Le courrier des lecteurs du 23 septembre 2005

23 septembre 2005

Malgré la “détérioration forte et croissante” de sa balance commerciale

La Réunion connaît depuis 45 ans une croissance économique 2 fois plus forte que celle de la Métropole

J’ai montré, dans mon précédent courrier sur le commerce extérieur de La Réunion (“Témoignages” du 1er septembre) que le déficit de notre balance commerciale est dû aux transferts publics venus de l’extérieur (Métropole et Europe). Le raisonnement est simple. Si un pays exporte pour 100 millions d’euros de marchandises, ses recettes d’exportations lui permettent d’importer pour 100 millions d’euros de marchandises étrangères. 100 millions et pas plus. Si ce pays en revanche reçoit de l’étranger non seulement 100 millions d’euros en paiement des marchandises qu’il a exportées, mais en plus 50 millions de transferts publics, le montant total de ses recettes s’élèvera à 100+50 = 150 millions d’euros, et il pourra dès lors importer pour 150 millions d’euros de marchandes étrangères.
Sa balance commerciale sera certes déficitaire (de 50 millions), mais sa balance des paiements sera équilibrée : 150 millions de recettes d’un côté (100 millions d’exportations + 50 millions de transferts) ; 150 millions de dépenses de l’autre (importations). Le compte est bon.

L’exemple du salarié

Une comparaison peut nous aider à mieux comprendre le mécanisme. Supposons un salarié dont le salaire mensuel s’élève à 1.500 euros. S’il ne dispose pas d’autres ressources, il est évident qu’il ne pourra jamais dépenser plus de 1.500 euros chez ses fournisseurs. En revanche s’il hérite d’une petite case et qu’il peut la louer 500 euros, il disposera chaque mois de 2.000 euros (1.500 de salaire + 500 de loyer) et pourra désormais se permettre de dépenser 2.000 euros chez les commerçants.
Si l’on compare ses dépenses (2.000 euros) à son seul salaire (1.500 euros), on pensera qu’il est en déficit. Mais si l’on sait qu’il dispose d’un revenu supplémentaire (500 euros de loyer) on se rassurera sur son sort.
Mon raisonnement n’a semble-t-il pas convaincu le nouvel économiste de “Témoignages” (1), dont je ne mets pas en cause les compétences, soit dit en passant. Il écrit, dans la rubrique du 15 septembre : "La situation du commerce extérieur à La Réunion évolue de façon inquiétante sur le long terme. En effet si l’on s’attache au déficit de la balance commerciale, on constate qu’il présente une détérioration forte et constante. Cette conjoncture est particulièrement préoccupante pour des raisons économiques."
Il n’en est rien. La balance commerciale de La Réunion est déficitaire depuis 55 ans. Et le déficit augmente d’année en année, tout simplement parce que les transferts publics augmentent eux aussi d’année en année. Au bout de 55 ans, si notre déficit commercial avait eu des conséquences négatives pour notre économie, on s’en serait aperçu. Or, c’est le contraire que l’on constate.

Un document probant

Un document publié en 1990 par le Conseil économique et social (“Répartition de la richesse créée par l’économie régionale”) faisait apparaître que :
1) De 1980 à 1988, le Produit intérieur brut (PIB) de La Réunion était passé de 540 millions à 22 milliards 740 millions. "Compte tenu de l’inflation, écrivait le CESR, cela signifie que La Réunion de 1988 a produit 7 fois et demie plus de biens et de services que La Réunion de 1960."
2) Le taux annuel moyen de croissance s’est élevé au cours des années considérées à 7,2% en volume. "Sur une période aussi longue, notait le CESR, seul le Japon a réalisé une telle performance." Il s’agissait du Japon, des années fastes !
3) En matière d’emploi, la population active occupée de notre pays est passée de 94.334 individus en 1967 à 130.026 individus en 1987. Soit, en 20 ans, un accroissement de 37,8%. Le CESR faisait remarquer que, si l’économie métropolitaine avait réalisé le même exploit, le chômage serait inconnu en France !
Ce que le Conseil économique et social a fait pour les années 1960-1988, je suggère que l’économiste de “Témoignages” le fasse pour les années suivantes (1988-2005). Il s’apercevrait que la croissance économique s’est poursuivie de manière soutenue, ainsi que l’accroissement de la population active occupée. Mais que dis-je ? Notre économiste le sait bien, puisqu’il écrit lui-même : "Au cours des trente dernières années (en réalité depuis 45 ans), le PIB des quatre DOM (et donc de La Réunion) ont connu une croissance moyenne deux fois plus élevée que celle de la Métropole."
C’est la vérité. En dépit, répétons-le, de la “détérioration forte et constante” de notre balance commerciale !

