Le courrier des lecteurs du 26 mars 2005

26 mars 2005

(page 10)

Vivre en ressuscités !

Jésus est ressuscité ! Il est à nouveau vivant. Il a été crucifié, vraiment mort et mis au tombeau. Jésus s’est arraché lui-même à la tombe le 3e jour. Il s’est manifesté au grand jour de la vie. Victoire. Il est vraiment ressuscité ! Depuis quelque 2000 ans, ce cri de victoire résonne dans la nuit de Pâques. La puissance de l’Esprit est plus forte que le péché, le Mal et la mort. Joyeuses Pâques !
La victoire de Jésus devient notre victoire par l’Esprit Saint qui fait son œuvre en chacun de nous, en nous tous. Jour après jour, nous sommes appelés à vivre en ressuscités avec Jésus ressuscité. Et, un jour, dans la miséricorde de Dieu Notre Père, nos corps de condition terrestre seront transfigurés à l’image du corps glorieux du Christ. C’est la grande aventure de la vie dans la grande aventure de l’Eucharistie de Jésus-Christ : il s’offre à son Père et nous avec lui. Il nous transfigure.
Chaque messe “fait mémoire”, actualise la passion, la mort et la résurrection du Christ au creux de notre chair, avec le fruit de la terre et du travail des hommes. Nous devenons le corps du Christ. Ensemble ! "Ceci est mon corps... ceci est mon sang". La vie humaine n’a pas de prix. Elle a le prix même de la vie de Dieu. L’Histoire débouchera un jour sur l’avènement des cieux nouveaux et d’une terre renouvelée au souffle de l’Esprit. La Réunion en fera partie grâce aussi à la mission de l’Église aujourd’hui. Et comment donc tenir debout, progresser, si nous, baptisés, nous ne participons pas à la vie de nos communautés, avec l’écoute de la Parole, avec le partage du "pain de vie" ?

Oui, la vie humaine n’a pas de prix. Elle a le prix même de la vie de Dieu : vie personnelle, familiale, sociale, économique, politique, locale, régionale, internationale. Le monde ne peut pas rester comme il est. Qu’est-ce que nous faisons concrètement avec les autres pour l’humaniser à la mesure de nos possibilités solidaires, le diviniser, le consacrer en Dieu ? Nous sommes appelés à préparer le monde au retour glorieux du Christ qui va tout transfigurer... et déjà à l’intime de notre cœur, dans la vérité de nos actes et dans toutes nos relations. Nous abandonnant aux mains de Dieu, nous sommes tendus activement vers l’avenir ! C’est cela le secret de "la mission".

En cette "année de l’Eucharistie", avec une pratique régulière et vivifiante de la messe dominicale, mettons "l’Eucharistie au cœur de nos paroisses missionnaires" pour que toute la vie devienne Eucharistie. Dieu lui-même, en nous et à travers nous, fera remonter la terre entière jusqu’à Lui, pour sa propre gloire et le bonheur de l’Humanité. Jésus est venu. Ce même Jésus, le Ressuscité, reviendra dans la gloire. Maranatha ! Viens Seigneur Jésus ! Joyeuses Pâques !

À vous qui croyez autrement que nous, à vous qui ne croyez pas, à vous tous qui recevez ce message, nous souhaitons la lumière et la force intérieures qui vous permettront de faire fructifier le meilleur de vous-mêmes dans le meilleur de la Vie ! "Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père", nous dit Jésus. Chacun est appelé à trouver lui-même sa place dans le banquet solidaire de la vie avec les autres, par amour, pour le royaume de l’Amour.

