Le courrier des lecteurs du 2 juin 2004

2 juin 2004



Palestine : urgence protection

Plusieurs dizaines de morts palestiniens depuis le 12 mai, dont vingt dans la seule journée du 18, avec des tirs d’obus, aux mitrailleuses lourdes, et des missiles d’hélicoptères contre des manifestants pacifiques faisant à nouveau de nombreux morts et blessés, dont plusieurs enfants et adolescents.
Le 19 mai, de nouveau plus d’une centaine de maisons rasées aux bulldozers laissant des milliers de Palestiniens à la rue : c’est à une escalade sans précédent de la guerre contre la population civile palestinienne de la bande de Gaza et singulièrement de Rafah que se livrent le gouvernement et l’armée israéliens. Un bain de sang.
(...) Il faut mettre un terme à cette guerre contre tout un peuple. Les condamnations seules, aussi fermes soient-elles dans la forme, ne suffisent plus. Pas plus que les recommandations et autres demandes diplomatiques convenues avec le gouvernement d’Israël de mettre un terme à ses crimes voire simplement de "faire preuve de retenue".
Il faut de toute urgence protéger la population palestinienne. Il y va de milliers de vies humaines, alors que l’on déplore déjà plus de quatre mille morts depuis le début de la répression israélienne massive du soulèvement palestinien pour l’indépendance, et le cycle de violence engendrée par l’État d’Israël. Il y va de l’espoir de voir naître un jour la paix entre les deux peuples israélien et palestinien. Prendre prétexte des veto américains au Conseil de sécurité des Nations unies, des divisions européennes, ou de quelque argutie juridique, pour retarder encore l’envoi d’une force internationale de protection en Palestine occupée, relève de la complicité de crime.
La quatrième Convention de Genève impose aux "Hautes parties contractantes", c’est-à-dire aux États signataires, dont la France et l’ensemble des États membres de l’U.E., de la faire respecter de quelque manière que ce soit, là où elle est violée. Donc également en Palestine occupée. La Justice, pour ne pas être vaine, suppose des sanctions contre ceux qui violent les lois. Il en va tout particulièrement ainsi du Droit international, et en particulier du Droit humanitaire. L’État d’Israël doit être sanctionné pour ses crimes de guerre. L’Union européenne élargie à vingt-cinq membres ne doit pas laisser lettre morte les recommandations du Parlement européen qui, à deux reprises, a réclamé la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël tant que ce dernier continuerait à violer les droits humains les plus élémentaires. Au-delà d’une preuve de couardise et d’inefficacité politique sur la scène internationale, ce serait aussi un bien mauvais signal adressé aux citoyens européens quant au fonctionnement de la démocratie et quant à l’engagement pour la paix, singulièrement à la veille des élections de juin prochain. L’Association Réunion Palestine Solidarité fait part à l’ensemble des Réunionnais des réclamations de son association-mère (l’AFPS) au gouvernement français :
1. Qu’il agisse au sein de l’Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité pour l’envoi d’une force internationale de protection du peuple palestinien.
2. Qu’il agisse auprès de ses partenaires européens le cas échéant pour l’envoi d’une force européenne de protection du peuple palestinien.
3. Qu’il agisse auprès de ses partenaires européens pour la mise en œuvre des recommandations du Parlement européen concernant la suspension de l’accord d’association UE/Israël tant qu’Israël ne respectera pas ses obligations et ses engagements.
4. Qu’il agisse au sein de l’Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité pour la convocation rapide d’une conférence internationale pour la paix sous l’égide de l’ONU réunissant toutes les parties concernées.
5. Qu’il prenne des sanctions en suspendant tous les accords de coopération entre la France et Israël tant que les conventions internationales et les droits humains seront bafoués.
L’Association Réunion Palestine Solidarité souhaite vivement que Monsieur le Préfet de La Réunion, représentant du gouvernement dans l’île, soit un bon relais pour ces réclamations.
L’Association Réunion Palestine Solidarité appelle les citoyennes et citoyens réunionnais à se mobiliser et à manifester au minimum par pétitions ou lettres ces exigences auprès de nos élus locaux et nationaux, afin que ces derniers prennent leurs responsabilités. Nous sommes en droit de connaître la position de nos parlementaires et surtout celle de nos futurs représentants au Parlement européen. Bougeons-nous pour un monde de paix.

L’Association Réunion Palestine Solidarité


Non au projet de loi d’amnistie fiscale en faveur des fraudeurs

Nous voudrions attirer l’attention de l’opinion et des parlementaires sur l’aspect inacceptable d’une orientation envisagée par M. le Premier Ministre concernant l’instauration d’une “amnistie fiscale” en faveur des personnes qui ont fraudé la loi française sur les impôts.
En effet, M. Raffarin vient d’annoncer un projet de taxe pour inciter au retour en France de capitaux placés à l’étranger. C’est cette taxe qui devrait servir à financer le plan de “cohésion sociale” de M. Jean-Louis Borloo.
Par cette mesure, le Gouvernement permettrait aux capitaux placés à l’étranger dans des paradis fiscaux de revenir en France moyennant une retenue de seulement 15%. L’acquittement de cette taxe, bien inférieure à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés, permettrait ainsi aux fraudeurs des budgets publics d’user au grand jour de leurs capitaux dissimulés.
Indifféremment, cette possibilité serait donc offerte aux trafiquants de toute sorte. Une telle mesure serait une véritable prime aux fraudeurs et un affront fait aux travailleurs qui ne peuvent échapper à l’impôt et aux taxes, et à tous ceux privés d’emploi ou de ressources.
Proposer des mesures pour financer la solidarité nationale qui s’apparente selon nous à du blanchiment d’argent et cautionner l’évasion fiscale, relève d’une approche qui bafoue les valeurs essentielles de la République.