Daniel Lallemand

(1) NDLR : M. Badroudine, collaborateur externe à “Témoignages” assure bénévolement une rubrique bimensuelle ayant trait à l’économie dans l’intérêt de susciter le débat chez nos lecteurs.


Fête de “Témoignages”... Je me souviens

La 70 ème édition de la Fête de l’Humanité qui s’est déroulée à La Courneuve du 8 au 11 septembre dernier et à laquelle La Réunion y était largement présente, et les articles de presse qui ont été consacrés, m’ont rappelé, non sans regret, les éditions de la fête de “Témoignages” auxquelles j’ai participé avec mes camarades de la section P.C.R. de Saint-André.
Conférences, débats, expositions gastronomie, plateaux musicaux, attractions diverses... Un programme riche, varié et apprécié qui attirait chaque année des milliers de visiteurs.
Des mois de préparation pour les organisateurs, des semaines pour les sections du P.C.R. et au final, dix jours d’activités intenses, mais ô combien passionnantes.
Je me souviens qu’ils (et elles) étaient toujours là, disponibles, volontaires... Jarnac, Madame Mara, Léo, Suzie, Mimose, Ti-Louis, Georgette, Yannick... et bien d’autres encore, dont certains disparus depuis autour des responsables de notre section pour donner un coup de main à la cuisine ou pour le service et permettre le bon fonctionnement du stand que nous tenions (comme d’autres sections) dans l’enceinte de la fête pendant la durée des festivités.
Ils étaient nombreux chaque année à venir nous rendre visite et déguster le cari bichiques, le bouillon de coquilles, le cabri massalé ou encore le cari de tangue que nos amis de Saint-André prenaient grand plaisir à cuisiner.
Je me souviens qu’il arrivait à Alain, Roland, Lulu, Laurence, Lucet... d’être de ceux-là et nous nous sentions flattés.
Je n’ai pas oublié ces podiums avec ces nombreux artistes locaux... dont kabar Marron, Zordi, Ti Fock, Danyel Waro, Firmin Viry, le Rwa Kaf... pour ne citer que les plus connus ou encore ceux venus d’ailleurs à l’initiative de Laurent, tels Steel Pulse, Salif keita, Cheb kader etc.
Nous, militants, étions fiers, mais parfois aussi impressionnés, devant cette foule immense venue des coins les plus retirés de l’île, écouter avec attention l’important et long discours de clôture, de Paul Vergès. Discours qui nous motivait à poursuivre sans relâche nos activités.
Oui, nous étions fiers de cette grande fête populaire, événement de l’année, espace de rencontre, d’échange, de joie, d’émotion, qui nous donnait envie à préparer encore mieux l’édition d’après.
La dernière fut, hélas, celle d’octobre 1992. Que c’est dommage !

Paul Dennemont


Au sujet du Pôle sanitaire Est

J’ai pris connaissance des propos de Messieurs Fruteau, Leconstant et Fotse lors de leur conférence de presse à propos du Pôle Sanitaire de l’Est.
À ma connaissance, ce sont les équipes médicales du CHI et de la Clinique de Saint-Benoît qui sont à l’initiative de ce projet, s’ils en ont effectivement parlé avec MM Fruteau et Leconstant, ils n’ont rien obtenu d’autre que promesses et belles paroles, pas le moindre début de financement...
Le dossier a été relancé dès 2001 par Bertho Audifax avec la collaboration entière de deux équipes médicales ; à la faveur du plan Hôpital 2007, il a réussi à obtenir le financement du projet à hauteur de 65 millions d’euros, alors que l’Avant Projet sommaire s’élevait à 72 millions.
Il a alors sollicité la Région, un représentant de cette collectivité est venu devant le Conseil d’Administration annoncer que la Région apporterait les 7 millions manquants.
Effectivement, la Région a bien mandaté une somme de 10 millions d’euros à l’ARH (Agence responsable d’hospitalisation) dans les mois qui ont suivi. Au lieu d’attribuer les 7 millions attendus au pôle sanitaire de l’Est, l’ARH a partagé cette somme en 4 parts égales de 2,5 millions d’euros pour Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-Paul et le PSE.
Il s’agit donc d’un problème purement local, le député maire de Saint-Benoît n’a aucune autorité sur l’ARH de La Réunion dont le directeur a rang de Préfet. Il a été mis devant le fait accompli, il manque actuellement 4,5 millions d’euros ce qui oblige évidemment à revoir le projet.
À moins que Monsieur Fruteau, député européen et conseiller général de La Réunion et Monsieur Leconstant, conseiller général, ne sollicitent leurs collectivités respectives pour apporter le complément, dans l’intérêt général des populations de l’Est.

Docteur André Couraye
Administrateur du CHI
Saint-Benoît


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