Le courrier des lecteurs du 25 mars 2005

25 mars 2005

(page 10)

Le vrai scandale, le vrai blasphème

On ne sait s’il faut le déplorer ou s’en réjouir, mais le dernier repas de Jésus a la cote ces derniers temps. Il y a “Da Vinci Code”, ce livre où les parfums enivrants de la pécheresse Marie-Madeleine virent au soufre. On y apprend que l’apôtre Jean, représenté dans le célèbre tableau de Léonard de Vinci sous les traits d’un jeune homme à l’expression douce et tendre, est en fait Marie-Madeleine qui devient la mère des enfants de Jésus ! Voilà une intrigue ésotérique et policière, pas très bien écrite, mais si bien menée que beaucoup se demandent soudain si l’Église ne voudrait pas en effet cacher des choses !
La publicité s’y met aussi, pour je ne sais plus quelle marque de vêtements, et voilà le tableau de la Cène du Seigneur complètement inversé : les hommes deviennent des femmes, sauf un seul...
Et pour brouiller les choses un peu plus encore, on pourrait aussi évoquer cette exposition qui avait fait scandale il y a quelques années, “Ecce Homo”, d’Elisabeth Ohlson, et où Jésus et les apôtres cédaient cette fois la place à un groupe de travestis.
Ne soyons pas naïfs ! Sans doute y a-t-il dans tout cela de la provocation, peut-être même une volonté délibérée de scandaliser, voire d’agresser des croyants qui reconnaissent dans ce tableau biblique un symbole de cette soirée tragique où le Christ se donne, par amour, pour la multitude. Un tableau biblique qui est comme la figure de chacune de nos eucharisties.
Ne soyons pas naïfs, donc, mais laissons-nous tout de même interroger par d’autres regards, sans nous laisser pour autant déstabiliser.
(...) L’épisode du dernier repas de Jésus, comme le lavement des pieds, ne doivent pas retenir notre attention par leur littéralité, mais par cet amour fou dont ils témoignent. Amour de Dieu pour nous. Amour de Jésus-Christ pour chacun de nous, en ces jours où nous faisons mémoire de sa mort et de sa résurrection, de ce repas où dans un peu de pain et de vin, il se donne, par amour, pour la multitude.
Pour la multitude : cela veut dire des hommes, des femmes, des marchands de voiture ou d’autre chose, des bien portant et des malades, des justes et des injustes, et des tourneurs en dérision et des provocateurs. Pas que des gens bien propres sur eux. Sinon, le Christ le premier aurait dû faire le ménage autour de lui : supprimer Juda qui le vend, et Pierre qui le renie, et Thomas qui doute, et les autres pas si clairs que cela quand ils veulent les premières places dans le Royaume... Quand on regarde le tableau de Léonard de Vinci, le vrai, cela ne fait-il pas désordre une photo de famille pareille ? Ce fut la dernière, d’ailleurs, parce qu’après, ils ont tous fui. (...)
Le vrai scandale, le vrai blasphème, il ne faut pas s’y tromper, c’est quand le corps du Christ est malmené dans l’un de ces petits que l’on méprise ou que l’on viole ; c’est quand le corps du Christ est affamé dans ces hommes et ces femmes qui ne mangent pas à leur faim à travers le monde ; c’est quand le corps du Christ est blessé chaque fois qu’on met à mal l’amour que les uns et les autres nous essayons de trouver et de vivre comme on peut.
Si, comme chrétiens, nous avons à défendre notre foi, notre identité, notre visage, ce n’est peut-être pas à force de procès, mais en témoignant d’un Dieu qui nous aime jusqu’à en mourir sur la croix en Jésus-Christ. Témoigner, en se donnant, généreusement, comme le Christ le fait en entrant dans cette passion d’amour pour le monde. (...)
Ce soir, Jésus donne son unique commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il ne s’agit que d’amour ce soir. Tout est dit. Le monde entier pourrait bien toucher tous les symboles qu’il veut et montrer du doigt tout ce qu’il voudrait tourner en dérision : rien ne pourra atteindre l’amour de Dieu pour nous. Rien ne pourrait nous séparer de lui !
C’est cela, la lune, en cette nuit qui tombe. Elle deviendra soleil, au matin de Pâques.

