Le courrier des lecteurs du 21 octobre 2005

21 octobre 2005

La nuit du Destin

Le mois du Ramadan, nous le savons, est un des grands moments de la vie spirituelle de nos sœurs et frères musulman(e)s, d’ici et d’ailleurs. Mois de prière, de jeûne et de l’aumône ; mois du renouveau de la ferveur et de la fidélité à Dieu ; mois de grande solidarité envers les nécessiteux.
Dans les 10 derniers jours de ce mois (le 27ème) se situe la “Nuit du destin”. Nuit de haute spiritualité, "meilleure que mille mois", dit le Coran. Nuit où Dieu se révèle : "Oui, nous l’avons fait descendre durant la nuit du Destin (ou Décret). Qu’est-ce qui te fera connaître ce qu’est la Nuit du Destin ?" (Sourate 97).
Nos frères musulmans lisent dans ce texte une allusion à la descente de la Révélation, à la descente du Coran. La suite du texte évoque pour les chrétiens la nuit de Noël : "Les anges et l’Esprit (qui) descendent cette nuit... Elle est Paix et Salut jusqu’au lever de l’aurore". (S 97).
D’où l’attention renouvelée qui est portée au Coran, par nos frères musulmans, durant ce mois de prière, de jeûne et de solidarité. Ce texte qui vient de loin, comme la Bible, est pour eux source de vie. Ils sont comme invités à conformer leur vie à la volonté de Dieu. C’est la nuit de la manifestation de la Parole céleste. La lecture qui est faite en ces jours bénis est donc une lecture visant l’édification et la conversion personnelles, donc toute spirituelle. Notons que le même type de lecture est à l’œuvre chez les chrétiens lors d’une célébration liturgique ou d’une retraite spirituelle.
Mais cette lecture du Coran peut-elle faire l’économie d’une lecture critique, selon les méthodes - historique, littéraire... -, voies incontournables des sciences humaines et sociales ? De toute évidence, elle éviterait à la lecture “spirituelle” de tomber dans le subjectif, donc dans l’arbitraire. Elle éviterait surtout une lecture fondamentaliste, laquelle - on le sait - exploite l’un ou l’autre verset, au détriment d’autres plus fondamentaux, et souvent... pour justifier l’injustifiable...!
Une lecture historico-critique ou linguistique est-elle possible, lorsqu’on tient le Coran pour la Parole “incréée” de Dieu, au sens de “pure Parole de Dieu” ? Cette conception de la Révélation divine, entendue comme une sorte de dictée en direct, par la médiation de l’ange Gabriel, ne rend-elle pas toute analyse critique inconcevable ?

Au début de l’Islam, l’effort personnel d’interprétation était légitime. De grands débats ont eu lieu autour de la question du Coran : incréé ? ou créé ? L’analyse littéraire avait cours. Et pour résoudre certaines “contradictions” du Coran, on avait recourt à la théorie dite de l’“abrogeant/abrogé” dans la ligne de la sourate 2, 106 : "Dès que nous abrogeons un verset ou dès que nous le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable". En outre, pour bien interpréter tel ou tel verset, on avait recourt à l’enseignement oral du Prophète. La lecture du Coran était donc ouverte. Puis, au cours des siècles, une lecture de plus en plus précise et de moins en moins ouverte s’est imposée.
Le statut symbolique dont bénéficie la science en Islam - "cherchez la science jusqu’en Chine", aurait dit le Prophète - permet d’espérer l’ouverture de la porte de l’interprétation (l’ijtihad). Des intellectuels musulmans, en l’absence de magistère dans la "Communauté" musulmane, prennent légitimement le droit de revisiter le Coran, à la lumière des sciences sociales... La question posée par le Coran au sujet de la Nuit du Destin invite, nous semble-t-il, à une telle recherche. Ces approches nouvelles du Coran ne peuvent qu’enrichir la lecture spirituelle des croyants. L’Église catholique a mis des siècles pour autoriser une lecture critique de la Bible et, aujourd’hui, elle se réjouit de l’enrichissement que cela apporte à la pensée chrétienne et au ressourcement de la vie chrétienne.

