Le courrier des lecteurs du 3 novembre 2004

3 novembre 2004

Le Réunionnais Patric Nottret, Récidive !

Patric Nottret est né à Saint-Denis de la Réunion en 1953. Il a sept ans, lorsque ses parents quittent l’île pour répondre aux besoins de la vie. Il garde un souvenir inoubliable de cette enfance. Ce Réunionnais après de brillantes études en agronomie, s’oriente d’abord vers la publicité puis par créer son propre bureau d’études spécialisées dans le domaine de l’environnement.
Militant de l’environnement, il publie son premier roman "Poison Vert". Plus de 100.000 exemplaires vendus. Il a connu un important succès public et d’estime. Je ne citerai que deux critiques, parmi tant d’autres :

- Anne Crignon, “le Nouvel observateur” : "Patric Nottret a inventé un justicier qui défend la faune et la flore. Réjouissant".

- Marc Sich, “Paris Match” : "Cet excellent polar français a la vicieuse subtilité d’une drogue... Imagination, humour et rebondissements..."
Le G.R.A.H.TER (Groupe de recherches sur l’archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) l’accueillera en 2002 lors de la sortie de son premier roman. Il est heureux de retrouver son pays 42 ans après son départ. Il multiplie rencontres et conférences.

2004, deux ans après, Patric Nottret récidive en publiant son deuxième roman "H_O", un roman publié dans la collection “Best-Sellers” chez Robert Laffont. Marie Lusinchi, sa compagne, définit bien ce nouveau roman : "Tout commence par la chasse à l’animal le plus rare au monde, le coelacanthe, un poisson monstrueux dont les nageoires renferment des ébauches de mains humaines... Sous la surface des eaux rôdent aussi le tétrodon, un poisson-globe dont le venin est l’un des plus violents de la création, et l’inquiétant TK4, un poisson mutant surnommé "le frankenfish"... Mais au cours de son aventure tumultueuse, Pierre Sénéchal affrontera aussi d’autres spécimens : des chasseurs de prime à la solde d’un vieux milliardaire japonais, un fonctionnaire de l’environnement bizarrement défenestré, des barbouzes indonésiens armés jusqu’aux dents, un adepte du vaudou et quelques financiers véreux qui se croisent et se battent pour ce qui va devenir un enjeu considérable sur notre planète : l’eau potable.
Deux ans après ses premiers exploits (Poison vert), notre écoflic préféré revient pour une enquête mouvementée qui nous entraîne de l’île de La Réunion à l’Archipel indonésien... On retrouve avec bonheur notre "géant vert", ses bretelles de type rural, ses jeux de mots vaseux, ses recettes de cuisine braconnées aussi exotiques que relevées, sa passion pour Shakespeare et, surtout, sa farouche détermination à combattre jusqu’au dernier les ennemis de l’environnement. Pour l’aider dans cette vaste entreprise, il s’appuie sur ses fidèles acolytes de la FREDE (Brigade des fraudes et délits sur l’environnement) : Ghislaine Pottier, sa chef redoutée et vénérée, Lucrèce, le chimiste expert en poisons, et une poignée d’écoflics aussi pittoresques que savants".

Après avoir lu ce deuxième roman à succès de Patric, je trouve le détective Pierre Sénéchal de plus en plus sympathique. A travers ce deuxième roman Patric exprime avec force sa volonté d’être l’avocat permanent de l’environnement. Ce roman, il l’a commencé en 2002 ici, dans son pays natal, et je suis honoré qu’il me l’ait dédié.
Qu’un Réunionnais réussisse, qu’il fasse connaître son pays, qu’il soit devenu un romancier populaire sur le plan national et international, c’est tout à l’honneur de La Réunion et des siens.
Voilà comment Patric parle de son pays à la page 194 : "Le soir tombe sur l’île de la Réunion et le ciel s’embrase au couchant. Les montagnes virent à l’indigo. L’homme admire le ciel au-dessus du volcan et baille. Il lui semble qu’il a rêvé des chimères..."
Je souhaite que beaucoup de lecteurs lisent ce roman de la collection "Best-Sellers" de Patric Nottret intitulé "H_O".

