides qui leur servaient d’appuis : victimes, leurs habitants ont été transformés en accusés réunis sous le même vocable. Oubliant les réussites de nombreux habitants, leur engagement associatif et tout simplement citoyen, les critiques en stigmatisant ces quartiers ont renforcé les sentiments d’abandon et d’exclusion. Cela doit cesser.
Le dialogue social qui a souvent été vidé de son sens à de trop nombreuses reprises doit enfin retrouver une place autre que celle d’un artifice ou d’un alibi. Les organisations syndicales représentatives doivent être associées aux réflexions. Leurs propositions doivent être entendues. Des “États Généraux des cités et des banlieues” sont à organiser. Il faut sortir du mutisme, il faut à tout prix sortir de l’affrontement. Des réunions multiples doivent pouvoir aussi, dans les prochaines semaines, se tenir dans ces lieux de dignité et d’intégration que sont les établissements scolaires pour réfléchir, avec tous les acteurs de l’éducation, mais aussi avec la police et la justice, à enrayer l’exclusion, à frapper d’interdit les discriminations.

L’ordre républicain ne se décrète pas. Il est aussi fait d’assentiment et d’adhésion aux valeurs qui le fondent. L’égalité des chances est en recul. Les jeunes issus de l’immigration sont et de loin les plus exposés au chômage. Les entretiens d’embauche se raréfient selon son nom, sa couleur de peau ou son “ghetto”. Cela doit cesser. Ces discriminations, ces injustices créent du ressentiment et génèrent de la violence. La laïcité doit être à la fois défendue et soutenue. Elle n’est pas contrairement à ce qu’affirment des responsables ministériels une question mais une réponse. Les religions doivent être laissées à leur place. Il n’y a pas à chercher d’accommodements ou d’alliances avec les responsables religieux. L’appartenance citoyenne seule doit l’emporter. L’égalité est aussi à ce prix.

La République ne peut accepter cette violence qui la défigure. Après cet incendie social, il faudra reconstruire notre capacité à vivre ensemble, notre capacité à faire du respect de toutes les institutions et de toutes les personnes, quelles que soient leur origine, la base renouvelée de notre pacte républicain.

Patrick Gonthier,
Secrétaire général de l’UNSA Éducation
Joaquin Masanet,
Secrétaire général de l’UNSA Police


La plage de Trois-Bassins au public !

Une plage au public ? Qu’est-ce qu’il y a d’extraordinaire ? Le public (nom), c’est quoi ? (La population - tout le monde instinctivement). Public, ique (adjectif) (lat. publicus). Qui concerne la collectivité dans son ensemble ou qui en émane ! Qui est à l’usage de tous, accessible à tous (“Petit Larousse”).
Pourquoi tant de tapage autour de cette plage de Trois-Bassins ? Il suffit tout simplement d’appliquer la loi. Rien que la loi. Cette plage, vous, moi, nos enfants ont le droit d’y aller. Cette plage doit être accessible à tous et non à quelques-uns.
Oui, il y a une question morale à se poser. Comment, sur ce lieu public, doit-on faire cohabiter les naturistes, les homosexuels, les prostituées, les échangistes, les parents et les enfants ?
Il suffit d’appliquer l’arrêté municipal de 1978 ! Oui, Pierre Heideger, maire de Trois-Bassins, a raison de dire qu’il ne s’agit nullement de ségrégation ou de discrimination vis-à-vis de cette forme de vie. La plage est libre, mais cette liberté n’est pas pour tous. Pas pour la famille, qui, dans la vie de tous les jours, est constamment agressée. Son autorité interne, la pression sociale, les nécessités économiques se sont relâchées et la famille apparaît pour ainsi dire à l’état pur, comme une association d’affection mutuelle.
Alors comment gérer la cohabitation, des naturistes, des homosexuels, des prostituées, des échangistes avec les familles de l’île, en particulier celles de l’Ouest ? C’est impossible. Combien de fois des enfants ont-ils demandé à leurs parents l’autorisation d’aller à la plage de la Souris Chaude de Trois-Bassins ? La réponse est toujours la même. Cette plage n’est pas pour nous. Elle est réservée à un certain public.
Cette plage doit être à l’usage de tous, conformément à l’arrêté municipal de 1978. Il est temps de le faire appliquer 27 ans après !

Marc Kichenapanaïdou


À la gloire de la Dame “salon de la solidarité”

Panneaux publicitaires en couleur, spots radios, spots TV, demie page en couleur dans les journaux... Combien de millier d’euros ?
Décidément tout est permis. Rien n’est assez à la gloire de la Dame “salon de la solidarité” organisé par le Conseil Général, dont, faut-il le rappeler pour convaincre, la première mission est, de toutes façons, l’action sociale avec les deniers publics.
Gargarisme politique de l’autosatisfaction ? Exposition d’alibis associatifs et institutionnels à deux euros l’entrée pour le Noël des enfants démunis.
Comme c’est mignon. Comme c’est touchant et généreux. Merci gentils riches ! Manque la Princesse de Monaco et la Reine d’Angleterre !
Au fait, combien les panneaux publicitaires, combien les spots radios, TV, journaux ?...
Une perle de diamant ou un collier ? Le prix d’un mandat, de deux ou trois cumulés ?

