Le courrier des lecteurs du 7 février 2005

7 février 2005

(Page 10)

Évolutions religieuses

Les convictions religieuses humaines évoluent très lentement, mais elles évoluent. Les humains se déchirent depuis l’origine pour défendre chacun sa vérité. Il n’y a pourtant, c’est une évidence, qu’une seule vérité sur cette Terre. Vous allez voir que si ça continue comme ça, les humains vont enfin la découvrir.
Les chrétiens ont, "Dieu merci" mis tant d’eau dans leur vin qu’à l’intégrisme d’origine succède une série de notions beaucoup plus floues laissant plus facilement s’ouvrir des passages entre science et religion comme : "Le message de la Bible n’est que symbolique" ou : "L’esprit n’est pas engendré par la matière", etc. (Merci Monsieur Aubry).
Les hindouistes vont encore plus loin en calquant les dix incarnations successives de Vishnu sur l’évolution darwinienne. (Merci Monsieur Advayananda de l’ashram du Port). Comme les juifs qui attendent encore leur roi divin, les hindouistes attendent cette dixième réincarnation de Vishnu.
Il n’y a plus seulement de ponts entre science et religion, il y a maintenant des ponts entre les religions. Vive l’intelligence de l’être humain, même si son cerveau un peu lent n’évolue pas aussi vite qu’on pourrait le souhaiter.

François Maugis


Une espèce d’évolution ?

On m’a suffisamment reproché mes diatribes anticléricales pour que je me félicite lorsque les religieux écrivent des choses sensées. Quelle satisfaction en effet de lire Monsieur Aubry, dans “le Journal de l’île” (le 1er février 2005) : "le message religieux de la Bible sur la création est symbolique".
Satisfaction amplifiée quand Monsieur Dennemont (prêtre) écrit, dans “le Quotidien” (le 3 février 2005), en substance, que la Bible n’a pas plus de valeur scientifique que les fables de la Fontaine. Une belle évolution !
La raison referait-elle surface ? Pas si sûr ! Il subsiste quelques zones d’obscurité. Je ne parle même pas de l’enseignant (sic) coranique, qui nous déclare sans rire que "le premier homme a été créé directement par Dieu [...], l’homme ne descend pas du singe" (“JIR” du 1er février 2005).
Monsieur Aubry, par pitié : cessez de mettre sur le même plan les arguments scientifiques et les arguments religieux. Quand vous écrivez que "la science progresse, la réflexion théologique aussi", c’est faux. Que la science progresse, c’est manifeste. Mais en parallèle, la réflexion théologique régresse.
Car enfin, lorsqu’il est devenu incontestable que la Terre tournait autour du Soleil, l’Église catholique a bien dû cesser de brûler les hérétiques et au contraire adapter son discours. Et maintenant mettre en sourdine la théorie créationniste lorsque l’évolution des espèces devient presque unanimement acceptée.
Il vous reste un pas à franchir : reconnaître que la Bible est un aimable divertissement, à placer sur le rayon "mythologie", au côté de la "Théogonie" d’Hésiode ou de "L’odyssée" d’Homère, œuvres qui ont aussi une forte valeur symbolique.
Néanmoins, Monsieur Dennemont, la Bible n’est pas seulement un livre, qui "fait partie du patrimoine culturel mondial", comme vous l’affirmez. C’est aussi une arme de destruction massive.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jomo Kenyatta (1893-1978), premier président du Kenya indépendant, qui a déclaré : "Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible".
Cette phrase lui aurait été inspirée par un chef indien (de la nation des Hurons), Dan George. Les Amérindiens aussi ont peut-être une image moins idyllique de la Bible.
Le forfait a d’ailleurs été revendiqué par Jean-Paul II lui même, qui a déclaré, lors de son voyage en Inde, le 7 novembre 1999 : "Comme le premier millénaire a vu la Croix être fermement plantée en sol européen et le deuxième dans celui de l’Amérique et de l’Afrique, puisse le troisième millénaire de l’ère chrétienne être témoin d’une grande moisson de foi sur ce continent vaste et vital".

Joël Grouffaud


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