Le courrier des lecteurs du 15 septembre 2005

16 septembre 2005

De nouveaux lieux de vie

Une seconde victime dans le drame des Camélias va-t-elle relancer un débat sur la nécessité de créer des structures de proximité véritablement au service de la population ?
Autrement dit, ce dramatique incendie pose-t-il gravement la responsabilité des institutions publiques, des collectivités locales, des élus et des citoyens ?
Ni notre indignation, ni nos réactions à chaud ne suffisent pour nous éviter d’autres drames, tant que ne sera pas volontairement et collectivement posée la question du comment procéder concrètement pour que tous les services concernés dans ce type de situation se mobilisent comme un seul homme et dans l’urgence. Tant que ne sera pas résolue la question du comment procéder pour que les citoyens participent aux réflexions, aux propositions, bref, à la prise de décision les concernant dans la cité. Le moment est grave et ne mérite pas qu’on le limite à des polémiques de circonstances...

Pour ma part, j’ai noté, avec d’autres, depuis quelques années déjà, que de nombreux lecteurs proposent des idées, des formules, des actions destinées à nous prémunir de tels drames ; hélas, ils ne sont pas écoutés, entendus, on peut le déplorer. Je note également, que nous avons la fâcheuse tendance à considérer que ces questions ne concernent que les autres, et plus particulièrement les élus : nous avons grandement tort !
Ces questions, dans la cité, nous concernent tous. Et le danger, c’est que nous ne demandons pas assez, comment il faudrait procéder à tous les niveaux, pour éviter que d’autres drames, comme celui des camélias aujourd’hui, et d’autres, hier, se reproduisent. Comment faire pour mettre en cohérence nos propos, nos discours et nos actes au quotidien ? Après l’émotion, après notre indignation, serions-nous capables d’organiser le lien, le lien social avec la population, sans les lieux et les espaces nécessaires à court ou moyen terme ? Je ne doute pas qu’il y a ici ou là, un besoin criant d’engagement, d’information, de la population. Je n’ignore pas que certains éprouvent un besoin encore plus pressant d’intervention de proximité. Je ne conteste pas l’importance des interventions des services sociaux ; je plaide pour une autre prise de conscience, une nouvelle prise de conscience citoyenne et politique.

Je plaide sérieusement dans ce sens sans aucune prétention, mais avec des idées simples, une proposition concrète qui suggère des pistes, des solutions. La difficulté, c’est comment faire pour que la plupart d’entre nous, soient motivés sans les outils et les lieux de réflexions, de propositions, de débat citoyen à côté des partis politiques, des syndicats et des associations pour l’aboutissement de nos attentes, y compris dans les cas les plus urgents ? C’est là, à mon humble avis, le débat ; la faute de qui ? De nous tous, citoyens, élus, dirigeants et autres... Là, réside toute la problématique pas dans l’indignation, l’émotion, les idées ou les propositions ! Par contre, nous ne sommes pas, curieusement, ou si vous préférez, paradoxalement, très nombreux à vouloir que la participation des citoyens soit effective alors qu’elle est fondamentalement nécessaire pour finaliser l’action ou la démarche souhaitée ? D’un côté, il y a notamment, l’absence de volonté politique à faire prendre conscience à la population de l’intérêt d’une telle démarche, d’une telle nécessité, et surtout, ce qu’elle aura à y gagner. De l’autre, il y a le danger de voix d’autres drames, d’autres événements, d’autres catastrophes survenir à notre grand dam !

D’autres personnes parmi nous, affirment avec raison, qu’il convient de modifier les comportements ; je partage ce point de vue... Cependant, comment y parvenir sans les outils et des lieux qui nous manquent aussi dramatiquement dans ce but ? Outils et lieux d’information, de communication, de sensibilisation, d’éducation pour responsabiliser les citoyens ?
À cet effet, j’espère que les différentes rédactions de la presse écrite que je remercie par avance accepteraient de publier cette contribution. Encore une fois, qu’ils en soient remerciés ! Ceci m’amène à conclure sur deux points :
1) la nécessité de mettre en place, de créer, des outils pour promouvoir une nouvelle démarche citoyenne de proximité d’une part, et, d’autre part, la nécessité de pouvoir mobiliser dans l’urgence tous les acteurs concernés par la précarité et la lutte contre les exclusions comme le préconise la Loi.
2) Quant à ceux qui situent le débat à un autre niveau et se demandent quel rôle auront les citoyens en terme d’expertise, ils trouveront des réponses, si ce n’est déjà fait, dans la suite de ma conclusion, notamment sur la place des citoyens dans l’état des lieux et la situation que nous dénonçons aujourd’hui, (drame aux Camélias), mais également et surtout, dans l’aide à la prise de décision de nos représentants - (élus) pour qu’ils changent les comportements et que les administratifs agissent vite et bien ! C’est l’intérêt de la cité, l’intérêt de tous. J’ajoute, que la création de ces relais pour diffuser l’information, sensibiliser la population, éduquer à la citoyenneté est générateur d’activités qui créent de l’Emploi.
Notre contribution peut permettre d’assurer l’articulation de cette participation citoyenne face aux drames et aux problèmes du quotidien de manière globale. L’objectif est à notre portée, le voulons-nous ? Chacun de nous peut inciter à se réalisation ; le dire, c’est bien : le faire, c’est mieux !
Sinon, puisse ce courrier être une invitation à agir...Bonne réflexion à tous !

