Le courrier des lecteurs du 3 septembre 2004

3 septembre 2004

Préférence régionale : assez d’hypocrisie !

N’en déplaise à certains métropolitains et à certains de mes compatriotes réunionnais, la préférence régionale est pratiquée en métropole dans beaucoup de régions. Pour preuve, en 1994, pendant un congé, j’étais allée en reconnaissance au Conseil général de LImoges dans le but d’y travailler un jour. Voilà ce qu’on m’a répondu : "Nous prenons d’abord les candidatures locales et, s’il n’y a personne, nous faisons des appels à candidatures dans les autres départements, régions de France et d’ailleurs".
Il ne faut pas être trop naïf, en métropole, les Domiens sont considérés comme des étrangers (voir sur les boîtes aux lettres dans les rues en France). Ici, les métropolitains n’ont pas vraiment de problèmes pour trouver du travail ou obtenir des postes dans les administrations. Ainsi, ils sont majoritaires dans l’Éducation nationale, dans la Fonction publique de l’État et dans d’autres secteurs d’activité où ils détiennent les postes les plus importants. Quoi penser lorsque, dans ces milieux, ils font venir parents et amis ?
Nous, les Domiens, nous sommes français, certes, mais lorsque nous allons en France pour chercher du travail ou un logement, nous n’avons plus les mêmes droits que les métropolitains, nous nous heurtons souvent à un rejet des faciès, d’origine ou de nom. Et pour nous en sortir, nous sommes obligés de faire intervenir comme eux, des réseaux de solidarité : piston politique, amical ou autre.
Aussi, pour éviter encore toutes polémiques, le concept de “préférence régionale” dans le cadre du travail pourrait s’appliquer de la sorte à La Réunion : “à compétences égales, avantage aux Réunionnais”. Comme cela se pratique en France d’une manière sournoise et insidieuse.
Autre exemple : quoi penser du système des quotas qui a été institué en France pour l’emploi des “étrangers” présentateurs à la télévision ? Tout le monde sait que cette solution a été trouvée pour démentir la pratique de la préférence nationale dans ce domaine.

Mais, au fait, qui est Réunionnais ? Il faudra certainement repenser cette définition, car cette identité inclut des personnes d’origines diverses nées à La Réunion - métropolitains, comoriens, chinois, indiens, etc... - et se poser la question de savoir à partir de combien d’années passées sur l’île on peut se considérer réunionnais.
Mais les Réunionnais étant, hélas, peu solidaires, la pratique est encore à l’emploi de personnes extérieures - bardées de diplômes ou pas - qui ont un appui quelconque. C’est le syndrome de la goyave de France entretenu par les responsables locaux de tous bords qui existe bel et bien et qui exclut les Réunionnais de certains postes à responsabilité et de certains emplois. Il ne faut s’en prendre qu’à nous.
Tant mieux pour les métropolitains et autres étrangers s’ils trouvent encore des places à prendre. Les Mauriciens, les Malgaches, les Antillais ont réglé ce problème depuis longtemps.
Pour finir, je dirai à mes compatriotes réunionnais d’être un peu plus solidaires et d’oser montrer ce qu’ils valent, car la plupart de ceux qui sont très diplômés ne veulent plus venir ici et savent à l’avance qu’ils ne seront pas acceptés ou qu’il n’y a plus de places pour eux.
Le concept de “préférence régionale” dans son acceptation positive n’exclut personne. Être régionaliste ce n’est pas faire du nombrilisme et de l’exclusion mais c’est avant tout préserver son identité culturelle et devenir un peu plus responsable. Et nous pouvons être régionalistes tout en restant français et européens. Je pense que toute la France est régionaliste, pourquoi nous ne le serions pas, nous, à La Réunion ?

Gabrielle Marie,
Saint-Denis


Mon royaume est-il ou n’est-il pas de ce monde ?

Dans la “Chronique de Candide” du “Journal de l’île” du dimanche 13 juin, où l’auteur est revenu sur le film de Mel Gibson “La Passion du Christ”, une information que nous redécouvrons avec vous : "En fait, le script de “La Passion du Christ” est d’une remarquable fidélité à l’évangile de Jean".
Mais c’est la suite qui me fait bondir, alors qu’elle pourrait passer totalement inaperçue tant elle fait partie de ces idées toutes faites, sur lesquelles il est convenu de ne jamais revenir, fruits d’une mystification séculaire dans laquelle tout le monde - ou presque - est tombé, et en premier toutes les Églises se réclamant du Christ : "Vérifiez, vous verrez, Jésus n’y dit presque rien, puisque son royaume n’est pas de ce monde".
Vous avez bien lu : "puisque son royaume n’est pas de ce monde". C’est la parole attribuée à Jésus lors de son procès, en réponse à la question de Pilate : "Es-tu le roi des Juifs ?".

Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase : "Mon royaume n’est pas de ce monde" pour vouloir dire en clair : “Je ne m’intéresse pas aux choses d’ici bas, mon royaume est ailleurs, à des millions, à des milliards de kilomètres” ?
C’est l’interprétation la plus courante, solidement incrustée dans ce qu’on nomme communément pour les chrétiens “la foi”, habilement utilisée par tous les pouvoirs, tellement classique qu’elle a pu faire dire au grand Albert Camus : "À l’inverse de ce que dit le Christ, mon royaume est de ce monde".
Et pourtant, si la vie de Jésus a bien tout son sens, c’est justement que son pouvoir est de ce monde. Non pas du monde de Pilate, le gouverneur aux ordres de César ; donc non pas du monde de César, l’empereur de Rome... Pilate l’a si bien compris, en fonctionnaire fidèle du pouvoir romain, qu’il se dit qu’après tout il n’y a rien à faire avec cet homme, on ne peut pas traiter avec lui, il n’y a pas de compromis possible... Et s’il hésite un moment, la réponse pour lui sans équivoque de Jésus viendra le conforter et l’ancrer dans sa décision.
Ainsi apparaît-il clairement que le vrai motif de la condamnation de Jésus est politique, comme le confirme d’ailleurs la réponse tout aussi nette - même si elle est sous le coup de la peur - de ceux qu’on interroge pour savoir s’ils connaissent Jésus et s’il est bien leur maître : "Nous n’avons qu’un seul maître, César". C’est-à-dire pas d’autre roi que l’Empereur, le Prince de ce monde, pour reprendre l’expression de Jésus lui-même pour désigner le Diable. Alors que lui, c’est au contraire, le Souleveur de tout le monde.

Georges Benne et Jean Cardonnel


Élections européennes et recours au Conseil d’État :
les précisions de Patrice Louis

Cher “Témoignages”,
Je découvre tardivement l’article où il est fait mention de ma démarche auprès du Conseil d’État à propos de l’organisation des élections européennes en Martinique.
De grâce, n’allez pas chercher d’antagonismes là où il n’y en a pas.
Journaliste moi-même, je me garde bien de vous contester tout commentaire dont vous êtes naturellement libres. En revanche, je me dois de corriger les erreurs de faits que vous écrivez - et elles sont trop nombreuses.
D’abord, je ne suis pas Guadeloupéen, mais un Métropolitain installé en Martinique. Mon origine n’a aucune importance dans ma démarche qui se veut celle d’un citoyen français.
Ensuite, je ne réclame pas l’annulation du scrutin.
Enfin, je m’interdis toute considération politique, ce qui balaie toute interprétation qui viserait telle ou telle liste.
Si j’ai écrit au Conseil d’État, c’est que des affiches apposées en Martinique dans la semaine du vote signalaient le vote le 13 quand il avait lieu le 12.
Puisque vous avez été informés de ma démarche d’une façon que j’ignore (n’ayant pas médiatisé mon courrier), je vous livre les questions adressées au Conseil d’État :

- Le Conseil d’État considère-t-il que le scrutin répond aux exigences de la démocratie ?

- Sans envisager l’annulation du vote du 12, ne doit-on pas rappeler solennellement aux représentants de la République qu’ils ont des devoirs sacrés et qu’ils ne sont pas autorisés à bafouer les droits élémentaires des citoyens ?

- À l’avenir, ne faut-il pas reconsidérer le vote du samedi ?

- Une information contradictoire n’est-elle pas à organiser en vue des prochains scrutins ?

Comme vous le constatez, nous sommes bien loin des pensées et arrière-pensées que vous m’attribuez.
Je serais sensible à ce que vous proposiez ces informations à vos lecteurs que je salue respectueusement.
Avec mes remerciements,

Patrice Louis

Rapport Thélot : suite et “fuites”


Au moment de la rentrée, le CNGA s’étonne des “fuites” (volontaires ?) faisant état dans la presse des propositions du “Rapport Thélot en version provisoire”.
Le CNGA s’inquiète notamment

- de la redéfinition du service des professeurs, se traduisant par l’allongement de leur temps de présence dans l’établissement, ce qui correspond à une volonté délibérée de changer fondamentalement la mission première de l’Ecole : instruire ;

- du redécoupage des cycles qui entraînerait la confusion des rôles de la maternelle, de l’école élémentaire et du collège.

Le CNGA dénonce l’idéologie qui sous-tend toutes ces propositions visant à transformer l’École en fabrique de citoyens formatés.

Le C.N.G.A.


Des bus au volcan

Les Verts-Réunion déplorent que les bus aient été supprimés pour favoriser la circulation des automobiles à l’éruption du volcan.
À chaque changement de préfet les services de la Préfecture deviendraient-ils brusquement amnésiques ? Les ruées vers les éruptions
précédentes sont-elles soudainement oubliées ? N’a-t-on pas non plus dépêché sur le terrain quelques responsables pour se rendre compte, comme le simple citoyen l’a fait, que les bus n’étaient pas le problème mais la solution ?
Encore une fois, les œillères du tout-automobile nous empêchent d’avancer !

Les Verts-Réunion


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Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


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