Le courrier des lecteurs du 13 octobre 2004

13 octobre 2004

Faut-il voir plus loin que la route ?

Faut-il voir plus loin que la route ? Compte tenu des enjeux parfaitement définis, à la fois par le préfet et le président de Région dans le "Journal du débat public" de septembre 2004, on ne peut se contenter de répondre en fonction de nos critères habituels de jugement.
Les sommes à engager sont énormes, et surtout, les choix à faire engagent le style de vie des Réunionnais sur de très nombreuses années.

L’occasion de réfléchir et d’agir sur l’avenir est trop rare pour ne pas saisir cette opportunité. Nous savons que notre planète est fragile. Nous savons que l’Homme doit se méfier davantage de sa force destructrice. Est-il possible de préserver une île du désastre écologique qui atteint aujourd’hui tant de régions du monde ? Peut-on même rêver que La Réunion soit un modèle, non pas de développement anarchique, mais d’aménagement intelligent de l’espace pour tous ses habitants ? Peut-on surtout espérer qu’un jour l’Homme se réconciliera durablement avec une nature que décidément il ne comprend pas encore totalement ?
Il est temps. C’est pourquoi ce débat est important.

On peut même se demander si une sorte de référendum sur l’avenir n’est pas nécessaire.
On peut bien sûr continuer à défendre nos intérêts partisans. Mais que nous gagnions ou perdions ce combat ne change rien au fait que la dynamique actuelle de développement de la société conduit à des impasses parfaitement connues : tensions sociales de plus en plus importantes, déséquilibres écologiques de plus en plus grands, etc. L’attribution récente du prix Nobel de la paix à la Kenyane Wangari Maathai, qui a si bien compris que la sauvegarde de la nature est un instrument de paix, devrait nous faire réfléchir à plus long terme.

François Maugis
[email protected]

P.S. : Sur un plan plus technique et au vu du document schématique présenté par le journal du débat de Monsieur Robert, il me semble que créer une route digue est absurde dans la mesure où d’énormes quantités de remblais seront nécessaires. On peut bien sûr penser aux roches récupérées en abattant une partie de la falaise. C’est certainement la meilleure solution pour ne pas aller chercher trop loin les roches nécessaires.
Mais en examinant cette solution, on s’aperçoit qu’il est beaucoup plus facile d’élargir la route actuelle avec ces déblais. La quantité de roches à prélever sur la falaise sera moins importante et demandera moins de manutention que pour la solution de la route digue.
Ce prélèvement, orienté sur les parties les plus verticales et les plus dangereuses de la falaise, permettra du même coup de supprimer tout nouveau risque d’éboulement. Ce sera bien entendu le rôle de nos ingénieurs de faire en sorte que les quantités prélevées sur la falaise soient réduites au strict nécessaire pour réduire les risque d’éboulement, éloigner suffisamment la route de la falaise lorsque le risque subsiste et surélever son niveau pour la mettre à l’abri des fortes houles marines. Seul inconvénient de cette solution, elle condamne la route actuelle du littoral pendant toute la durée des travaux.
Les autres solutions étant probablement plus onéreuses, la question que l’on peut poser aux Réunionnais est la suivante : "Êtes-vous prêts à vous sacrifier quelque temps pour obtenir une route plus sûre et moins chère ou préférez-vous maintenir cette route en fonction pendant la réalisation d’une autre route, sachant qu’ainsi vous participerez à l’augmentation des dépenses de l’État, donc de vos impôts, mais vous participerez également à l’emballement de la machine économique dont nous devons tous nous méfier, et surtout, vous participerez à une action ayant un impact beaucoup plus négatif sur l’environnement ?".
Cette question serait l’occasion d’affronter les partisans du "toujours plus" aux partisans du "toujours mieux".


La boîte de Pandore

Le Dieu Zeus avait confié à Pandore une boîte, ou plus exactement une jarre, avec interdiction absolue de l’ouvrir. Mais c’était sans compter sur la curiosité de cette femme qui ne put résister à la tentation : elle désobéit donc, laissant échapper sur terre tous les malheurs du monde. Seule l’espérance était restée au fond de la boîte.

Cette vieille image de la mythologie grecque, un peu usée mais toujours aussi porteuse de sens, Jacques Chirac l’a reprise récemment pour évoquer les conséquences désastreuses de l’offensive américaine en Irak.

Comme chacun a pu le constater, tous les arguments avancés par son homologue George W. Bush pour tenter de justifier une guerre qui s’éternise, avec son cortège de barbarie et d’horreur, sont tombés un à un. Même celui de la prétendue défense des libertés, des droits humains.

Car s’il est vrai qu’il a réussi, au prix de quelles souffrances pour le peuple irakien et pour ses propres soldats et leurs familles, à se débarrasser de l’encombrant dictateur Saddam Hussein, combien d’autres chefs d’État tout aussi tyranniques et aussi sanguinaires n’ont pas été inquiétés pour les mêmes motifs et continuent tranquillement à bénéficier sans vergogne du soutien et de l’encouragement du gouvernement américain ?
Au fond, qu’allait-il chercher, et que cherche-t-il toujours dans la boîte de Pandore ? Le pétrole, bien sûr, objet de tant de convoitises, dont son pays, énorme consommateur, avait et a toujours besoin.

Georges Benne
11 octobre 2004


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