Le courrier des lecteurs du 29 décembre 2004

29 décembre 2004

(Page 10)

Le “contrat France 2005” de Raffarin : un cadeau de plus pour les patrons

L’effervescence autour des fêtes ne doit pas faire oublier les menaces qui pèsent sur la législation en vigueur sur la durée du travail, les conditions de travail et les rémunérations.

L’UIR-CFDT est en opposition totale avec les mesures de remise en cause des 35 heures du “contrat France 2005” annoncées par le Premier ministre Raffarin, qui constituent une véritable rupture dans le système de dialogue social et de négociation.

Les nouveaux assouplissements de la RTT favorisent l’augmentation des heures supplémentaires au détriment de l’emploi et augmentent les inégalités entre salariés des petites et des grandes entreprises. Ils remettent en cause un progrès social, négocié le plus souvent avec la contrepartie d’une réorganisation du travail et d’une modération salariale.

En outre, ils font de l’hypothétique recours aux heures supplémentaires, imposées par l’employeur, le seul moyen pour les salariés d’augmenter leur rémunération alors que des négociations salariales sont indispensables. Pour enfoncer encore plus le clou, le gouvernement renvoie le salarié au leurre du face à face avec leur employeur pour déterminer leur durée de travail.

Pour l’UIR-CFDT, la réforme vise ni plus, ni moins, à permettre aux entreprises de contourner les syndicats pour mieux contraindre les salariés.

Ces mesures augurent mal les relations sociales de l’année 2005 à La Réunion où plus de 95% des entreprises comptent moins de dix salariés, donc pas de délégués du personnel, ni délégué syndical pour les accompagner dans la défense de leurs intérêts.

Au moment où le ministre Borloo vient faire l’apologie des emplois précaires, le chef du gouvernement augmente le temps de travail de ceux qui ont la chance de disposer d’un emploi laissant par la même hors de l’entreprise les milliers de chômeurs de La Réunion.

Axel Zettor,
secrétaire général de l’UIR-CFDT


Je ne veux voir qu’une seule tête...

Une synthèse du récent “débat” pour le choix d’un calendrier scolaire pourrait être : “je ne veux voir qu’une seule tête, du 22ème parallèle au 45ème parallèle !”

Lors, prenons au mot l’institution quand elle choisit de définir un calendrier scolaire ! Parle-t-on, en Métropole ou en Europe, de “calendrier climatique” pour les enfants d’âge scolaire ? Non, tout simplement l’année scolaire commence après la saison d’été, c’est à dire globalement juillet-août.

Bref, juillet et août sont les mois d’été ! Et bien en toute logique, les mois d’été à La Réunion sont janvier et février. Reprenons donc le chemin de l’école à la fin de février, et faisons une année scolaire pleine et entière : de mars à décembre, cela fait dix mois, (tout comme de septembre à juin en Métropole). Les élèves passeraient leurs examens en décembre, début de la saison chaude, et alors ? Ne passent-ils pas leurs épreuves en juin qui est aussi le début de la saison estivale en Métropole ?

L’institution bafoue honteusement des milliers d’élèves qui voient dans une année scolaire deux rentrées ! Tous ces élèves doivent subir une coupure en plein milieu d’année. Six mois de décalage pour les grandes écoles, ou suivi d’études en Métropole ou ailleurs ? Cela concerne une infime minorité, un pourcentage infime comparé à la majorité des élèves qui subissent cette coupure en milieu d’année. En fait cela concerne essentiellement les lycéens en fin de cursus : tous les Bacs et BTS. Et pour ces futurs “expatriés”, pourquoi ne pas mettre à profit ce temps pour se préparer, s’installer, se trouver des conditions d’accueil acceptables, approfondir les acquis. Que représentent 6 mois sur une vie de 65 années de labeur ?

Un autre choix de calendrier scolaire ? Des solutions existent, mais dans un contexte démocratique réel. Car il ne faut surtout pas s’illusionner et penser que les résultats revenus des écoles, collèges et lycées, représentent l’avis de la majorité. Et quand bien même les calendriers A, B, C, proposés par le recteur, ne différaient au maximum que d’une semaine, ce qui ne représente que 2% d’une année scolaire. Répétons-le encore : ce débat était un débat bidon, qui a accouché d’une décision bidon, parce que le choix avait déjà été fait par le recteur. Les intérêts économiques d’une minorité prévalent encore sur les considérations pédagogiques, qui elles intéressent pourtant tous les élèves.

