Le courrier des lecteurs du 30 septembre 2005

30 septembre 2005

Le SGPEN-CGTR interpelle Nicolas Sarkozy

La colère des élèves contre la multiplication des violences, rackets et autres agressions est tout à fait compréhensible, et le SGPEN-CGTR tient à s’associer à la protestation légitime de ceux-ci.
Ce n’est pas quelques jets de galets, d’éléments perturbateurs extérieurs pour l’essentiel à notre établissement, qui peuvent masquer et dénaturer la souffrance vécue au quotidien par les élèves du lycée professionnel Roches Maigres.
Si la problématique de la violence ne serait être réduite à la seule question des moyens, nul ne peut cependant contester que les suppressions d’emplois de surveillance et d’encadrement et ATOS ne peuvent qu’aggraver une situation qui se dégrade chaque jour davantage.
Ainsi, cela fait plusieurs années que nous réclamons notamment sans succès la possibilité d’avoir au moins un personnel TOS, spécialité d’accueil, ainsi qu’une loge pour filtrer ne serait-ce que les entrées dans l’établissement.
Dans ces conditions, alors que les besoins en personnels d’encadrement et d’accueil sont de plus en plus pressants pour sécuriser au mieux les établissements scolaires et tenter de préserver au mieux la tranquillité d’esprit de nos élèves afin qu’ils étudient dans de bonnes conditions, nous ne pouvons que regretter la poursuite d’une politique de suppressions d’emplois dans l’Éducation nationale actée par le budget 2006.
Le président de l’UMP Nicolas Sarkozy en déplacement dans notre île serait à cet égard davantage inspiré d’agir pour que l’Éducation nationale ait véritablement les moyens de fonctionner correctement au lieu d’encourager la marchandisation du service public national d’éducation au plus grand profit des requins de la finance et chantres de l’ultra-libéralisme.

La section SGPEN-CGTR du lycée professionnel de Roches Maigres


Quelques raisons de résister au vertige du dépistage

Un groupe de 12 médecins réunis par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) vient de rendre le 22 septembre un rapport d’expertise signalant qu’un enfant sur huit rentre dans la catégorie "enfant violent". Ils suggèrent un dépistage précoce (dès l’âge de 36 mois) associé à un suivi psychologique et médicamenteux pour éviter que ces enfants dits "difficiles" à la crèche et en maternelle ne se transforment en délinquants voire en grands bandits plus tard. Comme si les conflits ou l’hyperactivité du jeune enfant de trois ans suffisaient à prédire sa conduite à l’âge l’adulte !
On peut, tout d’abord, remettre en question la construction de la catégorie "trouble des conduites de l’enfant et de l’adolescent" proposée par ce rapport, puisqu’en véritable fourre-tout, elle regroupe dans un même cadre "la désobéissance aux parents" et "le viol". Parler la bouche pleine ou violer une camarade à l’école n’a pourtant, comme on s’en doute, ni les mêmes origines ni les mêmes conséquences. On peut ensuite s’interroger sur le statut accordé au conflit infantile avec les parents. Les psychologues (cliniciens) le jugent bienfaisant pour éviter que l’opposition aux parents ne prenne, à sa réactivation à l’adolescence, une intensité dévastatrice. Les psychologues (cognitivistes) y voient un alarmant signal précurseur de future délinquance.
Quand deux écoles psychologiques peuvent donner des conclusions si diamétralement opposées, on est en droit de douter de la psychologie elle-même. Enfin, d’une manière plus profonde, on peut s’en prendre aux dérives de la médecine empêtrées dans ses folles obsessions de classement et leurs visées normatives et totalitaires. Ainsi, voit-on resurgir intacte du fond du 19ème siècle l’interprétation naturaliste des conduites violentes. Au 19ème siècle, on pensait que l’étude des bosses du crâne - la phrénologie - ou que celle des traits du visage - la physiognomonie - pouvaient permettre de révéler le futur assassin, aujourd’hui, la génétique et la psychologie cognitive tiennent le haut du pavé, mais avec des conclusions empruntes d’un aussi fort déterminisme. Ces deux sciences se font fort de prédire à l’individu le chemin tout tracé de son destin. N’en déplaise aux amateurs de sciences-fictions, nous ne sommes pas le produit achevé de notre patrimoine génétique. Et, faut-il le rappeler, les médicaments visant le contrôle chimique des comportements ne remplaceront jamais l’éducation dispensée par les familles et l’école.
Mais les sciences sociales (histoire, sociologie, ethnologie) auraient tort de s’exonérer à trop bon compte de leur part de responsabilité en désignant des ennemis extérieurs ayant pour nom “biologisation”, “naturalisation” armés par la médecine ou les sciences cognitives. Il va, en effet, tellement de soi pour les sciences sociales que les conduites sont le produit de la vie en société qu’elles n’ont guère pris la peine de proposer à leur tour autre chose qu’un raisonnement mécanique et trivial du type : les parents boivent donc les enfants trinquent. En négligeant la description fine et précise des processus de socialisation familiaux en matière de violence, elles reconduisent, elles mêmes à leur manière, les explications déterministes. C’est la faiblesse de tels stéréotypes qui a permis d’ouvrir aussi facilement la brèche dans laquelle s’engouffrent aujourd’hui les raisonnements normatifs “biologisant” les plus outranciers.