Reynolds Michel


Piknik pou Sov’ la Tèr

Dalons, Dalones,
Le dimanche 30 octobre 2005, nous vous invitons à soutenir les jeunes agriculteurs Nicolas Adécalom, Cédric et Alexandre Barret, en piknikan à l’Étang-Salé les Hauts.
En effet, le golf de l’Étang-Salé envisage de s’étendre sur 59 hectares de la forêt et terrains agricoles afin d’aménager un parcours de 18 trous qui compléterait le site de loisir actuel.
Dans le cadre d’une enquête publique, le service d’urbanisme de la Mairie de l’Étang-Salé a jusqu’au 31 décembre 2005 pour décider. Vous pouvez prendre connaissance du projet à la Mairie de l’Étang-Salé et apporter vos remarques.
Par le biais de ce blog, vous pouvez également apporter votre soutien et votre solidarité à ces jeunes agriculteurs. Nous voulons également que cette affaire soit portée au niveau international, en choisissant les nouvelles technologies de l’information. Avec votre mobilisation, vous pouvez vous opposer à ce projet d’envergure qui détruira une grande partie de ce qui reste de la forêt de l’Étang-Salé les Hauts.
Par cette manifestation, le dimanche 30 octobre, nous voulons également montrer la force de mobilisation des Réunionnais face à une histoire qui se répète encore 25 ans après pour une nouvelle génération.
Aujourd’hui, nous pouvons communiquer et manifester librement en montrant les inégalités dans notre pays. Ce terrain de golf profitera encore une fois à une élite vivant à La Réunion.
Par ce projet, on voit très bien que les collectivités peuvent disposer librement de 59 hectares et les donner à des gros zozos et leurs congénères alors qu’on manque crucialement de terrains pour les logements sociaux et pour le Réunionnais lambda, et qu’en même temps, le prix du foncier n’arrête pas de flamber. Il y a de moins en moins de Réunionnais qui peuvent acheter des terrains dans leur île, ce qui les pousse à immigrer par le biais de la mobilité.

Alors que des jeunes agriculteurs sont toujours motivés pour travailler la terre, on veut prendre leur terre et les rendre assistés.
Alors, venez nombreux le dimanche 30 octobre 2005 pour un piknik pou sov’ la ter, sur le terrain de pâturage de Nicolas Adécalom à partir de 10 heures à l’Étang-Salé les Hauts, à côté du terrain de golf.

Musiciens et chanteurs : amenez vos roulèr, kayam et autres instruments de musiques pour soutenir ces jeunes agriculteurs ! Amis et anonymes, votre présence sera nécessaire !
Vous pouvez d’ores et déjà apporter votre soutien en écrivant un message sur le blog même si vous n’habitez pas l’Étang-Salé et montrer que, même si vous vivez dans une autre commune de La Réunion ou à l’étranger, vous êtes contre ce projet.
Dites non à l’extension du terrain de golf.
Et n’oubliez pas de signer la pétition dans le blog http://colektif.blogspirit.com

Le collectif de soutien


Adécalom !

L’histoire ne se répète pas, elle se perpétue et nous permet parfois de progresser.
En 1979, le désir des frères Adécalom était légitime, celui de gens pacifiques voulant vivre librement du fruit de leur travail, de ce qu’il reste de la forêt sèche du littoral Ouest... L’espace libre dans notre île se raréfie, que ce soit dans les domaines tangibles de la terre ou celui de la culture dite ordonnée, aseptisée, saucissonnée et parfois ligotée.
Si bien-sûr, il faut organiser le territoire, l’extension du golf est une plus-value touristique non négligeable. L’existence même d’un héritier Adécalom est aussi de salubrité publique et il ne doit pas être considéré comme un folklore par les fonctionnaires ou grandes sociétés capitalistes de service qui coupent, tranchent en oubliant que l’Homme existe encore.
Sur cette opération, nous disons “oui” à ceux qui organisent la résistance et viendront si nécessaire exprimer avec eux (en espérant que les horribles embouteillages soient eux aussi un jour pulvérisé) le maloya d’amour et de liberté en ce dimanche 30 octobre de la Sainte Bienvenue.

Christian Vittori


Évolutions électorales possibles et charcutages idem

Chacun le sait, le gouvernement est maître du calendrier électoral. C’est ainsi que l’une des ordonnances du docteur “Devillepin” présentement Premier ministre, consiste à expédier aux calendes (enfin presque), les élections locales cantonales et municipales (report à mars 2008). En ce qui concerne la haute assemblée, c’est pire encore puisque les sages de la République devront attendre septembre 2008 pour leur renouvellement par tiers.
En fait, pour toute la classe politique, à droite et à gauche, seul compte vraiment le scrutin présidentiel de mai 2007.
Au fait, n’est-ce pas “tonton” qui en 1986, pour sauver les meubles, avait introduit la proportionnelle dans le scrutin législatif ce qui fit entrer plus de 25 députés du Front national au Palais Bourbon.
Ceci porta ses fruits. En 1988, lors de l’affrontement du (Dieu) de l’époque et de l’actuel, la stratégie paya puisque au second tour de la présidentielle, un million de voix du Front national basculèrent sur feu l’ancien président.
Voilà ce qui est de la “tragi-politique” (et même politicienne, je l’avoue bien volontiers).
Pour la suite de mon propos, il nous faut admettre que nous n’avons pas assez de députés. À raison de 1 pour 100.000 habitants et de plus avec 425.000 électeurs, il nous en manque 2.
Un pour le Sud profond et l’autre pour le Nord.
Pour ce découpage électoral possible, le gouvernement est encore “compétent”.
Pour le Nord, pourquoi pas une circonscription taillée sur mesure pour l’actuel président du syndicat des maires ?
Dans le Sud, se conformer au bon vouloir de TAK, comme d’habitude.

Cassandre


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