Le courrier des lecteurs du 19 février 2005

19 février 2005

(Page 10)

F.S.R. 2005 : ensemble défendons nos droits !

Le Ministère de l’Éducation nationale a publié, en 2004, un livre intitulé “L’idée républicaine aujourd’hui, Guide républicain”, destiné aux professeurs de lycées chargés de l’Éducation civique juridique et sociale (ECJS). Parmi les textes de référence, on reproduit (page 92) le préambule de la constitution du 27 octobre 1946. Le texte n’est pas cité intégralement, et ce n’est pas par manque de place si l’on en juge par les 432 pages qui composent cet opus.
Le lecteur naïf se dira certainement que les passages supprimés, remplacés dans le texte par les points de suspensions entre crochets, sont mineurs en regard du texte reproduit. Et pourtant, le premier passage supprimé garantit "le droit de travailler", assure à tout individu le droit de se défendre "par l’action syndicale", inscrit dans la constitution le "droit de grève", et enfin, passage subversif en ces temps de privatisation à outrance, recommande que "tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité". Le second passage supprimé est tout aussi subversif, car il garantit à tous "la protection de la santé" et assure que chacun "a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence" quand sa situation personnelle l’exige.
Sachant que ce préambule est, avec la Déclaration des droits de l’Homme de 1789, le fondement de la constitution actuelle (celle de 1958), sachant que Chirac, Raffarin, Fillon et consort viennent de casser et saccagent encore les retraites, l’assurance chômage, la sécurité sociale, les services publics et les droits syndicaux, le Ministère de l’Éducation nationale se moque-t-il de nous un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ?
Après la théorie dans les livres, la pratique : Sud éducation avait alerté l’opinion en septembre 2004, sur la cas d’un de nos collègues, Roland Veuillet, CPE dans un lycée de Nîmes, muté disciplinairement à Lyon après les grèves de 2003. Sa seule faute : excès de zèle de syndicalisme. L’administration a bien entendu réussi à lui attribuer une faute professionnelle (infondée) pour imposer une sanction. Après une lutte opiniâtre, ponctuée par une grève de la faim de 40 jours, Roland Veuillet a partiellement obtenu gain de cause, puisque le Conseil Supérieur de la Fonction Publique a reconnu (le 25 janvier 2005) que les faits n’étaient pas avérés, et recommande au Ministère de l’Éducation nationale de lever la sanction. C’est une reconnaissance implicite de ce que Sud éducation clame depuis bientôt deux ans, à savoir qu’il s’agit d’un cas de répression anti-syndicale. C’est bien sûr une victoire personnelle pour Roland Veuillet. Nous profitons de ce courrier pour remercier celles et ceux qui se sont mobilisé pour soutenir Roland Veuillet, en participant aux rassemblements ou en signant la pétition de soutien. C’est donc aussi une victoire collective pour les libertés syndicales.
Ces deux histoires sont liées. Elles doivent nous rappeler que nos droits collectifs, acquis de haute lutte depuis plus de deux siècles, sont bien fragiles. On peut les gommer dans les livres, on peut brimer un militant qui ne fait qu’user de ses droits quand ils existent encore, et on peut aussi les supprimer par la loi. Sud éducation Réunion invite tous les Réunionnais à assister au forum social, qui aura lieu le dimanche 20 février, à Saint-Leu. Face à la mise en concurrence des travailleurs entre eux, afin de briser toute résistance collective au libéralisme prédateur, réhabilitons l’action collective. Ce n’est que collectivement que nous défendrons nos droits.

Sud Éducation Réunion


À propos du déficit de la balance commerciale américaine

Mythes et réalités

"Stratosphérique". L’adjectif est du quotidien “Libération”, mais il est repris par “Témoignages” dans un édito du 14 février signé L. B. pour qualifier le déficit de la balance commerciale des États-Unis. Il apparaît qu’en 2004 la première puissance du monde a importé pour 617,7 milliards de dollars de plus qu’elle n’a exporté. Ce déficit est, nous dit-on, "en aggravation de 24,4% par rapport à 2003".
Selon “Libération”, suivi de près par “Témoignages”, les partenaires des États-Unis seraient "alarmés" parce que, disent-ils, selon eux, les USA "continuent d’utiliser un argent qu’ils n’ont pas".
Tout cela est hautement fantaisiste. S’il est vrai que la balance commerciale des États-Unis est déficitaire, en revanche leur balance des paiements est équilibrée. Ils achètent à l’étranger plus qu’ils ne vendent c’est vrai, mais ils payent tout ce qu’ils achètent. Sinon, plus personne ne ferait de commerce avec eux.
Alors comment font-ils ? Réponse : pour payer leurs importations, les Américains disposent non seulement du produit de leurs exportations, mais de revenus supplémentaires tels que dividendes et intérêts de capitaux placés à l’étranger. Ces revenus supplémentaires permettent et couvrent leur déficit commercial.
Qu’on me permette une comparaison empruntée à la vie courante : imaginons un salarié qui gagne 2.000 euros par mois. Logiquement, il ne pourrait pas dépenser plus de 2.000 euros mensuels. Si vous apprenez qu’en réalité il en dépense 2.500, cela veut dire qu’en plus de son salaire, il a un revenu de 500 euros, par exemple le loyer d’une maison dont il a hérité.
Alors calmons nous. Il y a assez de reproches à faire aux Américains pour ne pas leur en faire qui sont immérités.

Daniel Lallemand


Service public des cantines scolaires

Suite à la délibération le 11 février 2005, du Conseil municipal de Saint-Leu, sur la rénovation des cantines scolaires et pour une restauration scolaire en régie directe, voici quelques remarques.
En 2001, la direction des services vétérinaires avait pointé 4 communes qui n’avaient engagé aucun investissements pour amener leurs cantines scolaires aux normes d’hygiènes arrêtées en 1997 : Saint-Denis, Saint-Leu, Le Tampon et Sainte-Marie.
En 2004 les communes de la CINOR ont choisi de privatiser leur restauration scolaire avec un projet de 50 millions d’euros pour une capacité de 30.000 repas par jour.
Le Conseil municipal de Saint-Leu a délibéré le 11 février dernier pour une gestion municipale ; le projet du service public municipal est comparable (dans une proportion moindre) à celui de la CINOR : un terrain de 3.000 mètres carrés, une cuisine centrale, des cuisines satellites et même des repas supplémentaires. En revanche le coût sera de 5 à 6 millions d’euros pour 6.000 repas par jour.
En faisant une règle de 3, on remarque que pour une capacité équivalente, le coût serait plus proche des 30 millions en gestion directe que des 50 prévus par la CINOR, soit un différentiel de 20 millions. Une privatisation qui s’annonce donc financièrement très douloureuse pour les contribuables de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne.
Faut-il vraiment s’en étonner quand la Chambre régionale des comptes en novembre 2004 observait à propos du marché des ordures ménagères, "une évaluation approximative des besoins, une estimation aléatoire des coûts préjudiciable à la CINOR"  ?

M. Dunogué


Urgence parlementaire ! Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Réforme, pas réforme où est le problème ? Eh bien nous nous trouvons devant une France coupée en deux : celle qui sait lire et comprend instantanément, celle qui a la science des livres ; et l’autre, celle qui est totalement stupide et ignare.
Et bizarrement, celle qui a l’entendement aisé a aussi dans ses poches “portefeuille bien garni et moralité à toute épreuve” ! Bizarrement cette même France, à l’Assemblée nationale, veut passer en force la loi d’orientation sur l’école. Cette loi dite Loi Fillon est une véritable attaque, un “hold-up social” ! Ce gouvernement continue en toute impunité à avancer, sans vergogne, sans tenir compte des voix qui s’élèvent. Pourquoi ce coup d’état ?
Parce qu’il y a urgence effectivement à abêtir encore plus cette masse à la réflexion très lente, à la limite de la déficience intellectuelle. Parce qu’il y a urgence à ce que le service public de l’éducation se fonde dans l’esprit d’entreprise.
Citons l’OCDE : "L’enseignement primaire et secondaire jette les bases d’un ensemble de savoir-faire essentiels préparant les jeunes à devenir des membres productifs de la société". Parce qu’il y a urgence à respecter les directives d’économie européenne, n’oublions pas les propos de M. Dutreil : "c’est dans l’éducation nationale que doit peser l’effort principal de réduction des effectifs de la fonction publique".
Nous avons le devoir de nous insurger contre cette façon d’agir, nous ne pouvons accepter que des hommes à la solde du grand patronat engagent l’avenir de notre école pour une dizaine d’années sur la route de la destruction pure et simple du système public d’éducation.
Il n’est plus temps des mots, il faut que tous ensemble, dans une action forte, montrions que nous ne voulons pas d’un tel projet pour l’école ! "Un peuple ignorant est un peuple aveugle !"

D. Bernard


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