Samuel Mouen


Il est déjà tard, mais peut-être pas trop tard

La délinquance, sous toutes ses formes, a atteint aujourd’hui à La Réunion, un niveau extrêmement inquiétant, vols en tous genres, agressions et j’en passe.
Pour en venir aux vols, il ne se passe plus un seul jour sans que des voitures ne soient dérobées, parfois avec agression, dans divers coins de l’île. Des actes gravissimes, réduits à des faits divers tout à fait banals.
J’essaie de me mettre à la place de la personne qui au réveil, le matin, constate la disparition de son véhicule - son outil de travail - dérobé dans le parking, quand ce n’est pas dans sa cour même.
J’imagine sa frustration, sa colère, sa rage. Et je la comprends. Comment en est-on arrivé là ? et où va-t-on ?
D’aucuns montrent du doigt les parents, chez qui on noterait une absence de responsabilisation. Il y a ceux, pour qui, c’est la faute à la Société, responsable selon eux de fabriquer à la pelle des délinquants.
D’autres accusent la Justice de ne pas réprimer plus sévèrement... ces mêmes délinquants. D’autres encore... etc. etc..
Vaste débat. Mais là n’est pas le but de mon propos. Je tiens ici juste à manifester mon inquiétude face à ce phénomène qui s’amplifie et pourrit le quotidien de tout un chacun. Il serait grand temps que les autorités, les politiques, qui sais-je encore, se penchent véritablement sur ce problème et tentent d’y trouver des solutions.
Car il y a urgence, il faut enrayer ce mal. Sinon, où va-t-on ?
Pour reprendre une expression souvent énoncée par Paul Vergès, "il est déjà tard, mais peut-être pas trop tard".

Paul Dennemont


Jusqu’à quand, l’empalement de longue durée de l’école publique ?

Vu les lois de destruction de l’école publique n°89-486 du 10 juillet 1989 et n° 2005-380 du 23 avril 2005,
Vu le décret 2005-1035 du 26 août 2005 prétendant mettre en œuvre les "remplacements de courte durée des personnels enseignants dans les établissements d’enseignement du second degré",
Vu la lettre en date du 30 août 2005 adressée par le ministre de l’éducation nationale aux personnels enseignants,

Le syndicat SUD Éducation Réunion lance l’invitation suivante aux personnels d’enseignement de l’école encore publique :
article 1 : le dispositif de remplacement de courte durée prend sa place dans la mise à l’œuvre de la destruction de l’école publique :
o il participe d’une démarche démagogique auprès de l’ "opinion" en semblant s’emparer du pseudo-problème de l’absentéisme des personnels enseignants dénoncé par l’ancien ministre Claude Allègre, qui s’appuyait sur des chiffres volontairement farfelus : d’après une étude de l’INSEE, le taux d’absence (en % moyen sur les années 1991-1998) était de 1,6 % chez les profs contre 3% pour l’ensemble des salariés,
o il transforme les cours disciplinaires en heures de garderie, et révèle ainsi combien le ministère de l’éducation nationale se contrefiche du travail assuré avant, pendant et après les cours par le personnel enseignant : peu importerait le contenu même du cours, pourvu que les statistiques de remplacement des professeurs absents dans l’établissement, qui seront prises en compte pour l’évaluer dans le cadre de la LOLF, permettent d’affirmer que les cours ont été assurés. Que les cours n’en soient pas ne dérange pas le ministère, au contraire,
o il prépare la remise en cause du temps de service des personnels enseignants du second degré en les flexibilisant et en annualisant une partie,
o il prépare pour les personnels enseignants la course à l’échalote des heures supplémentaires ou des petits avantages acquis par flagornerie auprès des personnels de direction ; ces derniers s’engageront par là un peu plus dans le "pilotage managérial" des établissements qui est attendu d’eux,
o il poursuit la suppression du corps des TZR, qui permet d’assurer le remplacement d’un personnel absent auprès de toutes les classes qu’il a en responsabilité, et dans la même discipline.
article 2 : comme tel, ce dispositif peut être combattu avec simplicité et détermination :
o le volontariat pour ces remplacements doit être refusé : les personnels d’enseignement peuvent se réunir par équipes pédagogiques et décider une motion transmise au chef d’établissement par laquelle ils refusent de se remplacer mutuellement ou d’occuper en enseignement les heures libérées par l’absence d’un collègue d’une autre discipline,
o le protocole de ce dispositif, qui doit être établi par le chef d’établissement en début d’année scolaire 2005-06, et qui sera présenté au premier conseil d’administration, doit être rejeté : les personnels d’enseignement peuvent proposer à leurs représentants élus au Conseil d’administration de faire adopter une motion expliquant leur refus de ce protocole, motion annexée au compte-rendu du premier CA.
article 3 : les personnels d’enseignement peuvent faire appel aux représentants des syndicats dans leur établissement pour décider rapidement de la réunion d’une Heure Mensuelle d’Information syndicale, qui permettra de coordonner leurs efforts pour refuser le dispositif de remplacement de courte durée.

SUD Éducation Réunion


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