Le courrier des lecteurs du 24 juin 2005

24 juin 2005

(page 10)

300 millions d’euros...

300 millions d’euros, cela fait 2 milliards de Francs. C’est une somme que l’on ne trouve pas attachée à la queue d’un chien !
Petite devinette : à quoi correspond une telle somme ? Que peut-on en faire ?

D’abord, pour ceux qui aiment tant crier à la mort sur les Rmistes et les chômeurs, ce n’est pas le RMI, qui concerne 200.000 personnes (un quart de la population) et quelque 82.000 allocataires qui se partagent environ 380 millions d’euros. Quant à l’indemnisation du chômage et au régime de solidarité réunis, ils sont près de 60.000 allocataires à partager 375 millions.
Pour rester dans le social, on pourrait penser qu’il s’agit des retraites, puisque les quelque 50.000 retraités du régime général se partagent environ 300 millions, et ceux de la fonction publique environ 340 millions d’euros, mais ce n’est pas cela.
Ce n’est pas non plus la recette canne puisque les planteurs se contentent de beaucoup moins : 100 à 120 millions d’euros selon les années. La valeur de la totalité de la production végétale avoisinant les 205/210 millions, il faudrait y ajouter la valeur de la production animale - 110 millions environ - pour dépasser les 300 millions d’euros.
Pour ceux et celles qui pensent à des dépenses jugées "somptueuses", ce n’est pas non plus le coût du boulevard Sud : 185 millions d’euros. Encore qu’avec 300 millions d’euros, on pourrait en deux ans construire l’équivalent de trois boulevards sud... et il en resterait encore un petit quelque chose !
Ce n’est pas non plus le coût de la route des Tamarins, bien plus élevé : quelque 800 millions. Mais, avec 300 millions par an, on pourrait la construire en moins de trois ans.
Ni celui la Maison des civilisations. Ni le coût du tram train, encore qu’avec une telle recette annuelle, il suffirait de quelques années pour que le train traverse même le volcan et monte jusqu’au Piton des Neiges ! On pourrait même ajouter qu’en moins de deux ans, on pourrait se payer le basculement des eaux d’Est en Ouest (526 millions d’euros).

Alors, pour ceux qui n’ont pas encore trouvé, il s’agit tout simplement du montant annuel des... exonérations de cotisations patronales de sécurité sociale ! Ce n’est pas peu. À plus forte raison, si on y ajoute les exonérations fiscales, les défiscalisations, les aides aussi diverses que variées ; sans oublier le fameux remboursement de la TVA qui n’a pas été payée !

Comme ces exonérations devaient permettre de créer des emplois, on peut se demander combien d’emplois cette somme a-t-elle permis de créer ? Bonne question ! Mais sans réponse puisque le chiffrage n’a pas encore commencé. On peut tout de même, à titre indicatif, dire que 300 millions d’euros correspondent à plus de 21.500 années de travail payées au SMIC ! Autrement dit, si une telle somme était tout simplement distribuée, il serait possible de payer 21.500 personnes au SMIC pendant une année entière ! Ce qui n’est tout de même pas mal, quand le taux de chômage dépasse les 30% !
À part cela, "la passez, mette encore !" Tant il est vrai qu’il manque toujours un p’tit katsous au patronat pour faire un euro, et toujours une aide pour faire un emploi ! C’est bien pour cela que M. de Villepin veut leur accorder une rallonge. (1)

G.-M. L.

(1) Est-ce que cela ne vaudrait vraiment pas le coup quand même de demander à une petite mission parlementaire de venir vérifier la "productivité" en termes d’emplois de toutes ces sommes, et des autres également ? On fait bien des missions pour venir voir pousser le café, le bambou ou encore voir comment pondent les cabots, loches et bouches-rondes.... Une de plus, une de moins, cela ne va pas aggraver le déficit de la sécurité sociale ou de l’État.


