Le courrier des lecteurs du 2 mars 2005

2 mars 2005

(page 10)

Socialistes, chiche pour le non !

Lors du congrès de la fédération du PS en novembre 2000, nous étions nombreux à soutenir la motion Emmanuelli, Montebourg, Mélenchon afin de rénover le Parti socialiste à La Réunion. Sur une ligne claire, cohérente, nous avons gagné.
Entre temps, nos routes se sont séparées. Beaucoup sont restés dans la grande maison et d’autres sont partis. Un peu à l’image des autres DOM-TOM qui ont créé le Parti progressiste martiniquais en Martinique, le PPG en Guadeloupe, le PSR à La Réunion et récemment le PSM à Mayotte. Et ce pour les mêmes raisons : faire entendre autrement les voix socialistes en Outre-mer et refuser tous diktats parisiens.
Aujourd’hui face au prochain référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE), nombreux sont ceux qui ont choisi de soutenir la ligne Hollande : une ligne plus confortable sans doute ou peut être par tactique politicienne... laissant au bord du chemin nombreux de nos camarades en rupture avec une certaine pensée unique ultra-libérale qui fait beaucoup de dégâts dans la France et l’Europe d’en-bas. Ceux-là pour le référendum vont voter avec le Baron Seillières, le MEDEF au risque de renforcer Raffarin, Chirac, Sarkozy au soir du référendum qu’on le veuille ou non.
Certains leaders socialistes pour avoir bonne conscience, vont même trouver une grande différence entre un “oui” de droite et “oui” de gauche... Ben voyons !
Et pour garantir ce résultat, il ne faut surtout pas informer le petit peuple, qu’il en sache le moins possible sur ce traité. Exemple : L’émission "Respublica", sur France Inter, depuis mai 2004, n’a-t-elle pas invité 9 fois le PS (dont 2 représentants favorables au "non") ; 11 fois l’UMP ; 3 fois l’UDF ; 2 fois le PCF ; 3 fois les Verts (tous les représentants étaient favorables au "oui") ; 1 fois le MRC ; 1 fois la LCR. Au total : 24 personnalités favorables au "oui" et 7 favorables au "non".
Autre exemple : où le grand public peut-il trouver ce traité ? aujourd’hui pas beaucoup de réponses... Au collège au lycée, à l’université, pourquoi n’est-il pas présenté aux élèves et aux étudiants ? Tout est fait pour prendre de vitesse les électeurs...
Ces exemples ne témoignent- ils pas d’une parodie de débat démocratique ?
Alors à la question de Jean-Hugues Savigny dans la presse du 26 février "faut-il rester en dehors du débat public relatif à ce traité quand on est socialiste ?" Bien sûr que non, et ce, même si le parti de la rose menace d’exclure les têtes qui dépassent (apparemment c’est une obsession historique chez certains responsables socialistes...).
En votant “non”, exigeons la révision de ce traité sur plusieurs points car il remet en cause : les acquis sociaux en nivellement par le bas, il déréglemente et libéralise les services publics (éducation, santé, transports, électricité, télécommunications...), le code de travail, et surtout il développe un capitalisme outrancier favorisant les marchés boursiers...
Ce “non” au traité, portons le ensemble camarades ! En encourageant Fabius, Mélenchon du PRS (Pour une République sociale) bien sûr, mais aussi les autres forces vives, recherchons une autre voie aujourd’hui et demain, plus en adéquation avec les attentes des citoyens afin de construire une Europe plus sociale plus proche des peuples.

Éric Delorme


Roches-Maigres : une question de "lecture"

