Le courrier des lecteurs du 21 février 2005 (suite)

21 février 2005

(Page 9)

La souffrance, le mal, pourquoi ?

Affronter la souffrance, lui donner sens : l’interrogation est de toujours. Comment rebondir face à la souffrance ?
Cet art décliné au quotidien de s’expliquer sur nos malheurs, nous ne pouvons guère le trouver dans les livres encore moins dans les modèles que les médias nous infligent. Les blessures de la vie appellent ses joyeux contraires, des horizons plus joyeux vers lesquels se diriger. Désespérer serait alors rendre vain chacun de nos efforts...
Notre être, qui n’est qu’en société, a ceci de particulier : c’est que je me reçois dans le regard de l’autre. Le mépris, la disqualification, la réduction à l’œuvre dans maints regards, pèse, meurtrit la personnalité, ouvre des blessures secrètes. La fixité même du jugement réduit la richesse du réel, de l’être humain devant lequel on devrait au moins s’étonner, à défaut de s’émerveiller... Le bonheur se confectionnerait-il comme une brioche ? Une pincée de santé, deux cuillères de...?
Les philosophes de l’antiquité se désignaient sous le terme de : "progredientes", ils se comprenaient comme des personnes appelées à sans cesse progresser et ce, dans le quotidien qui y est le terrain pour des exercices permanents. Sans dédaigner le "body building", les Grecs et les Latins nous invitent surtout au "soul building". Car nulle recette, nul mode d’emploi ne peut nous répondre, avec suffisamment de satisfaction.
Distinguer l’être humain des autres créatures a permis à nombre des nôtres de proposer un large éventail de ses caractéristiques... Ainsi Descartes nous propose de comprendre, de singulariser l’Homme par la Parole, Rabelais le rire, Brillat Savarin dans la distillation des fruits pour en faire de la liqueur ; Beaumarchais distingue l’Homme, dans le fait de boire sans soif et de faire l’amour en tous temps, Valéry l’admire dans la compétence à faire un nœud. Être un humain, finalement, c’est s’accueillir avec des droits et des devoirs égaux, partager la même condition, où joies et souffrances ne sont pas toujours absentes...
Le métier d’Homme, l’art de vivre au quotidien exige bien des ressources, une ingéniosité de tous les instants à déployer pour faire de la vie une victoire, pour assumer sa condition. Une personnalité ne trouve précisément sa quintessence que dans la virtuosité qu’elle déploie pour surmonter le mal. Faire de sa vie une œuvre, forger une personnalité digne d’assumer pleinement la totalité de l’existence.
Aucun de nos maux n’a d’excuse. Connaître l’éventuelle utilité de son mal ne soulage guère le malade. Pour élaborer des réponses, ni modèle, ni solution, ni réponse toute faite, ni mode d’emploi ne sont disponibles...
Nous savons par expérience qu’il faut recourir à la joie contre ce qui aigrit, contre ce qui isole, épauler celui qui souffre pour qu’il ne se claquemure pas dans son mal-être. Cette réquisition s’incarne dans le sourire ou dans la poignée de mains que deux compagnons d’infortune partagent pour chasser le désespoir.
Si la joie, le bonheur se partagent aisément, la souffrance répugne, elle fait honte et isole. S’y greffe alors une autre torture, être jugé, incompris, porter seul un poids trop lourd quand plus que jamais une écoute amicale allégerait le tourment.
"Ce qui fait souffrir, nous enseigne". Cioran, dans “L’inconvénient d’être né” (Gallimard 1990), écrit : "La souffrance ouvre les yeux, aide à voir les choses qu’on n’aurait pas perçues autrement. Elle n’est donc utile qu’à la connaissance, et hors de là ne sert qu’à envenimer l’existence".
Henri Bergson écrit lui dans “L’énergie spirituelle” (Alcan 1929) : "La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire, toute grande joie a un accent triomphal...". Le corps siège de la douleur, dispensateur du plaisir, fondement de l’être, le corps constitue une véritable conquête ; l’apprivoiser, l’habiter, voilà encore une tâche impartie à l’apprenti du métier d’Homme...
Paul Valéry, commençait toujours ses conférences par : "Je viens ignorer devant vous...". Les mots restent vains devant la douleur, quand un cœur est privé de l’être cher...
Comment faire l’impasse sur les questions du mal qui sévit, des tourments qui accablent, des peines qui écrasent ? Tenter de chercher une réponse face à ce qui décourage c’est affronter bien souvent deux attitudes qui sont communes aux miennes : cacher leur souffrance ou l’exhiber...

