Laïciser jusqu’au costume ?

Sauf erreur, et dans ce cas mes sincères excuses, car jusqu’ici nos représentants locaux n’ont pas examiné en concertation avec nous les problèmes relatifs à la cohésion sociale à notre époque sous l’éclairage de tout ce qui relève de la séparation des pouvoirs civils et religieux depuis la loi votée le trois juillet mille neuf cent cinq à la Chambre des députés. Taine (1828-1893) a-t-il encore raison : "Ce qui perd la France, c’est l’ignorance ordinaire des parlementaires qui la gouvernent. Ils ne sont allés au fond de rien et ne savent où ils vont. Ils ne peuvent ni ne veulent regarder, comme nous, l’avenir, et de toute la profondeur du ciel agrandir l’horizon humain..." ? (*) C’est à croire que des lois supérieures mènent les peuples ! Il n’y a pas aujourd’hui de truchement entre nos représentants et le gouvernement français, que je sache. Alors, pourquoi cette réserve en contraste avec la verve de : Brisson, Briand, Rouvier, Waldeck-Rousseau, Combes, Buisson... De nos jours les services tels ceux de Consalvi et Spina, de l’abbé Bernier ne seraient plus de mise. À notre époque il faut expliquer ou comprendre.
Il a été question de "toilettage". Pourquoi pas ? Faudrait-il en avoir peur ? Nous ne sommes pas une collection de semblables, des segments A-Z isolés, ignorant tout ou voulant tout ignorer des questions touchant à l’ultime, mais des citoyens dans une humanité en marche où les religions en paix détiennent une des clefs dans la conception de la société en lui insufflant, non pas du prosélytisme, mais une idée de transcendance qui nous distingue apparemment de la bête. Où sont passées nos valeurs : honnêteté, loyauté, fidélité, respect de soi-même et des autres...?
Je laisse donc ici la place à ceux dont les compétences et les vertus républicaines et démocratiques pourront, mieux que moi, éclairer pour cimenter notre vivre ensemble dans le partage. Voilà, me semble-t-il, une des suggestions possibles concourant à ce qu’il est convenu d’appeler la recherche de l’intérêt général.

Joseph Mondon
(Les Avirons)

(*) Georges Berry - Député - Une Page d’Histoire. La séparation des Églises et de l’État à la Chambre des députés - Librairie universelle.

Hommage à Monsieur Sidambarompoullé Antoine, président du Temple du Colosse

En ces temps troublés où prédomine un déclin de toutes les valeurs morales, il n’est pas inutile de rendre un hommage appuyé à un homme, qui pendant une trentaine d’années, a consacré son existence au service de Dieu et des êtres humains. Monsieur Sidambarompoullé Antoine a suivi les traces de ses aïeuls en devenant le principal responsable d’un temple, avec ce que cela comporte de sens du devoir (Dharma dans l’hindouisme), d’action désintéressée (Karma), de dévotion permanente (Bhakti), et de poursuite constante de la connaissance (Jnana). Il n’a eu de cesse de partager cet art de vivre qu’est l’hindouisme, en surmontant les obstacles et les médisances, avec abnégation, persévérance et le souci permanent d’expliquer, de partager et d’instruire.
Fils d’agriculture, fonctionnaire hospitalier, chef d’entreprise, cet homme a considéré les fidèles comme sa famille. La rénovation du Temple du Colosse et son inauguration, dans la tradition dravidienne resteront comme la consécration d’une vie d’efforts et de courage, marquée par une volonté sans faille et le soutien inconditionnel de son épouse.
Longtemps, nous nous souviendrons du respect pointilleux qu’il portait au déroulement des rituels, à l’organisation minutieuse des principaux événements (fête de Karly, marche sur le feu), et à l’indéfectible lien qui le rattachait au divin. Aujourd’hui conscient que nul n’est irremplaçable, que toute vie humaine est limitée, en obéissance aux quatre stades de l’existence préconisés par l’hindouisme (bramacharya : période d’étude ; grihastha : maître de maison ; vanaprashta : conseiller de la communauté ; sannyasi : renonçant), il a décidé de se retirer pour se consacrer exclusivement au Jnana-yoga (yoga de la connaissance) que la Bhagavad-gîta définit comme suit : "C’est par la foi que l’on obtient la connaissance, quand on en fait son but, quand on est maître de ses sens. Et quand on a acquis la connaissance, on parvient sans retard à la sérénité ultime".
Puisse cet exemple vivant être suivi, comme un phare qui ne s’éloigne pas, toujours présent dans le cœur et l’esprit de chacun d’entre nous.