Non à la venue de Sharon en France

Vous avez sans doute pris connaissance de l’invitation officielle du Président de la République, Jacques Chirac, à Ariel Sharon, priant ce dernier de venir en France dans le cadre du renforcement des liens entre les deux pays. Cette invitation a été acceptée par Sharon qui y est attendu "après les festivités du 14 juillet".
Comment le Président de la République peut-il, au nom de la France, inviter un homme qui s’est toujours distingué par l’extrême brutalité de ses méthodes, au boucher de Sabra et Chatila, de Jénine, qui n’a jamais hésité à tuer et à faire tuer des innocents en toutes circonstances, femmes, enfants, vieillards. Un homme qui bafoue constamment le droit international, les résolutions de l’ONU, les Conventions de Genève, la Convention de New York sur la torture, ainsi que la décision de la Cour de Justice Internationale de La Haye concernant le "Mur de la honte" ?
Si la France veut jouer un rôle dans le règlement de la situation au Proche-Orient, c’est tout à son honneur et c’est même de son devoir, mais ce n’est certainement pas en légitimant une politique qui se moque constamment du droit international, du respect des Droits de l’Homme et notamment ici des droits des Palestiniens.
Une forte mobilisation commune s’impose à toutes organisations, associatives, syndicales, voire politiques, respectueuses du droit, afin de nous concerter sur les moyens les plus adéquats pour faire comprendre au chef de l’État français que la venue de Sharon est contraire au droit et surtout nous éloigne de toute perspective de paix au Proche-Orient.

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Éloge du métissage

Les Blancs du Nord ne comprennent pas les Blancs du Sud ni les Jaunes et encore moins les Noirs. Au fil des millénaires, les multiples tribus humaines ont quitté le troupeau originel et ont commencé à s’entre-tuer.
Aujourd’hui on voudrait bien s’entendre, mais on ne se comprend toujours pas.
Trop de temps a passé. Les diverses cultures du monde ont marqué les humains de façon indélébile.
Seul le métis, un pied dans chaque culture, est capable de les comprendre et de les aimer toutes les deux.
Un jour peut-être, les métis seront si nombreux qu’il ne pourra plus y avoir de guerre. Un jour peut-être, des petites îles comme La Réunion serviront de modèle.

F. Maugis


Santé du monde, nouvelles règles

Les laboratoires pharmaceutiques sont intelligents, ils s’adaptent donc aux évolutions dérisoires de la santé dans le monde. Qui peut le leur reprocher ?
Aujourd’hui, la dérive entre riches et pauvres entraîne l’obésité chez les uns, la malnutrition et les épidémies chez les autres. Ces deux maux se soignent, mais seuls les obèses ont de l’argent. C’est ce qui a conduit les grands laboratoires mondiaux à faire des choix. (Cf. Magazine de la santé sur Tempo). Presque tous les crédits de recherche sont donc affectés aux maladies de ceux qui peuvent payer : le cholestérol et le diabète des gros. Les autres peuvent se brosser.
Alors ne vous étonnez pas si, pendant longtemps encore, continueront de se développer les maladies des "pauvres" : maladie du sommeil, Ebola, Malaria, Sida, etc.
Cela est d’autant plus révoltant que les problèmes de santé des riches obèses pourraient parfaitement se soigner sans médicaments. Il suffirait de s’empiffrer un peu moins et de marcher un peu plus. Mais cela, c’est moins confortable. On préfère laisser crever de faim des millions de pauvres.

Rose de Saint-Paul


Le 21 juin

Pyramides, muraille de Chine, etc. On savait autrefois avec peu de moyens mais avec patience et un sens aigu de l’observation, construire des monuments et des théories que l’on admire encore aujourd’hui. Les humains disposent aujourd’hui de moyens et d’outils fantastiques, mais ils ont perdu le génie de nos anciens. Démonstration.
En Égypte, il y a environ 2.200 ans, sans aucun instrument mais avec un grand sens de l’observation, un homme, Ératosthène, a découvert avant tout le monde (1) que la Terre était ronde et que sa circonférence était d’environ 40.000 Kilomètres.
Les seules données qu’Ératosthène possédait, étaient les suivantes :
À 1.400 kilomètres d’Alexandrie (2) le 21 juin de chaque année à midi (3), le soleil éclaire le fond d’un puits très profond. L’année suivante à la même Ératosthène constate qu’à Alexandrie les rayons du soleil ne sont pas verticaux. Grâce à l’ombre portée par le grand obélisque de la ville, il peut mesurer l’angle que fait le soleil avec la verticale. Cet angle représente la 28ème partie d’un cercle. (4)
Venant de très loin (5), les rayons du soleil pénétrant dans le puits et frappant le sommet de l’obélisque sont parallèles.
Si la Terre était plate, ils seraient également à la verticale au-dessus d’Alexandrie et l’obélisque ne projetterait pas d’ombre.
La Terre est donc ronde et sa circonférence est de : 1.400 Km x 28 = 39.200 Kilomètres.
Ératosthène ne s’était pas trompé de beaucoup puisque nous savons aujourd’hui que la circonférence terrestre est de 40.000 Kilomètres.
Pour tester votre intelligence, je vous propose simplement d’essayer de reproduire la figure géométrique qu’Ératosthène a dû tracer sur le sable pour arriver à cette conclusion.

Texte extrait des fiches pédagogiques
de l’association Énergie Environnement
[email protected]

(1) A cette époque tout le monde croyait que la Terre était plate et l’on ne disposait d’aucuns des appareils qui nous permettent aujourd’hui d’observer et de mesurer la Terre et les étoiles.
(2) En ce temps-là, on ne connaissait pas cette unité de mesure (le kilomètre). En réalité un caravanier a déclaré à Ératosthène avoir parcouru la distance séparant Alexandrie de ce fameux puits situé à Assouan (Syène à l’époque), en 45 jours, soit un peu plus de 30 Km par jour.
(3) C’est le 21 juin de chaque année que l’hémisphère nord est le plus penché vers le soleil. Ce jour-là, le soleil est à la verticale d’une ligne que l’on appelle le Tropique du Capricorne. Assouan se trouve tout près de cette ligne.
(4) La 28ème partie du cercle (ou la 7ème partie d’un quart de cercle) représente : 360° : 28 = 12,86° environ.
(5) Très loin : en géométrie nous parlerons d’infini.


Chikungunya : un chiffre peut en cacher un autre

Aux dernières nouvelles, il y aurait 1.922 cas "suspectés" de chikungunya ! Ce chiffre ne veut pas dire grand chose. D’une part, la méthode de comptage des cas est très discutable car elle est loin d’être organisée et systématique. D’autre part, le nombre de cas "déclarés" ne peut qu’augmenter puisque c’est une addition des cas depuis le début de l’épidémie... sans qu’on en déduise les personnes guéries entre-temps. Il y a donc, en réalité, au jour d’aujourd’hui, moins de 1.922 cas (sans tenir compte des insuffisances du comptage, bien sûr). Heureusement pour les personnes qui ont été atteintes au début de l’épidémie : on leur souhaite de s’être rétablies depuis...
On tire de ce chiffre qui ne cesse d’augmenter des conclusions aberrantes du style : de plus en plus de cas (certains médias l’ont écrit ou dit). Évidemment qu’il y a de plus en plus de cas : même si dans cette semaine seulement 10 cas étaient comptabilisés on se retrouverait avec 1.932 cas, donc plus que cette semaine et ainsi de suite ! Il est donc impossible de savoir si l’épidémie augmente ou diminue.
Pourtant, il ne devrait pas être très difficile au service responsable de mettre à la disposition des médias des sous-totaux hebdomadaires, par exemple, qui auraient le mérite de nous permettre de savoir si l’épidémie s’accentue ou se ralentit.

Charles Durand
Le Brûlé - Saint-Denis


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