Alex Maillot


L’ambiguïté de la convention médicale

Le sentiment qui vient tout de suite à l’esprit lorsqu’on évoque la mise en place du dispositif "médecin traitant" est celui d’un double langage des pouvoirs publics.
Suite au consensus qui s’était dégagé lors des travaux du Haut Conseil pour l’Assurance Maladie sur la nécessité impérieuse d’une coordination des soins, la loi d’août 2004 créait le médecin traitant, coordonnateur logique des soins du patient, le plus à même d’orienter si nécessaire vers un spécialiste ou une structure hospitalière et en faisait la pierre angulaire de la réforme. L’objectif était donc la promotion de ce parcours coordonné ; la Convention récemment signée respecte-t-elle cet objectif ? Est-elle conforme à l’esprit de la loi ? Ou la contourne-t-elle, en créant par contre une médecine à 2 vitesses, comme l’affirment la Fédération française des médecins généralistes, comme l’affirment toutes les structures de jeunes et de futurs généralistes, les structures de formation et d’enseignement de la médecine générale, et comme l’assurent également toutes les mutuelles et tous les partis politiques qui se sont exprimés sur la question !
Il est pour le moins troublant que tout en installant ce dispositif de "passage par le généraliste", le Ministre de la Santé fasse la promotion de la "totale liberté" et que la Sécurité Sociale attende 7 à 8 millions de changements de médecin traitant ! C’est faire peu de cas de la signature que le médecin traitant apposerait à côté de celle du patient sur le fameux formulaire, c’est enlever toute crédibilité au parcours coordonné.
Peut-être, par ailleurs, que l’attractivité de l’accès libre et du dépassement tarifaire n’incitera pas outre-mesure les médecins spécialistes à privilégier ce parcours coordonné, diminuant d’autant la portée de cette réforme "médecin traitant".
Que le ministre da la santé privilégie l’accès libre chez les spécialistes, c’est son droit ; mais se servir de l’aura du médecin traitant généraliste pour faire entrer la population dans un dispositif où il y aura une médecine pour ceux qui ont les moyens et une médecine pour ceux qui n’en ont pas et où le généraliste ne pourra pas coordonner efficacement, alors qu’il en prend la responsabilité juridique en signant les formulaires, c’est de la mystification.
Les deux grands sondages connus à ce jour (Ifop, Impact) donnent entre 17 et 30% le pourcentage de généralistes favorables aux modalités actuelles de mise en place du médecin traitant. C’est que dans l’ensemble, les médecins ont compris l’ambiguïté de la convention.
Assurément, le ministre de la santé se doit de clarifier ses objectifs.
À moins qu’il veuille commencer une démonstration par l’absurde que notre Sécurité Sociale, solidaire, ne peut décidément être sauvée et que la solution est de la "refiler" aux assurances privées.
Est-ce l’objectif du gouvernement ?
Toujours est-il que la conséquence directe sera, on le constatera très vite, un moindre remboursement ou une augmentation spectaculaire des cotisations aux mutuelles ou... les deux.

Dr Jean Cheung Toi Cheung,
président de MGRéunion


Merci la pluie !

Tous les ans, la pluie nous rappelle que nous n’habitons pas une planète fictive issue de notre imagination, mais une planète bien réelle que l’être humain doit essayer de comprendre et de respecter.
Au lieu de cela, il fait n’importe quoi et accuse ensuite la nature de tous les maux.
Lorsque je parcours les routes des Hauts après la pluie et que je vois les brèches ouvertes par la nature dans les travaux des humains, je ne peux m’empêcher de frémir. Que serait-il advenu si la pluie n’était pas tombée pendant un ou deux ans ? L’être humain aurait construit encore plus de routes et de maisons en travers des cheminements naturels des eaux et la pluie aurait fait encore plus de dégâts.
Merci la pluie de nous rappeler que la Terre est vivante et qu’il faut la respecter.
Merci de nous alerter chaque année, grâce aux inondations et aux routes éventrées, que nos ouvrages humains sont mal placés, mal construits.
Merci de donner cette leçon d’humilité à des personnes qui, décidément, ont la tête bien dure.

S. A.


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