Le courrier des lecteurs du 17 janvier 2005

17 janvier 2005

(Page 10)

Le Mouvement mondial des travailleurs chrétiens (M.M.T.C.) et la tragédie de l’océan Indien


Un désastre qui nous interpelle

Pendant que dans plusieurs pays du monde, des hommes et des femmes ont été frappés et continuent de l’être, suite à des guerres, des actes terroristes, des accidents d’envergure ou d’autres catastrophes naturelles, l’humanité entière fut bouleversée le lendemain de Noël 2004 par le drame qui a frappé les pays qui bordent l’océan Indien : plus de 150.000 vies humaines perdues, des villes entières détruites, des millions de personnes déplacées, de nombreuses infrastructures gravement endommagées...
La solidarité nationale et internationale s’est très rapidement manifestée à l’égard des innombrables victimes. Un peu partout dans le monde, les humains se sont sentis particulièrement touchés par cette catastrophe en raison de son ampleur.
Toutes ces situations nous interpellent. Le Mouvement mondial des travailleurs chrétiens n’y est pas indifférent. Car, derrière chacun de ces drames se pose la question des responsabilités humaines, du type d’aide qui sera apporté, ainsi que des valeurs et priorités qui orienteront la reconstruction.
En signe de solidarité avec les victimes des tsunamis et de tous les autres drames qui frappent le monde, le MMTC voudrait apporter sa contribution à la nécessaire réflexion qui doit accompagner l’engagement sur le terrain et la présence auprès des personnes les plus affectées.

Rebâtir sur des valeurs solides et durables

En ce qui concerne les modalités et les objectifs de la reconstruction, il nous semble fondamental de partir des besoins et des aspirations des populations concernées. À nos yeux, ce serait une grave erreur de leur imposer des schémas de reconstruction basés exclusivement sur les intérêts des pays occidentaux.
Nous préconisons la mise sur pied de procédures qui favorisent la démocratie participative et donnent ainsi à tous les citoyens et citoyennes, l’occasion de faire entendre leur voix dans les décisions qui les concernent au premier chef.
Nous pensons qu’il importe que les différentes étapes de la reconstruction soient inscrites dans une perspective de justice sociale, d’économie solidaire et de développement durable. Il s’agit, plus que jamais, de mettre les ressources physiques, financières et humaines au service du bien-être de chaque habitant de notre terre. Tous doivent avoir accès à la santé, l’éducation, l’alimentation, l’eau potable, un travail décent, qui leur garantissent une protection sociale adaptée à leur situation de vie. Aussi, il est indispensable de veiller au respect de l’environnement, autant à court qu’à long terme.
C’est dans ces valeurs-là que chaque gouvernement doit investir et non dans les armements. De cette façon, nous pourrons mieux atteindre les Objectifs du millénaire, adoptés à l’ONU en 2000.

Des membres du MMTC se mobilisent

En ce qui concerne la tragédie de l’océan Indien, à ce stade de la période d’urgence, des mouvements membres du MMTC des pays du Nord se mobilisent individuellement et à travers des ONG de solidarité dont ils sont membres (comme par exemple le CCFD, Solidarité mondiale, Entraide et Fraternité, Cafod ou Weltnotweck, pour ne citer que ceux-là). De même, les membres du MMTC des pays frappés par le tsunami s’impliquent activement dans les zones sinistrées. Ils offrent une aide et des compétences fort précieuses sur le terrain.
Le MMTC est heureux de voir beaucoup de solidarités s’exprimer en de nombreux endroits du monde, mais nous pensons qu’il est primordial de veiller à ce que toutes ces aides soient bien utilisées, afin d’éviter de pénaliser davantage des populations déjà meurtries par cette catastrophe naturelle.
Il est primordial que chaque État s’engage à créer rapidement un système d’alerte précoce pour toutes les formes de désastres naturels, y compris les tsunamis, de manière à mieux assurer la sécurité de sa population.
Pour financer la mise en place de ce système, ainsi que les travaux de développement et de reconstruction, le MMTC préconise l’adoption d’un système international de taxation sur les transactions financières.

