Le courrier des lecteurs du 15 février 2005 (suite)

15 février 2005

(Page 10)

L’école en alerte rouge !

Ce 15 février 2005, le débat de la loi d’orientation pour l’avenir de l’école débute à l’Assemblée nationale. C’est une loi de régression, qui accentue la logique de casse sociale au sein du service public d’éducation en renforçant la notion de rentabilité à court terme :

- Le renforcement de l’autonomie des établissements (de la maternelle au lycée), qui attribue des crédits en fonction des résultats. Nous sommes bien là dans une logique d’entreprise qui fonde la réussite sur une notion de contrat, culpabilisant les personnels, leur demandant de porter seuls la responsabilité du chômage et la déréglementation de la société.

- La notion du “retour à l’autorité” avec la note de discipline est le chant des sirènes. La méritocratie en est un autre : les “bourses au mérite” pour les meilleurs élèves et le “Contrat individuel de réussite” pour les moins méritants visent à culpabiliser les jeunes en échec scolaire.

- Instauration d’une éducation à deux vitesses : le “socle commun” est promis aux jeunes en échec scolaire, dont on sait qu’ils sont issus majoritairement des milieux défavorisés, tandis que les plus “doués”, qui sont souvent les plus riches, seront dignes d’apprentissages supplémentaires.

- Organisation d’un tri social des élèves au collège et au lycée avec une orientation à la sortie des classes de cinquième et un baccalauréat en contrôle continu : c’est la destruction du collège unique et la concurrence installée entre les lycées. C’est aussi la dévalorisation des diplômes, pour répondre à la revendication du patronat d’en finir avec les conventions collectives.

Une école autoritaire et hiérarchisée : voilà le modèle qu’on nous propose. Quand on sait que la notion de réussite scolaire est fortement corrélée avec celle de classe sociale, on nous demande ni plus ni moins que d’entériner les inégalités sociales. Alors, il faut contre-attaquer vite et fort ! Refusons de collaborer !
Pour SUD éducation, il est temps de réagir. La privatisation du service public d’éducation, dont la loi d’orientation n’est que l’épisode du moment, n’est ni amendable ni négociable. L’heure n’est plus à l’hésitation : il faut entrer en lutte. Contre une éducation au service du patronat, pour un service public répondant aux intérêts de toute la population.
Les élèves ont montré la voie de la contestation de ce projet, que les maîtres les suivent...

SUD éducation Réunion


Le sens de la solidarité

Comme la loi sur la décentralisation, qui a buté sur la question du transfert des TOS (Techniciens et ouvriers de service) il y a deux ans, la loi sur l’école du ministre Fillon soulève la même vague de protestation et provoque le même tollé général. Cette fois chez les lycéens qui manifestent en masse dans la rue. À cause en particulier d’un point, que certains diraient de détail, mais qui prend ici valeur de symbole : la réforme du Bac. Et pourtant, aujourd’hui comme hier, de la part du gouvernement, les bonnes intentions ne manquent pas : à les entendre, le contrôle continu des connaissances devait permettre de simplifier l’examen, de réaliser du même coup des économies en réduisant le temps consacré aux épreuves en commun, de limiter les heures perdues chaque année au mois de juin dans les établissements transformés en centres d’examen, mais aussi de diminuer le stress des candidats, de leur épargner les affres du bachotage, etc.
Mais ce n’est pas ce que voient d’abord les lycéens, et qui les fait réagir aussi vivement. Ils ont le sentiment, amplement partagé, que la principale motivation du gouvernement, c’est de faire sur leur dos des économies, et qu’ainsi un principe fondamental de la République se trouve gravement menacé : celui de l’égalité des chances. Car, à vouloir en permanence chercher à diviser, en mettant en avant les intérêts particuliers, en faisant miroiter des augmentations de salaires à ceux qui demanderaient des heures supplémentaires, quitte à priver les autres de travail, on a fini par susciter la méfiance des lycéens et les pousser dans la rue.
En marquant aussi nettement leur refus d’un “Bac à deux vitesses”, les manifestants, inquiets de leur avenir, témoignent du même mouvement d’un sens aigu de la solidarité, profondément enraciné dans la défense de l’égalité, faisant passer l’intérêt général devant tout intérêt particulier.

Georges Benne


Le Contrat de ville : Qui ne dit mot consent !

