Le courrier des lecteurs du 13 décembre 2004

13 décembre 2004

(Page 10)

Pour La Réunion “Zone non - A.G.C.S.”

ATTAC Réunion salue la décision du maire de Saint-Paul et de son Conseil municipal de déclarer leur commune “Zone non AGCS” (AGCS : Accord Général sur le Commerce des Services) afin de mettre en garde contre les privatisations des services publics.
591 collectivités au niveau national et 4 communes au niveau réunionnais ont pris cette décision exemplaire et hautement symbolique.
La Réunion plus qu’ailleurs a besoin de conserver et de développer ses services publics en tant que bien commun de la population. D’autant qu’aujourd’hui il y a urgence à réagir.
En effet l’Union européenne prépare un projet de directive dite circulaire "Bolkestein" qui prévoit qu’un prestataire de service sera exclusivement soumis à la loi de son pays d’origine et non plus du pays où il fournit le service.
Par exemple, au niveau de la santé, on ne pourrait plus imposer des normes d’encadrement et d’équipement dans les établissements de santé ainsi que des normes en termes de qualité de soins par l’application de cette directive.
C’est l’ensemble des services publics - notamment l’éducation, la santé, et les services publics locaux - qui rentreraient dans le champ d’application de ce projet.
La directive prévoit également de supprimer "les règles tatillonnes en termes de Droit du travail".
Ce projet vise donc à donner un coup d’accélérateur à la mise en place de l’AGCS, qui porte atteinte aux services publics.
C’est pourquoi ATTAC Réunion appelle toutes les collectivités de La Réunion à rejoindre les premières communes “non AGCS” de l’île par vote de leurs instances délibératives (ATTAC Réunion restant à leur disposition pour toute information) et appelle tous les citoyens à signer la pétition contre le projet inacceptable que constitue la circulaire “Bolkestein”
(adresse : http://www.attacreunion.org/article.php3?id_article=61).

ATTAC Réunion

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Trop plein... kiltir, et... bumper-to-bumper* !

Comment nier que La Réunion connaît une diversification étonnante depuis trente ans, et aussi, bien sûr, dans ce domaine vaste que sont les arts et la Culture ? Privilège de cette Créolie - morceau tout rond d’Europe australe, de son standing entre vingt et quarante fois (?) supérieur à celui de Madagascar, cette grande et magnétique société-continent, plurielle, et irradiant sur toutes les îles, comme en parlent bellement l’étonnant Jean-François Reverzy et, avant lui, avec lui, plein de poètes défunts, actuels ou à venir ?
Hélas la surcharge des sorties possibles dans la période qui s’achève maintenant rend ici nos cultivé(e)s stressé(e)s : "Je ne sais plus où donner de la tête ; il y a trop de choses à voir en même temps".
Qu’ils se rassurent : bientôt, après un 20 Désanm déjà bouffé tout cru par Noël (ce monstre boulimique engendrant partout boulimie et dépenses), il va y avoir... l’étiage, oui j’ose le dire, l’étiage culturel et artistique.
Plus rien. Long tunnel de décembre - janvier, et parfois plus. Seuls quelques-uns, comme le théâtre Vollard, qui innova dans tant de domaines, cela me revient, brisèrent souvent le tabou de la saison cyclonique. Source Vive le fit aussi, à La Plaine des Cafres... ces dernières dix années.
Nos cultivé(e)s sont-ils tous partis via les avions chantants vers d’autres latitudes où la culture et les arts ont davantage droit de cité ? Vers l’Europe "aux anciens parapets"...? Ironie facile à l’égard des classes moyennes, et le voyage "se démocratise"...
Oh, classes moyennes, qu’il est facile de vous moucater, mais qu’est-ce qu’on tremble quand vous n’êtes pas là et qu’on vit dans un pays pauvre, coincé entre une "paysannerie aux abois" et une classe dirigeante corrompue et patricienne !

Évoquons vite quelques thèmes critiques simples :

- Pourquoi l’idéal d’action culturelle a-t-il été oublié (ou semble-t-il avoir été oublié) à La Réunion, où seul le modèle commercial (ce mot hideux : la "com") prime sur tout le reste ?

- Pourquoi l’idéal (voir Jeunesse et Sports) d’"éducation populaire" apparaît-t-il comme ringard, quand on y pense ? Car on n’y pense plus !