Pour une perspective de développement durable

Les habitants des pays touchés ont déjà fait connaître leur souhait de voir le tourisme reprendre assez rapidement, car il génère des revenus importants pour les économies locales. Le moment est venu de veiller au développement d’un tourisme respectueux des personnes qui habitent les régions concernées. Un tourisme à échelle humaine, qui favorise les rencontres interculturelles, sources d’enrichissement humain, dans le respect des traditions et des cultures respectives.
Nous pensons que les multinationales qui, trop souvent, se sont enrichies en exploitant les habitants des régions les plus défavorisées, pourraient désormais assumer elles aussi un rôle positif en offrant enfin des salaires dignes et des conditions de travail acceptables à tous leurs travailleurs et travailleuses.
Pour que les pays sinistrés par les tsunamis et ceux frappés par d’autres catastrophes de grande envergure ne deviennent pas éternellement dépendants, mais puissent à terme répondre eux-mêmes aux besoins de leurs populations, nous demandons l’annulation de leur dette. Nous appelons également au développement d’un système de commerce équitable entre tous les pays de la planète.
Enfin, le MMTC en appelle à la vigilance internationale, pour que cet élan salutaire vers l’Asie ne détourne pas l’attention de l’aide à apporter aux populations des autres pays frappés par diverses catastrophes, et pour que l’Afrique, qui connaît "toutes les semaines, l’équivalent d’un tsunami provoqué par l’homme, et donc évitable (cf Tony Blair)", ne soit pas une fois de plus abandonnée à elle-même.

Fait à Bruxelles, le 11 janvier 2005

Brigitte Ndong,
secrétaire générale du MMTC


La France a-t-elle honte de son passé ?

Dans la presse de mercredi et jeudi de la semaine dernière, on peut lire un article sur la mise en vente d’une quarantaine de lettres du 18ème siècle relatives à la traite négrière. Même si cette vente ne concerne que le commerce vers les Antilles, elle n’en constitue pas moins l’histoire de l’esclavage. Les ancêtres des Antillais et des Réunionnais viennent d’une même terre, l’Afrique. Aussi cela nous concerne tous.
Il y a moins d’un an (mai 2004) il y eut à Saint-Denis une vente similaire, mais là c’était plus riche en apport, il s’agissait d’un code noir de 1747. D’un tableau de Farquhar sur la révolte des esclaves à Saint-Leu et un livre tout aussi rarissime : “Mémoire d’un esclave”. Là aussi comme le regrette le Collectif antillais, guyanais, réunionnais, l’immobilisme de ces institutions fut criant. Aucune des dites institutions n’a fait l’effort de s’investir dans l’acquisition de ces œuvres qui ont été découvertes les seuls jours de la mise aux enchères, car elles sont passées d’un privé à un autre privé. Ce qui veut dire perdues pour la majorité des Réunionnais qui s’intéressent à leur histoire.
Qu’est ce qui empêchait ces dites institutions de s’en porter acquéreuses ?
Ça aurait permis aux étudiants d’y avoir accès.
Quand donc cessera-t-on de dire que l’homme doit connaître son histoire pour avancer, quand ceux qui le peuvent ne font rien pour cela ?
Où veut-on que nos jeunes se tournent, quand il n’y a rien, à part l’oralité pour leur donner une idée de ce que fut la vie de nos ancêtres ?
Qui leur parle de Victor Schœlcher ? ou de la lutte des esclaves ? On préfère Sarda Garriga, un émissaire qui a dédommagé les propriétaires d’esclaves.
Que les 20 décembre soient des jours de fêtes, mais surtout d’enseignements sur la vérité de ce que fut l’esclavage, le plus grand crime contre l’humanité qui a enrichi quelques familles (nantaises, bordelaises, havraises et réunionnaises).
Que les institutions d’ici comme en France acceptent de regarder avec lucidité notre histoire, et surtout fassent l’effort nécessaire pour que les ouvrages relatifs à cette période entrent dans les bibliothèques et ensuite dans les écoles.

Pour Rasine Kaf,
Ida Latchimy


Maurice : hypocrite conférence des petites îles

Même sous la menace du tsunami et de la mort, on n’ose pas dire la vérité.

- La vérité c’est que nous vivons dans un monde de mépris totalement inacceptable.

- La vérité c’est que la planète Terre n’est pas gouvernée.

- La vérité, enfin, c’est que l’espèce humaine a choisi le chaos alors qu’elle a la capacité de créer l’harmonie.

Dominer le Monde pour mieux épuiser ses richesses au profit de quelques générations d’humains est un crime contre l’humanité.
Voilà le thème qui devait être développé lors de cette conférence, voilà ce que nous n’entendrons sans doute jamais, voilà pourquoi, au lieu de s’épanouir, notre espèce va disparaître dans le chaos et les larmes.

François Maugis
Association Énergie Environnement (La Réunion - France)


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