Le courrier des lecteurs du 14 janvier 2005

14 janvier 2005

(Page 10)

Droit de réponse : le docteur Gilbert Gérard jette le masque

La Région Réunion est mise en cause dans un “courrier des lecteurs” signé Gilbert Gérard, paru mardi 11 janvier 2005, sous le titre “Continuité territoriale : la sclérose en tas”. Ce texte comporte de très nombreuses inexactitudes (pour ne pas dire “mensonges”) et révèle une volonté délibérée de tromper les Réunionnais, l’hypothèse de l’ignorance des textes en vigueur ne pouvant être retenue contre monsieur Gérard, qui n’est pas un novice en politique.
Il s’agit donc là d’une manœuvre purement politicienne. Monsieur Gérard avait fait de la continuité territoriale son fonds de commerce lors des élections régionales 2004... En principe, il devrait donc connaître les mécanismes de mise en place de cette dotation. Il devrait savoir qu’il n’est pas possible d’utiliser la dotation avant d’avoir eu l’agrément délivré par la Commission européenne.
Cette impossibilité actuelle d’utilisation des fonds dits de continuité territoriale est également confirmée par le Ministère des Transports et par le préfet de La Réunion. En revanche, Monsieur Gérard “oublie” totalement de dire que, annuellement, la Région Réunion investit plus de 11 millions d’euros dans les dispositifs d’aide à la mobilité.

Vouloir faire croire - en vain - que la Région peut aujourd’hui utiliser les fonds de la dotation dite de continuité territoriale, c’est tomber dans la démagogie de bas étage. Répéter que ces fonds peuvent servir à aider une compagnie aérienne défaillante ou les passagers qui sont restés sur le bord du chemin de ce fait, est une tromperie. La dotation dite de continuité territoriale est "destinée à faciliter les déplacements des résidents de ces collectivités (d’Outre-mer) entre celles-ci et le territoire métropolitain. Elle contribue à financer une aide au passage aérien des résidents dans des conditions déterminées par la collectivité". C’est ce qui est écrit dans la loi programme pour l’Outre-mer, titre V, “continuité territoriale, article 60”. Toute autre utilisation, comme envisagé par monsieur Gérard, est donc illégale.
Monsieur Gérard s’est totalement démasqué en commettant cette énième lettre (la lettre de trop), en y intégrant la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Cette manœuvre est pauvrement gros doigt. Nous avons consenti à répondre à ces propos mais la Région ne peut admettre que de tels mensonges et de telles insinuations soient encore proférés.

Pour le Conseil régional,
Raymond Lauret


Dieu, le mal... et nous !

Le cataclysme engendré par le tsunami de Sumatra, d’une manière ou d’une autre, pose la question de Dieu et du Mal. On a pu entendre ce genre de réflexion : "Pourquoi Dieu nous maudit comme ça ?" Un ami qui se dit athée m’écrit : "Fin d’année bien triste pour cette pauvre planète Terre, les guerres ne semblent pas suffire au diable, il faut que se rajoutent les catastrophes naturelles. Si je croyais en Dieu je serais très fâché contre lui".
Pas si athée que cela mon ami qui raisonne entre diable et Dieu. Mais quel diable et quel Dieu ? Moi aussi je suis athée vis-à-vis d’un dieu qui s’amuserait à faire trembler la Terre pour balancer des vagues de 20 mètres de haut sur les rivages, pour faire disparaître des milliers de personnes, pour produire toutes les catastrophes naturelles que nous connaissons ... où qui sont encore à venir.

Dieu ne “s’amuse pas” à engendrer la mort ni à détruire l’œuvre de sa création. Il n’a pas fait le Mal et ne fait pas le mal. Si Dieu est Dieu, il ne peut-être que Bon pour ce qui est Bien et Beau. Mais alors d’où vient le Mal ? Il faut aller plus loin que les sautes d’humeur et essayer de comprendre en faisant appel à la mémoire longue de l’humanité à travers les filons religieux multiséculaires. Ces filons ne nous apportent pas de réponses scientifiques au sens actuel pas plus que les références datées historiques. Mais à travers des réflexions de sagesse, des inspirations ou des révélations, ils nous apportent des clefs de compréhension pour la destinée humaine, pour le devenir de l’espèce et la survie de la planète.

