Le courrier des lecteurs du 8 octobre 2004

8 octobre 2004


Heureusement : le ridicule ne tue pas !


En fin d’année 2003, les producteurs de fruits réunionnais, grâce à une dizaine d’années de travail et d’efforts, grâce au soutien financier des contribuables réunionnais, via le Conseil général, et des contribuables européens, via le F.E.O.G.A, parvenaient à produire 40.000 tonnes d’ananas, de mangues, de letchis, de bananes et de fruits de la passion dont les qualités sont largement reconnues des professionnels métropolitains et que chaque Réunionnais et chaque touriste de passage en cette fin d’année ont pu apprécier, s’étonnant de ne pas les trouver en Métropole sur les étals.
Une telle quantité de fruits, s’ils avaient été exportés, aurait généré à minima :

- un chiffre d’affaires pour ces agriculteurs de 40 millions d’euros sur la base d’un prix moyen de 1 euro/kg tous fruits confondus,

- un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros pour les exportateurs et les personnels œuvrant dans l’export,

- un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros pour les transitaires et revendeurs en Métropole, soit un total minimal de 100 millions d’euros de véritable recette et valeur ajoutée, presque l’équivalant de l’export en sucre !!!

Besoins réels : 40.000 tonnes

Combien d’emplois saisonniers, peut-être 2 à 3 mois, mais bien réels, ces agriculteurs auraient-ils pu créer pour récolter effectivement ces 40 millions de kg, “fruits” de leur travail et des investissements consentis par l’argent public : 3.000 ou 4.000 ??? Ce résultat et ces chiffres sont à comparer avec l’envoi tout récent de 17 jeunes (à leur grande joie) pour faire les vendanges en Alsace ???
L’examen de la terrible réalité de ces données chiffrées laisse rêveur quand on lit dans la presse que le président de la Chambre d’agriculture s’indigne "des 250 tonnes de fret en moins en décembre" ou lorsqu’on lit dans la même presse que "Air France muscle son offre fret" avec 4 fois 60 tonnes supplémentaires (comparées aux 40.000 tonnes des besoins réels !!!). Ces responsables économiques consulaires ou transporteurs aériens sont-ils sur la Terre ou dans la Lune ?
Cette situation ubuesque qui dure depuis une bonne décennie, prêterait à rire si elle n’était pas si dramatiquement révélatrice de l’impuissance collective de nos acteurs politiques, économiques, administratifs, à contribuer véritablement au développement efficace de notre économie insulaire, tournée vers l’export donc source de vrais revenus.
Une véritable politique de l’export de nos excellents fruits produits “à coût de fret 0” pour les rendre concurrentiels sur le marché français et/ou européen, est possible à la condition que les transports aériens, les infrastructures aéroportuaires, soient au service du développement de notre économie agricole et de ses acteurs, dans l’intérêt général de tous les Réunionnais et non pas les Réunionnais et les acteurs de l’agriculture, au service de la bonne santé des transporteurs et des infrastructures aéroportuaires.
L’affrètement occasionnel et saisonnier d’avions cargos en fin d’année pourrait constituer une première solution pour “booster” le marché du transport dont nos producteurs ont tant besoin.
Comme le propose depuis plus d’un an déjà l’association Coll’air, un office des transports, guichet unique efficace, géré avec rigueur et impartialité en y impliquant les usagers pour assurer la plus grande mobilité des biens et des personnes, est l’outil primordial pour assurer le développement durable de l’économie au service de l’intérêt général et de toute la population. À cette entité reviendrait le soin de réunir tous les financements locaux, nationaux, européens, de prendre toutes les initiatives possibles pour commencer à mettre en place la véritable continuité territoriale entre notre île, la France et l’Europe, telle qu’en bénéficient depuis longtemps déjà avec efficacité les Corses, les Espagnols des Canaries ou des Baléares, les Portugais des Açores et de Madère.

Antoine Franco
Président de Coll’air


Marche pour la paix

Le collectif La Réunion contre la guerre pour la paix tient à adresser ses chaleureux remerciements aux Réunionnais qui ont participé à la Marche pour la Paix dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale pour la paix du 21 septembre 2004.
Pour leurs concours, pour la façon dont ils apportent un soutien fidèle et précieux, le collectif remercie particulièrement les artistes bénévoles, les donateurs, RFO Radio & Télévision, le Conseil général et la mairie de Saint-Denis.


