Le courrier des lecteurs du 28 juillet 2005

28 juillet 2005

(page 10)

Un nouveau “plan Marshall” pour sauver les pays les plus pauvres

C’est évident pour quiconque d’un peu attentif à l’actualité internationale : les pays qui souffrent le plus de la faim, de la soif, de la maladie, de la pauvreté, du chômage, des conflits, des catastrophes naturelles, sont ceux du tiers-monde. Bob Geldof serait d’accord. Si certains pays pauvres, comme l’Inde et la Chine, ont bon espoir de rejoindre le club sélect des pays développés d’ici quelques décennies (à quel prix ?), d’autres, comme Haïti et le Mali, n’y arriveront tout simplement pas. Car la situation continue à se détériorer dans la majorité des pays pauvres, malgré une certaine aide des pays riches (qui s’avère parfois un cadeau des Grecs, comme ces dons en nourriture, conséquence des subventions indécentes versées aux agriculteurs des pays riches, qui poussent à la faillite nombre de petits agriculteurs), comme leur projet d’annuler la dette des pays les plus pauvres.
Pour espérer sauver les pays les plus pauvres, il faudrait répartir équitablement et durablement la richesse sur cette Terre mal foutue. Et pour ce faire, il n’y a pas d’autres solutions pour moi que l’union des pays les plus pauvres avec les pays les plus riches. Cela paraît utopique, mais y a-t-il une seule autre façon d’intéresser vraiment les pays riches au sauvetage de la moitié de la planète ?
La Guadeloupe et la Martinique ressembleraient probablement à Haïti, si elles n’avaient été maintenues rattachées à la France, vers 1800. De même, La Réunion ressemblerait probablement à Madagascar si elle n’était plus un département français d’Outre-mer. Terre-Neuve, terre de pêcheurs, serait assurément plus pauvre qu’actuellement si elle n’avait joint le Canada, en 1949.
Il semble qu’il en a coûté des milliards à l’Allemagne de l’Ouest de raser le Mur de Berlin et qu’il en coûte cher encore aujourd’hui. Il semble qu’il en coûterait de même excessivement cher à la Corée du Sud pour absorber celle du Nord. Les Allemands de l’Ouest ont accepté de diminuer leur niveau de vie pour permettre à ceux de l’Est d’augmenter le leur, afin qu’un jour l’Allemagne soit la même pour tous, par solidarité. Il en irait éventuellement de même des Coréens.
Concrètement, chacun des pays riches solliciterait au moins un pays parmi les plus pauvres (un intérêt particulier serait porté aux pays insulaires, dont plusieurs risquent de disparaître dans les décennies prochaines, du fait de la montée des eaux). Bien entendu, les rapprochements se feraient d’abord entre des pays qui ont des atomes crochus. Les populations concernées seraient consultées démocratiquement. Si la réponse est concluante, commencerait alors un véritable travail de titan pour accroître durablement la richesse du pays pauvre. Non seulement l’union profiterait à ce dernier, mais aussi aux pays limitrophes, par ricochet.
Cela dit, un pays riche ne voudrait contribuer vraiment à l’essor d’un pays pauvre - et ainsi s’appauvrir lui-même - que s’il estime que ce pays pauvre contribuera un jour en retour à la richesse nationale. Pointeraient alors les dangers du néocolonialisme, auxquels les pays feraient face en instituant de sévères mécanismes de contrôle. Mais, vaut mieux craindre le néocolonialisme qu’une mort imminente.
Des pays préfèreraient conserver leur indépendance, et cela pour diverses raisons. Pour d’autres, cependant, le refus serait le fait d’élites corrompues, qui, contrairement à la population dans son ensemble, ne verraient pas d’intérêt à l’intégration.
C’est triste à dire, mais on est beaucoup plus solidaires de ses concitoyens que des citoyens du monde. Pour sauver la planète, il faut rapprocher et solidariser durablement les Terriens. L’union des pays les plus pauvres avec les pays les plus riches y concourrait.
Il faut se poser la question : les dirigeants des pays riches ont-ils vraiment intérêt à ce que les pays pauvres s’en sortent ? Je ne le crois pas, car ils se comporteraient autrement. Je ne serais même pas surpris qu’ils puissent un jour souhaiter que les populations des pays pauvres chutent drastiquement pour assurer la viabilité de leur propre population sur cette Terre surexploitée et bientôt trop petite.

Sylvio Le Blanc,
Montréal (Québec)


À Raymond Lauret

Chaque matin en ouvrant “Témoignages”, je ne peux m’empêcher, avant la lecture de tout autre article, de prendre connaissance avec un désir ardent du billet de Raymond Lauret. Tant pis pour Lulu, Manuel et les autres et leurs excellents éditos que je ne rate évidemment pas, tout comme les autres textes de haute qualité, ceux notamment traitant l’actualité sociale, économique et politique.
Mais je n’y peux rien, la rubrique de Raymond Lauret plaît.
Sa vision des choses, son besoin toujours de vouloir distinguer les autres ne laissent pas indifférent.
Oui, son billet captive le lecteur.
Il fallait que je le dise.
Bravo Raymond Lauret et surtout continue !

