Le courrier des lecteurs du 21 septembre 2005 (suite)

21 septembre 2005

Lettre ouverte à Monsieur Baroin, ministre de l’Outre-mer

Monsieur le ministre,
En réaction à votre déclaration du vendredi 16 septembre 2005 concernant le “droit du sol”, j’aimerais, très humblement, vous faire part de mon sentiment personnel et vous rappeler, Monsieur le ministre, un point particulièrement important de l’histoire de France.
Cette déclaration, Monsieur le ministre, n’est pas qu’une “véritable bombe” lancée par une autorité qui affirme qu’il "faudrait envisager de remettre en cause le principe que toute personne née sur le territoire français puisse bénéficier de la nationalité française" ; elle est aussi et surtout, Monsieur le ministre un sordide postulat de votre part : un ministre de la République française ne doit pas ignorer une telle partie de l’histoire de France, et surtout, celle concernant ses périodes les plus douloureuses.
Ici, votre propos, Monsieur le ministre, laisse malheureusement penser que vous faites partie de ces hommes ayant une mémoire sélective qui voudraient amener les autres à oublier que des combattants venus d’Afrique, qu’ils soient noirs ou blancs, ont contribué, pour une bonne part, à sauver la France de l’asservissement. On peut le déplorer ! Même dans l’hypothèse où vous vous interrogez sur une telle question, Monsieur le ministre, vous commettez, me semble-t-il, une faute extrêmement grave pour le “haut responsable politique que vous êtes”. Pire ! C’est aussi une atteinte insupportable à l’honneur des combattants africains, mais aussi Français, morts pour la France.
Pour ma part, au-delà du respect que je dois à votre personne et à votre fonction, Monsieur le ministre, permettez-moi de vous contester le droit d’occulter cette partie de l’histoire : au moins 40.000 ressortissants africains sont tombés au nom d’une certaine idée de la France et de la “Mère Patrie”.
Le Général De Gaulle se retournerait dans sa tombe sur votre idée fanée et, de son temps, Monsieur le ministre, votre démission du gouvernement, n’aurait pas été exclue !
Ce qui, à mon tour, m’amène à m’interroger sur votre titre de ministre de l’Outre-mer et sur les honneurs qui lui sont conférés.
Votre déclaration entraînerait-elle des conséquences politiques ? La présidentielle de 2007 nous le dira car, Monsieur le ministre, auriez-vous voulu jouer dans la cour du “Front national” que vous ne vous y seriez pas pris autrement !
Les anciens combattants et les nouvelles générations africaines et françaises apprécieront, même si comme cela a été dit, "la France ne pourra pas accueillir toute la misère du Monde" !
Aujourd’hui, votre cible, Monsieur le ministre est : Mayotte... Et demain ?

Samuel Mouen,
immigré à La Réunion


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