Une grève dans l’enseignement privé ?

Les enseignants des écoles privées n’ont toujours pas obtenu satisfaction. Ils cotisent plus que leurs collègues du service public, pour recevoir une retraite moindre.

La FEP-CFDT a déposé un préavis de grève pour le 9 octobre et appelle à un rassemblement devant la préfecture. Le lecteur peut s’interroger : une grève dans l’enseignement privé ? La question peut paraître légitime tant ce type d’action est rare chez les enseignants du privé.
Et pourtant ils vont devoir pour une fois se déterminer, seuls, sur leur propre avenir. Il est acquis effectivement et avec des mois de retard que le gouvernement va enfin procéder à une clarification juridique du statut des maîtres de l’enseignement privé sous contrat avec l’État.
En juin 2004, Paul Malartre le patron du SGEC, secrétariat général de l’enseignement catholique, avait tapé du poing sur la table et menacé d’une mobilisation à l’automne, en mêlant habilement revendications propres à l’enseignement catholique, les problèmes financiers des écoles privées et revendications spécifiques des enseignants : problème des retraites et de leur statut.

Les maîtres seront employés par l’État

Or, le SGEC vient d’annuler sa mobilisation prévue le 16 octobre. Pourquoi ? Parce qu’il a obtenu ce qu’il voulait : la suppression de l’indemnité de départ à la retraite que devaient payer les écoles privées aux enseignants considérés comme salariés du privé et la disparition programmée du paiement de la prévoyance, puisque la modification législative va clairement définir les maîtres comme employés par l’État.
En revanche, les enseignants, eux, n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient. Car s’il y a des avancées notables sur la question du statut, en revanche le problème crucial des retraites n’est pas réglé et pire encore, risque de ne l’être jamais si le projet de loi est voté en l’état.
Depuis le 31 décembre 1978, un décret, promis par la loi Guermeur, aurait dû accorder aux profs du privé une véritable égalité en matière de cessation d’activité.
Vingt-six ans après, il n’en est rien : les maîtres cotisent beaucoup plus que leurs collègues du public (un certifié du privé par exemple a cotisé mensuellement 120 euros de plus qu’un certifié de l’Éducation nationale à échelon égal) pour obtenir à la fin de leur carrière un montant de pension inférieur de près de 30% !

L’argument du coût est fallacieux

Pourtant les concours et les carrières sont les mêmes, les obligations de services aussi. Pour atténuer cette injustice, le projet actuel du gouvernement se contente de proposer une aumône de 3% d’augmentation du montant des pensions et dans vingt-cinq ans, un rattrapage à hauteur de... 10% ! Rien sur le montant des cotisations.
Voilà pourquoi la FEP, depuis le début, appelle les maîtres à se mobiliser indépendamment de toute initiative de l’enseignement catholique. Ceux qui attendaient le signal du SGEC pour se mobiliser en ont aujourd’hui pour leurs frais.
Les maîtres de l’enseignement privé sont seuls et ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour obtenir réparation de l’injustice qui leur est faite depuis près de trente ans.
Le 15 juillet 2003, le ministre de la Fonction publique rejette un amendement au projet de loi Fillon sur les retraites préconisant de mettre fin à cette inégalité en prétextant son coût : 260 millions d’euros selon son estimation. Cela n’empêche pas le gouvernement d’accorder trois mois plus tard 150 millions d’euros aux buralistes pour compenser la baisse de leur chiffre d’affaires et en février 2004, un plan de baisse des cotisations sociales des restaurateurs d’un montant de 1,5 milliard d’euros !
L’argument du coût est donc fallacieux et en accordant uniquement satisfaction au SGEC, le gouvernement parie sur la passivité ou la résignation des 140.000 enseignants du privé. À eux de démontrer, le 9 octobre, que ce calcul est erroné.
(Sous-titre et intertitres de “Témoignages”)

La FEP-CFDT Réunion


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