Monseigneur Gilbert Aubry


On n’achète pas un chat dans un sac

Ce conseil pratique de simple bon sens est passé depuis longtemps en proverbe ; il faudra l’avoir en tête le 29 mai prochain quand nous aurons à nous prononcer sur la Constitution pour l’Europe.
D’abord en raison de la longueur du texte : 324 pages pour ses quatre parties, plus 460 pages pour ses deux annexes, ses 36 protocoles et ses 60 déclarations. Ensuite, parce qu’il n’est pas du tout facile à lire à cause du vocabulaire souvent abstrait, des développements compliqués, des considérations creuses et des nombreuses obscurités qui découragent bien des lecteurs. Voilà qui va à l’encontre de l’objectif pourtant proclamé "de rapprocher l’Europe ... des citoyens". Pour Bernard Cassen, journaliste au "Monde diplomatique" qui l’a décortiqué : "Le danger est qu’on ne le comprenne pas ou, plus grave, qu’on le comprenne trop bien." Et pour expliquer ce paradoxe, il lui suffit de compter le nombre de fois que les mots "banque", "marché", "concurrence", "capitaux", "commerce", "marchandises" ... y sont employés, révélant clairement, pour peu qu’on y soit attentif, la vraie nature du traité qui s’inscrit parfaitement dans la logique de l’économie dite libérale, avec ses enjeux commerciaux et les véritables intentions de ses auteurs qui y sont à peine cachées.
Ce qui lui fait dire : "C’est un "copié-collé" des statuts du Fonds monétaire international (FMI) et de la charte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ... ".
Quelque seize ans auparavant le fameux traité de Maastricht, avait déjà préparé la voie. N’est-ce pas un certain François Mitterrand qui avait alors énoncé tranquillement sans provoquer à l’époque la moindre réaction "De cette Europe, je vous ai parlé à plusieurs reprises. Demain ce sera chose faite ; pour les marchandises et les capitaux tout de suite ; pour les hommes bientôt" ? Et ce "bientôt" tarde toujours à venir.
Mais la grande révélation de cette Constitution, c’est la manière cavalière pour ne pas dire désinvolte dont est traitée la troisième partie du texte, intitulée "les politiques et le fonctionnement de l’Union", qui occupe naturellement la plus grande place puisqu’elle en est le cœur. Le débat, qui aurait dû s’ouvrir ici plus largement, à tous les citoyens de la France métropolitaine et d’outre-mer, à partir d’un vrai bilan de l’action menée et d’un examen sans complaisance de son contenu, ce débat donc y est proprement escamoté. À la place, on y trouve des "slogans simplistes" du genre "J’aime l’Europe, alors je vote “oui”" ou "alarmistes" comme "Si le “non” l’emporte, alors ça va casser l’Europe et provoquer le chaos". L’occasion était pourtant trop belle pour poser les jalons d’une autre Europe plus fraternelle et plus solidaire et redonner ainsi espoir au reste du monde par un modèle inédit de réussite à la fois technique et sociale.

Georges Benne


Lacaussade, un grand ?

Dans son combat contre le retour des restes d’Auguste Lacaussade dans son île natale, M. Christian Vittori ridiculise l’académicien Ycard et l’évêque qui ont tenu conférence sur ce poète.
En effet, M. Vittori, qui n’est guère un expert en poésie, se permet d’user de l’ironie quand il parle du poète Auguste Lacaussade. Si dans l’objet de sa lettre aux autorités de La Réunion contre ce projet, il utilise le qualificatif "grand", ainsi que dans sa première phrase, c’est uniquement pour ridiculiser ceux qui agissent pour faire revenir les restes de notre illustre compatriote dans son île natale.
Quand il ose dire que Lacaussade n’est pas un "phœnix", que "Lacaussade n’a pas eu le destin (et le génie littéraire)" de Rimbaud, il perd évidemment une occasion de se taire (car deux personnes peuvent-elles avoir le même "destin" ?) et il affiche son sentiment profond sur cet auteur. Pour lui, Auguste Lacaussade est une nullité. Tout le reste n’est que verbiage et hypocrisie.
Disons en passant qu’il ridiculise aussi M. le docteur Ycard et l’évêque de Saint-Denis, puisque ces derniers ont tenu conférence sur cet auteur qui n’en vaut pas la peine, puisqu’il est un sous-poète selon lui.