Radjah Veloupoulé

Je suis Juif, Chrétien, Musulman, Comorien, Créole...

Alors que dans la presse et dans le microcosme réunionnais se déverse un flot de stupidités ô combien dangereuses, j’affirme haut et fort que je suis Juif, Chrétien, Musulman, Comorien, Créole... Les paroles d’un homme que l’on aurait pu imaginer être au dessus de tout cela ont mis le feu aux poudres ; notre nouveau ministre des DOM-TOM a cru bon de relever le défi d’autres hommes que nous avions mis au banc de la société, en allant plus loin dans la surenchère xénophobe. Cette nouvelle politique vis-à-vis de l’immigration se fait jour. Tous ceux qui ont gouverné jusqu’à présent n’ont jamais osé franchir le pas pour mettre en place une société plus égalitaire. Je sais que par les temps qui courent, le mot "égalitarisme" peut paraître ringard. Il est difficile dans un monde où la pensée unique, calquée sur le modèle ultra-libéral américain, devient une mode de vouloir remettre au goût du jour les mots "partage", "laïcité" et "collectivisme", pourtant c’est bien l’absence de ces valeurs qui fait que des femmes et des hommes se trouvent sur les chemins de l’exil.
La planète est un espace restreint où chacun doit pouvoir trouver les moyens de s’épanouir en toute harmonie. Mais voilà, il existe des hommes qui ont décidé soit par l’héritage, ou à force de spéculations, de décréter que tel ou tel endroit leur appartient, que les matières premières sont leurs propriétés. N’en déplaise à certains, il faudra pourtant qu’un jour la redistribution se fasse.
Je tiens à déclarer ici que tout étranger qui est, qui viendrait ou qui penserait un jour poser le pied sur le sol français serait de plein droit Français, et ceci sans devoir exhiber un test ADN pour le prouver ! Pourquoi je le prétends ? Non pas par pure folie - j’entends déjà les lazzis et les quolibets - mais tout simplement parce que la misère que nous voyons poindre à nos portes est le résultat de politiques d’exploitation de l’Homme par l’Homme menées depuis plusieurs siècles. Monsieur Dindar, vous qui vous prenez pour le grand chevalier régulateur, vous me faites pitié. Regardez votre culture, elle est tombée sur vos pieds, n’oubliez pas Monsieur que les solutions que vous avancez ont déjà été mises en application sous d’autres formes et nous n’avons que faire d’un nouveau docteur Mengele.
La trace laissée par de telles idées est restée profonde dans la peau de certains, et en développant vos idées, vous ne faites que rouvrir les plaies pas encore cicatrisées. Il est temps de dire la vérité. L’immigration des peuples est un juste retour des choses. Ne vous en déplaise Messieurs Dindar, Virapoullé et consort, ces immigrés viennent réclamer leur dû. La France leur doit asile, car depuis toujours, nous vivons sur leurs rentes. Depuis des siècles au travers du colonialisme, de l’esclavage et des guerres, la France et toutes ces nations dites civilisées, leur ont volé le sang de leur Terre. Voilà pourquoi Messieurs les donneurs de leçons, les imprécateurs, il n’y a pas une once de vos fortunes personnelles qui ne soit issue de l’héritage des peuples spoliés, il n’y a pas un moment de la journée où vous ne vous appuyez sur du bois venu de leurs forêts dévastées par des spéculateurs, où vous vous habillez de vêtements confectionnés par des petites mains sous-payées, où vous pêchez dans des zones réservées, alors que la faim les tenaille.
La politique que vous prônez, la politique libérale, c’est la politique de la terre brûlée. Pour ce qui me concerne, je préfère la politique du partage. Ce qui est plus grave encore, c’est parce que vous avez échoué dans cette politique que vous stigmatisez l’étranger, l’autre, celui qui serait moins Français que vous. Vous avez échoué pour les logements et pour le chômage, vous avez accentué la précarité. Depuis ces années de plomb que vous nous faites subir, il ne reste de l’exemple social français que des ruines, et comme si cela ne suffisait pas, après avoir mis les misérables dans le fossé, il ne vous reste plus qu’à détruire les plus misérables des misérables, les immigrés ! Honte à vous Messieurs ! Il ne me vient plus qu’un mot et c’est le cœur au bord des lèvres que je vous dis : Démission !

