Le courrier des lecteurs du 4 janvier 2005

4 janvier 2005

(Page 10)

La “Justice Populaire” contre Ti-Catherine ?

Ti-Catherine, j’ai croisé ton chemin en 1993 à Joinville, moi dans le club de hand, toi dans le club de boxe. J’ai toujours suivi avec attention tes exploits sportifs mais également tes apparitions dans la rubrique des faits divers. J’étais impressionné de voir comment tu es passé du stade de batayèr au titre de champion du monde ! Tu étais le “Tyson” péï.
On t’aimait sur le plan sportif mais on te détestait pour ton comportement anti-social car tu étais en dehors des rings un pwazon pour la société, où tu faisais régner TA loi dans ton quartier et à Saint-Denis. Tu étais haï de tes victimes et de leur entourage.
J’ai pu discuter avec toi plusieurs fois et j’ai vu que tu essayais de t’en sortir, comme tu le disais, grâce à Dieu que tu avais rencontré en prison. J’envisageais de t’interviewer longuement pour une étude sur la violence, comme d’autres Kok des Camélias ou du Port. Tu étais toujours d’accord. Mais l’alcool te transformait en terreur et tu faisais régner la terreur autour de toi.
Au cours des petits échanges qu’on a eus, tu es même arrivé à me faire comprendre que tu étais complexé par ton faible niveau scolaire et que pour te (sur)valoriser, tu exprimais cette violence, en étant le Kok. En étant le plus fort physiquement et en multipliant les conquêtes féminines. Il y avait donc bien un malaise social et psychologique.

Ce meurtre collectif à coups de sabre marque également la fin d’une époque. Une époque où l’homme était comme un Kok dan lo rond et chef de clans et où l’on se battait à mains nues. La génération des Kok des quartiers disparaît. Dans lo rond il n’y a plus un seul Kok, mais plusieurs ti volaye armés et de plus en plus d’actes de violences sont commis avec des armes blanches et bientôt avec des armes à feu.
Ce sont les jeunes de ton quartier qui avaient un lien avec tes agressions qui t’ont massacrés, car ils vivaient particulièrement mal la cohabitation avec toi. Tes agresseurs estimaient que la loi n’était pas assez sévère envers toi. À trente, ils étaient en position de force pour “t’entouré” sans avoir besoin d’utiliser des armes.
S’ils sont tous venus avec des sabres, c’est le signe que cette nouvelle forme de violence risque de se développer. Une américanisation de la violence est en train de s’installer dans cette société.

Par manque de moyens humains et de volonté, une vraie politique sociale de proximité pour lutter contre toutes formes de violence n’a pas encore été déterminée ni entreprise. Avec cette mort tragique, un nouveau degré de violence a été franchi.
À partir de là comment neutraliser cette violence des jeunes issus des classes populaires, touchés par l’échec scolaire et le chômage dès l’adolescence ? Le débat est trop souvent limité à un choix unique entre répression et prévention, négligeant les causes et les dynamiques comportementales de la délinquance.
Il va falloir donner aussi une réponse sociale à d’autres formes de violence ainsi qu’aux interactions entre les violences subies et infligées. Ce meurtre est un acte extrême qui ressort sur un fond de violences quotidiennes (délinquance, conjugale, inceste, etc).

J’ai été à tes funérailles, en présence d’une pléiade de sportifs de haut niveau international (la plupart sont également en situation précaire : la reconversion des sportifs de haut niveau dans la vie active est aussi problématique) et j’ai vu que des gens pleuraient ta disparition : ou lété in lanprofitèr mais tu étais aussi un être humain.
On s’attendait tous à ce que tu finisses mal mais personne ne mérite de mourir de cette manière, même ceux qui t’ont fait ça. Mais comme tu verras de là-haut, c’est toujours la même composante de la société qui est stigmatisée, la même catégorie qui est à la fois actrice et victime de ces violences depuis des dizaines et des dizaines d’années. C’est de l’autodestruction.
Adieu Ti-Catherine et j’espère que tu trouveras enfin la paix que tu n’as pas trouvée sur Terre.

Laurent Médéa


Au-delà d’une ‘’grande équipe’’, un ‘’grand club’’

J’ai croisé ce lundi matin Daniel Lafosse, sur le trottoir en face de l’OMS du Port.
L’homme m’est apparu serein, concentré sur le défi que représente le sauvetage de la Jeanne d’Arc. Il s’y attelle d’arrache-pied, avec une équipe de personnes pénétrées comme lui de l’enjeu pour tout dire ‘‘patrimonial’’ de la remise à flot du club de la cité maritime. Le devoir de rigueur, qu’elles assument, va de pair avec un devoir de mémoire, de fidélité à un pan de l’histoire portoise.
Daniel m’est apparu également optimiste et modeste. Optimiste parce qu’il sent qu’une prise de conscience est survenue, au bord de l’anéantissement qui semblait déjà écrit. Une prise de conscience qui est allée au cœur même du problème, à ce cancer qu’est l’argent roi dans un sport tyrannisé par lui.
Modeste, il l’est à l’évidence, comme tous ceux qui pressentent en leur for intérieur les cahots du chemin menant à l’objectif ambitieux d’un football assaini, rendu à ses vertus premières. Une nouvelle donne en quelque sorte, avec de nouvelles cartes, moins biseautées, non seulement à l’échelle du football portois, mais aussi à celle du football réunionnais.
Une phrase, dite de son ton toujours égal, m’a accompagné après que nous nous fûmes quittés : "Il ne suffit pas de monter une “grande équipe”, il faut savoir être un “grand club”". La Jeanne, avec ses Espoirs champions, avec ses 15 et ses 18 ans gagnants de la Coupe, dispose en son sein des ressorts - compétences, attachements affectifs, générosité - qui peuvent en faire un grand club, à la vaste politique de formation, d’éducation, de solidarité. La ‘‘grande équipe’’, montée à coups de dizaines de milliers d’euros, offre peut-être quant à elle des satisfactions d’ego, mais pas nécessairement cette qualité, sans prix, qui forge un ‘‘grand club’’.
Bonne chance à la nouvelle Jeanne, Le Port croise les doigts, avec confiance...

