Le courrier des lecteurs du 27 juin 2005

27 juin 2005

(page 10)

À quand notre "marche pour la décroissance" à La Réunion ?

Ils en ont assez du gaspillage, des ravages sur l’environnement, des profits obscènes des multinationales et de l’esclavage publicitaire. Ils ? Une centaine de militants écologistes, qui, le 7 juin, ont quitté Lyon, en France, pour entamer une “Marche pour la décroissance”. Un concept revenu sur le devant de la scène avec le réchauffement climatique, la flambée des prix du pétrole et les menaces croissantes sur la biodiversité.
Pour les tenants de la décroissance, les modes de vie des pays riches sont insoutenables pour le reste de l’humanité, car polluants et dévoreurs de richesses naturelles. La raréfaction des ressources - et avant tout du pétrole -, couplée à l’explosion démographique, impose un changement radical des modes de production et de consommation.
Pas simplement en se réfugiant derrière le très en vogue “développement durable”, qui entend répondre aux besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures. Ce concept est, selon eux, une “imposture”. Suffisamment flou pour recueillir l’assentiment de tous, il ne fait que cautionner un libéralisme qui ne veut rien changer. Le développement tel qu’il existe, est irréconciliable avec la durabilité. Et injuste, car s’opérant au détriment de la majorité de la population mondiale. "Si on généralisait le mode de vie et de consommation européen ou américain à la surface du globe, on aurait besoin de cinq à huit planètes".
Brisant le mythe d’une croissance durable et la déconnectant du bien-être humain, ils estiment surtout qu’il est impossible de résoudre les problèmes environnementaux par les seuls progrès technologiques. Leurs thèses se fondent sur les travaux de l’économiste américano-roumain Nicholas Georgescu-Roegen, qui, au début des années 1970, a mis au jour la contradiction entre la dégradation inéluctable des ressources naturelles et une croissance matérielle sans limites.
En outre, les “objecteurs de croissance” insistent sur l’“effet rebond” des innovations technologiques. Par exemple, l’invention de voitures plus économes en carburant s’est traduite par une augmentation du parc automobile, du nombre de kilomètres parcourus et donc de la quantité globale de pétrole consommée.
Aussi, le seul moyen d’éviter de foncer dans le mur est d’entrer en “décroissance”. Ce qui ne signifie pas la croissance négative ou la récession, mais la transformation de notre modèle économique : produire et consommer moins pour vivre mieux. Se libérer du consumérisme, de la voiture, de la télévision... "Nos sociétés sont de plus en plus malades de leurs richesses, souligne Serge Latouche, professeur d’économie à l’université de Paris-XI. Il faut renoncer à la croyance que "plus" égale "mieux". "
Comme l’écrivait, dans les années 1980, le journaliste André Gorz, il est urgent de "remettre la raison économique à sa place subalterne, c’est-à-dire au service d’une société poursuivant l’émancipation et le libre épanouissement". Et non l’inverse. Les propositions ont le mérite d’encourager chacun à s’interroger sur son mode de vie.

La charte

Nous demandons la suppression immédiate du Grand prix de France de Formule 1, paroxysme de la pollution et du gaspillage des ressources naturelles.
Nous voulons la fin de ce loisir anachronique réservé à une vingtaine de gosses de riches, alors que le déclin de l’extraction du pétrole est pour aujourd’hui et que le climat se dérègle dangereusement.
Nous exigeons le terme de ces jeux du cirque irresponsables et puérils, qui érigent en exemple des comportements inconscients et extrémistes.
Nous réfutons le terrorisme intellectuel de la Pensée unique, qui voudrait faire passer notre demande censée, raisonnée, cohérente et logique pour folle. La folie et l’infantilisme est la caractéristique des responsables qui soutiennent une telle aberration.
Nous exigeons que les hommes et femmes politiques mettent un terme aujourd’hui à ce scandale, afin d’être à la hauteur de leurs responsabilités face aux limites de la planète et à notre devoir de solidarité.

