(page 10)

La paix des puissants

8 mai 1945 - 8 mai 2005. il y a donc 60 ans que l’Allemagne a capitulé, mettant fin à 6 ans de conflit où les victimes se sont comptées par millions. La Russie a voulu fêter l’événement. Et parmi les Nations invitées à Moscou, 50 ont accepté de venir vivre ensemble ce rendez-vous de la Mémoire... Sans doute pour que les générations nouvelles, à la lumière de l’Histoire, apprennent la fragilité en même temps que le prix de la Paix !...
C’est vrai : les ruines, les souffrances, les victimes ont été incalculables... au point de se demander si un pays peut se prévaloir d’avoir souffert plus que les autres. Poutine en revendiquerait la palme, pour l’URSS. Mais il y a de ces drames dont la cruauté ne se mesure plus à la quantité, mais à l’horreur. Et en la matière, les nazis se sont révélés les pires des mauvais génies.
Bravo donc au président Poutine pour son initiative ! Cependant, c’est à se demander si vraiment il pouvait être à l’aise dans ce costume qu’il a voulu, taillé à sa mesure ! Ce Poutine qui prétend tout contrôler - des médias jusqu’à la volonté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Qui, par tous les moyens, est en train d’exterminer le peuple Tchetchène, après avoir cherché à annexer les États Baltes. Qui, à l’extrême Est de la vaste Russie, a volé deux îles au Japon... Qui a multiplié les obstacles sur les chemins de l’indépendance, projetée par la Géorgie entre autres, et l’Ukraine...
Le président Chirac devait être dans ses petits souliers, lui aussi, qui laisse reconduire à la frontière tant de “sans papiers” venus chercher refuge et gagne-pain sur la Terre de France, dite “de liberté”. Or, “sans papiers”, pas de travail, sinon clandestin ; pas de soins en cas de maladie... L’Espagne vient de régulariser en bloc, tous les “sans papiers” sur son sol. Cela dépasserait-il les capacités d’accueil de la France ? Ce Chirac qui refuse de se prononcer sur la fameuse journée de massacres des Algériens avides d’indépendance - ou défilant dans les rues de Paris, en solidarité avec leurs frères, va-t-il, en plus de continuer à faire la sourde oreille, pour ne pas reconnaître les mêmes droits aux anciens combattants des troupes coloniales dont les mérites se mesurent toujours à la couleur de la peau ? Comment fêter la Paix, le cœur libre, quand tant de ses défenseurs ayant risqué leur vie pour elle, sont des laissés pour compte, au seul critère de leur origine ethnique ?...
... L’on finit par se dire que ce sont de vrais maîtres chanteurs, ces chefs de Nation qui se posent en champions du rassemblement, à la tête d’une Europe pour laquelle ils sollicitent notre “oui”. Si c’est pour élargir un espace privilégié, interdit... c’est “non” !

René Payet

De la bonne foi

Dans un courrier du 6 mai, j’ai critiqué, en montrant sa fausseté, la formule : "La mort d’une langue, c’est la mort de tout un peuple".
Brigitte Croisier ne conteste pas, dit-elle, "la survivance des peuples malgré la disparition de leur langue d’origine". Elle me reproche cependant d’avoir pris la formule critiquée “au pied de la lettre”. Désolé, mais l’auteur de l’article n’avait pas cru devoir en avertir son lecteur. Ma bonne foi est entière.
Brigitte Croisier peut-elle en dire autant quand, posant la question “Faut-il se mutiler et abandonner sa langue maternelle ?”, elle feint de penser que je puisse y répondre par oui ?