Lacaussade, l’auteur qui a anobli l’esclave marron

À notre humble place, nous disons que l’œuvre de Lacaussade n’a pas été analysée à sa juste valeur, elle n’a pas encore trouvé son chercheur impartial. Sa lecture au second niveau est à peine entamée. En ce sens, l’analyse de Carpanin Marimoutou “S’écrire (dans) l’île” est un modèle du genre.
D’ores et déjà, nous disons avec fermeté qu’Auguste Lacaussade est l’auteur qui a le mieux parlé de l’esclavage. Ce ne sont pas ses textes qui présentent les esclaves au travail ou au retour du travail qui lui permettent de surclasser tous les autres, c’est sa "Salazienne", dans laquelle il compare le combat de l’esclave marron Anchaing à celui des peuples européens qui luttent pour conquérir leur liberté. Personne n’a autant anobli le marron.
Le roman “Les marrons de Louis-Timagène Houat, tant vanté par certains et portant sur le métissage, arrive loin derrière ce long poème de Lacaussade. Si nous citons cet auteur, c’est parce qu’il nous semble que c’est à lui que M. Vittori fait allusion, quand il écrit : "cela étant valable pour tous nos écrivains qui ont été occultés pour des raisons souvent plus idéologiques qu’éthiques". Celui qui est à l’origine de la réédition de ce roman tient le même discours et il figure parmi les personnalités qui ont reçu sa lettre du 11 mars 2005, alors qu’il n’est pas une sommité. (Entre amis, on s’entend, "la panse i soutien la tripe").
En parlant de l’esclave marron Anchaing, Auguste Lacaussade n’arrête pas son analyse aux Européens opprimés. Il pourfend les Blancs américains qui ont su faire la guerre pour rejeter l’oppression des Anglais et qui après avoir conquis leur liberté ont continué à réduire les Noirs en esclavage.
C’est le texte le plus sublime sur l’esclavage. Oui, Auguste Lacaussade pour avoir écrit ce texte, est un grand.

Lacaussade, l’auteur qui dénonce les viols commis à Bourbon par les Européens enrichis

Mais il en a écrit d’autres, qui sont tout aussi beaux. Son poème, “Les bois détruits”, dans lequel il dénonce les viols des petites affranchies par les Européens qui se sont enrichis dans le commerce ou l’activité sucrière à Bourbon, est un chef-d’œuvre.
Auguste Lacaussade a été seul à dénoncer ce crime qui gangrène la société esclavagiste. Pour cela aussi, il est un grand.

Lacaussade, victime de l’idéologie des puissants

C’est parce que son œuvre a été étudiée par des gens qui poursuivaient des objectifs bassement idéologiques, qu’il a été injustement classé parmi les auteurs du second rayon, pour reprendre l’expression de M. Hippolyte Foucque. Auguste Lacaussade ne pouvait s’attendre à mieux de ce dernier. Tous ceux qui ont parlé de lui jusqu’ici n’ont fait que répéter ces poncifs parce qu’ils étaient dans l’incapacité de mener un travail scientifique personnel.
Pour apprécier la poésie de Lacaussade, il faut se donner la peine d’étudier sa vie, sinon mieux vaut se taire.

Jean-Marie Lamour, Marie-Suzette Valliamée, enseignants Saint-Denis


"En tant que contribuable assujetti à l’impôt sur le revenu, je reçois ce jour ma déclaration 2004, accompagnée d’une lettre émouvante qui me dit ceci : “Parce que nous mesurons l’importance de votre effort, nous voulons que 2005 soit l’année des contribuables. Nous prenons l’engagement d’œuvrer pour que chaque euro dépensé soit un euro réellement utile, au service de notre pays et pour l’avenir de nos enfants." Elle est signée Hervé Gaymard, à l’époque (pas si lointaine) ministre de l’Économie et des finances de messieurs Chirac et Raffarin réunis.
J’ai failli éclater de rire en la lisant, à la pensée qu’il a dû la signer à peu près au moment où il emménageait dans son modeste appartement de 600 mètres carrés. Mais mon sourire a viré au jaune en calculant que cet appartement aurait dû coûter, cette année, 168.000 euros de loyer plus 30 à 40.000 euros de travaux, soit environ 200.000 euros à notre pays comme il le dit.
Je n’ai pas réussi à me convaincre que "chaque euro" ainsi dépensé pouvait être "réellement utile, au service de notre pays et pour l’avenir de nos enfants". Tout au plus, si “Le Canard Enchaîné” n’avait pas existé, aurait-il été utile au ministre, à son service et pour l’avenir doré de ses enfants ?
Heureusement, il a déménagé, y compris du ministère, et j’ai moins l’impression d’être pris pour un imbécile “à la puissance 200.000”.

René Richard


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