Le courrier des lecteurs du 18 mai 2004

18 mai 2004


Le cri des enfants réunionnais de la Creuse

Les témoignages n’en finissent pas d’arriver, tous aussi accablants, sur ce qu’il faut appeler par son nom, une déportation : celle d’enfants issus de familles pauvres de La Réunion, qui ont été transportés, de gré ou de force, et plus souvent de force, par l’État français, dans les années 60-70, vers le département de la Creuse, donc loin de chez eux, à près de dix mille kilomètres à vol d’oiseau, dans un climat totalement différent.
De nombreuses victimes, adultes aujourd’hui, n’ont pas de mots assez durs pour évoquer les conditions inhumaines dans lesquelles elles ont vécu cet exil forcé, qui les a traumatisées au point qu’elles demandent - et c’est justice - réparation.

Cette opération d’envergure, qui a touché quelque 1.600 enfants, a été orchestrée par l’ancien Premier ministre de la France et député de La Réunion, Michel Debré. Elle a été minutieusement mise au point avec le concours des services de la Préfecture, de la Direction départementale de la santé (la DASS), et l’appui sinon la complicité des élus de la majorité d’alors et de la quasi totalité des médias.
C’est pourquoi il y a quelque dérision aujourd’hui - surtout pour certains - à venir s’apitoyer sur le sort de ces enfants réunionnais de la Creuse, alors qu’ils ont approuvé ce qui se faisait ou qu’ils n’ont rien dit à l’époque. Il est vraiment trop facile, quarante ans après, de vouloir se donner bonne conscience à peu de frais. Le plus important, c’est de demander d’urgence réparation et de tirer les leçons - toutes les leçons - de cette misérable expérience. Comme on devrait le faire également pour l’esclavage, où la célébration de l’anniversaire de l’abolition est bien loin de suffire !

Honneur donc à ceux qui avaient osé protester au moment des faits : je pense aux militants du Parti communiste réunionnais, aux journalistes de "Témoignages", qui furent les seuls, à ma connaissance, au milieu de l’hostilité et de l’indifférence générales, face à la censure et aux menaces de poursuite et de répression du pouvoir.
Honneur à l’Union générale des travailleurs réunionnais en France (UGTRF), qui avait publié en 1972, sous la signature de son président Roland Malet, un communiqué pour dénoncer, preuves à l’appui, le cas d’un de ces jeunes exilés, et avait constitué tout un dossier sur cette affaire ; au "Canard enchaîné", qui avait posé la même année de façon satirique le problème du rôle de l’Aide sociale à l’enfance ; à "Hebdo-TC" (journal "Témoignage Chrétien" de France), qui avait relaté l’"histoire de deux jeunes réunionnais" âgés de dix-sept ans, pupilles de l’Aide sociale à l’enfance, dont la vie ne fut "qu’une longue suite de déboires".
Honneur aussi à ceux qui ont ressuscité le triste événement en 2002 pour ne pas le garder plus longtemps caché et ont donné la parole aux victimes : je veux parler des journalistes de la presse, de la radio et de la télévision de métropole, relayés ici par leurs confrères ; honneur au "Journal de l’île" du dimanche 15 septembre 2002, qui a révélé au grand jour les archives tenues jusque là secrètes au niveau de la préfecture ; honneur enfin à tous les autres médias, qui ont repris l’affaire en main ces derniers temps, afin de mieux alerter et informer l’opinion, en lui donnant sa vraie dimension.
Mais le devoir de tous les Réunionnais désormais, dans le cadre de la réparation, c’est de chercher ensemble les causes de cette tragédie. À la fois pour rendre justice à toutes les victimes et faire en sorte que, plus jamais, elle ne se reproduise.

Georges Benne,
Le Tampon


18 mai 2004, Journée mondiale du vaccin contre le SIDA

Comment combattre la pire épidémie depuis la peste noire ?

Le 18 mai 1997, Bill Clinton, alors président des États-Unis, a lancé un appel à la mobilisation internationale en faveur du développement d’un vaccin contre le sida. Depuis lors, chaque 18 mai est l’occasion de mettre l’accent sur les progrès et les obstacles qui nous séparent encore d’un vaccin préventif et efficace contre le SIDA.
Avec 60 millions de personnes infectées et plus de 20 millions de personnes déjà décédées, 14 millions d’orphelins et 14.000 nouvelles infections par le VIH chaque jour, la pandémie de SIDA poursuit son développement hors de tout contrôle.
Les programmes de prévention du SIDA, tels que les programmes d’éducation relatifs aux comportements à risques, ont permis de faire diminuer le nombre de nouvelles infections mais pas encore suffisamment. Le monde a besoin de nouvelles options préventives efficaces : microbicides contrôlés par les femmes, traitement et contrôle améliorés des autres infections sexuellement transmissibles, et un vaccin préventif capable de bloquer la maladie avant qu’elle ne frappe.