Pascal Duret,
professeur à l’Université de La Réunion


Lettre au maire de Cilaos

Monsieur le maire de Cilaos.
Quand je vous ai demandé la mise à disposition gratuite d’une salle publique pour la tenue de la conférence de Marie-Thérèse Guerne :
“Parents ! enseignants !
Pourquoi les pédagogies d’Antoine de La Garanderie et de Rudolf Steiner sont-elles des trésors inestimables dans l’exercice de votre mission éducative ?” prévue mardi 27 septembre 2005 à 18 heures, entrée libre et gratuite, vous n’avez pas opposé de refus ; vous lui avez alloué la Salle des Fêtes.
Ne connaissant pas Cilaos, j’ignorais que cette “Salle des Fêtes”, face au stade Irénée Accot, était désaffectée (donnez-vous la peine de la visiter et de constater son état si vous ne l’avez fait depuis un certain temps !), n’en porte même pas la mention et qu’il existait face à l’église une salle multimédias toute neuve.
La mise à disposition de cette salle s’apparente à une insulte et envers la conférencière et envers son public éventuel. N’en connaissant pas les raisons, je m’étonne de cette insulte ; elle ne vous honore certainement pas.
Je rends cette lettre publique pour que la population de Cilaos en soit informée et sache que la conférencière et l’organisateur se sont déplacés et se sont installés dans cette salle innommable au cas où quelqu’un se déplacerait, ce qui n’a pas été le cas. Soyons en retour généreux et disons que c’est sans doute en raison du thème peu attractif de la conférence, mais que cela ne vous dédouane pas.
Salutations.

Christian Briard


Émilie : l’exemple à suivre

Je ne suis pas un fan de la “Star Academy”. Ce n’est pas comme le dit le dicton ma tasse de thé. Mais lorsque j’ai su que c’est la fille de mon ami, Tony Minatchy, j’ai été heureux pour lui et pour toute sa famille. Pourquoi ?
J’ai connu son père du temps où j’étais conseiller à l’Action culturelle à la D.R.A.C. de La Réunion (Ministère de la Culture) et lui était conseiller au Ministère de la jeunesse et des sports. Musicien lui-même, il a suivi avec beaucoup d’attention les projets et actions du Ministère de la culture et de son relais ici, la D.R.A.C. (Direction régionale des affaires culturelles).
Ainsi, sous l’impulsion de son directeur de l’époque, Yves Drouhet, la D.R.A.C. a fait venir un inspecteur général de la musique et de la danse, pour étudier la possibilité de la mise en place d’un C.N.R. (Conservatoire national de région) sur notre bout de terre, qu’est La Réunion.
Avec le regretté Pierre Lagourgue, président du Conseil régional, nous avons négocié et obtenu la mise en place de quatre C.N.R. dans les quatre circonscriptions (Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre et Saint-Benoît). Nous étions la seule région française à avoir obtenu ce privilège.
Le président de la Région, Pierre Lagourgue et Yves Drouhet de la D.R.A.C., se sont beaucoup investis pour le recrutement des professeurs et la mise en place d’une telle structure. Ça n’a pas été chose facile. Beaucoup d’élèves ont profité de cette aubaine pour s’inscrire... Il fallait pour cela réussir le concours qui ouvrait les portes à ces enseignements. Émilie est passée comme les autres par ce chemin, dès l’âge de sept ans. Après son baccalauréat, elle a continué ses études musicales dans un conservatoire à Paris, pour parfaire sa maîtrise du violon. Elle choisit d’étudier simultanément le violon et le chant. C’est tout naturellement qu’après le casting de TF1, elle sera sélectionnée et participera la “Star Ac’ 5”. Si aujourd’hui, elle est première avec un 14.8, qu’elle donne la voix avec Laurent Pagny et que ce dernier la félicite et déclare "Même pour moi, ce n’était pas une chanson facile". C’est que son parcours musical a été exemplaire. Serait-elle la première ? Qu’importe ! Mais aujourd’hui elle fait honneur à son île. Surtout elle fait la démonstration qu’avec du travail, de la persévérance, le succès est au bout. “Star Ac’” ou pas, son avenir est déjà tracé. Elle est l’exemple à suivre.
Je dis toujours à ceux qui m’interrogent sur mes années passées à la D.R.A.C. (de 1982 à 1992) : "Je n’ai pas honte de ces années-là et des structures culturelles mises en place. J’en suis fier".
Il y a vingt ans de cela, lorsque l’ancienne équipe de la D.R.A.C. - Ministère de la Culture -, avec la Région avaient mis en place les quatre C.N.R., nous ne savions pas qu’ils allaient avoir un tel succès. Que cela continue avec toute la D.R.A.C actuelle.

Marc Kichenapanaïdou


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