Alain Dreneau


Un relais pour l’outre-mer

Le CSA a nommé Frédéric CADET membre du conseil d’administration national de Réseau France Outre-mer.
Frédéric CADET vient de rejoindre le Conseil d’administration du Réseau (national) France Outre-mer.
Ce sont ses qualités de bâtisseur et sa vision prospective du développement économique d’un territoire, et de La Réunion en particulier, qui ont été remarquées par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Le CSA a ainsi choisi Frédéric CADET pour siéger dans cette instance en tant que personnalité qualifiée.
Avec 17 chaînes de télévision et 10 radios, sa présence dans les trois bassins océaniques (océans Indien, Atlantique, Pacifique), sa couverture sur l’ensemble de l’Outre-mer français, le réseau France Outre-Mer apparaît comme une formidable fenêtre sur le monde pour celui qui avait choisi d’accoler “s’ouvrir au monde” au logo l’université de La Réunion et qui reste un ardent promoteur de la mobilité et de l’ouverture de La Réunion à l’international (Inde, Chine, Japon, Maurice, Afrique du Sud, Europe...), seuls gages d’un développement économique futur de La Réunion.
L’ancien président de l’université de La Réunion y voit une occasion de mieux appréhender les problématiques communes de développement de l’Outre-mer en vue de relever les défis à la fois sociaux et économiques qui sont devant La Réunion d’ici 2020.

Marie-Laure Pérony-Charton


Des psychiatres inquiets pour leurs patients

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la semaine dernière dans “Témoignages” la tribune libre du docteur Jean-François Reverzy sur les graves carences de la politique de santé mentale menée par le gouvernement. Les conséquences de cette politique sont très graves sur la vie de notre société, où un grand nombre de personnes sont victimes de souffrances mentales et ne sont pas prises en charge. Ce manque de soins débouche sur de nombreux drames qui pourraient en partie être évités.
Or j’ai lu récemment dans le journal “l’Humanité” un article montrant qu’en France beaucoup de psychiatres sont inquiets pour leurs patients. C’est le cas du professeur Jean-Pierre Olié, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, qui dénonce les conséquences du numerus clausus et du manque de moyens.
Ce psychiatre tente de redéfinir les attributions d’une profession qui ne sait plus très bien où elle en est. Au détriment des malades. Manque de personnels, infrastructures insuffisantes et inadaptées, le bilan semble lourd. Et la situation pourrait bien perdurer.
Pour le professeur Olié, c’est toute une discipline qui est en crise aujourd’hui : "Les psychiatres ont un savoir-faire, mais ils se trouvent en ce moment face à des limites importantes", dit-il.
Au premier rang de ces difficultés, il y a le nombre de spécialistes qui diminue de plus en plus. "Chaque année, on réduit le nombre de médecins, et par conséquent le nombre de spécialistes. Le numerus clausus imposé dans les facultés de médecine devrait faire baisser le nombre de psychiatres de 12.000 à 7.000 dans les prochaines années. La profession doit pour cette raison impérativement se recentrer sur sa première attribution : la maladie. C’est là notre rôle", s’insurge le médecin. Aux psychologues et psychothérapeutes, donc, de donner des avis sur les problèmes de société. Et aux psychiatres de soigner les malades. Dans des hôpitaux, de préférence...
En dix ans, on recense dix fois plus de psychotiques dans les prisons. Qui ne sont évidemment pas pris en charge correctement. Il existe bien des structures dans les centres pénitentiaires pour gérer les malades, mais celles-ci ont seulement vocation à gérer les cas urgents, sans qu’aucun travail de fond puisse être mené à bien. "La prison peut être désastreuse pour un schizophrène. En revanche, si on traite correctement la maladie dans les cinq premières années, le patient pourra aller mieux. Ce n’est évidemment pas le cas en prison", se désole le Pr Olié. C’est le "cercle infernal" de la pénurie des moyens, couplé avec la volonté de responsabiliser le malade.
"Il est plus que nécessaire de mener une réflexion sur les structures dans lesquelles on doit mettre des moyens. La rue et la prison accueillent trop de malades", conclut le Pr Olié cité par “l’Humanité”.

Laurent Sparton,
Le Port


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus