Le courrier des lecteurs du 22 avril 2005

22 avril 2005

(page 10)

À bas l’exploitation ! À bas l’exploitation !

123 ans après la fin officielle de l’engagisme (11 novembre 1882) et 155 ans après l’abolition de l’esclavage (20 décembre 1848), La Réunion va-t-elle revoir sur son sol un autre type d’exploitation avec l’arrivée prochaine d’environ 150 ouvriers d’origine thaïlandaise recrutés pour une durée de 7 mois par l’entreprise Ansaldo pour la construction de la deuxième turbine de l’usine du Gol ? Il semblerait que les salaires avoisineraient en moyenne 300 à 500 euros par mois.
Tout d’abord, cette information révoltante amène de notre syndicat plusieurs observations :

La CGTR n’acceptera pas que l’esclavage ou l’engagisme soient restaurés à La Réunion sous une forme ou une autre.
La CGTR demande à accéder à toutes les informations nécessaires pour lui permettre de réagir à bon escient sur ce dossier.
La CGTR demande que sur tous les chantiers, il soit tenu compte de la situation de l’emploi dans l’île, et que toutes les embauches se fassent après avoir réellement vérifier qu’il n’y avait pas de compétences localement ou pas de possibilité de former.
La CGTR demande qu’à chaque ouvrier hautement qualifié, dans un domaine où il a été réellement impossible de trouver de la main-d’œuvre localement, il soit associé un ouvrier réunionnais pour que le transfert de compétences puisse se faire.
La CGTR dénonce tous ceux qui veulent développer un sentiment de racisme envers les travailleurs étrangers en laissant publiquement entendre qu’il faut refuser de fournir des logements aux travailleurs thaïlandais.
La CGTR n’acceptera aucune brimade envers des salariés, fussent-ils étrangers. Elle n’hésitera pas à dénoncer les apprentis chasseurs et coupeurs de pied des “Kunta Kinté” et à combattre les “Misié Reynolds” étrangers ou réunionnais.

Le secrétaire général de l’URE CGTR,
Jean-Yves Payet


Pas de xénophobie mais nécessaire formation des ouvriers réunionnais dans un pays lourdement touché par le chômage

Le communiqué de la Mairie du Port concernant les 4 ouvriers portugais hautement spécialisés, explique bien la démarche légale de l’Appel d’offres concernant ces travaux.
Leur situation n’a rien à voir avec ce qui semble se faire avec l’entreprise italienne qui a obtenu le marché concernant des travaux à l’usine du Gol. Ces 4 spécialistes portugais reçoivent un salaire mensuel de 3.000 euros.
Les ouvriers spécialisés devant travailler à l’usine du Gol seraient payés 200 euros par mois ! - d’après les informations d’un quotidien local, informations qui n’ont pas été contestées jusqu’à maintenant. Cela est inadmissible.
Par ailleurs, en dehors de certains ouvriers spécialisés, il semblerait également que des soudeurs non spécialisés y seraient embauchés. La question se pose : n’y a-t-il pas de soudeurs à La Réunion ? Ce qui ferait apparaître un déficit dans la formation professionnelle à La Réunion...
Il est vrai que l’orientation des lycées et écoles professionnels est peut-être à revoir avec la haute technicité de plus en plus exigée dans le bâtiment comme dans d’autres branches...
Il est difficile certainement à La Réunion, dont le territoire est exigu - de former des ouvriers hautement qualifiés, en leur assurant la pérennité de l’emploi. Mais dans certaines circonstances, il faut favoriser l’emploi de jeunes réunionnais. Ce qu’a fait, semble-t-il, la Région, pour certains travaux sur la Route des Tamarins, ce qui n’empêchera certainement pas la venue de spécialistes de France ou de l’étranger, dans la construction d’ouvrages d’art, comme les ponts au-dessus des ravines. Question de sécurité.
Je ne suis pas spécialiste, mais je tenais à donner mon opinion, face à la mauvaise foi de certains. La situation des 4 ouvriers spécialisés employés par la société de construction qui réalise l’aménagement de la ville du Port ne peut être comparée à celle d’ouvriers thaïlandais spécialisés, qu’une entreprise veut faire venir à La Réunion et travailler dans des conditions rappelant l’engagisme de milliers de nos ancêtres indiens.

L.M.V. La Possession

PS - Je regrette que Benoît Ferrand n’ait pas cité les salaires comparés. Un oubli ?