Daniel Lallemand

Enseigner la sociologie à l’école primaire

Alors que les sciences sociales s’enseignent à l’université, pourquoi soutenir qu’il faudrait étendre leur domaine d’enseignement prioritairement, non pas au lycée ni au collège, mais à l’école primaire (CM1 et CM2) ? Ce souhait peut paraître bien farfelu tant la complexité de la sociologie semble la destiner aux niveaux des formations supérieures ! Mais comme on peut faire des mathématiques avec des équations du 3ème degré ou avec la table de multiplication par 2, on peut adapter l’enseignement de la sociologie à l’âge des élèves concernés. Il ne s’agirait pas d’enseigner d’inutiles et fastidieuses théories mais d’initier à la démarche comparative (qui fonde les sciences sociales) pour inculquer un rapport tolérant aux autres et à leurs différences (de sexe, de culture, de conviction). En complément de l’Histoire et de l’éducation civique, c’est en portant un regard compréhensif avec des méthodes scientifiques sur d’autres mœurs, d’autres systèmes de pensées, d’autres manières de vivre que l’on pourrait atteindre un modèle éducatif plus complet. Mais là encore, n’est-il pas trop difficile pour des enfants d’une dizaine d’années de construire une démarche comparative scientifique ? Tout dépend de la manière de leur présenter la méthode. Les élèves pourraient participer à de vraies enquêtes basées sur l’observation simple mais systématique des pratiques les plus quotidiennes, par exemple : À quoi jouent les garçons dans la cour ? À quoi jouent les filles dans la cour ? Quel est le plat de cuisine préféré de leurs parents ? Quelle est la musique favorite de leurs parents ? Quels sont leurs animaux domestiques ? Qui vient manger à la maison ? Autant de sujets de comparaison qui permettent d’expliquer le monde social à partir de la description qu’en font les enfants. Il serait également souhaitable d’enseigner les techniques d’entretien sociologique aux enfants, forme où il s’agit de ne pas interrompre celui qu’on écoute, d’essayer de se mettre à sa place, de poser des questions au bon moment, voilà qui apprendrait concrètement, et par delà les vœux pieux, ce que signifie le respect de l’autre. Ne pourrait-on pas enfin objecter que la démarche comparative, menant à la prise en compte de la diversité culturelle, puisse être une opération déstabilisatrice à un âge où les enfants on besoin de solides repères ? En réponse, il faut souligner que s’en priver mène tout droit à l’ethnocentrisme culturel qui dévalorise ou rejette les autres formes de morales, de religion, d’esthétique, de mœurs que la sienne.

Pascal Duret,
professeur à l’Université de La Réunion, directeur du CURAPS.

Pourquoi votre enfant est devenu complètement tordu ?

Je ne suis pas entièrement d’accord avec le livre à succès de Monsieur Rufo sur la sexualité des enfants (Éditions Anne Carrière). Il faut bien sûr respecter les enfants comme l’on respecte les adultes, mais il faut aussi leur parler de sexualité avec naturel et simplicité, ce que les adultes ne savent pas faire. Résultat, on n’en parle pas, on en parle mal ou l’on se cache, pour en parler, derrière les aspects sanitaires ou médicaux. À l’âge tendre, on est incapable de parler de sexualité avec tendresse. L’enfant comprend vite que l’amour des adultes c’est interdit, caché, dangereux, sale et sulfureux.
À l’âge ou cela devient si important pour lui, le jeune pubère ne sait plus à quel saint se vouer. Dans le meilleur des cas, il vit dans l’ignorance de la sexualité alors que son corps évolue, et il risque de graves traumatismes parce qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive. Dans le pire, il découvre la sexualité au travers de la pornographie, de la violence et du mépris des femmes.
Pour que votre enfant ait une chance d’être heureux et équilibré dans la vie, il faut oublier votre propre passé, il faut lui construire une image plus belle et plus vraie de l’amour. Si vous ne faites pas cet effort, il ne faudra pas vous étonner que le cher petit devienne un jour complètement tordu sur le plan sexuel.

Alexandre de Saint-Pierre,
éducateur à la retraite

Lettre adressée au directeur d’Agence de France Télécom

En utilisateur convaincu d’Internet avec Wanadoo, je suis très heureux d’apprendre que l’ADSL arrive chez moi... et je compte bien en profiter !
C’est donc avec la plus grand joie que je reçois votre lettre du 9 mai dernier.
Toutefois, mon regard n’a plus l’acuité qu’il avait dans ma première jeunesse, et je n’arrive pas à lire de manière satisfaisante les trois petites lignes qui se trouvent en bas de page juste au dessus du bandeau rouge. Ces lignes en petits caractères ont certainement leur importance, et vous auriez droit à ma plus grande reconnaissance si vous vouliez bien me renvoyer un nouvel exemplaire de votre sympathique courrier dans lequel les trois petites lignes du bas seront imprimées dans la même police de caractères que celle du paragraphe où vous annoncez le prix TTC de votre forfait !

Au plaisir de vous lire très bientôt,

Guy Pignolet,
Gardien de Volcan