
56% des Français pour la censure du gouvernement Bayrou
7 juilletAlors qu’Emmanuel Macron retrouve cette semaine son pouvoir de dissolution, la moitié des Français dit souhaiter dans les prochains mois une (…)
10 décembre 2005
Laïcité, j’écris ton nom
Nous célébrons cette année le centenaire de la loi, dite de séparation de l’Église et de l’État.
Cette loi s’exprime dans notre constitution par les termes de “République laïque”.
C’est ainsi que nous l’affirmons.
C’est ainsi que nous voulons la faire vivre.
C’est à sa source que la Ligue de l’Enseignement puisa l’énergie et la force d’agir avec l’École publique en se fixant dès sa constitution comme objectif de faire voter par les députés des lois visant à rendre l’école gratuite, laïque et obligatoire. (lois scolaires 1881, 1882, 1886)
À la Réunion un siècle plus tard, la FOL créée le 9 mars 1950, et présidé par Vivien SIDA directeur d’école, engage le même combat que Jean Mace et Ferdinand Buisson, respectivement, fondateur et président de la Ligue de l’Enseignement, pour l’application des lois scolaires. Rappelons que ce n’est que dix après la départementalisation que celles-ci entrent en vigueur dans notre île.
La présence à La Réunion dès le début de son peuplement, de populations riches de leurs diversités : ethniques, culturelles, a été le ferment d’un modèle réunionnais, un savoir vivre-ensemble basé sur le respect des différences, la liberté absolue de conscience qui sont l’expression naturelle d’une authentique laïcité.
C’est à sa promotion solennelle et résolue que la FOL doit s’attacher et au service de son enseignement qu’aux côtés de l’Education Nationale elle doit continuer à œuvrer.
Laïcité, mais également solidarité, citoyenneté qu’il faut clamer haut et fort et brandir comme un étendard de justice et de paix.
Solidarité, autre nom de la fraternité inscrite au fronton de nos mairies, solidarité et justice qui permettent à chacun de recevoir le juste soutien de la société lorsqu’il est en difficulté ; mais également émancipation, liberté, responsabilité, éducation, telles sont les déclinaisons possibles du paradigme de la laïcité.
Depuis la naissance de la société dite post-moderne, ces principes si évidents sont constamment remis en cause au profit d’un individualisme outrancier, d’un consumérisme débridé, de discriminations aggravées.
Il est vrai que les valeurs de la laïcité ne vivent que si, sans relâche, on les explique, on les défend, on les promeut.
Parce qu’aujourd’hui, osons le dire, elles sont ignorées, remises en causes, voire menacées.
Certes, mépris, menaces et sanctions ne sont pas nouveaux.
À La Réunion des hommes et des femmes, en ont été les victimes alors même qu’ils étaient des ardents défenseurs de la laïcité, et des libertés énoncées dans l’article 1 de la loi de 1905.
En effet des militants laïques, dans le collimateur du pouvoir politique dans les années 50, 60, 70 ont été victimes d’impitoyables répressions, notamment par l’application de l’ordonnance Debré en date du 15 octobre 1960, les condamnant à l’exil pendant plus de dix ans.
C’est un vibrant hommage que je voudrais rendre aujourd’hui à ces femmes et ces hommes qui ont beaucoup œuvré pour que vive la laïcité, l’émancipation, la liberté de conscience.
Souvenons-nous donc du passé, pour dire que rien n’est acquis, même si tout semble gravé ad vitam æternam dans le marbre constitutionnel.
Notre devoir de citoyen laïque, agissant avec les habitants, les associations, pour une société plus solidaire et plus juste est de veiller à ce que l’ouverture que nous prônons ne soit pas le terreau fertile pour les dérives communautaristes, discriminatoires, ségrégationnistes, racistes, et que l’on craint de voir poindre même sur notre belle terre réunionnaise, à l’encontre de nos frères des pays de l’océan Indien.
Intimement persuadés que c’est à l’école laïque seule que la liberté de conscience de l’enfant sera scrupuleusement respectée, arc-boutés sur notre diversité culturelle, fort de nos langues, de nos identités, de notre unité respectueuse des valeurs républicaines, éduquons nos enfants, nos jeunes, pour que vive la paix, pour que soient relevés en ce début de millénaire, les défis de la nourriture, de l’environnement, de l’éducation, du travail et de la liberté pour tous. Contre la pensée unique, contre la mondialisation sclérosante enrichissons-nous de nos différences.
Benjamin Constant disait : "Les libertés sont des résistances"
En favorisant par le débat, le dialogue, les échanges, l’accès à l’esprit critique, à la citoyenneté, à la solidarité, la FOL sera une résistance pour que vive la laïcité.
Frédéric Salvan
président de la FOL
Fin d’une hypocrisie “nationale”
C’est officiel : eux c’est eux et nous c’est nous !
