Le courrier des lecteurs du 14 juin 2005

14 juin 2005

(page 10)

Pour la libération d’Ingrid Betancourt

La Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt (FICIB) se réjouit de la libération de Florence Aubenas et d’Hussein Hanoun Al Saadi après ces longs mois de captivité et partage l’immense bonheur de leurs familles et amis.
La FICIB exprime toute la joie de ses comités qui ont très largement participé dans leurs actions, à ouvrer pour ces libérations conjuguées, et font le vœu que la famille et les proches d’Ingrid Betancourt, otage depuis plus de trois ans, puissent aussi partager bientôt ce même bonheur.

La Fédération Internationale des Comités Ingrid Betancourt (FICIB)
http://www.betancourt.info/
Yamile Hernandez-Notter
pour le Comité Réunion-Colombia Ingrid Betancourt


“Gabié” : un disque splendide

Pour une fois, je peux vanter sans scrupule une production à laquelle j’ai un tout petit peu participé : si ce disque est splendide, c’est essentiellement dû au talent de compositeur et d’interprète de Christophe Exiga. Merci à la vie qui nous a fait rencontrer. Sa bonne humeur communicative a rassemblé autour de lui une fine équipe de talents : Nicole Dambreville, Audrey Sangoumian Gauliris, Pascal Pongérard, Arnaud Dormeuil...
Tout ça donne un disque dont j’écrirais, si j’étais encore journaliste, "qu’on n’en a pas produit de tel depuis bien des années".
Voilà pourquoi je partage la bonne nouvelle avec les amis et connaissances... C’est pas de la pub mais de la gratitude. Merci Christophe et les autres.

Daniel Vaxelaire


"Consulte ton cœur..."(Coran) :
à un élève qui m’a tant appris

Une histoire, une vie... il y a dix ans déjà. Alors que j’étais jeune enseignant, Thierry avait croisé ma route.
Au fond de la classe, l’œil sombre, il n’avait pas quitté sa veste ; comme s’il s’apprêtait à sortir de la classe. Nous venions d’y entrer pourtant. Ce fut ma première rencontre avec Thierry. Celles qui suivirent donnèrent naissance à un conflit particulièrement tendu. Seul, tout à la fois fébrile et orgueilleux, il n’avait de cesse de vouloir me démontrer que mon statut de "prof" suffisait à prouver que "je ne pouvais comprendre", que forcément "je le jugeais”... mal, comme "eux". Toutes mes exigences "scolaires", tous mes appels au dialogue, toutes mes suggestions étaient balayées avec la froideur et la haine que l’on réserve à ses ennemis. "Occupez-vous de vos affaires... J’ai pas envie de vous parler..." Il avait le mépris expressif. "Asocial", disait-on.
Jusqu’à cette veille de vacances d’été où il me remit une composition de français en m’interpellant. "Ça doit vous embêter de lire nos ’compos’ pendant les vacances ?!" me dit-il en épiant, comme pour la saisir dans l’instant, ma réaction. "Évidemment, cher Thierry...", lui répondis-je en le fixant avec insistance. Il en fut gêné mais ce fut le premier échange, la première "chaleur", le premier signe. "A bientôt", lâcha-t-il en accompagnant sa volte-face d’un sourire crispé. Il avait l’affection tellement compliquée.
Les semaines et les mois qui suivirent m’ont permis de dessiner le paysage dans lequel se mouvait Thierry. Trop d’absences, trop de violences avaient mis à mal toutes ses protections. Fragile, tellement, et renfermé, il finit par faire de sa faiblesse une force : il ne laissa à personne le droit de l’aimer. Au mieux admettait-il qu’on le jugeât, scolairement et très mal. Il en avait tellement l’habitude qu’il prenait un soin particulier à conforter ce point de vue : il savait prouver sa non-valeur aux adultes, du corps enseignant à la brigade des mineurs. Avec ce paradoxe douloureux de subir ce qu’il croyait décider.
Il y avait la drogue et le vol. Les fugues et les errances. Et puis des signes toujours plus fréquents d’un lien qui se créait au détour de chaque échec. Thierry mettait à l’épreuve ma confiance, ma patience et trahissait avec une régularité déroutante, la moindre de mes exigences humaines, il avait besoin d’être aimé "hors-la-loi", hors normes, à l’extrême de toutes les transgressions. Hors cela, pas d’amour ! Sa famille éclatée, sa solitude lui avaient appris les trahisons faciles de ceux qui aiment normalement. Les horizons de ce destin avaient fait de l’ombre aux attentes scolaires : Thierry se cognait où d’autres se forment. Il se perdait où d’autres s’orientent.
Thierry m’a appris la tristesse des chemins dessinés très tôt. Je prenais conscience, de la façon la plus violente, qu’il est des adolescents qui gagnent la vie au prix d’une lutte intérieure infernale. Entre la survie et l’école, le choix relève de l’évidence. Le vide tenait lieu d’identité dans la conscience de Thierry, qu’y avait-il à former ? J’ai appris, au creuset de ses doutes et des miens, à être là et à ne rien dire. Le silence était son exigence. Il avait fait de moi un prof qui n’a plus rien à dire. J’aurais dû transmettre un "savoir", j’eus à vivre les ignorances d’une déroute.
Et puis, il y eut l’éclair d’un voyage effectué ensemble à l’île Maurice. Nous étions plusieurs et Thierry parmi nous. Il cessa de "fumer"... un mois durant, il s’émerveilla. "Ici ça vaut un peu la peine...", il avait cette impression troublante de s’introduire dans un paysage qui lui témoignait de la sympathie, sans compte à rendre. Sa volonté s’inonda de ressources : "Je recommence à zéro... je vais m’offrir ce que l’on ne m’a pas donné...". Ces mots aujourd’hui résonnent dans ma mémoire. Au retour, et pendant six mois, Thierry va vivre de cet espoir. De cette force. C’était "gagné"...
Thierry gisait au pied d’un arbre quand on l’a retrouvé, sans vie, à l’été 1995. Le piège d’une vie se refermait : une overdose, simplement. Dans ma tête, des images et des horizons. Et puis un témoignage, un hommage, un geste. Thierry a façonné mon destin d’enseignant. Il n’avait fait le choix de rien et toutes les portes s’étaient fermées. Condamné avant de naître, à naître condamné. Comme tout son entourage, je lui fus nécessaire et insuffisant. Mort à 15 ans, il a ajouté la couleur d’une exigence à mon engagement : être là d’abord, contre vents et marées. Notre métier sans cœur n’est plus un métier. Restera à surmonter les échecs. Thierry n’est plus. Un souvenir, des images où il faut puiser, avec quelques doutes, la force de poursuivre.
Puissions-nous faire de notre vie un témoignage, et un cadeau pour tous, pour chacun : Thierry n’est plus... mais combien aujourd’hui d’autres Thierry, seuls, perdus, déracinés, de cœur ou d’origine, qui voient l’histoire se répéter, inlassablement, et nos démissions. Si de telles morts ne sont pas autant d’intimes réveils, c’est que quelque chose est déjà mort en nous. La spiritualité ? Peut-être... "Consulte ton cœur"...

