Le courrier des lecteurs du 18 décembre 2004

18 décembre 2004

Le 20 décembre à Saint-Louis

Hommage à Gramoun Baba

Dans le cadre des festivités du 20 Décembre, la section communiste de Saint-Louis informe tous les Réunionnais qu’elle rendra hommage à Gramoun Baba, figure emblématique de la culture ancestrale de notre région, tant au niveau cultuel que culturel.
Gramoun Baba a permis à notre jeunesse de découvrir le sèrvis kabaré. Ce fut un homme de lutte qui a su faire revivre tous les aspects de notre culture.
Nos pensées vont aussi à plusieurs de ses dalons, entre autres le Rwa Kaf et Gramoun Lélé.
Fête de la liberté et anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre est une date qui fait partie de notre patrimoine historique. La lutte doit être encore plus forte pour faire reconnaître nos droits dans un monde de plus en plus dépendant de ce qu’on appelle la mondialisation.
Nous souhaitons à tous un bon 20 décembre.

Pour la section communiste de Saint-Louis,
Hervé Lauret


Prisonniers de notre vitesse

Le développement et le progrès dont on nous rebat tant les oreilles, sont-ils destinés à mieux nous libérer ou mieux nous asservir ? Il faudrait très sérieusement se poser la question en ce jour mémorable du 20 décembre.
Oui, l’esclavage était un crime contre l’humain et je pense que la société des humains ne pourrait plus se regarder dans un miroir si elle ne l’avait pas aboli. Il ne faut cependant pas se leurrer, l’être humain est esclave : esclave de son estomac ; esclave du travail qu’il doit accomplir pour se nourrir, lui et sa famille ; esclave de l’argent qu’il confond avec bonheur ; esclave de ses passions, etc.
Pour sortir de ces différents esclavages, les humains ont recherché des solutions, des stratagèmes, des stratégies. L’une d’elles est ce que l’on appelle le développement et le progrès. Mais en voulant si bien organiser la société, ne sommes-nous pas devenus esclaves des illusions et de l’argent ?
Mettre la machine ou l’énergie au service de l’être humain n’a été qu’une illusion de plus. Malgré des progrès immenses en termes de mécanisation, nous sommes plus esclaves que jamais. (Les tribus les plus “primitives” d’Amazonie disposent de plus de temps libre que les peuples les plus “civilisés” de la planète !).
Le travailleur manuel avait la liberté de penser. Les chauffeurs et les bureaucrates que nous sommes devenus ne peuvent plus lever la tête du guidon de peur d’un accident ou de perdre leur place. Un véritable progrès eût été un équilibre un peu plus subtil entre pensée et action, entre contrainte et liberté.
Nous disposons d’un espace que, du fait de notre intelligence, nous pouvons coloniser à notre guise. Qu’avons-nous fait de cet espace ?
Qu’avons-nous fait de notre planète ?
Détruire, détruire, détruire :

- détruire les Indiens d’Amérique au lieu de partager avec eux notre Terre et nos connaissances ;

- sucer tout le pétrole de la Terre le plus vite possible pour ne rien laisser à nos enfants ;

- tuer tous les poissons de la mer pour enrichir quelques pêcheurs ;

- rompre tous les équilibres pour équilibrer le bilan de nos multinationales etc...

Et aujourd’hui, on s’aperçoit (bien tard) que l’activité débordante et illusoire de l’humain est terriblement dangereuse pour notre Terre et les générations futures.
Le coup d’accélérateur du développement et du progrès est un coup fatal car aujourd’hui, la distance de freinage est trop grande. Nous allons droit dans le mur d’une catastrophe économique, sociale, humaine et naturelle.
Nous sommes prisonniers de notre vitesse : le pire des esclavages.

François Maugis,
Saint-Benoît



Les dangers du tabac : argument publicitaire ?

"Fumer crée une forte dépendance, ne commencez pas".
Mais de qui donc peut venir ce sage conseil de morale pratique ? De quelque généreux bienfaiteur, soucieux par-dessus tout de la santé de ses amis fumeurs ?
Eh bien, non ; vous n’y êtes pas. L’inscription figure en lettres grasses de couleur noire, bien nettes et bien visibles sur votre paquet de cigarettes. Et si vous, fumeur, vous ne la voyez pas, c’est que vous ne voulez pas la voir, aveuglé que vous êtes par la fumée de votre cigarette. Ou bien alors vous pensez qu’elle ne vous concerne pas et que, de toutes façons, cela ne peut arriver qu’aux autres !
À moins que ces recommandations, ou plutôt ces avertissements, aussi effrayants qu’ils puissent apparaître, comme le fameux "fumer tue" - si banal qu’il en devient presque inoffensif -, aient finalement pour effet de provoquer chez vous le résultat inverse ?
La suprême habileté, pour les stratèges de la publicité, irait-elle jusqu’à faire vendre un produit en attirant l’attention du consommateur sur les inconvénients ou les dangers qu’il présente, en spéculant sur le goût du risque, si puissant pour beaucoup ? Appâter le fumeur au risque de le tuer... à petits feux !

