Le courrier des lecteurs du 10 janvier 2005

10 janvier 2005

(Page 10)

Mon bon Daniel,

J’ai lu ton papier. Je te reconnais bien là, tu ne changeras jamais !... Aller jusqu’à compter le nombre de lignes écrites !
Mais pourquoi s’emporter, pourquoi cette arrogance, voire ce dédain ? Un "fatras", dis-tu ? "Médiocrement" impressionné ? "Manque de courage ?" Manque "de conviction ?" Allons..., restons “zen”... (1)
Pour faire court, je ferai quelques observations :
1 - Si j’ai parlé de "père fouettard du créole", ce qui, semble-t-il, t’a vexé, même "médiocrement", je le retire volontiers. Ce n’était qu’un “mot”, un peu de malice, sans plus. Il n’y avait là aucune méchanceté.
2 - Vouloir discréditer son interlocuteur, en prenant le lecteur à témoin, et affirmer qu’ "il n’a jamais écrit une seule ligne en créole", n’est pas correct. Je ne dirai pas que cela est malhonnête, d’autant plus que tu sais que c’est une contre-vérité : tu risquerais d’en être vexé.
De plus, c’est un mauvais "argument", car est-ce à dire que, pour s’exprimer sur cette question, il faut avoir préalablement écrit au moins une seule ligne en créole ? Au fait, combien en as-tu écrites ? Et comment d’ailleurs ?
3 - Tu me fais dire une chose que je n’ai jamais dite. Le créole "de la maternelle à l’université", non, je ne l’ai jamais dit et je ne suis pas près de le dire. C’est d’ailleurs là un débat qui n’a jamais été le mien, et tu le sais.
4 - C’est pour cela d’ailleurs que je n’ai pas voulu répondre à ton article, comme tu l’as pensé. Non, ton article n’a été que la goutte d’eau, quoi... car, ce “débat” qui dure... qui dure... qui s’éternise... qui tourne en rond, pendant tant d’années, au point d’être presque devenu une raison d’être pour certains, fatigue, exaspère. Ce n’est plus un débat, c’est une guerre de tranchées dans laquelle tous les coups, tous les zambecs sont permis. C’est un “débat” destructeur au possible, qui tue la vie.
Si demain notre créole devait disparaître, ce que je ne crois pas, ou finir empaillé dans un musée, ce que je ne crois pas non plus, je pense que ce fichu “débat” y aura beaucoup contribué. C’est peut-être là son but ultime.
Vois-tu, il est un proverbe africain qui dit que "lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui est froissée" ; j’ai envie de dire, pour notre langue, que lorsque les linguistes et autres sommités s’en emparent et se battent, comme cela se passe depuis maintenant un demi-siècle, c’est le créole - la langue et même l’Homme - qui trépasse.
De toute façon, je crois tout de même que nous nous sommes compris. Et c’est là l’essentiel.
Mais, puisque l’occasion nous est donnée, allons, ensemble, un peu plus loin.
Il m’arrive parfois - cela doit être aussi ton cas, c’est une question d’âge - de me retourner et de regarder derrière. Alors je m’interroge. Je me demande si certains des autonomistes que nous fûmes, et anticolonialistes de surcroît - ce que je reste, soit dit en passant - ne vont pas, au soir de leurs vies, finir par encenser Michel Debré et lui trouver des vertus cachées dont ils avaient, des années durant, ignoré l’existence même. Un peu comme ces soixante-huitards reconvertis dans le libéralisme.
Pour le reste, mon dieu, il serait mieux que je vienne chez toi boire un café... Si tu m’y invites, bien sûr. Nous pourrions alors, en toute tranquillité, échanger... sans embêter les plus jeunes, avec nos histoires d’anciens combattants !

Georges-Marie Lépinay

(1) Il est heureux que tu n’aies pas parlé de charabias ou d’élucubrations : je t’en sais gré !


La source des violences ?

