Le courrier des lecteurs du 26 février 2005

26 février 2005

(page 9)

Un autre monde est possible

L’espoir du 20ème siècle qu’a représenté l’Internationale semble aujourd’hui s’être éteint. En effet, avec l’implosion de l’URSS et des républiques populaires, le capitalisme triomphant n’a plus à afficher la bienveillance de façade. Ce système, qui porte en son sein les germes de l’exploitation de l’homme par l’homme, présente toutes les caractéristiques d’un pouvoir tyrannique : déresponsabilisation des gouvernants, perte d’espoir des peuples, et légitimation par l’absurde (aucun autre n’est possible).
Le souffle impulsé par l’école de Chicago - relayé par la triste Margaret Thatcher, par le non moins sordide Ronald Reagan et par Jean-Pierre Raffarin - a marqué les politiques publiques de chacun de ces pays. Ne s’en contentant pas, il s’est propagé dans lesdites instances de régulation internationales (FMI, Banque mondiale, GATT devenu OMC). Les résultats ont suivi au-delà de leurs espérances.
L’alternative est à créer car le rejet stérile ne permet pas de propager un espoir. Et l’espoir est le seul bien que possède un peuple qui souffre. De plus, il faut faire attention à ces illusionnistes qui proposent l’alternance. L’alternance n’est qu’un semblant d’aménagement de l’inacceptable. Ainsi, plusieurs pistes peuvent être proposées : un monde de solidarité (1), un monde de démocratie (2), et un monde de paix (3).

1 - Un monde de solidarité

La solidarité, beau principe, a été viciée par le système dominant. Elle ne consiste pas en des grands élans de charité (restos du cœur, Téléthon et autres). La charité s’est substituée à la véritable solidarité.
La solidarité doit être le principe directeur d’une réelle politique alternative. Elle passe par le partage. Le partage des richesses tout en premier.
La fracture, terme vicié par Chirac, est une réalité que vivent des millions de personnes, qu’elles vivent dans les pays du Nord ou du Sud. La maxime qui dit que les riches le deviennent de plus en plus et les pauvres de plus en plus, n’a jamais été aussi vraie. La rémunération des dirigeants n’a jamais autant progressé. Tandis que le pouvoir d’achat des salariés décroît de plus en plus. Et là, il n’est même pas la peine de parler des exclus : fait nouveau d’ailleurs, même des gens qui travaillent régulièrement se retrouvent exclus.
Notre travail, source de leur bénéfice, ne nous permet plus une vie décente. Le marché, véritable Léviathan, recycle la sueur et la transforme en bénéfice pour des exploiteurs demandant de plus en plus de plus-values à très court terme. La plus-value doit appartenir à ceux qui en sont l’origine.
Le partage passe aussi par le travail. Son inégale répartition provoque des phénomènes nouveaux, des exclus du travail mais aussi des gens qui en ont tellement qu’il est devenu toute leur vie. Le partage du travail, loin d’être une utopie peut être un fil conducteur. Il conditionne toute politique visant la solidarité.
Au-delà, la solidarité passe aussi par le codéveloppement qui est un biais pour cesser la colonisation. Celle-ci est passée d’une colonisation par la prise de pouvoir à une colonisation par la domination économique. Le carcan imposé par les pays occidentaux annihile toute velléité de développement solidaire des pays en devenir. Au contraire il favorise l’appropriation par une élite restreinte des moyens de production sous le contrôle bienveillant des multinationales. Chavez, malgré son autoritarisme, est en train de réussir au Venezuela (grand pays producteur de pétrole) le partage des richesses. Cela s’est fait dans la douleur, mais la révolution bolivienne en marche en Amérique latine doit faire partie de notre réflexion.

2 - Un monde de démocratie

La démocratie est avant tout un mode de gouvernement comme un autre. Il s’agit du gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple. Cette définition vite oubliée, on a fait de la démocratie le dogme des régimes occidentaux.
Cependant, la démocratie occidentale, soumise au lobby, n’est pas un gouvernement par le peuple. Est-ce que la population se limite aux classes moyennes supérieures et aux élites ? Non, alors pourquoi l’Assemblée nationale n’est composée que de ces classes-ci ?
Ce constat est lié à la Constitution antidémocratique de 1958. Cette Constitution, dont l’idéologie est le contrôle du gouvernement organise l’appropriation du vote. Avec un Sénat fait sur mesure pour être dominé par les forces réactionnaires, le vote pour les forces progressives n’a qu’une utilité minimale.
Ce régime à bout de course doit être combattu. Au contraire, la Constitution de 1946, souvent décriée, permettait l’expression véritable de la démocratie. De plus, méfions-nous du bipartisme, car là où il est, il est un vecteur d’alternance. C’est pourquoi ils veulent nous l’imposer. Là est le signe du peu de considération qu’ils ont pour peuple.
Le nouveau monde passe par la réhabilitation du peuple pour ce qu’il est : la légitimation du pouvoir, le détenteur naturel du pouvoir.
À côté, le gouvernement pour le peuple est lui aussi une utopie. Le gouvernement Raffarin est un gouvernement de classe. Il organise des cadeaux pour ses électeurs traditionnels. Afin de renouveler les pratiques, le gouvernement doit se faire dans l’intérêt de tous. À ce sens, la démocratie participative doit être un vecteur de changement. Elle est la source de la réappropriation du pouvoir. Cependant, son organisation doit permettre l’effectivité du pouvoir. C’est-à-dire qu’il se doit d’être organisé de façon à éviter l’écueil de la primauté des intérêts individuels sur l’intérêt général. Le risque est grand, mais c’est un risque à prendre afin de permettre le progrès.

3 - Un monde de paix

La paix, idéal naturel de tout être humain, découle d’une alchimie complexe. Plusieurs conditions en amont doivent être réunies, et ensuite en aval, la paix est une maîtresse souvent infidèle et utilisée à des fins égoïstes.
En amont, la paix nécessite la stabilité politique et économique. L’inégale répartition des richesses est source de conflit. Là se trouve la source de la plupart des conflits internes (même si on nous les présente comme des conflits ethniques). La stabilité politique est liée à une véritable démocratie pour le peuple et par le peuple.
Dans l’appropriation du vote par les élites économiques se trouve la source des maux du système.
En aval, cet idéal est utilisé à des fins indignes, telle l’invasion de l’Irak. Elle constitue un beau paravent pour masquer les intérêts stratégiques. Les relations internationales sont régies par les intérêts égoïstes des pays et non par une finalité universaliste. Le système est source de ces problèmes, c’est pourquoi il mérite d’être rénové. De plus, la militarisation de plus en plus grande couplée des armes de plus en plus destructrices (nucléaires et bactériologiques en particulier) font craindre pour l’humanité.
En conclusion, des pistes sont avancées pour ce nouveau monde. Les modèles théoriques et idéologiques ont été mis en place. Mais il est nécessaire que les générations en devenir s’approprient ces idéologies. Les quelques pistes avancées n’ont pas la vocation à établir une liste exhaustive, c’est à chacun d’entre nous d’enrichir le débat. Le combat sera long, mais il mérite d’être mené.

David Gauvin

Non au Traité constitutionnel européen

En face de l’énorme machine politico-médiatique en faveur du “oui” à l’Europe ultralibérale, les citoyens conscients doivent construire un contre-pouvoir réel et faire en sorte que le projet de “Constitution européenne” soit rejeté. Nous constituons un collectif à La Réunion pour recueillir des signatures, développer sur le terrain une campagne argumentée en faveur d’un “non” porteur d’espoirs dans la perspective de la construction d’une Europe vraiment sociale.
Nous sommes des femmes et des hommes issus de tous les milieux sociaux et professionnels. Nous avons en commun notre refus de l’ultralibéralisme qui, si la Constitution était ratifiée, s’imposerait à tous les pays et mettrait à mal toutes les conquêtes sociales du 20ème siècle, sans possibilité réelle de revenir en arrière.
Retrouvons-nous à Saint-Leu ce dimanche 27 février de 12 heures à 14 heures pendant la pause repas du Forum social réunionnais pour organiser ce collectif.
Premiers signataires : Benchemmakh Maryline, Chapeau Bernard, Chevallier Chantal, Seigle-Vatte Marie-Cécile, Sudnikowicz Christiane, Tagliaferri Jean-Marc, Veinberg Véronique.

Association initiatives dionysiennes


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus