Le courrier des lecteurs du 16 avril 2005

16 avril 2005

(page 5)

La France qu’on aime, que l’on respecte

Il en est qui considèrent et disent qu’une victoire du "non" au projet de Constitution européenne serait une catastrophe : la France s’en trouverait isolée, mise au banc de l’Europe, et l’Europe elle-même en panne. La "cata" quoi !
Isolée la France ? Allons donc ! Ce ne sont là que balivernes et billevesées. Que dramatisation partisane et intéressée de ce scrutin du 29 mai, car c’est faire fi de l’Histoire, c’est faire fi de ce qu’est la France et de ce qu’elle représente, malheureusement pas aux yeux des Français eux-mêmes, mais aux yeux de l’Europe et du monde.
La France est ce qu’elle est parce que justement elle a su, tout au long de son histoire, se rebeller lorsque d’autres s’égaraient, adopter l’attitude qu’imposaient ses principes, ceux-là même qui ont fait la République. Au risque d’être seule, "isolée". Sur le moment. Car, chaque fois, toujours, l’Histoire lui a donné raison. Et, en définitive, c’est cette France-là, rebelle, frondeuse que l’on aime et que l’on respecte à travers le monde.
Celle qui a su, contre une partie d’elle-même, contre l’Europe coalisée, entreprendre cette grande Révolution de 1789 qui a fait et qui fait son prestige. Elle a alors marqué, pour elle-même et pour bien des peuples européens, et d’autres encore, une rupture avec le passé. S’en trouverait-il aujourd’hui, plus de deux siècles plus tard, à le regretter ?
Bien plus tard, en 1940, cette France vaincue, à genoux, trahie, était bien seule lorsqu’elle s’est redressée, a su organiser sa résistance, à l’intérieur, à l’extérieur, pour combattre l’occupant, bien-sûr, mais également les siens qui l’avaient trahie et trahi ses principes, et se garder de ses propres alliés qui souhaitaient la dominer, l’assujettir. Elle a alors pris et indiqué la bonne voie et de ce fait elle a modifié le cours de la guerre en même temps que sa résistance a été pour bien des peuples, quoi qu’on puisse en dire, un exemple.
Plus tard encore, le “non” à l’OTAN, le discours de Phnom Penh, le "vive le Québec Libre"... La France était bien seule, "isolée". Mais n’avait-elle pas pour autant raison et n’a-t-elle pas pour autant indiqué, une fois encore, la bonne direction. En tout cas, l’Histoire lui a donné raison et elle en est sortie grandie.
Plus récemment, quelle était la situation de la France à l’occasion de son "non" - que d’aucuns ont jugé tonitruant - à l’intervention américaine en Irak ? Seule, ou presque, à ce moment-là. Mais pas "isolée". Peut-on aujourd’hui le regretter ? Bien-sûr que non !
Au fond, ce que craignent les partisans du "oui", quel que soit leur bord, ce n’est pas "l’isolement" de la France, c’est bien la répercussion que le "non" aurait, tant à l’intérieur qu’hors des frontières de la France.
Un "non" français au projet de Constitution européenne ne créerait pas une situation de blocage, mais aurait, bien au contraire, un énorme retentissement, voire un rayonnement à travers toute l’Europe et même au-delà. Comme cela a été, mais d’une ampleur et d’une signification encore plus grande, plus forte que le "non" à la guerre américaine en Irak.
Parce que venant du peuple lui-même, il aurait un effet d’entraînement et serait, à n’en pas douter, un signal fort aux peuples, aux travailleurs, à tous les exclus qui, du coup, auraient le sentiment qu’une autre solution est possible, ce dont les gouvernants actuels seraient forcés à tenir compte. On sortirait alors de ce sentiment d’impuissance et de l’impasse, de ce fatalisme devant ce qui apparaît comme la montée irrésistible de la mondialisation ultra-libérale, de la mise en concurrence des travailleurs, et au-delà des peuples. En un mot, de cette montée en puissance du moins disant sociale qui laisse sur le carreau des millions d’hommes, de femmes, d’enfants en Europe même, et bien évidemment en France où l’on compte aujourd’hui des millions de "travailleurs pauvres" venus s’ajouter aux autres catégories d’exclus ; de cette mise en coupe réglée des richesses créées par l’homme/femme.
L’ingérence des dirigeants européens, venus d’Espagne, d’Allemagne, de Bruxelles ou d’ailleurs, dans la campagne du référendum français atteste de cette importance en même temps que de la crainte qu’ils nourrissent.
Ceux qui - comme on l’a vu l’autre soir à l’émission "France-Europe-Express" - se posent la question de savoir quel serait, compte tenu de la configuration de l’Europe actuelle, voire du monde, l’interlocuteur de la France dans le cas d’une victoire du "non", se trompent d’interlocuteur. Car, dans une telle éventualité, le seul et vrai interlocuteur, ce ne sont pas les gouvernants, mais les peuples.
Au fond, la victoire du "non” en France réconcilierait cette dernière avec les principes qui l’ont faite ; la réconcilierait avec elle-même. Car c’est bien cette France-là que le monde aime et respecte.
Pas l’autre. Et surtout pas celle qui glorifie la colonisation et le colonialisme.

Georges-Marie Lépinay


À Thierry, Christian et vous tous de la Jeanne...

La semaine a dû être une semaine lourde en interrogations qu’on retourne dans sa tête dans tous les sens, avec son poids de stress et de rides au front... Mais la semaine a dû également vous faire vivre une riche expérience humaine. Les huit buts de dimanche dernier, s’ils ont dû vous marquer en plein cœur - un cœur, on le sait, que vous avez gros comme ça -, vous ont trempé le moral pour en faire un moral d’acier inoxydable. En 45 minutes, Thierry et Christian, vous avez peut-être blanchi quelques-uns de vos cheveux, mais vous avez renforcé le “cuir de la bête”, vous avez certainement exploré des sensations insensées, sollicité des volontés insoupçonnées, découvert des ressorts inconnus. À la fois entraîneurs, techniciens, psychologues et thérapeutes, vous avez eu à panser les plaies, à redresser les têtes, à reforger les estimes de soi endolories. Pour vous soutenir dans votre mission, vous avez, Thierry, Christian et vous tous, joueurs de la Jeanne, l’appui irremplaçable du kop portois, un “kop sa mèm mèm”, qui a donné un magnifique exemple de solidarité, comme on en a rarement vu dans des tribunes de foot. Cette mésaventure du 3 avril est aussi une aventure d’hommes, faite de passions, de forces et de faiblesses, à l’image de la vie. Chers amis de la Jeanne, beaucoup de Portois seront de tout cœur avec vous au coup de sifflet du match de dimanche, à Sainte-Marie. En vous disant : "Tyinbo ansanm, larg pa lo kor !!".

Alain Dreneau


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