Tous les Antillais, les Guyanais et les Réunionnais - considérés comme français pur “sucre” - qui sont allés en France et qui ont fait - au moins une fois - l’expérience personnelle et solitaire du rejet ou de la dépréciation liée à leurs origines savent désormais et officiellement (1) qu’ils n’étaient pas victime d’égarements d’une personne arriérée ou d’une frange de la population pur “beurre” soi-disant “LePennisée”. Ils savent aujourd’hui que cette expérience humiliante n’est pas un cas isolé et est, en réalité, le produit d’un système, d’une culture “nationale” qui n’a jamais voulu se décoloniser comme on n’a pas su, par exemple, dénazifier l’ex-Allemagne de l’Est, l’Autriche ou le Danemark. 64% des Français - près de 2 Français sur 3 - approuvent “l’aspect positif” de la colonisation (2) .
Attention ! Je ne positionne pas ici au même niveau la “cécité mentale” (3) des “Français” et le nazisme toujours vivace des groupes politiques bénéficiant d’une grande écoute outre-Rhin : je mets dans le même sac la structuration mentale de ces deux systèmes qui expriment le refus pur et simple de l’Autre ; et je dénonce cette peur bien française (4) d’être confronté aujourd’hui à l’évidence d’une identité “nationale” complètement changée... et irréversible depuis les prolégomènes de la colonisation.
64% des Français - près de 2 Français sur 3 - approuvent "l’aspect positif" de la colonisation
Bien qu’antidémocratique, une loi obligeant les enseignants en Histoire à montrer la positivité de la colonisation en “Outre-mer français”, valide officiellement que la France ne saurait accepter de considérer son aventure coloniale comme “négative”. Explication : la France ne peut accepter que son identité “nationale” - issue, croit-elle encore aujourd’hui, seulement des Lumières - se soit transmutée en une identité mêlée et rendue protéiforme à la suite de son action colonisatrice, longtemps qualifiée “d’œuvre civilisatrice” par la gauche d’alors et notamment par des icônes de la République française tel que Jules Ferry.
La vérité : la colonisation française a fabriqué un mode de pensée et de représentation honteuses fondé sur la différence et la discrimination dont les Français ne sont pas encore sortis. Le paysage mental “collectif” n’est pas encore parvenu à faire percevoir autrement la présence des “indigènes de la République” (5) au cœur de la “nation” comme autre chose qu’ “un dérapage” de l’Histoire. Nous sommes tout simplement niés et n’avons pas d’existence significative. Ainsi, toute la dialectique post-coloniale reste pour eux ce calcul honteux : des routes contre des exactions à finalité prétendument civilisatrice.
Voilà pourquoi ils nous objectivent et nous dévisagent comme si nous étions, au pire, de simples périphéries ou des laboratoires pour la “métropole”, au mieux, des paradis exotiques pour passer des vacances. Et que dire de ceux qui habitent chez-nous, nous fréquentent sans nous voir, tirent personnellement partie ou s’amusent - sans le montrer - de nos malaises post-esclavages et post-coloniaux, de nos atermoiements quant à nos identités si ambiguës et alambiquées et ne comprenant toujours pas - en secret - pourquoi nous sommes si “ingrats” envers la France qui - croient-ils - nous envoie tout et à qui - croient-ils- nous renvoyons si peu.
Nous, les bâtards de la République française (parce qu’issus des vieilles colonies et théoriquement consubstantiels à la “mère patrie”), nous gênons parce que nous représentons à leurs yeux LA contradiction des valeurs humanistes des Droits de l’Homme qu’ils sont censés représenter au regard du monde. Valeurs qu’ils ont passablement bafouées et dont, il faut aujourd’hui reconnaître qu’ils n’en sont pas dignes - d’ailleurs quel peuple peut s’octroyer le droit d’incarner de telles valeurs ?
La messe est dite : désormais, officiellement, eux c’est eux et nous c’est nous !
Eux c’est eux et nous c’est nous !
Arrive donc aujourd’hui, grâce à cet aveu de l’État français, le moment pour nous de distinguer les destins qu’on nous a toujours forcé à concevoir comme commun, de nous prendre en charge et faire des choix que nous seuls pouvons opérer, même si nos champs d’action sont pour le moins limités.
Ainsi, pour toute une génération qui pense ne pas avoir d’aventure générationnelle à vivre, de vraies actions sont à définir :
déconstruire à grands coups cet imaginaire colonial autant pour nous que pour eux car pour qu’il y ait un colonisateur il faut qu’il y ait un colonisé... consentant. Combien de temps prendra-t-on pour déconstruire la structuration déshumanisante de nos sociétés ? Combien de temps prendrons-nous pour transcender le déterminisme “racialiste” de l’Antillais et le déni absolu de soi du Réunionnais ?
Œuvrer prioritairement pour les nôtres en protégeant nos économies et en fortifiant une politique intérieure axée sur une notion de développement à la mesure de nos réalités et en fonction de nos besoins tout en étant ouvert sur les formidables possibles du reste de l’humanité.