Guy Ratane-Dufour

Le black-out de RFO sur les activités de la Région Réunion

Quelle est la mission de service public de RFO, que ce soit en télévision ou en radio ? Cela pourrait être d’informer. Or, ce n’est pas le cas, tout du moins dans le sens où l’on entend généralement le mot “information”, autrement dit de donner des éléments relatant ce qui se passe, ce qui s’est passé ou ce qui va se passer.
En une semaine, RFO, Radio comme Télévision, a réussi le tour de force de ne pas couvrir des conférences de presse, assister aux visites sur le terrain, assister à des réunions... lorsque ces événements sont organisés par la Région Réunion.
En voici la preuve - nous n’avons pris que la dernière semaine, mais l’on peut retrouver les mêmes “symptômes” les semaines précédentes.

o Lundi 19 septembre : La Région Réunion inaugure, avec la SCI Central Réunion, le promoteur, les architectes, l’agence immobilière, les représentants du monde étudiant, les entreprises ayant contribué à sa construction etc... la “Résidence des Fac de Saint-Pierre”. Celle-ci comporte 144 logements.
RFO Radio comme RFO Télévision sont absents.

o Mardi 20 septembre : Une conférence de presse est organisée dans l’enceinte de la Région Réunion. Elle regroupe des représentants du monde économique, financier, des petites entreprises. L’objectif est de présenter le FIP (Fonds d’investissement de proximité). RFO Télévision fait une timide apparition. RFO Radio n’a pas jugé opportun d’interroger les élus de la Région, pourtant à l’initiative de la création de ce fonds.

o Mercredi 21 septembre : La commission du développement humain organise une visite de terrain. RFO Radio et RFO Télévision ne se déplacent pas. Motif invoqué : on ne "couvre" pas les visites de terrain. Dont acte.
Quelques heures plus tard, aux Chambres de commerce et de métiers, réunion sur l’impact de la hausse du prix des carburants sur l’économie réunionnaise. Paul Vergès, président de la Région Réunion, n’est pas sollicité, alors que la question de l’énergie intéresse la Région Réunion.

o Jeudi 22 septembre : L’état major du RSMA est reçu à la Région Réunion pour évoquer les modalités du partenariat à poursuivre concernant la formation des jeunes. Absence de RFO Radio et de RFO Télévision.

Une heure plus tard, le CIRAD et la Région signent des avenants à une convention visant au développement économique de La Réunion, notamment en matière de recherche. RFO Radio vient mais se refuse à interroger la Région et RFO Télévision ne daigne pas se déplacer.

o Vendredi 23 septembre : Une centaine d’acteurs culturels vient à la Région pour le bilan de la première année des États généraux de la Culture. RFO Télévision donne quelques images furtives. Aucune question n’est posée, ni aux acteurs culturels, ni aux représentants de la Région.

o Lundi 26 septembre : À la Préfecture se tient une rencontre tripartite entre l’État, la Région et le Département, au sujet du plan de cohésion sociale. La Région Réunion y est représentée par Wilfrid Bertile (pour une contribution sur la mobilité), par Denise Delorme (pour une déclaration d’intention sur l’apprentissage et la signature d’un contrat d’objectifs), par Anick Le Toullec (pour la signature d’une convention relative aux missions locales, convention tripartite), par Emmanuel Lemagnen (pour une contribution au développement de l’économie non marchande). Aucune question ne sera posée aux élus régionaux alors que la parole est donnée à l’État et au Département... si ce n’est pas du parti pris...

o Questions : Quels sont les “sujets” qui intéressent RFO Radio et RFO Télévision s’ils ne traitent ni des questions concernant les étudiants, ni celles concernant la création des petites entreprises réunionnaises ou le développement économique de La Réunion, ni celles relatives à la formation professionnelle et à la recherche, pas plus que celles se rapportant à la culture et à la cohésion sociale ?
Comment la station peut-elle expliquer son refus systématique de donner la parole aux élus de la Région Réunion ?
Est-ce simplement un défaut de compréhension de la portée de ces événements ou du fond des dossiers ? Ou est-ce une volonté délibérée, une malveillance profonde (par ailleurs déjà manifestée par RFO Radio comme Télévision) ?
Il suffit d’observer comment a contrario RFO Télévision et RFO Radio “couvrent plus” d’autres événements pour se faire une opinion. À n’en pas douter, l’actualité prochaine le démontrera.