Il s’agit d’un marathon, pas d’un sprint

Le VIH est un virus complexe, extrêmement sujet aux variations, pendant qu’il détruit le système immunitaire humain. Les scientifiques ont découvert des signes encourageants indiquant qu’il est possible de parvenir à un vaccin efficace contre le SIDA : les singes peuvent être protégés contre le virus de l’immunodéficience du singe ; certaines personnes ne contractent pas l’infection malgré des expositions fréquentes au virus ; et certaines personnes ont la chance d’être capables de garder sous contrôle leur infection par le VIH pendant des périodes prolongées, sans traitement. Mais, après 20 années de recherche scientifique, le défi que représente ce virus pour nos connaissances et notre compréhension reste redoutable.
La complexité scientifique liée aux caractéristiques du virus et l’absence de marché solvables se traduisent encore par un manque d’incitations poussant le secteur privé à investir dans le développement d’un vaccin contre le VIH.

L’accès à tous les pays est un facteur clé

Le développement d’un vaccin contre le SIDA est crucial, réalisable, mais pas suffisant. Un vaccin qui n’est pas utilisé est dénué de sens. Historiquement, il a fallu jusqu’à 20 ans pour que des vaccins bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché et atteignent les pays en voie de développement. Nous ne pouvons pas accepter un tel retard. Nous devons en tenir compte dès aujourd’hui.
La création d’un nouveau modèle en matière de distribution mondiale de vaccins constitue un défi politique et économique pour la communauté internationale ; elle doit constituer une priorité pour les secteurs public et privé. Mais l’engagement relatif à l’accélération des essais des vaccins contre le VIH/SIDA et à la possibilité d’un large accès à ces derniers ne pourra être tenu que par l’intermédiaire d’un partenariat réel avec les scientifiques, les associations et les dirigeants politiques des pays les plus touchés.

La communauté internationale doit se mobiliser

Depuis l’appel à la mobilisation de Bill Clinton, en 1997, nous avons été les témoins de l’accroissement des efforts : il existe désormais un certain nombre de vaccins candidats qui font l’objet d’essais cliniques et un plus grand nombre encore qui n’en sont qu’à leur développement précoce ; il existe également un plus grand intérêt porté aux besoins des pays en voie de développement. Les infrastructures des essais cliniques se développent, bien qu’elles soient encore insuffisantes. Les associations ont été impliquées et le soutien politique est devenu plus fort.
Mais l’échec de l’engagement international de moyens financiers, de ressources scientifiques et de volontés politiques adéquats reste un obstacle majeur à la découverte d’un vaccin contre le SIDA. Le financement de la Recherche et Développement (R&D) du vaccin contre le SIDA représente encore moins de 1% de la R&D mondiale totale dans le secteur de la santé, et moins de 2% des dépenses totales concernant le VIH/sida. Le niveau des ressources nécessaires se chiffre en centaines de millions de dollars et ne peut être atteint qu’au travers d’un effort mondial. Aucune personne isolée, aucune entreprise ou pays ne peut développer un vaccin contre le SIDA et assurer sa mise à disposition du plus grand nombre à lui tout seul.
Déjà sept ans que Bill Clinton a lancé son appel. Le monde a besoin d’un vaccin contre le SIDA ; si nous ne nous donnons pas les moyens d’y parvenir, l’Histoire nous jugera très sévèrement.

Christophe Pomez,
militant de l’A.R.P.S. (Association Réunionnaise de Prévention du SIDA)


Un “coucou” de stagiaires bénédictins en France

Samedi dernier à Sochaux, le speaker du stade Bonnal a signalé la présence sympathique et active d’un groupe de jeunes supporters lors du match de football entre le club local et celui du Mans pour la 37ème journée du championnat de France de Ligue 1. Ces jeunes ont été en outre remarqués par les nombreux spectateurs présents lors de cette rencontre.
Ce groupe était constitué d’élèves du Lycée des Huisselets de Montbéliard accompagnés d’élèves réunionnais actuellement en stage professionnel dans les usines Peugeot/Faurécia du Pays de Montbéliard.
Élèves au Lycée professionnel Patu de Rosemont à Saint-Benoît, les jeunes stagiaires réunionnais ont apprécié l’excellente prestation des joueurs, illustrée par la victoire de Sochaux 3 à 0 sur Le Mans. Et ils ont participé à la fête finale ponctuée par un magnifique feu d’artifice.

Jean-François Attama


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