L’impôt : un outil essentiel de la solidarité

Favoriser l’évasion fiscale est une véritable trahison des fondements de notre société et une atteinte inacceptable à la recherche de cohésion sociale.
Une société de solidarité implique notamment une politique budgétaire et fiscale redistributive et efficace contre les fraudes, par une harmonisation des législations, une coopération des systèmes judiciaires, une action coordonnée contre le secret bancaire, les paradis fiscaux et les zones de non droit.
Il n’est pas acceptable que des pays de l’Union européenne, comme l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, la France aujourd’hui, d’autres demain, se vendent ainsi pour tenter d’être plus "attractifs" que le voisin pour les capitaux, quelle que soit l’origine de ces derniers.
Faire de notre pays un territoire d’accueil pour ces capitaux d’origine frauduleuse relève d’une absence de repères moraux qui ne peut laisser insensibles nos concitoyens.
A contrario, il conviendrait d’encadrer par un contrôle démocratique la liberté actuellement donnée aux capitaux de s’installer à tout moment dans tout endroit de la planète ; il conviendrait aussi d’exiger la suppression des paradis fiscaux.

Laetitia Marchais,
présidente d’ATTAC Ile de La Réunion


Pour en finir avec Israël

Il y a des moments où il faut dire des choses, où il faut prendre sa plume pour écrire et parler, surtout quand cela peut servir à réduire les tensions et à faciliter la résolution des problèmes douloureux. Le titre de ce billet est publicitaire, il m’assure que l’article sera lu. Maintenant soyons sérieux...
Oui, il faut en finir avec la Palestine, avec Israël, avec l’Irak, avec le Koweït, et tous ces pays factices qui ne doivent leur existence légale qu’aux turbulences douteuses qui ont suivi la fin de l’Empire Turc et les deux premières guerres mondiales. Il faut aussi en finir avec les États-Unis, le Rwanda, la Belgique et ses rois, l’Espagne et le Pérou, la France et le Danemark. Il faut en finir avec les États-Nations, qui ne sont qu’une forme d’organisation de l’humanité née avec l’époque industrielle, et qui est en voie de disparition rapide avec l’émergence de ce que certains appellent l’ère “post-industrielle” en faisant ainsi malgré tout encore référence au passé.
Le monde d’aujourd’hui est à la fois régional et planétaire. Il n’a plus de place pour les nations, ni pour une organisation des “nations-unies” qui n’est plus guère qu’un assemblage de coquilles de plus en plus vides. Ce qui est devenu une évidence pour tous ceux qui veulent bien réfléchir un peu plus haut que leurs soi-disant frontières est une réalité vécue pour une grande partie de nos 443 frères et sœurs en humanité qui ont eu la chance de quitter le sol de la planète pour en faire le tour à raison de seize fois par jour. La Terre n’est qu’un seul pays.

Comment passe-t-on du système actuel à des organisations effectives qui pourront assurer le futur ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que probablement ce n’est pas dans des textes de lois nationaux qu’on trouvera des solutions. Il y a plus d’espoir en lisant les bons ouvrages de science-fiction. Je pense en particulier aux “Chants de la Terre lointaine” d’Arthur C. Clarke. Mais il y en a bien d’autres, où l’on pourra trouver une saine inspiration.
Tout ce que je sais, c’est qu’il faut s’attendre, à un terme pas très lointain, à un effondrement définitif du système des nations, et que l’un des meilleurs moyens d’éviter les pires catastrophes est de se préparer à accepter les changements.
Ces idées ne sont pas neuves, elles formaient déjà une grande partie des conclusions d’un séminaire futuriste international (avec des Américains, Européens, Russes, Japonais, Chinois, Brésiliens...), qui s’était tenu à La Réunion en 1997 en même temps que les préparations pour le lancement du Satellite Spoutnik 40 Ans. Et en 1983, quand je m’étais rendu à la NASA à Washington pour préparer un cahier sciences du “Figaro Magazine” avec Jesco von Puttkamer, cet ancien compagnon de Werner von Braun, admirateur de Teilhard de Chardin mais également inspirateur de la série “Startreck”, il m’avait déjà longuement entretenu de ses inquiétudes et de l’importance de la préparation au changement, c’était son mot clé.

Il ne faut pas agir “contre” ceci ou cela, parce que cela ne contribue qu’à enliser un peu plus les questions, mais on peut agir positivement en allant sur les marges, en contournant les faux et pénibles problèmes qui fascinent et qui coincent ceux qui ne regardent pas plus loin que le bout du nez qu’ils gardent plongé dans le guidon.
Pour en finir avec ce petit mot, si vous voulez que je donne quand même un bout de conseil, je dirai qu’il y a des élections européennes prochainement et je dirai : allez voter ! L’Union européenne n’est pas une institution “nationale-étatique”, et en cela, elle représente peut-être, pour nous et pour le monde, l’une des voies non-violentes de sortie des crises actuelles...

Guy Pignolet,
gardien de volcan,
PhD-AbD de l’Université de Cornell


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