Marc Kichenapanaïdou


Le Dieu otage du pouvoir

De tous temps, l’Homme, pour conquérir le pouvoir comme pour le conserver, s’est servi très abondamment de la religion, spéculant sur le bien le plus intime de chacun d’entre nous et qu’on nomme communément la foi. Les Réunionnais en savent quelque chose, surtout les plus anciens qui se rappellent le temps - pas très éloigné - où l’Église catholique, par l’intermédiaire de ses prêtres et de sa hiérarchie, n’hésitait pas à intervenir directement dans chaque élection, exerçant des pressions sur ses fidèles, allant même jusqu’à dicter ouvertement leur choix.
Dans cette campagne électorale pour les présidentielles aux États-Unis, on aurait pu penser qu’en ce début du troisième millénaire, la religion serait tenue complètement à l’écart. Mais à entendre les deux principaux candidats dans leurs déclarations et leurs discours, il apparaît clairement qu’il n’en est rien, puisqu’ils invoquent tour à tour Dieu à tout bout de champ. Alors que - pour parodier La Fontaine - , "on ne s’attendait guère de voir Dieu en cette affaire". Et pourtant, Il est bien là dans toute son équivoque, aussi présent que sur le billet vert du dollar par la célèbre formule "In God we trust", traduction officielle : "Nous mettons notre confiance en Dieu" ; mais mieux en vérité : "Nous trustons en Dieu" ou mieux encore : "Nous trustons Dieu". Dans tous les cas de figure nous faisons de Dieu le trust...
Dans cette compétition du meilleur croyant ou du pratiquant le plus fidèle, la palme revient sans conteste à George W. Bush qui, lors d’un débat télévisé dans l’Iowa en l’an 2000, à une question d’un journaliste "Quel est votre philosophe préféré ?" avait répondu "Le Christ, car il a changé mon cœur !" et pour commenter son expérience spirituelle : "Si vous ne l’avez pas vécue, c’est difficile de vous l’expliquer". "Ce jour-là, ajoute le chroniqueur du “Monde” , qui nous rapporte cette information, des millions de chrétiens évangéliques, qui partagent le même piétisme, se sont dit : il est des nôtres".
Si vous voulez savoir à qui Dieu profite, à quoi il sert, quelles basses et sordides manœuvres il cache, depuis le vol organisé jusqu’au crime, alors ouvrez le livre “Dieu essai sur les pouvoirs” de Jean Cardonnel, paru aux éditions Galilée en 1975 - il y a bientôt quelque trente ans, une génération - et qui n’a rien perdu de toute son actualité. "Le fait de prendre Dieu comme point de départ est une sacrée manœuvre politique" est-il annoncé dès la première ligne. Et plus loin cet autre passage tout aussi éclairant : "Partir de Dieu, s’en tenir à Dieu recouvre toujours le désir de ne rien lâcher de ce que l’on a patiemment acquis sur le dos des autres, l’appétit de conserver ce qui est conservable. La preuve irréfutable du bien-fondé de mon refus d’admettre Dieu tient dans l’alexandrin de Voltaire : "Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ". Parbleu ! Dieu est le seul garant de l’existence tranquille des tenants du pouvoir".

Georges Benne


A ma mère... DCD le 19ème Ramadan 1416 (Février 1995)