Paul Dennemont,
Saint-André


Jean-François Copé, un drôle de client, pas très citoyen

Beaucoup de gens de gauche ne lisent pas “L’Express”. On ne saurait leur en vouloir : son orientation droitière et - comme c’est aussi le cas de ses confrères “news magazines” “Le Point” et le “Nouvel Observateur” - une avalanche publicitaire dans laquelle surnagent quelques articles qu’il serait présomptueux de qualifier de fond - sauf à faire référence à celui des tiroirs - peuvent décourager les meilleures volontés.
Si on lit “L’Express”, c’est souvent dans une de ces occasions où le désœuvrement nous fait prendre ce qui nous tombe sous la main : le train ou l’avion, le coiffeur, la salle d’attente du médecin.
La dernière livraison de cet hebdomadaire donne la parole à M. Jean-François Copé, qui doit probablement à l’indigence de la fin de mandat de notre président, le fait d’être ministre du budget et de la réforme de l’État. Paroles stupéfiantes : "Le citoyen est un client, et le client est roi", proclame fièrement M. Copé. Paroles imprudentes, au demeurant, car si les citoyens étaient des client-rois, il serait bien possible que nombre d’entre eux délaissent la boutique de M. Copé, qu’ils n’ont pas choisi, hors sa bonne ville, comme fournisseur.
M. Copé nous informe qu’il va s’attaquer pour de bon à la réforme de l’État, passer, dit-il, "du prototype ponctuel a la production en série". Nous passons, nous, des raffarinades aux copénades, ce qui n’est pas un progrès sensible. Et comment va-t-il faire, M. Copé ? Accrochons-nous. Phase 1, supprimer les lois inutiles. Au moins 130 (seulement ? NDLR). Lesquelles ? M. Copé nous donne deux exemples bouleversants, et deux seulement : l’ordonnance de 1723 sur les ouvrages royaux dans les rivières et la loi de 1960 sur le service militaire des mineurs de fond. Après une tornade, nous dirons même plus, un nettoyage au kärcher de cet acabit, nul doute que l’administration et ses administrés-clients-rois vont tomber dans les bras les uns des autres, noyant leur réconciliation sous des tonnes d’effusions.
Phase 2 : faire porter par les fonctionnaires la réforme de l’État. Car, contrairement à son collègue Dutreil, M. Copé les aime, lui, les fonctionnaires. Et il va leur prouver son amour. Il va leur offrir "un audit portant chaque année sur 20% des missions de l’État pour diagnostiquer comment il les remplit et faire des gains de performance". "En cinq ans, nous les aurons toutes examinées", précise-t-il, ce qui nous démontre qu’il sait vachement bien compter. Mais ce n’est pas tout : "Ensuite, comme cela se fait dans beaucoup d’entreprises (tiens, le MEDEF n’est jamais bien loin de M. Copé) tous les services en contact avec le client seront certifiées par un organisme indépendant pour garantir un service public de qualité". Voilà de quoi, sans conteste, mobiliser les fonctionnaires en vaillantes cohortes unies derrière l’étendard de la réforme de l’État brandi par M. Copé.
Nous nous disons, nous, simples citoyens qui n’avons pas, mais pas du tout, envie de devenir clients de services qui n’auraient, on le sent bien, de "publics" que le nom, que M. Copé nous prend pour des pommes. À moins que nous ayons été naïfs en pensant qu’il y avait des inspections pour garantir un service public de qualité, une Cour des comptes pour vérifier la bonne utilisation des dépenses publiques. Il faudrait, en plus financer par nos impôts des audits "indépendants" ? Un sentiment nous est venu, transformé en certitude à la vitesse de l’éclair : M. Copé méprise par ses propos la fonction publique, les fonctionnaires et, finalement, ses "citoyens clients".

João Silveirinho,
pour le Cactus-La Gauche !
(envoi de Jean-Luc Gonneau)


Les mensonges de Tony Blair

Quelle crédibilité accorder aux affirmations de sieur Tony Blair et associés quant aux attentats de Londres ?
Les “vrais journalistes” devraient rappeler les faits suivants :

- Pour justifier l’invasion de l’Irak, Tony Blair avait accusé à tort le Niger d’avoir vendu de l’uranium à l’Irak. Il avait produit les fausses preuves d’un soi-disant rapport d’expert. Au passage on peut bien se demander "qui lorgne(nt) l’uranium de ce pays au bord de la famine ?".

- Après la campagne du G8 sur la soi-disant dette africaine, la campagne dite d’information sur la famine au Niger pourrait être une astuce pour s’approprier cet uranium. On se rappelle, hélas, les images du Biafra et ... les dessous de la politique française.

- Le "suicide" suspect de l’expert Britannique, David Kelly, Kelly avait osé révéler, anonymement, à la BBC que Tony Blair et al avaient volontairement exagéré la menace des armes de destruction massive en Iraq pour justifier l’invasion.

- Les démonstrations de son associé Bush, images et photos à l’appui, sur la soi-disant existence des armes de destruction massive en Iraq. L’AIEA (Agence Internationale pour l’Énergie Atomique) a démontré que c’étaient des mensonges. Mensonges d’État et criminels.

- L’absence de condamnation ferme et unanime du lâche assassinat par des policiers en civil d’un jeune Brésilien, cloué au sol, qui ont fait exploser sa cervelle avec huit (8) balles, est inacceptable. Comme dit si bien son cousin, "ils voulaient tuer pour signifier qu’ils tueraient n’importe qui, qui ne leur est pas soumis".

Gilbert Léonard,
Paris


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