Et même si tout cela semble difficilement concevable aujourd’hui, et même si cela paraît invraisemblable, il demeure que c’est pour nous la seule voix viable et digne. Un peuple ne peut pas vivre sempiternellement les yeux baissés, le dos courbé et resté silencieux et haineux intérieurement.
Commençons d’abord par ne plus utiliser certains mots comme "métropole" et "métropolitain" ou "métro" en les remplaçant par "La France et les Français". N’utilisons plus le mot "DOM" (nous avons nos noms). N’utilisons plus les mots "ultramarin" ou "ultrapériphérie" : le centre est là où on se trouve et c’est là où nous sommes acteurs de nos vies. Vous verrez qu’appeler les choses par leur dénomination exacte nous ramène à une existence plus proche de la réalité sans laquelle l’intégrité de nos identités ne peut être sauve.
Patrick Singaïny
Intellectuel, artiste contemporain réunionnais et vivant en Martinique
(1) La loi du 23 février 2005 évoque “l’aspect positif” de la colonisation dont l’abrogation proposée par les socialistes français vient d’être rejetée.
(2) Sondage CSA publié dans le Figaro du 3 décembre, réalisé par téléphone le 30 novembre dernier sur un échantillon de 1.013 personnes âgées de 18 et plus.
(3) Termes utilisés, en août dernier, par le président algérien Abdelaziz Bouteflika relatifs à son appréciation de la loi du 23 février 2005.
(4) Avec le Japon, la France est la seule “nation” qui a ce rapport ambivalent à son passé. Notons, tout de suite, qu’il ne peut y avoir d’amalgames entre la colonisation japonaise en Corée (1910) et le lourd appareillage colonialiste français.
(5) Du nom du collectif qui a lancé son appel pour les assises de l’anti-colonialisme post-colonial datant du 19 janvier 2005.
Pourquoi ne pas aller plus loin ?
Les députés de l’UMP qui viennent de voter un amendement exigeant que, désormais les programmes d’Histoire enseignés dans nos écoles reconnaissent le rôle positif de la colonisation française ont eu raison. Ils ont eu raison, mais ils ne sont pas allés assez loin. Tant qu’ils y étaient, pourquoi n’ont-ils pas pris l’exemple ô combien édifiant du Code Noir adopté en 1665 pour les Antilles et en 1723 pour La Réunion et qui gravait dans le marbre le statut des esclaves, qualifiés de "biens meubles", eh bien pourquoi n’ont-ils pas exigé que le Code Noir soit rétabli, sinon pour les esclaves, du moins pour les affranchis, puisque la grande majorité des Antillais et un bon nombre de Réunionnais sont, aujourd’hui, les descendants d’esclaves affranchis, avant 1848 pour quelques uns, après 1848 pour le plus grand nombre ? Voici en effet ce que dit le Code Noir dans son article 58 à propos des affranchis : ils devront "porter un respect singulier à leurs anciens maîtres, en sorte que l’injure qu’ils leur auront faite soit punie plus grièvement que si elle était faite à une autre personne".
Nul doute que si le Code Noir, ou au moins son article 58 était rétabli, Sarkozy, président de l’UMP et accessoirement ministre de l’Intérieur ne courrait plus le risque d’être persona non grata aux Antilles. Vive la colonisation française, vive le Code Noir, vive Sarkozy !
Jean-François Clopeau
Saint-Pardoux (Deux-sèvres)
Alors qu’Emmanuel Macron retrouve cette semaine son pouvoir de dissolution, la moitié des Français dit souhaiter dans les prochains mois une (…)
Mézami, dimansh soir dann télé, banna la anparl in mess roganizé laba dann Sin-Bénoi avan la rouvertir la koupe kann dan lèst. A s’ki paré lété (…)
Dans son nouveau rapport annuel sur la conjoncture financière des collectivités territoriales, les analyses de la Cour des comptes sur les (…)
Médam zé méssyé, la sossyété, mi panss zot i koné la doulèr tonm dann in ni fourmi, sirtou fourmi k’i morde,kalité fourmi i pike aou in landroi é (…)
Les dirigeants du groupe des BRICS ont condamné les attaques contre l’Iran, Gaza et le Cachemire lors de leur sommet le 6 juillet, présentant le (…)
La conférence historique sur le financement du développement à Séville s’est conclue avec un sentiment renouvelé de détermination et un accent mis (…)
C’est dans une ambiance chaleureuse avec un état d’esprit fraternel que les délégués de la Section PCR de Sainte-Suzanne se sont réunis en (…)
La section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
Les technologies de Google Cloud renforceront la plateforme d’Ecobank pour améliorer la banque digitale, le soutien aux petites et moyennes (…)
Le patron des communistes, Fabien Roussel, ne se rendra pas à une réunion de la Gauche sur l’hypothèse d’une candidature commune de gauche en (…)
Une information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)
La FSU Emploi Réunion tient à rappeler que la mise en œuvre des programmes de transformation de France Travail, issus de la loi Plein Emploi, ne (…)