Dans la pensée judéo-chrétienne, Dieu a tout créé bon. Et d’abord le monde des esprits. Puis, dans le cosmos, il a préparé la Terre pour que l’émergence de la vie humaine soit possible et que l’homme et la femme soient alors créés à son image par l’irruption de l’Esprit en eux. Mais le jeu de la liberté humaine face à “l’arbre de la connaissance du bien et du mal” a été faussé par le diable. Le dia-bolos, c’est le diviseur qui fausse la conception du bien et du mal, engendre le soupçon absolu, détruit l’unité de la personne humaine, brise l’harmonie entre l’homme et la femme, entre le couple et son environnement naturel, entre l’Humanité et la planète Terre, dans un cosmos alors perturbé.
Car tout se tient. Le monde matériel créé pour le bonheur de l’homme et de la femme devait partager ce même bonheur dans l’amour du Créateur pour tous ses êtres. Mais en raison du malheur engendré par l’homme dans les relations humaines et la création, le monde matériel peut connaître lui aussi un état violent qui peut parfois se retourner contre l’homme. Nous oublions que la vie est diversifiée selon les espèces mais que la Vie est une dans tous les vivants. La planète Terre est un être vivant à sa manière. Avec l’air nous respirons sa respiration, avec l’eau - qui porte la mémoire des origines - nous buvons sa transpiration ! C’est même physique.

Mais d’où vient ce Dia-bolos, le Diable, ce destructeur de synergies ? N’allons pas nous imaginer qu’il est un principe du Mal égal au principe du Bien et que tous les deux sont indispensables pour le fonctionnement de l’Humanité et du monde. Le Diable est Lucifer, l’ange de lumière créé par Dieu mais qui se détourne de Dieu pensant être à lui-même l’origine de sa Lumière. Et il engendre les ténèbres, voulant prendre la place de Dieu, cherchant à détruire l’homme et la création... de multiples manières. Mais Dieu est un être incréé, éternel dans le sens fort du terme, sans origine ni fin. Le Diable, le Satan, est un être créé, fini... et dont l’action connaîtra aussi une fin. Lorsque Dieu crée... il ne supprime jamais, même Lucifer, même Satan. Selon nos termes humains, Dieu “patiente” pour notre espace-temps. Mais en Jésus-Christ, le frère universel, il a déjà réduit à néant l’action de ce destructeur d’Harmonie et d’Espérance. Le Christ révèle Dieu comme le Père de tous les hommes, il nous offre sa victoire contre le péché, le mal et la mort. L’Esprit est à l’œuvre et veut renouveler la face de la terre.

Vision d’avenir et force d’action

N’accusons pas Dieu ! N’en faisons pas une image simpliste, vieillard à barbe blanche, papa-gâteau ou magicien pour irresponsables. Croyants et incroyants, nous sommes embarqués sur le même bateau et nous n’aurons pas assez de toutes nos intelligences, de toutes nos disciplines combinées pour approcher sur la pointe des pieds le mystère de la Vie qui est Vie, vie sur cette terre ... et après la mort.
En tant que chrétien, je n’ai que deux solutions : ou bien l’acceptation du mystère de la Révélation qui m’arrache à l’absurde ou bien l’absurde qui m’interdit toute Espérance. Je comprends que d’autres cherchent d’une autre manière et que d’autres encore croient pouvoir se passer maintenant de Dieu. L’essentiel est de cheminer sans à priori les uns contre les autres.
Et quelle est mon espérance ? Quelle est l’espérance des chrétiens ? La philosophie grecque voulait libérer l’esprit de la matière considérée comme mauvaise. Le christianisme libère la matière elle-même de l’emprise du Mauvais. Grâce au corps ressuscité du Christ, la substance personnelle de nos corps personnels sera spiritualisée après la mort. Nous ne devenons pas des esprits. Nous continuons à vivre en tant que personnes, d’une autre manière. La matière de la planète sera elle-même “glorifiée”. Ce
qui fait dire à Saint-Paul : "la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu [...] Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement" (Épître aux Romains 8, 22).

