Avec la guerre entre Russes et Ukrainiens autrefois cousins ou amis, nous avons une guerre réelle… Il existe un autre type de guerre, symbolique, que se livrent les adeptes de telle ou telle théorie.
Rosine Chandebois, Professeur de biologie à l’Université de Marseille, opta pour la lutte l’opposant aux darwinistes dans son ouvrage « Pour en finir avec le darwinisme », édité en 1993, réédité chez L’Harmattan en 2010. Sans doute celle-ci se sera-t-elle heurtée à l’opposition d’adeptes darwiniens persuadés de la scientificité de leur théorie.
Ainsi avons-nous connu les adeptes du marxisme, courant qui lui s’articulait à partir de l’économie entre ceux possédant des moyens de production et ceux qui devaient louer leur force de travail. Même si ces théories initialement hégémoniques sont en perte d’influence, elles peuvent conserver une part d’efficience, c’est le cas du marxisme…
Advint alors le freudisme qui érigeait des pulsions de vie et des pulsions de mort selon un dualisme d’où risquait de s’imposer une psychopathologie ; avec comme corollaire la répression de la sexualité sensée tout expliquer des désordres « psychiques » de la vie quotidienne.
Puis vint l’ère du structuralisme. Ce terme désigne communément le mouvement d’idées pluridisciplinaires — essentiellement français, des années 1950 à 1970 — marqué par sa volonté de rupture intellectuelle, son rejet de la dimension historique et temporelle et un formalisme inspiré initialement de la linguistique. Celle-ci aura débordé largement les frontières universitaires pour envahir le champ littéraire, médiatique et politique. Il s’est organisé autour d’un petit nombre de personnalités-phares françaises comme Claude Lévi-Strauss en anthropologie, Roland Barthes en littérature, Jacques Lacan en psychanalyse,
Michel Foucault et Louis Althusser en philosophie. (Pour l’histoire du structuralisme voir François Dosse). Avec le décès de ces « figures de proue », ce courant idéologique vivrait son obsolescence.
Les vraies guerres consistent à tuer votre adversaire pour éviter notre propre mort malgré le commandement des trois religions monothéistes occidentales : « Tu ne tueras pas. ». Pour les guerres symboliques et conceptuelles, les recherches fondamentales devraient avoir le dernier mot.
Vous pourriez prendre connaissance d’un reportage* diffusé sur Arte le 2/01/2025, dont le titre est : « Le langage des animaux. Tous ensembles ». Ce reportage est plus que positif en ce début d’année. Il relate de récentes études zoologiques et éthologiques du langage de nombreux animaux, fourmis, abeilles, insectes, oiseaux, mammifères et même… des végétaux. Tous se montreraient solidaires, coopératifs, altruistes, voire « imaginatifs », même sans cerveau pour ce qui est des plantes ! Déjà, avec le biologiste et professeur de botanique Stéphano Mancuso, nous avons été mis sur la voie avec « L’incroyable voyage des plantes » (2022).
Avec ce reportage nous relevons autant d’arguments semblant contredire la rivalité, la compétition, la survivance du plus apte au détriment des faibles, autant de notions chères à Charles Darwin. Non seulement ce dernier serait dépassé mais ses théories deviendraient de véritables obstacles épistémologiques nous empêchant de penser la vie autrement. L’ouvrage de Rosine Chandebois apparait plus que recommandable !
Avec ce reportage d’Arte, notre « aventure » d’exploration transdisciplinaire des sciences du vivant semble être confortée.

Paulus Frédéric
Animateur du CEVOI et du CEVE (Centre d’Etudes du Vivant Europe)
Expert Extérieur Haut Conseil de Santé Publique

* https://www.youtube.com/watch?v=FAp6q24zNMc