Le courrier des lecteurs du 16 avril 2004

16 avril 2004


Pour "que l’action soit la sœur du rêve..."

On entend souvent dire : "Soyez réaliste... Il faut être réaliste...". Car on veut nous faire croire qu’il n’y a qu’une seule manière de vivre : accepter la réalité telle qu’elle est, sans vouloir rien changer, et finalement savoir se résigner.
De fait, la société marchande que nous subissons, vous et moi, dans tous ses aspects, a besoin pour son bon fonctionnement, d’hommes et de femmes dociles, qui ne posent jamais de questions, ou le moins possible, et qui par-dessus tout, évitent de déranger le système si habilement mis en place.
Un système qui fait que, sur plus de six milliards d’habitants que compte la planète, la moitié, soit trois milliards, vivent - ou plutôt survivent - avec bien moins de deux euros par jour !
La politique qui régit ainsi notre monde, d’un bout à l’autre, porte un nom, c’est la “realpolitik”, aux effets universellement pervers.
L’une des conséquences, c’est qu’il y a de moins en moins de place pour le rêve, dans notre vie quotidienne ! Pour la drogue, oui - cette forme d’évasion qui répand son venin et contamine jusqu’au sommet de l’État - mais pas pour le rêve... Encore qu’avec tous ces marchands d’illusions, le rêve lui-même est galvaudé et mérite d’être réhabilité.
Aussi j’ai bien aimé, dans son discours prononcé à l’occasion de son élection à la présidence du Conseil régional, la phrase de Paul Vergès : "Que l’action soit la sœur du rêve !" ; allusion à un vers de Charles Baudelaire, dans cet extraordinaire poème "Le Reniement de Saint Pierre", qui est à mon sens le plus beau parce que le plus profond, et pourtant, si étrangement méconnu.
"Soyez réaliste, demandez l’impossible !", clamaient les révolutionnaires de mai 68. Non, ce n’est pas suffisant. Il faut aller beaucoup plus loin : rêvez, rêvons l’impossible ! Mieux encore : faites, faisons l’impossible !

Georges Benne


Divorcés... en séparation de corps avec l’Église ?

"Vous êtes divorcés ? Vous êtes en ménage ? Vous avez commis l’adultère ?... Abstenez-vous de venir à la communion". Ça a été lancé, comme ça, en pleine messe de Pâques, m’a-t-on dit. Étymologiquement, c’est une “excommunication”. Certains l’ont tellement bien compris que, outrés, ils ont eu le courage de quitter l’église aussitôt. Ceux-là n’auront guère eu le cœur à chanter l’Alléluia pascal.
Et le prêtre, lui, qui a prononcé une telle sentence - hostie en main - lancera quelques minutes plus tard, comme une invitation : "Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" ! Or, pécheur, je veux et viens la prendre, et il me répond : "Fous le camp !"... Il y a de ces logiques qui sont insaisissables : il faut être très fort en théologie pour les maîtriser !
Si moi, prêtre, je viens ici dénoncer fortement un tel procédé et une telle théologie, c’est tout simplement pour dire ma sympathie à tous ceux qui ont été blessés et humiliés, avec en plus une fête de Pâques totalement gâchée.
Quant au prêtre qui s’est permis pareille exclusive, il n’arrive même pas à la cheville de ces pharisiens devant la femme adultère : eux, ils n’ont pas osé jeter la première pierre, conscients de leur propre péché ! Rangez-le plutôt dans cet autre groupe de personnes, vertement remises à leur place par le Christ qui leur rappelle : le sabbat (donc la loi !) est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat !...
Et si, frères et sœurs, vous avez toujours faim de votre Dieu, venez donc à Saint-Pierre, pour un fraternel partage... entre pécheurs.

René Payet,
prêtre à la cure de Saint-Pierre


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