Le courrier des lecteurs du 23 novembre 2004

23 novembre 2004

(Page 10)

Téléthon : non au détournement

Les relations entre une métropole et ses colonies étaient régies par le pacte colonial, dont un élément essentiel fait obligation aux secondes de commercer exclusivement avec la première. Ceci afin d’orienter vers la métropole tous les financiers et d’y rapatrier tous les fonds disponibles.

L’élévation au rang de département de l’ancienne colonie qu’a été La Réunion n’a pas rompu le pacte colonial. L’île commerce toujours exclusivement avec la métropole (59% des importations, 65% des exportations). Le système bancaire et financier reste dominé par les banques françaises. L’épargne se fait au profit de la Poste et de la CNE (caisse nationale d’épargne).
Les grosses entreprises du BTP sont des succursales de société métropolitaines. Ce sont des sociétés métropolitaines qui se partagent les gros marchés du ramassage des ordures, du traitement des déchets ou encore de la gestion de l’eau.

En un mot, le maximum de l’argent en circulation à La Réunion, provenant généralement des transferts venant de Métropole, y retourne massivement.
L’ex-puissance coloniale ramasse tout et ne laisse que des miettes. Les recettes des jeux (Loto, PMU...) sont redistribuées majoritairement en Métropole, La Réunion se contentant de recevoir les maigres gains d’une minorité de parieurs.
Par le biais des jeux, l’argent des plus défavorisés, du RMI, des CES - c’est dans ce public que se recrute la majorité des parieurs - retourne vers l’ancienne “mère-patrie”.
Avec le Téléthon, c’est l’argent de la générosité réunionnaise qui est capté.
L’essentiel des dons récoltés à La Réunion est adressé au plan national : quelques miettes restent dans l’île. Au cours de l’année qui s’achève, des équipes médicales réunionnaises ont financé l’achat de deux appareils destinés à des maladies génétiques en...faisant appel à la générosité publique. Un comble après tout ce qui a été ramassé pour le Téléthon 2003 !

Sans doute, il n’est plus possible de le faire cette année, mais au cas où La Réunion devrait de nouveau participer au Téléthon, des préalables sont nécessaires :
1) Faire un bilan global et aussi transparent que possible sur les fonds récoltés au cours des différents Téléthons organisés à La Réunion : Où est passé l’argent ? À quoi a-t-il servi ?
2) Orienter l’utilisation des fonds récoltés vers des actions locales ou régionales. Ce qui est récolté à La Réunion n’est qu’une goutte d’eau dans la totalité des dons ramassés. Mais, par contre, cette somme, utilisée à améliorer certains services médicaux à La Réunion ou contribuant à la lutte contre de grandes pandémies en Afrique du Sud ou à Madagascar, serait d’une efficacité beaucoup plus grande. Ce serait là faire effectivement acte de générosité. Sinon, nous aurons le triste sentiment de participer à une mise en spectacle de la générosité, une mise en scène du chic humanitaire.
(Titres et intertitres sont de “Témoignages”)

Jean-Emmanuel Payet
Responsable d’une association de solidarité


Le bœuf brésilien, arme fatale

Après le blé américain, c’est le bœuf brésilien qui va coloniser le monde, car cet immense pays pauvre est capable, en détruisant des millions d’hectares de forêts, de produire de la viande 3 fois moins chère que (celle que vend NDLR) le paysan breton.
C’est la mort annoncée de l’agriculture européenne, mais c’est surtout l’accélération de la destruction de la nature, de la biodiversité, du biotope de l’espèce humaine. À terme, c’est obligatoirement, qu’on le veuille ou non, la fin de beaucoup d’espèces animales ou végétales ; c’est surtout la fin annoncée de l’espèce humaine, fleuron fragile des espèces vivantes de la planète.

Quand comprendrons-nous qu’il est plus important de défendre la vie que la santé des mécanismes financiers de la mondialisation ?

François Maugis
[email protected]

P.S. : Morphologiquement, l’homme est un animal fructivore, donc plutôt végétarien. Il est donc paradoxal et pour tout dire scandaleux de produire tant de viande. Les prétextes ne manquent pas : "Il faut bien nourrir les pauvres enfants brésiliens." Les réalités et les vérités sont toutes autres :
1- Pour nourrir la même quantité d’humains, il faut 10 fois plus de terre en production de viande qu’en production de fruits et légumes.
2- Au Brésil, comme partout ailleurs, le développement économique continue de creuser le gouffre entre riches et pauvres.
3- Le but de ces exportations massives de viande n’est pas l’épanouissement et la prospérité du peuple brésilien mais l’augmentation de la puissance de quelques groupes financiers.
4- Sans doute pour mieux exploiter la masse des pauvres et profiter d’une main d’œuvre bon marché, aucun effort n’est fait par le gouvernement brésilien pour promouvoir la contraception et limiter les naissances dans les milieux défavorisés, comme cela se pratique en Chine depuis longtemps déjà.


Quelle époque !

Il y a vraiment de quoi s’esclaffer si l’on veut se référer au microcosme local. D’ailleurs, ledit microcosme sévit aussi, non seulement dans notre beau péi, mais il “saute la mer” (...) pour séduire nos excellences parisiennes.
Ce qui est du ressort du comique aussi, ce sont les études des études etc. etc. concernant nos grands chantiers. D’ailleurs, ce n’est pas de la faute, par exemple, du maître d’ouvrage de la route des Tamarins, si le chantier a pris du retard - le recours de Bouygues n’a pas, heureusement, été suivi d’un appel par la collectivité concernée -, c’est vrai sur ce chantier et tant d’autres.

Et vlan dans le magot : le Conseil général, sans beaucoup de concertation, décrète que les Brasseries de Bourbon vont s’installer au Port dans l’enceinte de la SCPR - du coup, le concasseur risque de ne concasser plus rien, “zèf”.

Aux dernières nouvelles, TAK ne se serait pas encore manifesté, mais il est a craindre que le mandarin sudiste place ladite installation à la Plaine-des-Sables - sic. Il pourrait proposer, plus sérieusement, la Plaine-des-Cafres, c’est-à-dire en-dessous.
Lui, il a du foncier, alors que ce pauvre maire de Sainte-Marie et président de l’Association des maires fait titrer, je cite : "je n’ai pas 1 mètre carré de foncier disponible". D’où la présence de M. Lagourgue aux côtés de “Super Dindar” qui présentait manu militari le projet portois.

Dans un autre registre, le plan de cohésion départemental a été présenté comme si il n’y avait pas d’alternative et de manière péremptoire. Où va-t-on trouver les 15 millions d’euros qu’on compte injecter à ce bébé sur plusieurs années ?
Soi-disant, on va financer par la fiscalité sur l’alcool. Croit-on vraiment que la fiscalité empêche les pauvres hères qui s’adonnent à l’alcool de boire ? Sans compter la puissance des lobbies, ici et à Paris et Bruxelles, des “bouilleurs de cru”.
Est-ce que le plus que doublement du prix du tabac empêche les gros et aussi les plus jeunes de fumer ? Qui respecte la non-distribution d’alcool pour les mineurs et idem pour le tabac ? Personne. (...)
Venons-en à deux de nos comiques locaux. Le premier, dont l’empire est sudiste, s’est carrément prononcé pour la CGPME aux élections consulaires, achevant de mettre le “souk” dans ce qui est déjà un cirque le plus total.
Du coup, le MEDEF à décrété qu’il préfère perdre les élections que son âme - je cite - et surtout cela n’était que cinéma, recours sur recours et à l’arrivée une “chambre consulaire introuvable”. Il est possible que le ticket gagnant aura une majorité non pas absolue mais relative. Donc on n’a pas fini de rigoler.
Et pourtant des centaines de millions dépensés sont en jeu et si comme certains ressortissants importants de la CCIR l’envisagent, une privatisation partielle de Gillot est possible (...). Le pire serait que la CCIR finisse comme aux Antilles, avec une approche d’ADP (Aéroport de Paris), c’est-à-dire avec des ports et aéroports autonomes.

On ne peut pas terminer sans évoquer notre dramaturge de l’Est. Lui aussi, par le biais de fifils placé à la CIREST, fait pitié pour l’Est. Mais au fait, qui a cofinancé le “Colosse” ? Après des élections régionales “homériques” où il a envoyé le sieur Bénard aux pâquerettes, il a aussi sévi dans nos sénatoriales locales, trucidant Poudroux avec TAK, mais empêchant ce dernier d’être sénateur pour 17 voix !
Au fait et compte tenu des multiples casseroles des uns et des autres, mais Vira est vraiment servi, que se passerait-il si la bidép, ce serpent de mer, ressuscitait, avec pourquoi pas (hypothèse de ma part) l’appui de Paris ?
Hélas, je crains que dans un tel contexte, notre sbire de l’Est ne soit mis en demeure de la boucler !
Inch Allah

Cassandre


Créol’s Folies si ni souvien

Lavé enn foi in bann zélèves collèges, lycées bénédictins, touchés par les Muses de la Poésie, la Musique, la Danse, le Théâtre, l’harmonie de notes, de textes inspirés, l’interprétation magique de grands auteurs créoles comme Jean Albany (la fête du Pongol : en marche), Carpanin Marimoutou (20 décembre : en maloya), Daniel Honoré (O celibélintien : en prière complainte), compositions des filles de Philippe et de Créol’s Folies, avec Alain Lorraine (samedi soir), Gilbert Aubry en ouverture et en final (Oté Créoles pas besoin la peur, Jardin sur la mer) et tant d’autres écrivains français et étrangers.

Avec comme anges gardiens meneurs de jeux :

- “L’Union pour la défense de l’Identité réunionnaise” et ses fondkésers : Jean-François Sam-Long, Roger Lavergne, Annick Mondon, Claire et Emmeline Karm, Jeanne Brézé, Madeleine Sitalaprésad, Annie Darencourt.

- Les musiciens : François Saint-Alme, Joëlle Barral, pour la romance et le séga, Bernadette Ladauge et le groupe folklorique de Bourbon pour la danse et les costumes, Julien Philéas, sa femme et ses marmays pour le maloya et les rythmes africains, Jean Paul Payet et sa fille Nathalie pour les Madison, twist, Letkiss et le prêt de sa maison créole de Rivière du Mât.

- Défunt François Coupou (enseignant comédien), le p’tit Payet, Loricourt (enseignant), Paul Robert du Centre réunionnais d’action culturelle avec Michel Letellier pour le théâtre.

- Les inconditionnels et indispensables Monsieur et Madame David Moreau, la Maison des jeunes et de la culture de Saint-Benoît pour l’accueil souriant, les lieux de spectacles gratuits.

- Et coiffant tout cela avec la simplicité des grands, sa droiture, son honneur, sa ferveur : Monsieur Robert Mazzochin notre proviseur.

Les scènes furent nombreuses lors des fêtes de Saint-Benoît, Sainte-Anne, Bras-Panon, Saint-Denis... les invités : parents et artistes sympathisants toujours présents.

Notre premier 20 décembre mémorable en spectacle avec la troupe Lélé, l’autobus bringuebalant vers Sainte-Anne dans somin maronèr (par les routes buissonnières) avec pour scène une plaque de béton sans lumière ni sonorisation mais avec un feu de camp, le plus jeune musicien, à l’époque, Willy Philéas (1980) tout menu, enfourchant allégrement un roulèr énorme pour lui et la mélopée lancinante, délirante, chaloupée à souhait de Gramoun Lélé :

“Nia sat sous manzer la tête canard” (ter, ter, ter, ter, ter...)
santé, batté les mains, roulé maloya oté.

Oui eh ben tout ça là pou dit zot tout merci. Aster Lélé lé en l’air, li voyaze, li plane su tout son bann zenfants (frères de sang et d’esprit), son bann dalon : dann la vie y trace nout somin. Accoute a li : li souffle dann nout troud zoreille : "Moi lé là, allé a zot, tienbo lansor" : avec les créations et voix de Bernadette Philippe, Patricia Philippe, Alfred Payet, Urbain Philéas, Willy Philéas et leurs frères, leurs familles avec tous les jeunes de Créol’s Folies : Denise, Edmond le Sinois, Geneviève, Karl, Jacky, Brigitte, Charlette, Jean-René, Mireille, Jean-Marie, Cosette et son frère, Pâquerette, David (sicoc en do) au ciel si tôt, Isabelle (tit marie met son moulir), Ahmed (la loune).

Honne’r à zot tout
Ceux qui vous aiment :

Emmeline et Gérard Payet-Coupama


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