Le courrier des lecteurs du 13 decembre 2005

13 décembre 2005

Colonisation moderne en question...

L’affirmation du “rôle positif” de la colonisation démontre une certaine nostalgie d’une période noire de l’histoire française, notamment pour certains de nos gouverneurs des temps modernes.
Bravo aux Antillais qui viennent de rappeler au ministre de l’Intérieur et au gouvernement, les séquelles de cette sombre période dans les anciennes colonies françaises, notamment dans les DOM-TOM.
Il est important d’informer nos jeunes de ce qui s’est réellement passé et de dessiner aujourd’hui les contours d’un mieux vivre ensemble pour demain en tournant le dos à cette colonisation qui continue quoi qu’on en dise à faire des ravages. Cette colonisation qui a changé de forme, mais qui existe et perdure bel et bien empêchant l’épanouissement des peuples concernés. La responsabilité des historiens est ici primordiale. N’en déplaise aux élus de l’UMP.
Dire comme le député Audifax que nous sommes un peuple fraternel, solidaire, bref que nou lé gentil, sympathique, que nou aime zot tout..., est dépassé et n’occulte en rien les vrais problèmes que connaît notre île : chômage record, précarité récurrente, manque de logements, manque de solidarité au niveau des grands projets, manque de repères, de grand dessein...

Oser dire que nous ne sommes en rien concernés par le débat actuel, c’est nier le nombre de postes et d’emplois d’encadrement qui échappent toujours aux Réunionnais de plus en plus compétents et formés. C’est laisser enfler une problématique qui entraîne de jour en jour colère, et frustration.

Cette forme de colonisation moderne, sournoise est déplorable, car elle maintient dans son propre pays le Réunionnais en situation de dépendance et d’échec permanent. Nous sommes écartés par un système en place qui se pérennise d’année en année et qui nous tient volontairement éloignés des instances de décisions, contrairement à ce qui se passe en Bretagne, en région PACA, aux Antilles ou en Corse.
À ce sujet nous nous réjouissons depuis quelque temps que Gilbert Annette s’aligne sur le projet PSR "cap 2025 donn’ créol responsabilités" projet écrit en 2003. Revendiquer dans l’opposition c’est bien. Souhaitons que si le PS revient au pouvoir en 2007, qu’il sera entendu par Paris pour favoriser le retour au pays et l’intégration des Réunionnais dans les instances de décisions. Cela n’a pas été toujours le cas dans le passé...

Notre absence nous est préjudiciable et ne nous permet pas de détenir l’information, de s’approprier des vrais enjeux, de décider, de manager, d’inscrire notre développement dans la durée, d’être la référence pour les générations futures. Chez nous, la référence est souvent l’autre, celui qui arrive, qui a vu, qui connaît, qui voyage, qui embauche et qui va décider avec les réseaux en place de ce qui est bien pour le bonheur du bon petit peuple.
Face à cette situation qui génère faiblesse identitaire et doutes, qui gangrène et divise la société réunionnaise, la définition d’un projet de développement largement partagé et plaçant l’homme Réunionnais au centre des préoccupations doit s’imposer à tous. Cette affirmation qui doit viser une meilleure intégration des Réunionnais dans les instances de décisions est pour demain un enjeu capital pour assurer l’équilibre durable de notre société.

L’ère du “diviser pour mieux régner” doit laisser place à une mobilisation locale capable de s’exprimer, de s’indigner, de s’opposer et de proposer, quelque soit la majorité en place à Paris. Il est à ce titre inquiétant de constater dans le système actuel, l’absence de démarche unitaire et le manque de solidarité des Réunionnais sur les grands dossiers qui conditionnent pourtant notre avenir et celui de nos enfants.
Il ne s’agit pas ici d’opposer le noir au blanc, le Réunionnais (qui partage une communauté de destin) au Zoreil, le sur-rémunéré au Rmiste, il s’agit bien de trouver les ajustements nécessaires pour prendre en compte l’existence de l’autre, celui qui constate que l’ascenseur social demeure toujours bloqué, celui qui n’existe pas.
Hélas ce n’est pas pour demain, tant le regard de cet autre, résolument tourné vers son évolution de carrière est ailleurs. Le “pas là ek ça”, le corporatisme, et la vision à court terme rythmée par les grosses vagues de mutations tous les 3 ou 4 ans qui s’y rajoutent, l’emportent malheureusement encore sur une approche de développement adapté et durable devenue pourtant indispensable.
Alors que La Réunion s’apprête à célébrer le soixantième anniversaire de la loi du 19 mars 1946 portant abolition du statut colonial, il est navrant de voir s’exiler nos matières grises de plus en plus nombreuses à travers le monde pour laisser place à des gouverneurs des temps modernes encore plus nombreux ici. Fasse que cette commémoration soit l’occasion d’une prise de conscience générale, salutaire et fondatrice pour notre pays.

Éric Delorme
Secrétaire général de PSR


Appel des Verts

Les Verts Réunion invitent leurs adhérents et sympathisants à signer la pétition initiée par Madame la députée Huguette Bello contre l’histoire officielle, contre un enseignement sous contrôle, pour la liberté de la recherche, pour le respect des élèves, pour l’abrogation de l’article 4 de la loi n°2005-158 du 23 février 2005 qui prévoit notamment "que les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer".

Jean-Pierre Espéret,
Porte-parole


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