J’avais l’impression de les voir pour la première fois. Jamais avant ce soir je n’avais vraiment pris le temps de les observer, de les comprendre. C’était étrange. Comme à notre habitude, nous rompions le jeûne du mois de ramadan ensemble, nous parlions en ne nous écoutant qu’à moitié. Rien d’extraordinaire, la vie quotidienne. Soudain il fut question d’une connaissance de la famille, assez éloignée, dont je ne me souvenais mal d’ailleurs... Ma sœur, entre deux réflexions, nous annonçait que cet ami avait perdu son frère. Un accident de voiture. Je n’ai d’abord pas prêté une attention particulière à ces propos puis, tout à coup, tout s’est embrouillé dans ma tête : je ne sais pas très bien ce qui m’est arrivé mais j’ai senti une forte émotion envahir mon être. Je n’entendait plus ce qui se disait autour de moi. J’étais comme dans une bulle, loin des êtres, du bruit et de mes habitudes. Mon regard s’est fixé pour la première fois avec cette intensité sur elle, sur lui. Il me semblait que c’était la première fois que je regardais vraiment... ma mère, mon père.
J’avais toujours su qu’ils étaient là, que je pouvais compter sur eux. C’était l’évidence, même si, dans le secret de mon cœur, j’ai pu parfois les juger et les critiquer. Je me disais : "Ils ne me comprennent pas ; ils n’écoutent qu’eux-mêmes, ils ne font pas ce qu’ils disent..." Combien de fois, me suis-je plaint silencieusement d’une colère de mon père, d’un entêtement de ma mère ? Combien de fois, de mon côté, ai-je trompé leurs attentes ou trahi leur confiance ? Combien de fois ai-je menti ? Combien de fois ai-je été arrogant et négligent ? Persuadé qu’avec les habitudes de leur temps ils ne pouvaient comprendre mon époque, mes envies, mes désirs... Ma mère au fond était une mère, comme toutes les autres mères, qui protège, éduque et console. Son amour était un cadeau commun, normal. Mon père au fond était un père, comme tous les pères, qui protège, éduque et limite. Son affection était un cadeau, normal.

Mon regard changeait. Nous étions à table et soudain mes yeux dévisageaient ma mère, mon père. Ils étaient là, avec moi, et pendant des années je ne m’en étais plus aperçu. Leur présence était commune, normale. L’évocation d’un accident a soudain bouleversé mon cœur. C’était comme une révélation : je comprenais enfin que le fait de n’avoir jamais imaginé leur absence m’avait, depuis des années, fait négliger leur présence. Mille images et mille paroles me revenaient en mémoire : "Accompagne les sur la terre de la meilleure des façons" "Abaisse sur eux l’aile de la tendresse" "Dis : Ô Dieu sois miséricordieux à leur égard comme ils m’ont élevé alors que j’étais jeune enfant" (Coran)
C’était de ma mère et de mon père dont Dieu me parlait avec insistance. Étais je donc inconscient ? Que de temps passé à leur côté sans les voir, sans les écouter vraiment, sans entendre leurs cœurs, leurs besoins, leurs attentes... N’est ce pas cela la bienveillance, la tendresse, l’amour... J’avais toujours su que je pouvais, d’une façon ou d’une autre, compter sur eux... mais pouvaient-ils savoir, eux, qu’ils pouvaient compter sur moi ? Le pouvaient ils vraiment au fond ? J’avais soudain envie de pleurer, de changer de vie, de comportement... de leur dire mon estime et mon affection... J’avais compris, enfin compris, que le Souffle de mon amour pour eux était une dimension de mon amour pour Dieu.

Je voulais le leur dire, je voulais qu’ils m’entendent. La vie est si fragile. Ma mère. Mon père. Avant qu’il soit trop tard... Ma mère m’observait depuis quelques secondes. Je me tournai vers mon père. Comprenaient-ils ? J’avais envie de leur transmettre l’intensité et la chaleur de cet instant. Mes yeux leur disaient "je vous aime" et mon cœur comprenait leur présence. Au cœur de ce silence, si proche d’eux, j’eus envie de me confier à Dieu comme pour réaliser l’une des trois bénédictions offertes à l’être humain : un enfant qui prie pour sa mère et pour son père ici bas et dans l’au-delà. Dans la proximité de Dieu on apprend que tout s’apprend... et même à aimer ses parents. Être attentif, les accompagner, les servir. Prier pour eux quand le temps est passé et se souvenir que Dieu nous voit et nous entend, pour l’éternité. Son amour protège les cœurs qui jamais n’oublient leurs parents : présents ou absents, morts ou vivants. Quotidiennement. Une pensée pour eux est une prière pour Lui et leur amour est proche de Son paradis...

Présence musulmane


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