Présence Musulmane


Merci au peuple du “non” et du “oui” de bonne foi

Malgré toutes les magouilles élitistes et monarchiques d’Europe et en France (tapage médiatique promouvant le “oui” jusqu’au jour du vote dans certains journaux...), voici quelques résultats symboliques :

- Département 86 (Poitiers, Mme Royal) 56% pour le “non”,

- Département 19 (Corrèze, M. Chirac, M. Hollande) 57% pour le “non”,

- Tulle (maire M. Hollande) 51% pour le “non”,

- Département 31 : 54 % pour le “non” (es départ de M. Jospin),

- Département 59 (Nord) 62% pour le “non”,

- Département 23 (Creuse) 62% pour le “non”.
Voilà quelques exemples pour la France des Français, la France du franc des "pauvres" et de certains hauts lieux de la vraie résistance de 1939-1945 qui ont apporté la vraie paix qui a permis de commencer l’Europe.
Mensonge d’une paix faite grâce à l’Europe, la paix a fait l’Europe.
La construction économique pendant 50 ans, au regard des pertes économiques possibles en cas de conflits majeurs, a maintenu la paix pour des raisons économiques et financières (risque de perte pour les plus riches uniquement).
Et un exemple de la France des riches et de l’euro des riches, des PDG, du show-bizz, du star système européen que l’on a fait voter jusqu’à 22 heures, Paris (département 75) 66% pour le “oui” et des beaux quartiers 70% pour le “oui”. Non aux impôts des pauvres pour les réjouissances des riches !
Non à la France de la "collaboration à tous les projets anti-peuples d’Europe". Grugé par l’euro, le peuple n’aura pas été grugé par une loi suprême pour les riches et les puissants que l’on veut imposer en Europe pour assujettir les citoyens.
Vive la paix des "pauvres", non à la paix façonnée par et pour les "riches" d’Europe de tous poils !
Merci au peuple du “non”, et du “oui” de bonne foi, merci aux chevaliers porteurs du “non”.

Jean-Paul Londaitzbehere


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