Georges Benne



Le tabac, ersatz du bonheur ?

Toujours la plus grande erreur est de ne pas aller plus loin que le constat : les inscriptions sur les paquets de cigarettes ne feraient pas reculer le fumeur !
Mais c’est qu’il y a dans le tabac infiniment plus que le tabac ; comme dans l’alcool infiniment plus que l’alcool ; comme dans toute drogue infiniment plus que toutes les drogues. Il y a le péril commun de laisser se dissoudre, s’évaporer, partir en fumées de chimère, en volutes d’illusion, la faim et la soif réels de la justice, de l’amour fraternel universel - très concrètement, historiquement, politiquement incarnés.
Le tabac, la cigarette, le cigare, la pipe, la coupe remplie incessamment vidée, le coup de sec “cul sec” à la file par-dessus le coude sont les ersatz, les déguisements, les travestis de la délirante convivialité prenant partout chair.
Pour le dire d’un trait, s’il n’y a aucun bonheur absolu à réaliser, il ne reste plus qu’à fumer comme des sapeurs, à se soûler et à forniquer comme tous les troupiers du monde. Voir le tabac par la tabatière, n’est-ce pas plutôt se condamner à voir le monde par le bout de la lorgnette, c’est-à-dire en fin de compte n’en voir qu’un tout petit bout, aussi petit que le tuyau de sa pipe.

Jean Cardonnel



Lettre ouverte au député-maire de Saint-Denis

À propos des expropriations dans le cadre du projet Pôle Océan

Monsieur le Député-Maire,
Nous, signataires de la présente, exprimons notre indignation face aux ordonnances d’expropriation notifié par la SODIAC aux propriétaires fonciers et aux commerçants situés dans le périmètre de la ZAC Pôle Océan, contrairement à vos promesses de concertation.
La spoliation des biens appartenant depuis plusieurs générations à une cinquantaine de familles se fait dans une indifférence totale de votre part.
En dépit de tout bon sens, vous persistez à vouloir réaliser ce projet titanesque, disproportionné et inadapté dans le contexte dionysien.
Vous avez choisi la méthode du passage en force pour faire aboutir le centre commercial du Pôle Océan et vous avez choisi le silence comme méthode de concertation.

Ces expropriations se font sous le prétexte d’une déclaration d’utilité publique !
On sait que le bénéficiaire de cette fructueuse opération de promotion immobilière et financière sera le groupe Caillé. Où est l’utilité publique dans cette affaire ?
L’impact du bâtiment prévu sur le style architectural créole sera catastrophique. Où est la créolisation des bâtiments, tant réclamée par l’architecte des bâtiments de France ?
Le rapport du commissaire enquêteur du PLU dit clairement : "La règle adoptée pour les hauteurs des immeubles à bâtir dans le cadre de cet ambitieux projet semble inadaptée à l’environnement immédiat, la commission considère que cette option est mal adaptée et recommande que la réglementation Upa soit adoptée sur l’ensemble de ce secteur".

Les conséquences économiques sur le tissu commercial existant sera, à n’en pas douter, catastrophique. Ce projet va détruire trois fois plus d’emplois que le centre commercial est en mesure de générer. Ce projet va destructurer le centre historique de Saint-Denis.
Face au sentiment de mécontentement et de colère général, les citoyens et acteurs économiques qui ont donné de l’importance à cette ville vous demandent instamment d’arrêter ce projet dans l’état et de revoir la modernisation de ce quartier conformément à un développement équilibré avec la participation des habitants de ce quartier.
Nous voulons un projet équilibré à tout point de vu pour préserver l’intérêt général de vos administrés.
Souhaitant vous faire réagir à cette lettre, recevez Monsieur le Député-Maire nos salutations distinguées.

Association Coule pas nous dans l’océan
Union des commerçants dionysiens
Collectif des commerçants
Les vitrines de Saint Denis


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