Le courrier des lecteurs du 18 mars 2005

18 mars 2005

(page 10)

Lettre ouverte à Madame la présidente du Conseil général

Vous avez à juste titre insisté sur le statut de "Français à part entière" des Mahorais vivant à La Réunion et souligné que "l’intégration passe d’abord par la langue".
Parler français est en effet "une obligation" dont il faut se donner les moyens en regardant l’avenir c’est-à-dire, les enfants.
Or que constate-t-on ?
Du fait de leur mode d’habitat, les enfants des migrants originaires de l’archipel des Comores se trouvaient souvent tous regroupés sur quelques écoles de nos villes. Cela crée un ghetto où l’on reste entre soi, où des clans se forment, où germent des propos racistes, où le niveau scolaire général de l’école peut quand même s’en ressentir un peu, créant un effet repoussoir, etc... Bref, le contraire du brassage souhaitable.
Que faire ?
Saisir les municipalités des avantages qu’il y aurait, à terme, à déconcentrer les lieux de scolarité des primo arrivants qui le souhaitent.
Quelques primo arrivants sur chacune des écoles de nos cités semblent a priori beaucoup plus efficaces pour l’intégration et l’apprentissage du français que 30% de Mahorais sur deux ou trois écoles seulement.
Les mairies ont la haute main sur les inscriptions des élèves dans nos écoles. Elles ont donc tous les moyens de favoriser la mixité sociale et éviter l’effet “zone” en dérogeant aux sectorisations. Déroger pour faire valoir les spécificités linguistiques de nos concitoyens peu francophones de Mayotte et d’ailleurs.
L’étude, cette "mesure concrète" - puisque vous souhaitez ce type d’émergence - ne serait-elle pas à proposer et impulser pour faciliter l’intégration ?
Dans la panoplie des "spécificités", celle prônée ici ne trouvera d’opposants que parmi les tenants discrets de replis identitaires dangereux pour le maintien de nos valeurs créoles, françaises et européennes pétries de diversité.
Pour aller plus loin que les déclarations de principes, les consensus mous, les propos convenus qui, sans mesures concrètes, couvrent tous les abandons, favorisant les rejets futurs ou les violences urbaines, agissons.
Agissons car la créolité ne vaccine pas contre le racisme ordinaire, rampant, non avoué, qui insensibilise face aux discriminations, aux insultes prenant noms de peuple et de pays, aux petits renoncements banalisés d’un quotidien la tête sous l’aile pour ne rien voir et, surtout, pour ne rien faire.
"Là où la différence fait défaut, c’est la violence qui menace", rappelle le philosophe René Girard.
D’autre part il serait bon que les associations de parents d’élèves et les organisations professionnelles des enseignants s’expriment, elles aussi, publiquement, sur cette question de société. Nous les interpellons.
Le dispositif de rattrapage de l’Éducation nationale qui existe (*) ne peut pas nous dédouaner d’une réflexion de fond sur ce qui - au-delà de l’appui dévoué des maîtres spécialisés - favoriserait l’apprentissage de la langue et les échanges.
Dans ce domaine qui relève de l’art de vivre ensemble et de l’enrichissement mutuel, La Réunion ne peut que continuer à montrer à la nation le bon exemple républicain et, pour l’Europe, devenir une référence citoyenne.
Madame la présidente, nous attendons avec attention votre réponse et vous prions de croire en l’expression de nos sentiments respectueux.

M. Roland Saqué, directeur d’école

* 25 CLIN (classes d’initiation) existent dans notre île et regroupent chaque jour, temporairement, ces élèves sans maîtrise suffisante de la langue et des apprentissages.


Résurrection de Lazare

En cette période de carême pour les catholiques, toutes les églises de l’île ont entendu, ce dimanche 13 mars 2005, la lecture du texte “sur la Résurrection de Lazare” écrit par Saint-Jean, l’un des quatre évangélistes. Je propose aux lecteurs de lire à la manière de Victor Hugo, en vers, dans "Morceaux choisis" : "Première rencontre du Christ avec le Tombeau".

En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
il avait délivré la femme possédée,
rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
Marthe et Marie étaient des sœurs ; Marie, un jour,
pour laver les pieds nus du maître plein d’amour,
avait été cherchée son parfum le plus rare.
Or, Jésus aimait Marthe et Marie et Lazare.
Quelqu’un lui dit : Lazare est mort.

Le lendemain,
comme le peuple était venu sur son chemin,
il expliquait la loi, les livres, les symboles,
il disait : - Qui me suit, aux anges est pareil.
Quand un homme a marché tout le jour au soleil,
dans un chemin sans puits et sans hôtellerie,
s’il ne croit pas, quand vient le soir, il pleure, il crie,
il est las ; sur la terre il tombe haletant.
S’il croit en moi, qu’il prie, il peut au même instant
continuer sa route avec des forces triples.

Puis il s’interrompit, il dit à ses disciples :

- Lazare, notre ami, dort ; je vais l’éveiller.
Eux dirent : - Nous irons, maître, où tu veux aller.
Or, de Jérusalem, où Salomon mit l’arche,
pour gagner Béthanie, il faut trois jours de marche.

Jésus partit. Durant cette route souvent,
tandis qu’il marchait seul et pensif en avant,
Son vêtement parut blanc comme la lumière.

Quand Jésus arriva, Marthe vint la première,
et, tombant à ses pieds, s’écria tout d’abord :

- Si nous t’avions eu, maître, il ne serait pas mort.
Puis reprit en pleurant : - Mais il a rendu l’âme.
Tu viens trop tard. Jésus lui dit : - Qu’en sais-tu, femme ?
Le moissonneur est seul maître de la moisson.

Marie était restée assise à la maison.

Marthe lui cria : -Viens, le maître te réclame.
Elle vint. Jésus dit : - Pourquoi pleures-tu, femme ?
Et Marie à genoux lui dit : - Toi seul es fort.
Si nous t’avions eu, maître, il ne serait pas mort.
Jésus reprit : - Je suis la lumière et la vie.
Heureux celui qui voit ma trace et l’a suivie !
Qui croit en moi vivra, fut-il mort ou gisant.
Et Thomas, appelé Didyme, était présent.
Et le Seigneur, dont Jean et Pierre suivaient l’ombre,
dit aux Juifs accourus pour le voir en grand nombre :

- Où donc l’avez-vous mis ? - Ils répondirent : Vois,
lui montrant de la main, dans un champ, près d’un bois,
à côté d’un torrent qui dans les pierres coule,
un sépulcre.

Et Jésus pleura.

Sur quoi la foule
se mit à s’écrier : - Voyez comme il l’aimait !
Eût-il, s’il était Dieu, comme on nous le rapporte,
laissé mourir quelqu’un qu’il aimait de la sorte ?
Or, Marthe conduisit au sépulcre Jésus.

Il vint. On avait mis une pierre dessus.

- Je crois en vous, dit Marthe, ainsi que Jean et Pierre ;
mais voilà quatre jours qu’il est sous cette pierre.

Et Jésus dit : - Tais-toi, femme, car c’est le lieu
où tu vas, si tu crois, voir la gloire de Dieu.
Puis il reprit : - Il faut que cette pierre tombe.
La pierre ôtée, on vit le dedans de la tombe.

Jésus leva les yeux au ciel et marcha seul
vers cette ombre où le mort gisait dans son linceul,
pareil au sac d’argent qu’enfouit un avare.
Et, se penchant, il dit à haute voix : Lazare !

Alors le mort sortit du sépulcre ; ses pieds
des bandes du linceul étaient encore liées ;
Il se dressa debout le long de la muraille ;
Jésus dit : - Déliez cet homme, et qu’il s’en aille.
Ceux qui virent cela crurent en Jésus-Christ.

Or, les prêtres, selon qu’au livre il écrit,
s’assemblèrent, troublés, chez le prêteur de Rome ;
sachant que Christ avait ressuscité cet homme,
et que tous avaient vu le sépulcre s’ouvrir,
ils dirent : - Il est temps de le faire mourir.

Victor Hugo "Morceaux choisis"
Est né en 1802, mort en 1885.
Il y a 120 ans de cela

Marc Kichenapanaïdou


Pour les victimes du tsunami en Inde

Concert de solidarité

L’association "Accord’a nou" organise le samedi 19 mars à 19h30 dans la salle paroissiale de piton Saint-Leu, un concert destiné à soutenir les œuvres du Père Ceyrac en faveur des victimes du Tsunami en Inde.
Le concert, intitulé "Mélodies métissées", permet, en 2 heures d’animation musicale, de découvrir la diversité des chants chrétiens et de leurs rythmes (séga, maloya, reggae, salsa, classique, monastique, ...) qui permettent d’ouvrir les cœurs à la louange.
Dans les mains des musiciens (issus du groupe de prière Maranatha de Saint-Leu), batterie, guitares (basses et sèches), flûte traversière, piano, percussions accompagneront les choristes pour partager avec vous toute leur joie de vivre de la présence de Dieu dans la musique et le chant.
Si l’entrée est gratuite, une collecte sera faite pour recevoir vos dons pour le Père Ceyrac

Monique Paternoster


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus