Le courrier des lecteurs du 24 mai 2004

24 mai 2004


Parti pris ?...

Pendant qu’en deuxième lecture la décentralisation se met en marche contre l’avis de la majorité des Réunionnais, qu’au Nord de La France des soi-disant coupables de pédophilie sont reconnus innocents, que le délit de faciès est loin de disparaître dans un pays “blanc-black-beur”, que la ville de Marseille acclame ses joueurs de football et que Douste-Blazy s’évertue à faire passer sa “pilule” réformatrice, un nouveau parti va voir le jour à La Réunion.
Le mot de “parti” est peut-être mal choisi car depuis quelque temps, la cote concernant ce genre d’association est nettement à la baisse. La faute sans aucun doute aux aléas de la vie : un politicien véreux par-ci, un détournement par-là, de la “com” infantilisante ou encore trop de discours redondants... Le peuple en a marre et, dans un tel contexte, l’Alliance est née un soir de Régionales dans un élan de désespérance et de résistance.
L’idée en revient à Paul Vergès qui a senti, une fois de plus, que l’ambiance historique était peut-être propice à la création d’un rassemblement de personnes voulant exprimer leur mécontentement. Le raz de marée a fait exploser tous les pronostics : les socialistes de métropole ont gonflé comme des ballons sans avoir le temps d’ingurgiter les pourcentages, les “allianciens” ont tout raflé, laissant les miettes à une droite qui n’est pas prête de se... “relever”.
À présent, que faire ?
Raffarin III, roi des clous, s’enfonçant davantage sous les coups répétés du MEDEF, sera probablement nommé Raffarin IV au sortir des élections européennes. Face à cela, entre une position décalée concernant le mariage “homo” et quelques “ralé-poussé” à l’Assemblée nationale, le PS se mobilise... en demandant aux Français de refaire le coup du 28 mars ! Le projet d’une Europe unie - mal ficelé depuis sa création car n’ayant à aucun moment impliqué les gens d’en-bas - intéresse peu ou prou les citoyens d’un jour...
Malgré tout, ils iront voter pour, encore une fois, sanctionner celui qui ne veut pas comprendre : l’UMP continuera de gouverner, avec ou sans les Français et, localement, l’Alliance va tranquillement se construire et se transformer en une nouvelle organisation.
Passer d’un ramassis d’opinions mécontentes à des affinités, des aspirations communes pour conquérir le pouvoir, aujourd’hui et demain, suppose d’asseoir une stratégie ayant pour objectif de ratisser large au sein des catégories sociales les plus représentatives de l’île ; stratégie cherchant à coordonner par la suite les différents points de vue, afin d’anticiper, entre autres, les combats futurs. Autofinancement, cellules de proximité, adhésion, synthèse des réflexions, planification, journal interne, médiatisation, convaincre... Un grand chantier en perspective !!!
Si cela peut élever le débat dans notre île, on veut bien y croire...

Lambi


Le racisme est l’ennemi de la paix

Comment expliquer à ma fille de 10 ans qu’ici à La Réunion elle peut aller là où elle veut, qu’elle peut rencontrer des policiers ou des gendarmes, que jamais elle ne sera arrêtée, pas plus ses parents pour une question de couleur de peau, mais que, par contre, à Paris, ou ailleurs sur le territoire de la France métropolitaine, demain, lorsqu’elle sera obligée de quitter l’île pour continuer ses études, elle risque d’être agressée pour sa peau bronzée ?
J’exagère ? À peine. Lorsque je lis dans la presse la mésaventure de ce
Saint-Paulois, steward, Patrick Marouvin, tabassé par la police à Paris parce qu’il traversait la rue hors du passage protégé et surtout parce qu’il a la peau un peu trop foncée, je suis outré, révolté.
La France est-elle un pays raciste ? Je ne le pense pas. Il ne faut pas généraliser. Mais on est en droit de se poser la question sur l’attitude de ces policiers métropolitains qui s’érigent en défenseurs de la loi républicaine et qui s’assoient (par leurs propos racistes) sur le droit le plus fondamental de l’être humain, le respect de l’autre.
Ici, à La Réunion, comme dans d’autres pays du monde, de plus en plus fréquemment se rencontrent des personnes d’origines diverses, modelées par des civilisations différentes. Le racisme est une tentation de tous les jours. Il prend pied en nous d’autant plus facilement que des faits semblent lui donner raison, bien qu’en réalité il se fonde sur notre propension à trouver bien tout ce qui nous ressemble et mal tout ce qui est différent de nous.
Le défaut que l’on voit chez une personne qui n’est pas de notre couleur, nous avons tendance à l’attribuer à tous ceux qui ont la même origine qu’elle. Le défaut que nous percevons en quelqu’un qui appartient à notre groupe, nous l’attribuons à lui seul. Si nous acceptons de reconnaître parfois un travers commun à bien des personnes qui nous sont ethniquement semblables, nous en minimisons instinctivement l’importance et surtout nous le neutralisons en invoquant des qualités plus grandes.
Si nous parlons par contre de déficiences propres à une personne différente de nous, il nous vient rarement à l’idée de voir le positif, et peu à peu nous prenons l’habitude de ne plus considérer que le négatif. Comme il est difficile alors d’estimer ceux que nous voyons en chair et en os et sur lesquels, en bloc, nous avons porté un jugement défavorable !
Depuis plus de deux siècles surtout, l’humanité manifeste, avec plus ou moins de succès, une volonté concrète d’améliorer ses conditions d’existence. Elle affirme les valeurs de justice sociale, de liberté, de respect des différences, de participation de chacun au destin personnel et collectif de l’être humain. Ces idéaux se sont traduits par la proclamation de Droits de l’Homme, reconnus par les États et les Églises, mais bafoués presque chaque jour. Le cas de Patrick Marouvin en est un exemple frappant.
Cependant, aux yeux de tous, les Droits de l’Homme apparaissent comme l’armature nécessaire d’une nouvelle morale internationale.
La paix n’est pas la haine. La paix, c’est d’arrêter le cercle infernal en Palestine, en Iran. La paix, c’est de casser la violence dans les quartiers, dans les services de police aussi.
Quelle que soit sa couleur, sa religion, son lieu de naissance etc..., il faut savoir accepter l’autre tel qu’il est.

