Le courrier des lecteurs du 31 decembre 2005

31 décembre 2005

Pourquoi n’avons-nous pas été informés sur la venue de cette mission ?

Un communiqué commun de 2 ministères nous a appris ce mercredi que "Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des solidarités, et François Baroin, ministre de l’Outre-mer, ont diligenté à La Réunion une mission d’expertise technique commune de l’Institut de veille sanitaire, de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et de l’Institut de recherche pour le développement, mission coordonnée par un membre de l’Inspection générale des affaires sociales. Elle a procédé la 3ème semaine de décembre à une évaluation approfondie de la situation (prévisions épidémiologiques, possibilités d’éradication, évaluation des moyens et des méthodes de lutte anti-vectorielle mis en œuvre) et identifié d’éventuelles mesures complémentaires. Son rapport sera disponible fin janvier 2006".
On verra dans 1 mois ce que dira ce rapport : contrairement à ce qui a été fait jusqu’à présent par les pouvoirs publics, va-t-il enfin préconiser des moyens humains et financiers suffisants pour éliminer le chikungunya de La Réunion ? Ce rapport des scientifiques va-t-il préconiser des moyens respectueux de notre environnement pour éliminer les moustiques des gîtes larvaires ou bien va-t-on continuer à utiliser un poison dangereux pour les humains et pour les animaux ?
On verra aussi à quelle vitesse et dans quelles conditions les autorités compétentes vont réellement appliquer les préconisations de ce rapport scientifique, si elles sont valables.
En attendant de voir tout cela, un problème immédiat me tracasse et il est sérieux : pourquoi les Réunionnais n’ont-ils pas été informés par les autorités sur le passage de cette mission dans notre île la semaine dernière ? N’avons-nous pas droit à l’information sur un événement aussi essentiel qui concerne notre santé ?
Voilà des chercheurs de haut niveau envoyés de France par le gouvernement et appartenant à 3 services scientifiques spécialisés qui viennent à La Réunion pour étudier un problème vital pour nous et personne ne nous dit rien à ce sujet : pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Y avait-il quelque chose à cacher aux Réunionnais ? Imagine-t-on une telle attitude des pouvoirs publics dans un département de l’hexagone ? Est-ce parce que nous sommes des Réunionnais que le pouvoir ne respecte pas notre droit à l’information ?

Ernestine Payet,
La Rivière Saint-Louis


Meilleurs vœux pour tous !

Nous voici arrivés en fin d’année 2005 ; une fin d’année qui ne sera malheureusement pas bonne pour des milliers de précaires, de personnes âgées, exclus de la “C.M.U.”, personnes handicapées, mais également pour nos frères et sœurs, tous ceux qui subissent ces écarts de richesse aussi créants, que les uns ou les autres dénoncent...
2005 se termine avec son lot de maux ! Et nous voilà maintenant en 2006 : Que pouvons-nous souhaiter pour La Réunion et les Réunionnais ? Pour nous-mêmes ?
Pour ma part, même avec un infime espoir, je souhaite que les choses bougent, changent non pas seulement pour 2006, mais durant le reste de votre Vie, de notre Vie !
Meilleurs Vœux pour l’Année 2006 !

Samuel Mouen


Punir les pauvres

Les voitures brûlées fournissent un grand mur des lamentations devant lequel les Français s’arrachent les cheveux et psalmodient la même prière “punissez les jeunes des banlieues”. Oui bien-sûr, il faut les punir. Je n’ai aucune sympathie pour les discours libertaires prétendant qu’en supprimant les interdits, les jeunes augmenteront l’éventail de leurs possibles.
Dans les cités, même quand tout est permis, rien ne devient pour autant possible. Il faut les punir parce que le respect qu’ils réclament est indivisible, et qu’il vaut aussi bien pour les propriétaires de voitures calcinées que pour eux-mêmes. Comment leur est venue l’idée de s’en prendre à d’autres démunis, des proches, des voisins ? La réponse est : beaucoup trop d’images, beaucoup trop d’articles, beaucoup trop de clichés leur permettant d’imaginer qu’en brûlant une voiture, ils rendent coup pour coup au mépris de Sarkozy.
Chaque fois qu’un article disait qu’il fallait "rendre hommage" aux jeunes électrocutés à Clichy (bien évidemment, rien n’est plus triste que la mort d’enfants mais de là à "rendre hommage", il fallait franchir un pas et considérer leur fuite comme une œuvre), d’autres jeunes, de plus ne plus nombreux, avaient l’impression d’avoir à mener un juste combat ou au moins qu’on allait enfin parler d’eux. Faire parler de soi à tout prix, même si c’est en mal, voilà à quoi aboutit la rage de paraître des invisibles déclarés par avance "perdants de la vie". Alors oui, il faut les punir mais en sachant que chez eux, l’amertume d’être abandonnés est plus grande que la peur de la punition. Persuadés d’être condamnés à rester exclus, les jeunes des cités conçoivent une seule alternative : paraître (quitte à passer pour des enragés) ou ne pas paraître (et acquiescer à leur domination).
Pour sortir de la masse des obscurs et, ne serait-ce que pour quelques nuits, échapper à leur impuissance, ils endossent l’identité sociale monstrueuse par laquelle Sarkozy les définit. Retournant le stigmate en emblème, ils se font une fierté d’adopter le comportement bestial par lequel le ministre les caricature (permettant, sans même en prendre conscience, d’accréditer ses globalisations qui ne voient dans les banlieues qu’un fardeau pour la République). Croyant s’en prendre à celui qui a déclenché puis orchestré cette panique morale, ils en servent au contraire les intérêts électoraux.
Si la République doit punir - indiscutablement -, elle doit plus encore apprendre à faire partager ses rêves. Reste qu’il faut bien reconnaître l’étendue de la défaillance de l’éducation familiale, car ni une fatwa lancée à l’encontre des incendies de voitures, ni des mesures prises par des maires interdisant les sorties d’enfants après 22 heures ne seront à même de régler des questions relevant de la responsabilité directe des parents.

Pascal Duret,
sociologue Université de La Réunion


Changeons le monde, cultivons la paix

Le monde est malade. Malade des injustices et des inégalités, malade des dominations et des guerres. Cela touche à des degrés divers tous les coins de la planète.
Les dépenses militaires dépassent de nouveau les 1.000 milliards de dollars par an. Les victimes des guerres qui ravagent tant de pays sont à 45% des enfants. La misère, les maladies, les violences frappent les populations, poussant à des flux migratoires massifs.
En France, la violence est le signe spectaculaire d’une société en crise, exigeant de fortes réponses sociales. Chômage, précarité, pauvreté, logement indigne, crise de la citoyenneté, crise de l’éducation : l’insécurité sociale croissante au cour d’une société qui survalorise l’argent a produit ces situations inquiétantes.
L’avenir de nos quartiers et l’avenir de notre planète exigent des réponses inédites en rupture avec une culture guerrière de domination où la loi du plus fort ou du plus riche règne en maître. C’est à un véritable projet de développement humain qu’il nous faut travailler ensemble.
La culture de Paix est de nature aujourd’hui à répondre aux exigences universelles de respect des droits humains et sociaux dont la garantie pour chacun assure la sécurité de tous.
Cultiver la Paix du quartier à la Planète, c’est multiplier des espaces de rencontres où prévalent le respect, la dignité, la justice et le droit pour tous.
Nous devons avoir l’ambition d’emprunter ces voies nouvelles en prenant appui sur le droit international, l’Organisation des Nations-unies et les mobilisations sociales et citoyennes dans le monde.
Pour le Mouvement de la Paix, cela passe notamment par la réduction de 50% des dépenses militaires mondiales dans les 10 ans à venir. En France, cela représente 2,5 milliards d’euros disponibles immédiatement, pour répondre aux urgences sociales et satisfaire des besoins cruciaux de logement, de santé, d’éducation. C’est possible en arrêtant la modernisation des armes nucléaires et en stoppant le programme du nouveau missile M51.
Construire la Paix du quartier à la Planète est bien plus difficile que de faire la guerre. Cela demande du courage politique.
Pour répondre à la situation d’urgence révélée par les violences urbaines de ces dernières semaines, le Congrès du Mouvement de la Paix demande au président de la République de réunir une conférence nationale rassemblant tous les acteurs sociaux concernés afin d’engager le dialogue et d’apporter des solutions concrètes.
Pour offrir durablement en France un espace de dialogue et de rencontres entre tous ceux qui veulent empêcher les guerres et promouvoir la Culture de Paix, le Congrès du Mouvement de la Paix propose à toutes les forces pacifistes, citoyennes et sociales la création d’un Forum permanent pour la Paix.

Mouvement de la Paix


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