Cette théologie est aussi une vision d’avenir et une force d’action pour humaniser la planète en relation avec ceux qui croient comme les chrétiens, avec ceux qui croient autrement, avec ceux qui ne croient pas et même avec ceux qui combattent les croyants... chrétiens ou autres. La pression du mystère du Mal ne nous enlève pas notre liberté ni notre responsabilité. Bien au contraire. Par le combat spirituel, par la prière et l’action, nous pouvons faire reculer le Mal, du moins le mal moral et le mal engendré par la faiblesse et la méchanceté humaines. Quant au mal inscrit dans la nature et les catastrophes naturelles, lui aussi disparaîtra un jour. Cette victoire ne viendra que de Dieu. "Le triomphe sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe" (Catéchisme de l’Eglise Catholique n°677). La prière du “Notre Père” se termine par "Délivre-nous du Mal".

En conclusion : Dieu ne fait pas le Mal. Les relations humaines et la création sont faussées par l’action directe et indirecte du Diable. Nous pouvons et devons être vainqueurs du mal par le bien. Le Christ est déjà cette victoire pour qui l’accueille en vérité.
Nous devons faire reculer la souffrance. Mais la souffrance est là. Nous pouvons l’assumer et la sublimer en tant qu’épreuve créatrice de relations nouvelles entre humains pour un monde à transfigurer par amour. La solidarité est possible, par coup de cœur et dans nos engagements quotidiens.
Du mal qu’il n’a pas voulu, Dieu peut tirer un bien plus fort que le mal. La paix et la joie retrouvent place. Et dans la création renouvelée, les pierres des falaises continueront à tomber ; il ne faut pas se mettre dessous. L’eau continuera à couler ; on ne construit pas dans une rivière ou dans une ravine.
La nature a ses propres lois qui rendent la science possible. Prévoir. L’intelligence humaine doit respecter ces lois pour bâtir une civilisation terrestre en harmonie avec l’harmonie du cosmos. Nous n’avons pas fini de puiser dans la sagesse et l’audace du combat spirituel.

Monseigneur Gilbert Aubry


Tiers-mondiste ou tiers-mondain ?

Monsieur Alain Bénard, maire de Saint-Paul et futur candidat si l’on en juge l’intense activité démagogique qu’il déploie, n’a peur de rien, et certainement pas du ridicule.
Après avoir découvert l’AGCS, et conscient qu’il a des électeurs potentiels qui sont contre cet accord, il a déclaré sa commune “hors AGCS”. Une rébellion, rien que ça ! Sa conversion récente à l’altermondialisme lui a ouvert les yeux sur "l’irresponsabilité des marchés financiers" et il vient de se livrer à un vibrant plaidoyer tiers-mondiste, aux accents plus chiracophiles que che-guevaresques, faut pas exagérer.
Passons sur le fond des propos et répondons immédiatement à son interrogation finale : "que pouvons-nous faire, chacun à la place qui est la nôtre, pour que la tragédie asiatique soit l’élément déclencheur d’une nouvelle solidarité planétaire ?".
Quand on est maire UMP de Saint-Paul, on peut par exemple faire adopter, par son conseil municipal, une motion condamnant la politique antisociale du gouvernement Raffarin, qui accroît tous les jours les inégalités en France, et par ricochet, dans le monde. Ce serait symbolique, mais ce serait déjà ça. Mieux : il peut aussi déchirer en public sa carte d’adhérent de l’UMP en signe de protestation, ça aurait “de la gueule”. Si ces propositions ne lui conviennent pas, j’en formule une dernière : que Monsieur Bénard cesse de nous prendre pour des imbéciles, et qu’il cesse de polluer la lutte contre la mondialisation capitaliste.
Une chose est certaine : en mangeant de la sorte à tous les râteliers à l’instar de ses dalons Chirac et Virapoullé, Monsieur Bénard ne sera pas victime de la famine qu’il entend combattre.

Joël Grouffaud


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