Journée des Seniors : parlera t’on du minimum vieillesse ? D’un savoir à transmettre ? De l’isolement ? Du manque de familles d’accueil...

Journée de la famille : parlera t’on de papa au RMI, de l’entreprise de maman qui a fermée, du contrat aidé qui ne sera pas renouvelé, du prix du gaz, celui de l’essence, du prix des couches du petit dernier, de la case surpeuplée, de l’emploi, du plafond CMU.

Journée de l’insertion : Va-t-on parler de vraies mesures d’accompagnement, de manque de personnels sociaux et de moyens ? De perspectives de développement ou de pansements sans cesse renouvelés sur la gangrène du “risque social” ? Va-t-on parler des sortants de prison et des moyens pour les accompagner ? Peut être du logement et d’une allocation minimum jeunes ?...

Journée de la Jeunesse : Va-t-on parler de l’ouverture des écoles, de l’accès à la culture ? Du manque de place dans les crèches et jardins d’enfants ? Des structures d’animation de quartier inexistantes.

Bref, parlera t’on encore et encore de la gestion des difficultés et des misères de presque tout un chacun ou va-t-on débattre de projets de société, de perspectives politiques, de rêves à mettre en œuvre, de solutions à inventer ou restera t’on encore et encore dans l’autosatisfaction et l’étalage d’alibis politiquement corrects d’outils pour gérer la crise et éviter l’explosion ?
Des politiques on attendrait, par exemple, l’organisation d’un forum Citoyen pour aller à la pêche aux idées. Qu’ils nous disent, tient par exemple, quel avenir, quels projets pour notre pays de La Réunion.
La solidarité on connaît déjà, entre nous, de l’un à l’autre, celle qu’on est bien obligé d’inventer tous les jours pour pallier à ce qui nous manque. Du travail, un logement, des rêves.
La solidarité institutionnelle, que je sache, ne fait que répondre à des droits bafoués, aux erreurs de la Cité, celles qui créent des besoins, nos besoins : un travail, un logement, la sécurité dans la rue pour nous et nos enfants, un carri pour tous.
Mais bon, soyons solidaires du Conseil général quant il nous demande l’aumône de deux euros pour le Noël des enfants défavorisés, c’est la moindre des choses, il s’agit des nôtres ! C’est un bon geste, ces “salauds de pauvres” ont bouffés tout le budget ! Et puis y’a des spectacles, des thés dansants, des expos et pleins d’animations, alors vous voyez le genre si le zoo n’était pas complet avec nos petits dépenaillés, ça fait plus vrai.
Amenez le clochard du coin de votre rue, à moins que le buffet, par solidarité avec l’argent public ne soit payant, pensez aussi au sans logis qui profitera, ce jour là au moins, d’un toit avec moquette !...
En plus et pour finir il paraît qu’il y aura trois villages, rien de moins ! Ayons du cœur, allons montrer que l’argent public y sert pas à rien, pensez à leur amener des mouchoirs de soie ou des éventails, qu’ils puissent se protéger de l’odeur de la rue.

Margareth Royer
Association Momon papa lélà


Du travail mieux que l’assistance

Après 30 ans de valses hésitations et de tragédies, “l’affaire Adekalom” reprend de plus belle. Les protagonistes sont trois sur quatre à perpétuer les mêmes erreurs, les mêmes outrances.
Que l’ONF, la Mairie et la Préfecture sacrifient la légitimité du travail pour des revenus de médiocre assistance ne semble guère se démentir. Pour ce faire ils justifient de telles pratiques en caressant le faux espoir d’un tourisme d’affaires qui aurait un impérieux besoin d’un golf de 18 trous sur plus de 50 hectares... Vous avez dit mégalomanie ?
Ils pourront toujours booster, soit la MLI soit l’ANPE soit la maison de l’emploi soit les ASSEDIC pour “former” des ramasseurs de balle.
La préoccupation du développement, comme depuis 30 ans, semble échapper à nos décideurs. Au-delà de ces questions, pourtant centrales : on cumule les mêmes erreurs, on stigmatise des jeunes, au lieu de construire avec eux des projets en partenariat.
Et dire qu’on (mal) traite bientôt, dans pas moins de 2 salons, la solidarité et l’insertion des jeunes ...
Pour l’UIR-CFDT, il serait temps que nos responsables décideurs s’attèlent à de réels projets de développement prenant en compte les aspirations et projets du plus grand nombre.
L’extension du casier expérimental et du gain de foncier pris sur la forêt doivent en priorité aller aux plus nécessiteux qui peuvent encore formuler des projets.
Bann Adekalom na rézon !

UIR-CFDT


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