Issop


Bon appétit la Bourse !

"Le dernier produit Danone, les enfants l’adorent !". L’encart publicitaire paru dans la presse du 24 juin a le mérite d’être clair : la pseudo action-éducative "bon appétit la santé", distribuée gracieusement par la multinationale Danone aux 360 écoles maternelles de l’académie est donc un "produit", à placer au même niveau qu’un yaourt ou qu’une bouteille d’eau minérale. Est-ce par pure philanthropie qu’agit cette entreprise, ou attend-elle un retour sur investissement, en "prolongeant au foyer l’action entreprise en classe" (sic) ? Qu’on nous permette de privilégier la seconde proposition, en rappelant que le groupe Danone avait défrayé la chronique en 2002, en fermant deux usines (Calais et Ris-Orangis), par pure convenance boursière, après avoir annoncé des bénéfices records en 2001, laissant au chômage et dans la misère plusieurs centaines de salariés, et donc autant de familles. Mettre en avant l’argument du mécénat est donc une imposture.

Certains ne vont pas manquer de dire que nous devrions être ravis de voir ce matériel gratuit arriver dans nos écoles si pauvres en moyens. L’argument selon lequel la marque du produit n’apparaît pas en clair sur les boîtes de jeu est balayé par la campagne de publicité non anonyme, qui nous prouve, si besoin était, que la cible est bien constituée des parents. En acceptant ce genre de "cadeau", nous mettons un doigt dans l’engrenage qui risque de nous entraîner vers des pratiques observées outre-Atlantique : des chaînes de télévision installent gracieusement des téléviseurs dans les écoles mais diffusent en contrepartie un programme d’information truffé de publicités, les établissements louent leurs toits et leurs murs comme espaces publicitaires pour glaner le budget que ne veut pas donner l’État. Et que penser des écoles sponsorisées par les sodas en Amérique latine ? Nous avons encore des écoles Pablo Picasso ou Françoise Dolto ; peut-être bientôt une école Danone ?
À l’évidence, les entreprises s’engouffrent dans une faille béante du service public : le manque de moyens. Et comme les multinationales ne sont pas spécialement reconnues pour leur souci d’une éthique désintéressée, on peut légitimement supposer que leur générosité cache une volonté cynique de développer auprès de nos bambins leur stratégie de conditionnement.
SUD-Éducation appelle les enseignants et parents à s’opposer résolument à cette action, pour refuser ce monde totalitairement dominé par la marchandise : le cerveau de nos enfants ne doit pas être un enjeu pour les vendeurs de yaourts.

SUD-Éducation Réunion


Alerte

Au sujet de notre “nettoyeur officiel”, j’ai ouï dire, sur les ondes de France Inter, dans l’émission de Daniel Mermet, “Là-bas, si j’y suis”, qu’une opération d’envergure avait été menée à Paris, devant les bâtiments de l’Institut du monde arabe, durant la nuit du 21 au 22 juin. Alors que certains finissaient de fêter la musique et le solstice d’été dans l’allégresse, d’autres, pendant ce temps, se faisaient tabasser par une “milice” aux ordres du fossoyeur de la France et de ses valeurs.
L’Institut du monde arabe, lieu de rencontres et d’échanges culturels, recèle en son sein, aux yeux de certains, des petits malfrats à qui il faut donner des leçons de vie... Cette opération, très violente au dire des témoins, n’a pas suscité le même engouement médiatique que l’opération à l’américaine menée à la Courneuve. Cette partialité de la plupart des médias donne la nausée. Leur soutien à môssieur Sarkozy frise le ridicule. Cet individu se prend pour un shérif et ses méthodes fascisantes pourraient bien très vite lasser le peuple français. Le modèle américain d’une police avant tout répressive ne saurait convenir à nos aspirations et à notre état d’esprit.
Que penser de notre président qui a nommé, en même temps que le Premier ministre, ce sinistre ministre de l’Intérieur, dont les idées et les manières de faire ressemblent plus à celles de l’extrême droite ? Les pressions sont-elles si terribles de la part des lobbies atlantistes que les dirigeants de ce pays n’obéissent plus qu’aux ordres ? Sommes-nous devenus un territoire occupé ? Il semble que ce soit le cas.
Depuis que Sarko est revenu au pouvoir, la violence est en recrudescence. Diviser les communautés, pour mieux régner, en stigmatisant la communauté arabe musulmane en particulier, est le fer de lance de notre cher sinistre de l’Intérieur.