- Pourquoi tant d’émiettement des manifestations artistiques et culturelles, alors que "mutualiser" en pensant à des moments-lieux privilégiés, qu’ils soient festifs au sens large, ou seulement "fêtes pour l’esprit" et "mangers pour le cœur" (Alain Péters), serait une solution, et que c’est une urgence si on pense au public populaire, aux masses, qui n’ont le plus souvent que TV + supermarché, foot, bagnole ?

Mi koné pa.
Mais... mi ansouvyin... Il y a eu un "Mouvement culturel réunionnais", je crois, il y a deux décennies, avant ce grand embouteillage littoral où personne, bouffi, n’est heureux ?

Alain Gili

(*) Pare-choc contre pare-choc.


Juan : rien de Nova

Un excellent documentaire sur l’état du lagon de Juan de Nova vient de passer dans les salles et à la télévision. Il en ressort que, bien qu’exempt de toute pollution humaine directe, le corail de Juan de Nova dépérit dans les couches les plus proches de la surface et qu’il survit dans les couches plus profondes. On peut facilement en déduire que le corail ne supporte pas le réchauffement des eaux de surface, réchauffement dû au réchauffement de la planète toute entière causé par la production exponentielle par les humains de gaz à effet de serre, tels que le méthane, le gaz carbonique...
Le film s’en arrête là dans sa démonstration, il ne propose pas de solution, mais on la devine : il faut arrêter de produire des gaz à effets de serre. Et c’est là que le serpent se mord la queue, car que voit-on dans le film en dehors de splendides images de la Nature ? Une équipe de sémillantes chercheuses, genre "Drôles de dames" ou "Alerte à Malibu" pilotant une avionnette, chevauchant un quad, fonçant sur le lagon dans un zodiak à fond les manettes...

Montrer ces images détruit toute la belle démonstration du film. C’est "La maison brûle et d’ailleurs regardez : je suis en train de jeter de l’essence sur le feu”. Cela rejoint tout à fait le comportement de Jacques Chirac, qui se répand partout en beaux discours et qui, devant être à Moscou à neuf heures, plutôt que de se réveiller tôt, préfère décoller la veille au soir, faire tourner son avion en rond au dessus de la France et passer une bonne nuit en l’air (sept tonnes de kérosène à l’heure !)
Tous ces beaux discours ça suffit. Le corail ne pourra pas s’enfoncer indéfiniment dans les profondeurs océanes. Quand on voit que la simple peur du gendarme fait chuter de façon significative la consommation de carburant automobile, on se dit qu’il y a des choses à faire, à tous les niveaux, gouvernemental, régional : en encourageant, pas seulement du bout des lèvres, la production d’énergies non polluantes, en mettant en place, dès maintenant, des couloirs réservés au bus.

Au niveau départemental : en abandonnant le projet d’incinérer les ordures ménagères, défendu à la télévision - c’est un comble - par le directeur régional de l’environnement ! Quels que soient les filtres, quelle que soit la modernité de ces incinérateurs, ils produiront du gaz carbonique et des poisons mortels. Il faut se tourner vers le recyclage et d’abord vers la non production de déchets. Interdisons les sacs plastiques jetables. Les Corses l’ont bien fait, nou lé plis kouyon don ?

Les Mairies doivent mettre en place des plans de réduction de leur consommation énergétique et de production d’énergie non polluante. Le comble du gaspillage et de la pollution est atteint par ces souffleurs pétaradants à l’échappement quasi libre dont on affuble les agents de propreté. Un balai c’est moins noble ? C’est pourtant plus discret, moins polluant et plus efficace. Tous les jours, des dizaines de sacs plastiques s’envolent des fronts de mer et vont finir dans l’estomac des animaux marins !

Au niveau individuel, enfin. Arrêtons de dire que la pollution c’est les autres. La pollution c’est nous, c’est moi. Ne nous croyons pas obligé de garer notre auto juste devant la boutique, l’école, l’église... où nous voulons aller. Marchons un peu, c’est bon pour nous, pour les vieux comme pour les jeunes.
Prenons notre cabas, notre sac à dos, notre besace (c’est la mode) et refusons le sachet plastique. N’en donnons pas si nous sommes commerçants.
Vous êtes pharmacien et vous croyez que ça va faire fuir le client ? La gélule, elle est déjà dans un blister et une boîte en carton, et le malade, il ne choisit pas la pharmacie, il va au plus près...
On peut multiplier les exemples à l’infini. Et n’oublions pas : plus nous dépenserons d’énergies fossiles, plus vite elle seront épuisées. Développons les énergies non polluantes, soyons sobres volontairement, sinon nous le serons contraints et forcés.

Jean-Pierre Espéret


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