SUD éducation Réunion


Qu’est-ce que c’est que ces horreurs ?

Vous avez vu ces machins en carton pâte qui “décorent” depuis quelques mois la bonne ville de Saint-Denis ? Main zinzanb à une extrémité du boulevard Sud, bœuf obèse les pattes en l’air au moindre coup de vent à l’autre extrémité, arcades et fontaine en faux béton rue de Paris, phare publicité pour croquettes congelées à l’entrée de la route en corniche, façade de case créole bien proprette à la médiathèque... C’est ça la culture Victoria ?
Il semblerait : une culture du carton pâte et du faux-semblant. Au lieu d’investir dans le durable auprès d’artistes ayant vraiment quelque chose à dire (La mère et l’enfant de l’entrée Nord de la mairie ça a quand-même une autre gueule, ou le joueur de kayamb de l’allée des cocotiers pour ceux qui aiment le moderne), au lieu de valoriser la flore locale (des pestes végétales plein les ronds-points), au lieu de protéger l’existant (les vraies cases créoles tombent en ruine et partent en fumée), on confie l’embellissement de Saint-Denis à un décorateur de supermarché ! Car c’est cela la culture Victoria : une culture de supermarché : De la charrette bœuf pour pile plate au clown Ronald, l’administré-consommateur dionysien n’est pas dépaysé.
C’est simple en fait : Saint-Denis est devenu un immense hypermarché. Depuis quelque temps déjà, la réglementation sur l’affichage mise en place par l’ancienne municipalité n’est plus respectée. La prochaine étape c’est le Pôle Océan qui entraînera la mise à la retraite anticipée de pas mal de petits commerçants du centre ville et pour finir la privatisation des cantines scolaires où, pour plus cher, nos marmailles, mangeront moins bien.
On ajoute l’abandon de l’effort sur les transports en commun et on a là un bel exemple des conséquences néfastes d’une politique libérale : la quantité plutôt que la qualité, le jetable plutôt que le durable, l’accaparement plutôt que le partage.

Jean-Pierre Espéret


La qualité de vie des Réunionnais

En achetant ses produits à la Métropole, l’île de La Réunion procure à la mère patrie des activités et des revenus qui font cruellement défaut à notre île. Les aliments à bas prix ainsi importés permettent de maintenir le prix du panier de la ménagère à un niveau plus bas que si cette alimentation était produite localement de façon plus artisanale, moins industrielle. Ceci permet donc de maintenir des niveaux de salaire plus bas que si le consommateur achetait plus cher les produits locaux. Ceci permet aussi à notre activité économique insulaire de rester compétitive grâce à ces bas salaires. Il est malheureusement regrettable qu’une grande partie des gains ainsi obtenus par les entreprises réunionnaises soit investie à l’extérieur de l’île.

On pourrait imaginer un système totalement différent où les prix et les salaires seraient un peu supérieurs à ceux d’aujourd’hui mais où l’équilibre économique global de l’île serait amélioré. Ceci semble réalisable si l’on met en balance le coût économique et social du chômage avec le surcoût généré par une production locale. Il n’est par ailleurs pas exclu de penser qu’à terme, l’activité agricole de l’île (hors canne à sucre) soit exportatrice. Cette nouvelle politique irait dans le sens d’un développement agricole et touristique raisonné, axe davantage sur la qualité que sur la quantité. N’est-ce pas un bon moyen d’améliorer aussi la qualité de vie des Réunionnais ?
En définitive, n’est-il pas illusoire de calquer le système socio-économique du grand continent européen sur une entité géographique si éloignée, si différente, si petite.

La spécificité réunionnaise, comme la spécificité de nombreux territoires dans le monde, est bien réelle et mériterait donc un traitement, un régime, un mode de fonctionnement et peut-être même des lois spécifiques bien différentes. N’est-ce pas cela une région ultrapériphérique ?

Reconnaître sur cette île les erreurs de l’aménagement humain serait un premier pas vers la reconnaissance des erreurs commises par l’espèce humaine pour l’aménagement de la planète tout entière. Réussir l’aménagement de La Réunion propulserait notre île au rang de modèle universel. Pourquoi ne pas s’accrocher à cet ambitieux dessein, le seul, nous le savons aujourd’hui, capable de faire refleurir les sourires sur les visages tristes et angoissés de la génération future ?

François Maugis,
retraité,
Saint-Benoît


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