Frère Jean-Luc-Marie, op


Guérison d’un homme tourmenté

En cette période de carême, toutes les églises de l’île ont entendu dimanche 13 la lecture du texte sur “la résurrection de Lazare”. Marc Kichenapanaïdou nous a donné à lire à ce sujet un très beau poème de Victor Hugo.
À mon tour je présente aux lecteurs un autre miracle de Jésus, tout aussi édifiant mais qui, je le crains, n’aura jamais les honneurs d’une lecture publique dans les églises.
"Ils (Jésus et ses disciples) arrivèrent dans le territoire des Géraséniens, qui est de l’autre côté du lac, en face de la Galilée. Comme Jésus descendait à terre, un homme de la vie vint à sa rencontre. Cet homme était tourmenté par des esprits mauvais, depuis longtemps il ne portait plus de vêtements, n’habitait pas dans une maison, mais vivait parmi les tombeaux. Quand il vit Jésus, il poussa un cri, tomba à ses pieds et dit d’une voix forte :

- Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu très haut ? Je t’en prie, ne me punis pas !
Il dit cela parce que Jésus ordonnait à l’esprit mauvais de sortir de lui. Cet esprit s’était emparé de lui bien des fois...
Jésus lui demanda : - Quel est ton nom ?

- Mon nom est Multitude, répondit-il.
En effet, plusieurs esprits mauvais étaient entrés en lui. Et ces esprits priaient Jésus de ne pas les envoyer dans l’abîme.
Il y avait là un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture sur la colline. Les esprits prièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans ces porcs. Il le leur permit. Alors les esprits mauvais sortirent de l’homme et entrèrent dans les porcs. Tout le troupeau se précipita du haut de la pente dans le lac et s’y noya".

Daniel Lallemand


Doit-on mentir aux plus hautes autorités civiles et religieuses ?

La réponse à cette question est "oui". Elle a été donnée par Monsieur l’académicien Christian Vittori dans un courrier daté du 11 mars 2005 qu’il a adressé au ministre de la Culture, au préfet de région, à l’évêque, aux élus et à plusieurs autres personnalités réunionnaises... pour manifester son opposition au retour des restes du poète réunionnais Auguste Lacaussade dans son île natale. Un projet qu’il juge "incongru". M. Vittori apporte la preuve, dès la première ligne de son courrier, qu’on doit raconter n’importe quel bobard aux plus hautes autorités civiles et religieuses pour tenter d’emporter leur adhésion.
En effet, qu’écrit-il ? "Suite au désir d’admirateurs passionnés du grand poète Auguste Lacaussade et de sa première épouse (n’ayant jamais connu La Réunion) ceux-ci souhaitent rapatrier leurs cendres". Outre le fait que cette phrase est très mal construite du point de vue de la syntaxe, elle contient un mensonge odieux. Ce mensonge prend d’autant plus de relief qu’il est commis en pleine période de Carême. Auguste Lacaussade est revenu à Bourbon en 1842 en compagnie de son épouse. Ils ont vécu ensemble à Saint-Denis.
Comme cette information se trouve dans l’ouvrage de Raphaël Barquissau, “Le poète Lacaussade et l’exotisme tropical”, aux pages 49-50, force est de reconnaître que M. l’académicien Vittori n’a pas lu ce texte. Comment peut-on parler d’un sujet qu’on ne maîtrise pas ? Ceux qui attisent le feu pour que le retour des restes de Lacaussade soit un échec, ont trouvé un excellent chef de file en la personne de M. Vittori. Ils peuvent répéter que s’il n’existait pas, il aurait fallu l’inventer... Quel crédit accorder au reste de sa lettre, puisqu’il n’est pas un homme sincère et rigoureux ?
Comme aucune autorité à qui cette lettre a été adressée (évêque, ministre, préfet...) n’a soulevé ce problème et fait savoir officiellement qu’elle introduisait une plainte contre cet académicien pour faux et usage de faux, le commun des mortels est donc en droit de se dire que n’importe qui peut désormais user du mensonge en s’adressant à eux, l’essentiel étant d’arriver à ses fins coûte que coûte.

Jacques de Viterbe, La Possession


Bolkestein : toujours dangereux...

La décision de remettre totalement en chantier la directive Bolkestein nous prouve une nouvelle fois que seuls sont perdus d’avance les combats que l’on ne livre pas. La raison semble enfin l’emporter, mais la facilité avec laquelle les plus libéraux des chefs d’État européens ont accepté ce recul doit nous inciter à ne pas relâcher notre vigilance. Ne s’agit-il pas d’un simple artifice destiné à ne pas effaroucher les Français avant le référendum et qui disparaîtrait dès le lendemain ?
Monsieur Barroso a simplement promis de prendre en compte les inquiétudes. Comme il déclarait il y a quelques jours qu’il n’était pas question de modifier la directive, on peut se demander à quel moment il est sincère. La CFE-CGC n’a pas l’intention de relâcher la pression pour obtenir, tout de suite, au moins le retrait de la clause du pays d’origine.
Dans l’immédiat, même si nous sommes satisfaits de l’attitude des dirigeants européens, nous nous gardons bien de crier victoire, connaissant la duplicité des eurocrates qui s’empressent de faire revenir par la fenêtre ce que la pression populaire a fait sortir par la porte.

La C.F.E. - C.G.C.


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