Il y a quelques jours, à un bulletin d’information, la radio annonçait que le lycée de Roches-Maigres, à Saint-Louis, enregistrait un taux d’absentéisme de 80%.
C’est catastrophique, me suis-je dit. D’autant que j’avais cru, de prime abord, qu’il s’agissait de l’absentéisme chez les... enseignants.
Non, il s’agissait des élèves, ce qui n’est pas moins catastrophique : 8 lycéens sur 10 qui bâchent avec l’école, tous les jours, c’est un problème. Même un grave problème. D’ordre public, cela va de soi. Ce doit être de bien mauvais élèves (c’est le maillon le plus faible. Et puis, ces jeunes de maintenant...) Ils doivent avoir de bien mauvais parents également (il est de bon ton d’accuser les parents de tout et de rien... oubliant au passage qu’on est soi-même parents, et, en plus, faisant comme si on avait les meilleurs enfants du monde... des anges !).
Et puis, je me suis dit qu’il y avait également les enseignants. De bons enseignants, à n’en pas douter. Probablement même les meilleurs au monde. Mais, si j’étais enseignant et que chaque matin je n’avais que deux élèves sur dix dans ma classe, cela me poserait certainement un sacré problème. Les élèves sont certainement mauvais, leurs parents également, mais moi, suis-je vraiment aussi bon que je crois ?
Un enseignant n’est tout de même pas un repoussoir. Autrement il y aurait de quoi m’interroger sérieusement sur mon cas avant de finir à l’asile : ai-je été bien "orienté", me suis-je, moi-même, bien "orienté" ? Est-ce que je ne devrais pas changer de métier ?....
J’en étais là, lorsque la deuxième information est arrivée... au bulletin d’après ! Les 80% d’absentéisme, c’était le jour de la grève !
Voilà qui change tout. Alors ma fibre syndicaliste a pris le dessus : ils sont bien ces jeunes ; meilleurs même que les adultes. Toutes corporations confondues, y compris dans l’éducation nationale. Car faire une grève à 80% par les temps qui courent, cela n’est pas donné à tout le monde. Certains adultes devraient prendre là de la graine !
... Oui, mais... ,dit le proviseur apportant un complément d’information, "80% d’absentéisme ce jour-là, mais seulement 20% qui ont manifesté !" Voilà un regret bien compréhensif : ce doit être un proviseur qui a, lui aussi, la fibre syndicaliste. Mais, me suis-je dit, il devrait savoir que le mieux est parfois l’ennemi du bien, car ces marmailles ne font pas plus mal que les adultes, après tout ! J’ai souvenir de grève largement suivies - à 40,50%, voire un peu plus - y compris dans l’enseignement ou le public, d’une manière générale, et de manifestations organisées le même jour qui, elles, ne rassemblaient que 10% des grévistes, à peine ; il y avait même plus de monde à la plage que dans la manif !
Alors, il ne faut pas être trop exigeant vis-à-vis de ces jeunes d’autant qu’ils étaient, comme on a l’a officiellement reconnu, "inorganisés", qu’ils ne sont même pas regroupés au sein d’organisations syndicales. Non, il ne faut pas voir la paille dans l’œil du voisin.
Et puis, sont arrivées... à un troisième bulletin, deux autres informations qui ont vraiment tout changé.
La première, c’est que le taux d’absentéisme dans ce lycée est, en vérité, en moyenne de 15% chaque mois... y compris en prenant en compte les mois de juin, juillet et décembre, qui sont des mois vraiment très particuliers durant lesquels les élèves sont souvent victimes de l’absentéisme des autres ou encore de l’organisation, par les adultes, des examens.
La deuxième, émanant du proviseur pour expliquer la situation "spécifique" de son lycée : 25 à 30% des élèves qui arrivent chaque année au lycée y viennent un peu contraints et forcés : mal orientés (par des adultes), ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas trouvé de place ailleurs, toutes les portes se fermant devant eux.... Alors, faute de mieux ils se rabattent sur le lycée de Roches-Maigres. Et du coup, ils sont démotivés, frustrés et même atteints dans leur dignité. Le Lycée de Roches-Maigres, pour eux, c’est le pis aller.
Voilà qui change tout. Et donc la "lecture" des informations entendues à la radio et à la télévision à propos de ce lycée.
15% de taux d’absentéisme, c’est trop. Beaucoup trop.
Mais, avec au départ un handicap aussi important - 25 à 30% d’orientés par défaut, pour ne pas dire de "désorientés", ce qui occasionne une "démotivation" indéniable, surtout pour des jeunes - et, en bout de course, n’avoir que 15% de taux d’absentéisme en moyenne, c’est que les élèves ne sont pas si mauvais que cela, leurs parents non plus, ainsi que les enseignants. Surtout si l’on prend en compte la situation de l’emploi (puisqu’il s’agit d’un lycée professionnel) qui ne dépend nullement de la bonne volonté des uns et des autres. Il faudrait plutôt les encourager et, surtout, mettre à leur disposition des moyens supplémentaires pour leur permettre d’améliorer leurs performances (ce qui ne déplairait pas au proviseur et aux enseignants ni aux élèves et à leurs parents).
Mais surtout pas pleurer la mort... sur le dos de l’autre.
Cela dit, pour "l’info" et la communication, ce n’est pas du moins 15%, ni du moins 80% : c’est nul, un point c’est tout. Mais, après tout, c’est vrai, la "bonne info", ce n’est pas le chien qui mord un passant, mais l’homme qui mord un chien.

Georges-Marie Lépinay


À propos du "trou de la Sécu"

Oui, beaucoup d’entre vous le savent déjà, mais ça ne fait pas de mal de le rappeler...
En 2005, nous allons devoir donner un euro non remboursé de notre poche par acte médical, nous allons être très contrôlés lors de nos arrêts maladies, nous allons devoir consulter un généraliste avant d’aller voir un spécialiste... Nous allons recevoir un état de comptes de ce que nous avons coûté dans l’année passée. Nous devrons assumer les dépassements d’honoraires et les non-remboursements de plus en plus fréquents, subir les restrictions de personnels dans les hôpitaux, tout en payant davantage le forfait journalier, etc., etc.
Toutes ces mesures pour “soi-disant” réduire le trou de la Sécu !!!
Vous avez dit trou de la sécu ?
Voici les chiffres issus du rapport des comptes de la Sécu pour 2003, que médias et gouvernement se gardent bien de diffuser :
7,8 milliards non reversés parle gouvernement à la sécu sur les taxes sur le tabac
3,5 milliard non reversés à la sécu sur les taxes de l’alcool
1,6 milliard non reversés à la sécu des assurances auto pour les accidentés de la route
1,2 milliard non reversés à la sécu de la taxe sur les industries polluantes
2 milliards de TVA non reversés à la sécu
2,1 milliards de retard de paiement à la sécu pour les contrats aidés
1,9 milliard de retard de paiement par les entreprises... etc.
C’est-à-dire : 20,1 milliards d’euros
Le fameux trou de la sécu de 11 milliards d’euros existe-t-il vraiment ?
Qu’est ce qu’on nous fait avaler ?

S.L, médecin


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