Peu importe nos croyances ou nos idées politiques, le système mis en place repose sur le Contrat tacite passé avec chacun d’entre nous et la Ville :
1) Nous acceptons la compétition comme base de notre système, même si nous avons conscience que ce fonctionnement engendre frustration et colère pour l’immense majorité
2) Nous acceptons d’être transférés, municipalisés, à condition qu’on nous respecte et que l’on ne méprise pas nos droits de salariés et de transférés, que l’on ne nous demande pas d’abandonner notre CDI pour un CDD, (où est le transfert ?)
3) Nous n’acceptons pas l’exclusion sociale sous prétexte que nous avons refusé le transfert dans les conditions que vous avez établies monsieur le député-maire de Saint-Denis, nous faisons partie selon vos critères des inadaptés et des faibles, car nous considérons que le mépris dont vous faites usage à notre encontre est déplorable et a ses limites.
4) Nous acceptons d’être rémunérés avec l’argent public pour un emploi dont vous seul êtes le garant et où les missions ne sont toujours pas exécutées puisque c’est là votre convenance.
5) Nous n’acceptons pas que vos services congèlent et jettent des salariés sur un pseudo reclassement en mairie sur des contrats précaires.
6) Nous acceptons une confrontation afin de trouver une solution qui satisfasse votre parti et le notre.
7) Nous acceptons l’hégémonie de la sourde oreille dans notre Association, bien qu’il s’agisse d’une situation coûteuse (car les salariés sont payés sur les deniers publics où ils sont payés à ne rien faire).
8) Nous n’acceptons pas que l’on condamne le récalcitrant qui refuse de marcher dans les rangs et qui ose réclamer son droit de travailleur.
9) Nous acceptons que l’on divise l’opinion publique en jetant la pierre au parti de gauche qui passera son temps à se débattre en nous donnant l’impression de faire avancer le système.
10) Nous n’acceptons pas que la valeur d’une personne se mesure à la taille de son acceptation à rentrer dans le moule, qu’on apprécie son utilité en fonction de sa passivité plutôt que de sa qualité, et qu’on l’exclue du système si elle n’est plus assez soumise à votre reclassement.
11) Nous n’acceptons pas que l’on nous présente des nouvelles négatives et terrifiantes de la société tous les jours, pour que nous puissions apprécier à quel point notre situation est normale et combien nous avons de la chance de pouvoir bénéficier de ce merveilleux “reclassement”. Nous savons qu’entretenir la peur et la menace dans nos esprits n’est pas bénéfique pour nous.
12) Nous n’acceptons pas que les dirigeants de la mairie se réunissent régulièrement pour prendre, sans nous concerter, des décisions qui engagent l’avenir de 80 salariés
13) Nous acceptons que la mairie verse à une Association d’utilité publique une subvention de plus de 2 millions 900 mille euros pour le plaisir de maintenir des salaires à des travailleurs qui n’ont plus rien faire.
14) Nous acceptons que les hommes politiques puissent être d’une honnêteté douteuse. Nous pensons d’ailleurs que c’est normal au vu des fortes pressions qu’ils subissent. Pour la majorité par contre, la tolérance zéro doit être de mise.
15) Nous acceptons que le député-maire et ses dirigeants puissent penser différemment, à condition qu’ils ne viennent pas exprimer leurs bonnes fois chez nous, et encore moins de tenter d’expliquer notre précarité (dont ils sont à l’origine) avec des notions philosophiques primitives.
16) Nous acceptons l’idée qu’il n’existe que deux possibilités dans la nature, à savoir chasser ou être chassé. Et si nous sommes doués d’une conscience et d’un langage, ce n’est certainement pas pour échapper à cette dualité, mais pour justifier pourquoi nous agissons de la sorte.
17) Nous acceptons de considérer notre passé comme une suite ininterrompue de conflits, de conspirations politiques, mais nous savons qu’aujourd’hui tout ceci demeure, et que les règles régissant notre société pour le développement de l’emploi pérenne et le respect de la dignité de chaque individu, comme nous l’entendons sans cesse de nos chers élus, ne sont que des discours politiques de plus.
18) Nous n’acceptons sans discuter et nous ne considérons pas comme vérités toutes les théories proposées pour la non explication du mystère des origines politiques de notre situation actuelle. Et nous n’acceptons pas que la nature ait pu mettre des millions d’années pour créer un être humain dont le seul passe-temps soit la destruction de sa propre espèce en quelques instants.
19) Nous n’acceptons pas la guerre pour l’accès à un emploi.
20) Nous acceptons de poser toutes les questions, de ne pas fermer les yeux sur tout ceci, et de formuler une véritable opposition car nous sommes bien trop préoccupés par notre devenir.
21) Nous n’acceptons donc pas, et définitivement, cette triste matrice que vous placez devant nos yeux, pour nous empêcher de voir la réalité des choses. Nous savons que vous n’agissez pour notre bien ni pour celui de tous, et je ne peux vous en remercier monsieur le député-maire.

Les salariés de l’Association Saint-Denis 2000


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