La cellule familiale, élément premier de notre communauté humaine, obéit à des règles, à la fois ancrées dans le fond des âges mais aussi sujettes aux fluctuations du temps.
Deux grands courants d’organisation sociale semblent se distinguer : l’un vertical, hiérarchisé, pyramidal ; l’autre, horizontal, équitable et fraternel.
Comment prendre conscience de ce que le patriarcat et les valeurs qu’il a engendrées ont comme effet pervers à l’intérieur même de notre société, si ce n’est en essayant d’en cerner les contours et de le situer par rapport à la civilisation dont il a usurpé la place ?
Le patriarcat, selon la définition du dictionnaire “Larousse”, se définit comme "un type familial caractérisé par la prépondérance du père sur tous les autres membres de la tribu (famille)".
L’auteur André Van Lysbeth nous dit que le patriarcat est une structure hiérarchique pyramidale, militaire. La femme est soumise au mâle ; son statut est inférieur ; ce système dans lequel est vénéré un Dieu mâle pratique le culte du héros et de la guerre de conquête, l’affirmation de la supériorité raciale du plus fort, l’exploitation des serfs, l’utilisation d’une main d’œuvre gratuite.
Il nous situe son apparition à partir de - 3.000 ans de notre ère.
Préexistant au patriarcat, de l’Irlande à l’Inde, en passant par le pourtour méditerranéen, avant les invasions aryennes et d’autres peuples barbares, une civilisation florissait, dont la structure sociale était matrilinéaire, égalitaire, non pyramidale, dans laquelle la femme n’asservit pas l’homme et a un statut social élevé.
Le culte de la Déesse Mère y est célébré. Elle représente la grande Ancêtre et les valeurs féminines telles que Paix, Amour, Art, protection de la Nature.
La femme est prêtresse, sexuellement épanouie et libre. Il n’y a pas d’antinomie entre la spiritualité et la sexualité. Pas de guerres de conquête ; la progression s’effectue lentement, par essaimage et occupation de nombreux territoires défrichés.
Aujourd’hui, notre Terre a mal ! La misère, le mensonge établi en tant que dogme, le meurtre organisé que représentent la guerre, la torture, le viol... la violence aux multiples visages font rage.
Et demain ?
La FRSCV (Fédération régionale de solidarité contre les violence) a eu l’excellente initiative d’organiser une marche blanche le 28 novembre, depuis le Jardin de l’État jusqu’au Barachois, afin de montrer la détermination des Réunionnais à lutter contre toute forme de violence.
Il s’agit aussi d’interpeller le gouvernement sur la nécessité de mettre en place un cadre législatif ferme et dissuasif. Le Département et la Région sont sollicités pour une aide accrue aux diverses associations, luttant contre ce fléau.
Nous avons participé à cet événement, initié par la FRSCV, et nous vous invitons à continuer à apporter en grand nombre votre soutien à cette cause vitale.
Aujourd’hui, à la croisée des chemins, l’Homme et la Femme doivent retrouver leurs valeurs primordiales, leur noblesse et marcher à nouveau côte à côte, unis dans leur complémentarité, afin de pouvoir choisir en pleine conscience le monde dans lequel leurs enfants grandiront.

Jean Lambert,
Imagine la Paix


Lettre ouverte au Président de la République et au Premier Ministre

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Selon un article paru dans le journal “Le Monde” du 6 janvier 2005,
l’hôtel des ventes de Lyon Presqu’île organise la vente de lettres et manuscrits du 18ème sur le commerce des esclaves.
Il est de la responsabilité et du devoir des plus hautes autorités de la République française de prendre les mesures qui s’imposent pour interdire formellement et immédiatement pareille insulte faite à la mémoire des victimes directes de l’esclavage et à leurs nombreux descendants qui aujourd’hui encore souffrent du traumatisme de ce crime contre l’humanité.
Avec effet immédiat, toutes les mesures doivent être prises pour que ces lettres et manuscrits soient protégés définitivement et consultables par les historiens, les chercheurs et les associations pour la mémoire des Noirs.
Les arrière-petits-enfants des victimes directes ne comprendront pas que vous laissiez se rejouer aujourd’hui les scènes horribles de ces ventes immondes. Car, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, ce "commerce" n’est rien d’autre que le prolongement par les héritiers des esclavagistes dudit "commerce triangulaire" de leurs arrière-grands-pères esclavagistes.
Comment pourrait-on interpréter autrement cet enrichissement cynique sur le malheur des victimes ? Car, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, après les récentes cérémonies en grande pompe pour "célébrer" Napoléon, celui qui a rétabli l’esclavage, après que sur France 3 Max Gallo se soit permis de "se poser la question" si cela faisait de Napoléon un criminel contre l’humanité, cela s’apparentera tout simplement à du révisionnisme, eu égard à la loi Taubira.
On ne peut pas permettre aux héritiers des esclavagistes de se faire de l’argent sur la tête des Nègres. Ces têtes de Nègres que les esclavagistes exhibaient comme un trophée de chasse sur les poteaux à l’entrée
des "belles demeures coloniales". Ils les remplaçaient régulièrement pour éviter le pourrissement. Ces têtes de Nègres que l’on retrouve sous forme de pâtisseries pour gourmets.
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,
la situation est grave.
Votre décision, ou non décision, sera historique.
Citoyennement,

Gilbert Léonard,
Paris


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus