Le courrier des lecteurs du 8 decembre 2005

8 décembre 2005

À propos d’indemnités des élus

Décidément “le Quotidien” semble actuellement très préoccupé par les question électorales locales. Il y a quelques mois, il avait interrogé les principaux responsables politiques de l’île sur les prochaines élections municipales passant par-dessus bord la présidentielle sans compter la foule de problèmes que l’île doit affronter. Un exemple : on doit renouveler le SAR. Quelles sont les orientations que préconisent les responsables politiques de l’île ?
Le journal du Chaudron a décidé d’ouvrir un dossier sur ce que gagnent nos élus. Un sujet qui est un véritable serpent de mer que “le Quotidien” a l’habitude de traiter. Sujet typique d’un pays - ou d’une presse - sous-développée : on ne voit pas la presse métropolitaine faire régulièrement et avec autant de tapage un dossier sur le sujet.
Sans doute verra-t-on étaler sur la place publique, selon une expression déjà utilisée, les “salaires” de nos élus. Alors qu’il s’agit simplement d’indemnités. Lesquelles sont identiques à celles que touchent les élus métropolitains. Il n’y a pas là d’indexations comme pour la Fonction publique. Nos élus ne connaissent pas de “sursalaire” pour cause de vie chère ! Pourtant on a déjà demandé une survalorisation. Cela a été notamment fait par André Thien Ah Koon à l’occasion d’un congrès des maires.

Ces indemnités n’ont rien d’illégal. Elles sont officielles. Elles sont versées pour compenser la perte de salaire ou du temps de la part d’un élu qui se consacre à la chose publique. Alors, à partir de là comment juger s’ils travaillent assez puisqu’ils sont indemnisés de manière forfaitaire ? Entrent en compte divers facteurs : la population de la commune quand il s’agit d’élus municipaux ou la fonction élective occupée.
Or, si l’on prend les maires et eux seuls, ils sont tous à La Réunion à la tête de l’entreprise la plus importante de leur commune. Le maire de Saint-Denis, par exemple, a sous sa responsabilité plusieurs milliers de personnes, si mon estimation est la bonne. Il gère un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros. S’il était placé dans la même situation dans le civil, il percevrait le salaire d’un chef d’entreprise avec tous les avantages qui vont avec.
Comment mesurer le travail d’un élu lorsqu’il élabore des projets d’avenir, lorsqu’il fait travailler son intellect et son intelligence au service de la collectivité ? Ordinairement ce travail-là se fait payer cher. Comment mesurer le travail d’un élu lorsqu’il impulse l’activité d’une équipe de collaborateurs, lorsqu’il délègue ses responsabilités à d’autres élus ? Comment mesurer le travail d‘un élu lorsqu’il lui faut se rendre à tel colloque ou tel séminaire pour représenter sa collectivité ?

J’ai bien peur que “le Quotidien” nous serve la même soupe et pointe du doigt des élus, têtes de turc habituelles de l’opinion et des médias.
La publication sans retenue des “salaires” des élus a des effets pervers que l’on ne devine pas. Elle fait naître des vocations plus ou moins justifiées. Elle permet des comparaisons. Elle entraîne de situations bizarres. La femme d’un ancien élu ayant lu dans un journal la somme que son mari était supposé toucher avait demandé à ce dernier des explications. Apprenant que son mari d’élu versait ses indemnités à son parti, elle a demandé le divorce !
Ceci étant, on ne peut nier des abus ou des dérives existent.
Désormais il est de règle de “récompenser” ceux et celles qui partagent les mêmes opinions et les mêmes combats que le maire. La publication régulière dans la presse du tableau des indemnités fait des jaloux. Même celui qui théoriquement ne peut les toucher - quand il n’est pas adjoint, par exemple - demande à être indemnisé. On multiplie alors les postes d’adjoints. On augmente les indemnités. Ou alors on trouve des subterfuges. On embauche la fille, le garçon, la femme dans une structure para-municipale. Désormais, les regroupements de communes sont les lieux où se font ce que l’on ne peut pas faire ailleurs. Compter le nombre de vice-présidences de ces structures : vous serez étonnés. Pratiquement un membre sur deux des conseils d’administration de ces communautés sont des vice-présidents ! Ils touchent des indemnités. Or, la plupart sont déjà des adjoints et sont bénéficiaires d’indemnités ! Certains réclament bureau, GSM, voiture ! C’est par le biais des communautés de commune que se font désormais les magouilles que l’on ne peut plus faire au sein des communes où il suffit d’une opposition vigilante pour faire capoter certaines manœuvres.
Dernière remarque sur laquelle réfléchir : plus les indemnités sont conséquentes moins l’élu peut être tenté par la corruption. C’est en tout cas une règle dont l’efficacité a été prouvée.

Béatrice Aumont,
Saint-Gilles-les-Bains


Aliments ou médicaments ?

Quelle quantité minimale de margarine ou de yaourt faut-il consommer par jour pour faire baisser réellement notre taux de “mauvais cholestérol”, qui cause tant de mal à nos artères et à notre cœur ? Telle est la question, à ne pas prendre à la légère spécialement si nous pesons un peu trop lourd, que toute personne soucieuse avant tout de son équilibre devrait se poser le plus sérieusement du monde, surtout depuis l’annonce faite il y a quelques jours par une mutuelle et une compagnie d’assurances françaises de rembourser, en partie au moins, ces produits de consommation courante, oh pardon !... ces alicaments.
Le mot n’est pas encore entré dans le langage courant, mais il est loin d’être inconnu grâce à la publicité. On nous dit parfois que ce ne sont pas de vrais médicaments ayant une valeur thérapeutique avérée. Mais ils peuvent cependant réduire les risques de maladies, et à ce titre ils jouent un rôle préventif. D’où une certaine confusion vite installée dans les esprits ; si bien que le ministre de la santé, lui-même, s’est cru obligé de dénoncer publiquement ce qu’il appelle une “confusion des genres”. Rien ne prouve toutefois qu’il parviendra à nous rassurer tout à fait, même s’il affirme de façon nette et catégorique : "Il ne faut pas croire que ces alicaments sont des médicaments".
Mais que sont-ils donc, très exactement, ces nouveaux produits-miracles, qui font chaque jour leur apparition sur le marché, aux étalages des grandes surfaces, comme dans les magasins de régime, et même dans certaines pharmacies ou parapharmacies, - sous une présentation souvent plus agréable que les médicaments classiques et ne présentant, selon toute apparence, aucun de leurs inconvénients ni de leurs effets secondaires ? Les Japonais, qui passent pour être en avance sur nous dans bien des domaines, ne feraient plus cette distinction entre aliments et médicaments, eux qui auraient inventé le concept d’“aliments fonctionnels” (qui améliorent les fonctions de notre corps).
Pour revenir au taux de cholestérol, même si nous savons, ou croyons savoir, que la première chose à faire est de diminuer notre consommation en graisses et en alcool, d’avoir une alimentation bien équilibrée et de pratiquer régulièrement une activité physique, il y a fort à parier que nous nous laisserons tenter, un jour ou l’autre, par ces aliments-médicaments, tout simplement pour qu’on ne dise pas que nous vivons en dehors de notre temps.
Quelqu’un, toujours de bonne humeur, et aussi de bon conseil, m’a recommandé l’autre jour de croquer un carré ou deux de chocolat noir qui aurait certaines vertus, à la place, m’a-t-il dit, du chocolat light, certes allégé en sucre, mais dont la teneur en graisse serait deux fois supérieur !

Georges Benne


Mort d’un déporté homosexuel

Pierre Seel, auteur de l’ouvrage “Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel” (rédigé en 1994 avec Jean Le Bitoux, éd. Calman Lévy) est mort le 25 novembre 2005, à Toulouse, à l’âge de 85 ans. Ce vieux monsieur était un militant homosexuel infatigable, qui a lutté pour que les autorités françaises reconnaissent officiellement la déportation d’homosexuels durant la seconde guerre mondiale. Il aura pu voir évoluer l’attitude des organisateurs des cérémonies du souvenir de la déportation (qui ont longtemps refusé en leur sein des représentants d’associations homosexuelles) et aura entendu Jacques Chirac reconnaître, en avril dernier, l’existence de la déportation homosexuelle.
Longtemps, la voix de Pierre Seel résonnera dans le cœur de ceux qui ont entendu ou lu le récit de l’assassinat de son jeune amant, sous ses yeux, dans le camp de Struthof. Le garçon a été dévoré vivant par des chiens lâchés sur lui par des soldats nazis. Pierre Seel avait 17 ans et n’a jamais pu oublier. Longtemps, une bougie a brûlé dans son petit appartement, en souvenir de son jeune amant. Cette flamme ne s’éteindra jamais.

Gay union
Lutte contre l’homophobie sur l’Île de La Réunion
Promotion des cultures homosexuelles


La Réunion des Cœurs

Île aux imaginaires safranés de lumières luisantes
Telles d’arborescentes splendeurs de surabondantes
Senteurs épiçant les sens en fraîcheur effervescente
Tu dormais en silence dans le fond d’espérances folles
Prophétesse d’avenir des espoirs des plus malheureux
Promesse de Dieu des vœux aux plus lourds douloureux
Mais tissons encore et encore la réunion des saveurs

Île à inimitable tissu tressé de filles de ciels mutins
Issues d’île rouge, verte et d’oranger d’orient voisin
Tous mêlés au même fil d’or honoré des Premiers Anciens
Tu nous as ouverte ta baie cambrée au sein de Saint-Paul
Prophétesse d’avenir des espoirs des plus malheureux
Promesse de Dieu des vœux aux plus lourds douloureux
Mais tissons encore et encore la réunion des couleurs

Île aux itinéraires d’incandescence chaloupée d’ardeurs
Balancée en séquences de vaillants cayambés cadenceurs
Une houle en chaleur déroulant ses rouleaux si rouleurs
Et Paris si jolie devient soudain si lointaine mégapole
Prophétesse d’avenir des espoirs des plus malheureux
Promesse de Dieu des vœux aux plus lourds douloureux
Mais tissons encore et encore la réunion des bonheurs

Île à irrésistible passion susceptible de vives émotions
Avec pudeur et dignité vaquons donc à nobles traditions
Et si foi, pratiquons en parfaite équité nos religions
Tu as le droit d’invoquer un culte par lieu et par pôle
Prophétesse d’avenir des espoirs des plus malheureux
Promesse de Dieu des vœux aux plus lourds douloureux
Mais tissons encore et encore la réunion des valeurs

Île en essences inspirées différentes et pour toujours unies
Sources vitales de nos richesses où notre identité s’inscrit
Terre de France, d’Asie, d’Afrique et de mémoires meurtries
Réclame acclame proclame l’harmonie : ton nom comme boussole !
Prophétesse d’avenir des espoirs réalisés des plus heureux
Promesse de Dieu de soirs irisés de beaux jours merveilleux
Ainsi nous lierons belle La Réunion métissée de nos cœurs !

Jean Salim R.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus