Le courrier des lecteurs du 12 mars 2005

12 mars 2005

(Page 10)

"Il y a toujours un lendemain"

L’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, né en 1928, prix Nobel de littérature en 1982, auteur de “Cent ans de solitude” (1967), a abandonné la vie publique pour des raisons de santé : cancer lymphatique. Dernièrement, sa situation s’est aggravée. Il a envoyé une lettre d’adieu à ses amis, et grâce à Internet, elle est diffusée à travers le réseau. Je vous la transmets. Bonne lecture. Un beau moment d’émotion à partager avec tous ceux que j’aime. Amitiés fraternelles.

Daniel Paul Lahlou

"Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette en chiffon et qu’il m’offre un morceau de vie, je profiterais de ce temps le plus possible. Je suppose que je ne dirais pas tout ce que je pense, mais en définitive, je penserais à tout ce que je dis. Je donnerais une valeur aux choses, pas pour ce qu’elles valent, mais pour ce qu’elles signifient. Je dormirais peu, je rêverais plus, je crois que chaque minute passée les yeux fermés représente soixante secondes en moins de lumière. Je marcherais quand les autres s’arrêtent, je me réveillerais quand les autres dorment.
Si Dieu m’offrait un morceau de vie, je m’habillerais simplement, me déshabillerais sous le soleil, en laissant nu non seulement mon corps, mais aussi mon âme. Je prouverais aux hommes combien ils se trompent en pensant qu’on ne tombe plus amoureux en vieillissant et qui ne savent pas qu’on vieillit lorsqu’on cesse de tomber amoureux. Je donnerais des ailes à un enfant, mais je le laisserais apprendre à voler seul. J’enseignerais aux vieux que la mort ne vient pas avec l’âge, mais avec l’oubli.
J’ai appris tant de choses de vous, vous les humains... J’ai appris que tout le monde veut vivre au sommet de la montagne, sans savoir que le véritable bonheur réside dans la manière de l’escalader. J’ai appris que quand un nouveau-né serre fort de son petit poing, pour la première fois, la main de son père, il le retient pour toujours. J’ai appris qu’une personne n’a le droit d’en regarder une autre de haut que pour l’aider à se lever. J’ai appris tant de choses de vous, malheureusement elles ne me serviront plus à grand chose, car lorsqu’on me rangera dans ce coffre, je serai malheureusement mort.
Dis toujours ce que tu sens et fais ce que tu penses.
Si je savais que je te vois dormir aujourd’hui pour la dernière fois, je t’embrasserais très fort et je prierais le Seigneur pour pouvoir être le gardien de ton âme. Si je savais que ce sont les dernières minutes où je te vois, je te dirais "je t’aime", sans présumer bêtement que tu le sais déjà.
Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne une autre occasion de faire bien des choses, mais si jamais je me trompe et que je n’ai plus que ce jour, j’aimerais te dire combien je t’aime et que je ne t’oublierai jamais.
Le lendemain n’est garanti à personne, qu’il soit jeune ou vieux. Aujourd’hui peut être le dernier jour où tu vois ceux que tu aimes. N’attends pas, fais-le aujourd’hui, car si demain ne vient pas, tu regretteras sûrement de n’avoir pas pris le temps d’un sourire, d’une caresse, d’un baiser, car tu étais trop occupé pour pouvoir faire plaisir.
Garde près de toi ceux que tu aimes, dis-leur à l’oreille combien tu as besoin d’eux, aime-les et traite-les bien, prends le temps de leur dire "je regrette", "pardonne-moi", "s’il te plaît, "merci" et tous les mots d’amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes. Demande au Seigneur la force et la sagesse de les exprimer. Montre à tes amis et aux êtres chers combien ils sont importants pour toi."


Nuisances et dégradations durables à Saint-Denis

Monsieur le député-maire de Saint-Denis,
De plus en plus préoccupés des dégâts, présents et à venir, provoqués par le chantier qui a débuté fin décembre 2004 dans notre quartier, nous nous permettons de vous adresser ce courrier, dont nous espérons qu’il finira par entraîner une réaction de l’autorité publique.
Nous nous référons, d’une part à la lettre, rédigée par les habitants du 44, rue Alexandre Dumas, remise le 20 janvier dernier à l’intention de M. Ibrahim Dindar (adjoint du quartier) à la mairie annexe de la Providence, ainsi qu’à la réponse de ce dernier reçue le 1er mars. Nous souhaitons que vous ayez pu en prendre connaissance.
Nous sommes inquiets, en colère, et nous avons le sentiment, qu’en dépit des prises de contact réitérées avec vos collaborateurs et les signes d’alerte qui leur ont été adressés, les citoyens de cette ville ne se heurtent qu’au silence, à l’inertie, voire à l’indifférence des responsables, comme si personne n’était en mesure d’assumer ni information claire, ni à plus forte raison la moindre réunion de concertation permettant d’associer les habitants à l’avenir de leur cadre de vie.
Après ce préambule, permettez-nous de vous présenter l’objet de ce courrier. Depuis plus de deux mois, un chantier de construction d’un complexe immobilier de 106 logements “de standing” bouleverse la vie des habitants du quartier (bruits, poussières, dégradations de la voirie et des canalisations etc). Ce chantier est prévu pour durer 1 an à 1 an et demi.
Nous sommes profondément contrariés par l’incertitude relative à l’avenir du quartier, due à une absence totale d’information et de réflexion citoyenne commune. Nous sommes complètement tenus à l’écart d’une situation qui va bouleverser notre vie quotidienne pendant 1 an et demi et clairement anxieux à l’idée que les habitants du futur complexe immobilier de 106 appartements pourraient ensuite emprunter quotidiennement les deux petites rues qui mènent à notre cité (rues Alexandre Dumas et François Coppée).
Face à ces multiples incertitudes :
1 - Nous demandons qu’une sortie directe soit établie par un pont sur la ravine, en direction du Boulevard Doret. (Nous pensons même que les responsables auraient pu songer à aménager des voies de circulations appropriées, avant de démarrer ce chantier et de produire les dégâts matériels et les troubles sociaux en cours - "Est-ce qu’on s’habille avant de prendre sa douche ?")
2 - Nous refusons résolument que la circulation, du chantier et ultérieurement des immeubles construits, emprunte les rues A. Dumas et F. Coppée, au risque d’en achever la dégradation. Nous insistons pour que la canalisation d’eau principale, installée depuis 45 ans rue A. Dumas, et fissurée apparemment sur plusieurs points, soit changée, pour que le débit redevienne normal et que ne se manifestent plus les suintements, visibles surtout en fin de journée.
3 - Nous attendons avec impatience une réunion de concertation entre les trois parties concernées : les habitants du quartier, le promoteur et l’entreprise SOGEA maître-d’œuvre, et la mairie de Saint-Denis (Services responsables de l’aménagement urbain, services techniques, service de l’eau, service des voiries etc).
4 - Qu’en est-il véritablement de ce chantier, dont le fruit est déjà présent par anticipation dans les pages immobilières des quotidiens (sous le nom de Jardins aux Camélias) et sur lequel aucun panneau de chantier n’est visible.
Qu’en est-il de l’avenir de notre quartier ?

Des habitants de la Cité des Liserons
à Saint-Denis (La Providence)


Éducation : incompétence des adultes

Par rapport aux critères absurdes des adultes et de l’Éducation nationale, tous nos enfants seraient ignorants, alors qu’en réalité, ils sont tous surdoués.
Bien-sûr, ils ne "savent" pas. La belle affaire que le savoir. Savez-vous que pour savoir, il suffit de voir. N’importe quel imbécile est donc capable de savoir, sauf les aveugles, évidemment.
Non, les enfants, Dieu merci, ont autre chose : une prodigieuse faculté d’adaptation (la définition même de l’intelligence) faculté que nous, adultes, avec nos certitudes, avons presque totalement perdue. C’est pour cela qu’un enfant s’en sort toujours, c’est pour cela qu’il est si mobile et si déroutant pour les adultes, c’est pour cela que, bien souvent, nous ne le comprenons pas.
Laissez bouger vos enfants, et ne les entravez pas comme des oies que l’on gave.
Savez-vous encore une chose, vous n’avez même pas besoin de leur montrer quoi que ce soit. Ils sont naturellement tellement curieux que, si vous les laissez faire, ils découvriront avant vous des choses que vous n’aviez même pas l’idée de leur montrer. Ils comprennent déjà des choses (comme la musique ou l’informatique) que vous ne comprendrez peut-être jamais.
Enfin, dernier conseil : pour que le monde de demain s’améliore, c’est le monde d’aujourd’hui qu’il faut leur montrer, c’est le monde dans sa globalité, avec ses bons et ses mauvais côtés. Avec notre manie des certitudes, nous leur montrons pourtant un monde d’hier, édulcoré, aseptisé et asexué, en oubliant que le mensonge, même par omission, n’a jamais eu de valeur éducative.

Sam Arcande


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus