Le courrier des lecteurs du 19 juillet 2005

19 juillet 2005

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Allons vers le Haut !!!

L’émission "Par lé O, par lé ba" animée par M. Gilles Mallet connaît un vif succès notamment auprès des personnes attachées au patrimoine réunionnais.
Aussi vous imaginez notre stupéfaction lors de sa diffusion le dimanche 3 juillet 2005 à 13 heures, lorsque le personnage interviewé sur les oiseaux de La Réunion parle avec nostalgie du temps "longtemps", puis suite aux questions de l’animateur sur la pratique de "la chasse à la colle", donne tous les détails de cette pratique assortis de la recette de la colle ainsi que de toutes sortes de commentaires sur la meilleure qualité gustative des oiseaux endémiques par rapport aux oiseaux exotiques. Le sujet se termine sur le fait que l’interviewé regrette fortement cette époque.
Les pratiques décrites ont existé et existent peut-être encore. Cependant, diffuser ce reportage sans commentaire constitue un appel à la destruction d’espèces protégées et à la poursuite de pratiques illicites.
Un minimum d’information est à savoir :

- la capture d’oiseaux à la colle est totalement interdite pour toutes les espèces d’oiseaux. En effet, c’est une méthode non sélective (on ne peut pas choisir l’animal à attraper), qui fait souffrir longuement et inutilement l’animal.

- tous les oiseaux endémiques de La Réunion sont protégés, ce faisant, leur capture, leur destruction sont strictement interdites. Ces oiseaux figurent parmi les plus rares du monde : ils n’existent qu’à La Réunion, leur population est faible à l’échelle mondiale, leur habitat de plus en plus restreint. Seules les mesures de protection peuvent apporter des chances de survie à ces espèces.

- si pendant les siècles passés de l’île, la recherche de nourriture et de protéines pouvait s’avérer vitale pour tout ou partie de la population, ce temps est révolu et depuis longtemps. À notre époque, ces pratiques sont inutiles, nuisantes et illégales, et ceux qui les pratiquent s’exposent à de lourdes amendes.
Le service public ne doit pas se contenter d’un éloge passéiste de pratiques illégales et nuisantes pour l’environnement : améliorons l’existant et allons vers une haute qualité de l’information.

Société réunionnaise pour l’étude et la protection de
l’environnement (SREPEN)

tél : 0262-28-19-29
[email protected]


La vie privée exposée : Bill Clinton, Nicolas Sarkozy et Albert II de Monaco

Quand Nicolas Sarkozy souhaite que soit mis un terme à l’envahissement de sa vie privée, la presse (des magazines "people" à l’éditorial du “Monde” du 1er juillet) ne se prive pas de montrer qu’il était fort satisfait lorsque, avec Cécilia, ils faisaient les Unes en tant que couple de l’année 2004. Sa volonté d’afficher hier l’image d’un couple parfait se retournerait aujourd’hui contre lui et en somme, il serait puni par là où il a pêché. La mise en avant de l’infortune conjugale de Nicolas Sarkozy offre une double lecture : soit on peut y voir une nouvelle étape de son processus de "starisation", ne le mettant finalement guère en danger, (l’essentiel étant que le grand public parle de lui), soit on peut y voir une lourde menace pour sa carrière. Il convient donc, par delà l’aspect très critiquable de la dissolution des frontières entre vie publique et vie privée (qui fait des hommes politiques des vedettes de variété), de s’interroger sur la portée réelle de la menace causée par cette nouvelle donne. L’exposition des "difficultés familiales" de Nicolas Sarkozy éclaire le point faible d’un homme qui se pensait définitivement élu au sein de sa propre famille. Elle pointe, du coup, les limites de l’aspirant chef d’État. En effet, l’anecdote des déboires conjugaux du ministre de l’Intérieur renoue avec une longue tradition historique. Les Français ont toujours préféré Henry IV, "le vert galant", à Louis XIII, si laborieux pour faire un enfant à la belle Anne d’Autriche, ou encore préféré la majesté de Louis XIV, souverain face à une ribambelle de maîtresses, à l’impuissance de Louis XVI aux prises avec la seule Marie-Antoinette.

Dans l’imaginaire national, les rois puis, par un saut indifférent à la révolution, les chefs d’États ont été perçus comme les pères de la nation : ils devaient en incarner la puissance, et la fécondité. Ils gagnaient toujours plus à pécher par excès que par défaut. La nation constituée comme une petite communauté cancanière tirait vanité des exploits et des conquêtes de ses dirigeants. En revanche, quand on est trompé par sa femme, jusqu’à nouvel ordre, on ne s’en vante pas. C’est donc son image d’homme et son rapport à la virilité que Nicolas Sarkozy doit gérer. Comment réagir ? Comme Vulcain surprenant Mars et Vénus sur le tableau du Tintoret, comme le boulanger dans le film Pagnol ? Comment conserver les dehors de la puissance publique quand on a perdu publiquement l’initiative en famille ? Certes, on peut faire preuve de courage. Mais l’expression publique du courage et ses attentes normatives (la capacité à réagir synonyme de capacité à trancher), ne coïncident pas forcement avec la définition privée du courage (plus souvent aptitude à l’endurance et au compromis pour préserver le lien). On peut comprendre la souffrance de Nicolas Sarkozy, mais la compassion ne ruine-t-elle pas l’admiration ? On n’échappe que difficilement à une logique de distribution sexuée des rôles. On peut admirer bien des femmes trompées, depuis madame Hugo et madame Zola jusqu’à Danielle Mitterrand et Hillary Clinton ; elles n’ont rien de dupes pitoyables quand elles réussissent à masquer leur souffrance pour conserver la puissance de leur mari.

En tenant jusqu’au bout le second rôle de l’équipe conjugale, elles en sont les héroïnes. Mais mis dans leur situation, comment ceux qui tiennent les premiers rôles peuvent-ils maintenir une image à la fois d’hommes admirables, sensibles mais suffisamment virile ? Comment empêcher les Français dans un mélange confus - et regrettable - entre public et privé de considérer le chantre de la compétition et de l’émulation libérale comme battu à domicile sur son propre terrain ? Le risque semble réel, plus encore, le mal semble fait.
Pas si sûr. Car si la vie privée est une arme qui peut se retourner contre qui la brandit, elle peut de fait se retourner contre ceux qui voudraient s’en servir contre Nicolas Sarkozy.
Qui ne garde en mémoire l’affaire Monica Lewinsky ? Donnés archi-favoris en 1998, en plein "Monicagate", les républicains n’ont pourtant pas gagné la bataille de la destitution devant le Sénat américain et ce malgré la procédure d’impeachment. On devrait donc hésiter avant de fouiller dans la vie privée des hommes politiques. Le "Monicagate" a marqué au États-Unis la fin d’une époque : celle entamée avec le "Watergate", où un flagrant délit de mensonge pouvait être fatal à un chef d’État (c’est, en effet, pour parjure que le procureur Kennett Starr avait instruit le dossier, et non pour harcèlement puisqu’il ne faisait aucun doute que la jeune stagiaire de la Maison Blanche était tout à fait consentante). Bill Clinton s’en est bien sorti, mieux que les démocrates.

Enfin, dans l’actualité un troisième personnage, Albert II de Monaco, offre un ultime modèle de traitement des rapports entre vie publique et vie privée. Souvent tourné en dérision pour son manque d’affirmation face à son père (notamment dans les “Guignols de l’info” sur Canal plus), il a su décider de révéler quand il l’entendait, l’existence de son fils Alexandre.
Ainsi, lorsque l’hebdomadaire “Paris Match” publie, le 5 mai, un reportage sur le fruit de sa liaison avec une hôtesse de l’air, il attaque le magasine, gagne son procès, l’oblige à verser 50.000 euros de dommage et surtout à imprimer la sentence du jugement sur l’intégralité de sa couverture (sans même laisser la place pour le logo). Non seulement il ne laisse pas envahir sa vie privée mais il modifie radicalement son image, il n’est plus seulement le "fils de", timide et falot, mais quelqu’un qui sait s’imposer et en imposer. Quelqu’un de responsable aussi, car dès la période de deuil de son père passée, il reconnaît l’enfant.
Se repaître de la vie privée des hommes politiques ne permettra pas une meilleure approche du fait politique. "Gala" ou "Voici" ne peuvent servir de modèle à la République. Séparons donc radicalement vie privée et publique. D’autant plus que la médiatisation du feuilleton sentimental des Sarkozy a un aspect caché et pourtant décisif, celui d’entretenir l’illusion d’une proximité entre lui et nous : finalement ne connaîtrions-nous pas des difficultés assez semblables ? Belle illusion. Rien de semblable, en effet, dans les modes de vie (nos appartements diffèrent, nos médecins diffèrent, nos entourages proches diffèrent, nos revenus diffèrent...) ; rien de semblable surtout dans les objectifs familiaux et les priorités de vie entre un candidat à la Présidence de la République et mon voisin de pallier.

Pascal Duret, sociologue, directeur du CURAPS


Main basse sur la ville

Trop c’est trop. N’en jetez plus monsieur le maire de Saint-Denis car la coupe est pleine.
Après nous avoir fagoté une ZAC Foucherolles polluante et bruyante à souhait, voilà que vous vous surpassez en nous envoyant maintenant régulièrement à 5 heures du matin vos petits hommes verts avec débroussailleuses et souffleurs pétaradants. Merci monsieur le maire de dorloter ainsi vos administrés dionysiens quasiment 24 heures du 24 ! Vous êtes vraiment “top” !
“Top” ? C’est ce que naïvement nous pensions jusqu’à dimanche dernier, 10 juillet sur le coup de 6 heures du mat... L’aéroport avait-il été déplacé, un 747 s’était-il posé dans notre quartier ? Les forces armées effectuaient-elles des grandes manœuvres dans la rue Lyautey ? Que nenni ! C’était votre dernière trouvaille : un concert dominical avec rouleau compresseur, engins divers et pupitre de camions venus goudronner (style bricolage et rafistolage) la rue Lyautey ! Que c’est gentil, Monsieur le maire, de penser ainsi à vos administrés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7...
Mais au fait, qui va payer ces joyeux “musiciens” de la voirie ? Vous ? Ou nous ? C’est que ça coûte, de faire bosser une entreprise, pardon un tel orchestre, le dimanche... Cela pourrait même coûter très cher... Mais vous avez pensé à tout puisque vous auriez pris un arrêté pour que cette entreprise intervienne le dimanche en toute “légalité”... Je mets entre guillemets le mot “légalité” car bien-sûr, dans votre élan, vous avez dû oublier quelques arrêtés préfectoraux et le Protocole Marine... Que nous préparez-vous pour les semaines à venir ? Surprise, surprise...
Reposez-vous un peu Monsieur le maire ! Arrêtez-vous de vous dénoncer pour nous gâcher l’existence ! Que diriez-vous si nous prenions le relais : c’est promis, un de ces 4, on va venir en prime time vous jouer une sérénade ! Et puis, y a autre chose qu’on vous promet pour dans trois ans, un beau dimanche d’élections municipales...

Les habitants de Foucherolles
et... les autres


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