Ce personnage est un grand danger pour la stabilité de notre pays. Ce saboteur de l’unité, à travers ses provocations scabreuses, cherche l’affrontement entre le peuple et le bras armé des institutions et appelle à une guerre des civilisations.
La violence, on le sait, ne résout pas les problèmes, mais cela ne nous empêche pas de résister, contre un modèle unique de l’organisation de la société, restrictif de la pensée. Le spectre du chaos et la peur qu’il peut susciter, comme vecteur d’asservissement du peuple doit devenir au contraire un moteur et nous tenir en alerte en faisant de nous des observateurs critiques et avisés, proposant des solutions alternatives au seul modèle qui nous soit proposé.
Les événements des semaines à venir, avec la possibilité d’une entrée en guerre contre la Syrie aux côtés des amis de Sarko, Bush et Blair, doit nous faire réagir.

La France libre ne doit pas s’acoquiner avec des États voyous, qui ont été jusqu’ici incapables de justifier leur entrée en guerre contre l’Irak, pays qui subit une occupation des plus terribles qui soit. Nous en avons assez de ces épurations ethniques déguisées !
Les hommes de ce millénaire aspirent à d’autres modes de relation, certainement plus fraternels et ces barbares voudraient nous faire croire que cela est impossible. Nous saurons pourtant leur montrer, par la loi du plus grand nombre, que les hommes sont prêts à sortir du cycle de la souffrance judéo-chrétienne, pour gagner à nouveau le paradis sur Terre...
Pour que cela advienne, il faudrait envisager une nouvelle organisation sociale, privilégiant l’être à l’avoir, le qualitatif au quantitatif, le partage à l’appropriation, l’harmonie au chaos qui permettrait ainsi l’avènement d’une Paix durable, à l’intérieur d’un modèle humaniste.

Association Imagine la Paix


Réponse à Mme Aude Palan-Vergoz

Madame, je vous ai écoutée aux matinales de RFO il y a quelques jours. Vous disiez que multiplier les poubelles de couleur c’est du gaspillage et que vous ne sortez jamais votre poubelle jaune car elle est toujours vide.
Quel dommage de ne pas partager et soutenir l’effort que font beaucoup de citoyens et de municipalités pour trier et diminuer le volume très important d’ordures que chacun d’entre nous produit ! Jeter à part le papier, le carton, le plastique permet de le ramasser sélectivement de le retraiter et de le réutiliser... au lieu de le jeter.
Beaucoup de communes possèdent des centres de tri où les habitants peuvent venir se débarrasser, gratuitement, de ce qui les encombre : les végétaux par exemple qui sont transformés en compost, les métaux qui sont traités par des sociétés spécialisées, les gravats qui sont ramassés et transformés, les huiles usagées qui sont également ramassées et traitées, les textiles qui sont récupérés par des associations caritatives. Restent les piles et batteries qui font l’objet d’une collecte sélective et qui sont actuellement stockées dans les centres de tri en attente d’agrément d’une filière de valorisation.
Le tri de nos ordures est un acte citoyen qui permet de protéger l’environnement, de supprimer les dépôts sauvages et de valoriser et de recycler nos déchets. Ce geste éducatif, nous devons le faire pour nous mais surtout pour nos enfants et petits-enfants pour garder notre île propre et belle.

S. B.,
Le Port


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