Mis en examen, M. Daul conduira une délégation du P.E. à La Réunion

Pour défendre la filière canne face aux menaces de la réforme de l’OCM-Sucre, professionnels et élus ont invité à La Réunion la Commission agricole du Parlement européen. Au cours d’une conférence de presse, le président de la CGPER, Monsieur Jean-Yves Minatchy, a annoncé l’arrivée début mai d’une délégation conduite par son président, Monsieur Joseph Daul, député français de l’UMP.
Le journal “Le Monde” du 7 avril écrit que l’enquête sur les financements clandestins de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) pourrait s’achever devant la Cour de justice de la République (CJR). Cette enquête a été ouverte en février 2000, à propos de détournements de subventions agricoles dont aurait bénéficié le syndicat agricole.
“Le Monde” écrit que 3 anciens ministres (Philippe Vasseur, Jean Glavany et Jean Arthuis) seraient poursuivis. Plusieurs dirigeants syndicaux, dont Luc Guyau, président de la FNSEA de 1992 à 2001 et Joseph Daul, président de la Confédération nationale de l’élevage (CNE) ont été mis en examen pour "complicité et recel d’abus de biens sociaux".
Une somme de 16 millions d’euros (105 millions de francs) aurait été détournée, "dont 2,9 millions auraient servi à acquitter, de 1991 à 1999, les cotisations d’associations affiliées au syndicat, et 1,5 million au paiement des salaires de ses permanents, via des subventions versées par Unigrains à la CNE sous couvert d’études sur le secteur de l’élevage".
Ce n’est pas en tant que député mais bien en tant que responsable syndical que M. Daul est impliqué dans ce dossier. Mais au final, c’est une personne mise en examen et bénéficiant de la présomption d’innocence qui sera à la tête de la délégation de députés européens qui séjournera chez nous.

Jean-Paul Hamel,
Saint-Paul


L’île de l’Innovation

... Et le film de Jacques Malaterre s’acheva dans une apothéose de gloire sur l’aube de la civilisation, avec l’invention de l’agriculture. Dix mille ans plus tard, avec tout notre environnement technologique, nous sommes les fruits de cette innovation majeure.
Interrogation à 10 euros, quelqu’un a-t-il posé à ce cher Homo Sapiens la question critique : "mais avez-vous le financement pour réaliser cette civilisation avancée dont vous rêvez ?". Sur le parvis de la salle multimédia de Sainte-Rose, cette réflexion ne semble pas toucher la petite fille de Jacques Malaterre, toute souriante avec son minois joli de petite demoiselle de huit mois, elle qui, moins de deux ans plus tôt, est partie d’une toute petite cellule vivante, unique, et qui vient de faire en accéléré le parcours de trois milliards d’années d’évolution de la vie jusqu’à ce sourire partagé prélude à mille autres sourires.
Repartir de presque zéro, et reprendre un long parcours à une vitesse grand V, dans un environnement préparé, informant et bienveillant, cela semble être l’un des schémas préférés des jeux qui se déroulent dans notre coin de la galaxie.
Alors voici l’idée issue d’une petite conversation à bâtons rompus en attendant la fin du film et la rencontre avec les jeunes élèves des écoles de Sainte-Rose :
On prend des équipes, disons pour chaque équipe quatre hommes et quatre femmes, pratiquement tout nus, les mains dans les poches comme on les voit à la fin du film “Homo Sapiens”, et on les met sur un territoire plus ou moins vierge, avec pour objectif de réaliser un éclairage électrique dans un minimum de temps, en partant des moyens du bord, ceux dont Cro-Magnon pouvait disposer, à la différence près que nos amis sont sous le regard des caméras de télévision, et qu’ils disposent de toute la mémoire accumulée par l’humanité, qu’ils sont en liaison avec des scientifiques et des experts du monde entier pour parcourir les chemins critiques qui leur permettront de fabriquer des matériaux élaborés et des outils appropriés à fabriquer des outils encore plus appropriés, jusqu’à ce que jaillisse la lumière électrique qui signalera les vainqueurs... En quelques mois, en quelques semaines, ils devraient être capables de refaire le parcours de dix mille ans de développement de la civilisation. N’est-ce pas là un beau sujet pour une télé-réalité d’un nouveau genre ?
Interrogation gratuite : est-il vraiment nécessaire, dans le monde de 2005, d’avoir a priori des financements, pour avancer et développer des structures économiques innovantes ?

Guy Pignolet,
gardien de Volcan,
président de Science Sainte-Rose

Texte rédigé dans le Grand-Brûlé, au pied des sculptures de Jacques Maillot, le mardi 19 avril 2005.


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