Marc Kichenapanaïdou,
La Saline


Il est une foi(s) La Réunion, grâce à Toussaint, l’ouverture

Le bien Montalbanais festival musical de chanson française “Alors Chante” a offert la divine opportunité, en cette Ascension 2004, d’une évasion dans le temps et l’espace. Avec une musique créole de “La Réunion lontan”. Son ambassadeur étant représenté par l’orchestre de cuivres Toussaint, du nom ancien et lointain lui aussi de son musicien-symbole inspirateur.
À La Réunion, la musique traditionnelle des cuivres rythme les événements de la vie : familiale avec les baptêmes, mariages et fiançailles ; collective avec les kermesses paroissiales ou païennes. De manière naturelle, sans le truchement de la moderne technologie et ses artifices qui accompagnent la moindre prestation musicale actuelle. Les enfants à côté du carrousel ou dessus qui piaillent ; les hommes parfois déshinibés par le rhum libérateur esquissant instinctivement des pas de danse ; des couples qui se forment le temps d’une danse puis plus... si affinités : le décor est planté.
Cela se déroule dans la foulée du guide charismatique (Gilbert Pounia) d’un groupe musical (Ziskakan) qui, il y a un quart de siècle a fait prendre à la musique réunionnaise une voie (voix) plus culturelle et novatrice, pour ne pas dire professionnelle. Il était à Cannes, avec notamment Ardisson. Et sur les pas d’un Danyèl Waro, chanteur engagé dans un militantisme libérateur du Réunionnais.
Souhaitons à Toussaint sous la houlette de Jean-François Mandrin le même succès international. Déjà, ses premiers pas dans l’Hexagone sont à situer dans le rayonnement international dont bénéficie la diffusion discographique de ce groupe.
Participe à la reconnaissance de cette musique d’une France d’ailleurs le PRMA (Pôle régional des musiques actuelles), piloté de main de maître par Alain Courbis et assisté de Nadège.
Et si Montauban peut y contribuer en constituant un tremplin (comme pour d’autres), merci M. Masure ; il ne suffira plus de dire “Alors Chante” mais de clamer “Eh bien danse” ou plutôt, pour parler vrai (c’est-à-dire créole réunionnais), “Danse a ou astèr”.

Jean-Marie Luçay Hoarau

PS : Ces mots sont lancés depuis La Réunion par un humain devenu Montalbanais mais qui reste Réunionnais. Et qui regrette de n’avoir pu participer à ce moment d’échange, d’ouverture (en musique et... gastronomie) donc culturel. Le seul qui vaut. Que vive Toussaint ! Que survive “Alors Chante” !


O.G.M. : autorisation dangereuse

Le 19 mai, la Commission européenne a statué en dernier recours et a
autorisé la commercialisation du maïs doux Bt11 de Syngenta, pour la consommation humaine. Cette décision est très grave et déraisonnable.
Rappelons en effet que le maïs doux Bt11 a été modifié pour produire un
insecticide et pour être tolérant à un herbicide. Ainsi ilsecrète des substances qui tuent les insectes et, lors des épandages d’herbicide dans le champ, toutes les autres plantes meurent à l’exception de ce Bt11. Ce maïs est doté, dans ses propres gênes, d’armes de destruction chimique.
Ce maïs, en tant que maïs insecticide et tolérant à un herbicide, n’a jamais été évalué pour ses impacts sanitaires et a fait l’objet de "sérieuses réserves" de la part de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), le 3 décembre 2003 puis tout récemment, pour ces mêmes raisons.
Ceci est très grave : cette autorisation démontre le peu de sérieux des
procédures d’homologation en matière d’OGM.
Ainsi, la prétendue "scientificité" qui prévaudrait dans le traitement de
ces dossiers, est grandement remise actuellement en cours et que des preuves de méfaits sur la santé ont été établies chaque fois que des tests de toxicologie ont effectivement été réalisés (rapport de la CGB française du 28/10/03, rats nourris avec le maïs MON 863).
C’est pour ces raisons qu’il est aberrant de lever le moratoire sur les OGM.
C’est pour ces raisons que le consommateur doit refuser d’acheter des
aliments génétiquement modifiés.

La SREPEN
[email protected]
0262 28 19 29


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